De Léonard de Vinci à Sheldon Cooper
Pourquoi n'entend-on plus parler de Polymathie ? Leonard de Vinci aurait-il enfanté Sheldon Cooper. Entre imagination et réflexion, quelques lignes sur le génie, le vrai. Et paradoxalement celui qui est le moins promu par notre société.
Parfois confronté aux doutes sur le sens des mots durant mes études de droit, j'ai appris, comme tout homme 2.0 l'usage de wikipedia à bon escient et à contre sens : propédeutique, frontispice, dichotomie, et donc polymathie.
Ce dernier mot est quand même fabuleux. Il exprime "la connaissance approfondie d'un grand nombre de sujets différents, en particulier dans le domaine des arts et des sciences" (source : wikipedia évidemment).
Mais à deux reprises dans ma vie, et en un laps de temps très court, je me suis retrouvé dans des situations où sa connaissance m'aurait aidé à passer pour un mec cultivé et intelligent.
Florence et canapé-jogging
La première fois, ce fut à Florence. Plus précisement au musée "Leonardo Da Vinci" , une journée du mois d'août alors que j'admirais les inventions aussi géniales qu'originales de ce génie. Le matin peintre, l'après-midi ingénieur, le soir philosophe. Peut-être même architecte entre 2 cafés.
Si on se réfère à ce bon vieux "Wiki", Leonard de Vinci est en réalité tout à la fois artiste, scientifique, ingénieur, inventeur, anatomiste, peintre, sculpteur, architecte, urbaniste, botaniste, musicien,poète, philosophe et écrivain.
Ce talent à multiples facettes fait de suite relativiser la sensation qu'on a tous eu un jour de notre vie où, après avoir monté un buffet à vaisselles ou obtenu un 15 en Relations Internationales, nous avons cru qu'au final, nous avions peut être un rôle à jouer dans ce monde.
La seconde fois où ce mot me manqua, c'était sur mon canapé. Survêtement Umbro, chocolat Galac et pieds sur la table basse qui contrastent avec l'élégance florentine du premier épisode. Mais je regardais un épisode du fameux "Big Bang Theory", ce qui légitime donc le triptyque de la glande. En analysant très sérieusement le comportement de Sheldon Cooper (interprété magistralement par Jim Parsons qui prouve qu'on peut porter un tel nom tout en étant quelqu'un). Astro-physicien, mathématicien, mais surtout génie du quotidien.
Je me suis alors demandé s'il n'existait pas un mot pour définir précisemment ceux qui avaient reçu de Dieu la grâce d'être non seulement des génies, mais de l'être dans différents domaines. Et c'est là que ce mot est apparu comme un cadeau de la providence : La Polymathie.
Et maintenant ?
On connait évidemment De Vinci, mais on peut citer une bonne dizaine d'autres polymathes mondialement connu : Blaise Pascal, Isaac Newton, Descartes, Aristote, Van Goethe, B.Franklin.
Des mecs qui arrivaient à être chef d'Etat, médecin, diplômate, architecte et physicien.
Ce qui paraît étrange, c'est que la liste semble s'être arrêtée, du moins dans la culture populaire, au début du 20ème siècle. Alors qu'entre la renaissance et le milieu du 19ème siècle, les noms affluent, foisonnent, (toute proportion gardée, on parle quand même d'un génie rare), qui peut citer un polymathe de notre temps ?
Evidemment, le moindre esprit malin pensant que citer P.Bruel, J.Leto ou M.Lavoine pour leur double compétence "Chanson-Cinéma" permettrait d'esquiver le débat sera brulé vif. Nous parlons de domaines distincts, et si possible d'oeuvres suffisamment forte pour ne laisser place à aucun doute.
Joel Robuchon cuisine certainement aussi bien le Magret de Canard que le Flan mais ce talent ne suffit pas à lui attribuer le caractère de Polymathe.
A vrai dire, après réflexion, j'ai un exemple de mec qui pourrait rentrer dans cette case : Alexandre Astier. Alors c'est sur, entre laisser en héritage des mécanismes encore utilisés 500 ans après et faire dire des conneries aux chevaliers de la table ronde, il y a une marge. Le mec écrit, compose de la musique, joue, met en scène, produit écrit et joue des spectacles vivants. Mais malgré mon admiration pour ce mec, ça reste maigre...
Existe-t-il donc une raison qui tend à penser que le nombre de polymathes diminue au fil du temps ? Ou faut-il simplement le recul et l'analyse de l'Histoire pour les déceler ?
Les esprits fatalistes et les prophètes d'une apocalypse toujours plus proche ne manqueront pas de faire le lien entre cette observation et la chute du niveau scolaire, la mort de la culture sur les médias de masse (passer en quelques décennies d'Apostrophes aux Anges de la téléréalité, cela fait un choc...).
Inutile de dire que je me retrouve dans une partie de cette analyse et que je pense que si la T.V proposait un peu plus d'Alexandre Astier, de Marc Edouard Nabe ou de Plantu, et un peu moins de Gérard Miller ,et de Y.Barthes.
Mais la T.V est un média d'ores et déjà morte. Une preuve ? Les seules émissions où vous pouvez écouter du Billy Paul sont celles de Patrick Sébastien.
Les polymathes "Transformers"
Mais peut-être aussi que les polymathes d'aujourd'hui ont un visage que l'on attend pas. L'idée du génie inspiré dans sa chambre forcément en bordel, car un génie doit être sale et négligé, laisse place désormais à celui du génie des NTIC, de l'informatique et de l'internet. Ces cerveaux supérieurs qui mettaient leur savoir à disposition de la science classique, de la philosophie et de l'art, s'orientent aujourd'hui vers le code informatique, la programmation, l'avenir d'un monde qu'on veut électronique.
Et là aussi, vous avez tous les styles. Le "Néo", anarchiste et anti-conformiste qui utilise des PC et des logiciels piratés en finissant un reste de Coca. Le Sheldon Cooper, que le M.I.T et la NASA s'arrachent, et dont la droiture de comportement égale sa capacité intellectuelle hors du commun.
Oui, le génie de notre temps a surement plus le profil d'un fan de Final Fantasy et lit des Comics. Il n'est plus celui qui crée l'énergie. Il n'en a plus ou moins besoin. En revanche il est celui qui la comprend, la maitrise, et donc en fait ce qu'il veut.
On ne le connait pas car la technologie qu'il maitrise est encore trop jeune pour être à la portée du grand public, y compris de ceux qui pensent qu'écrire des articles sur un blog fait d'un homme un libre-penseur. Il maitrise le présent de l'initié et le futur du croquant standard.
Internet, avec ses dérives, son darknet, sa Contre culture (qui devient parfois Kontre Kulture), ses génies, et sa masse d'information disponible immédiatement permettent à chaque tête bien faite de forger une réflexion et d'avoir un choix qui dépasse celui de choisir entre la purge de M6 ou la daube de TF1.
Nul doute que cette révolution entraine des excès, mais elle permet de penser par les chemins que l'on choisit, ce qui est un luxe qui n'a que peu d'égal.
Et peut-être que cette liberté (feinte ?) intellectuelle offerte à tous créera des vocations après des années de perfusion philosophique médiatique ?
Il existe peut-être moins de polymathe, mais dieu merci, internet nous aide à découvrir ceux qui ont eu le mérite d'être.
Et être, c'est penser. Ou penser, c'est être, je ne suis plus sur. Faudrait demander à Descartes pour en avoir le coeur net.
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