Delon, l’exilé fiscal, représentait la France aux obsèques de Vaclav Havel !
Ça semble n’avoir gêné personne. Du moins, nul ne s’en est ému. Sur les neuf photos choisies par Le Figaro pour illustrer les obsèques de Vaclav Havel, le 22 décembre 2011, on voit tour à tour d’éminentes personnalités présentes entourant la famille du président défunt : la Secrétaire d’État américaine et son mari Bill Clinton, ex-président des USA, le président de la Commission européenne, et le président Sarkozy. Puis on tombe soudain sur l’acteur Delon en gros plan. Pour un tel événement, c’était sans doute une information de première grandeur à mettre en évidence : quelle chance ! Alain Delon a honoré de sa présence les funérailles de Vaclav Havel, devenu le dernier président de la Tchécoslovaquie à la chute de l’empire soviétique, après avoir connu la prison que la servitude communiste réservait aux dissidents.
La légende qui accompagne la photo est encore plus surprenante : « Nicolas Sarkozy était accompagné par Alain Delon (…) » (1)

Une présence de Delon pour des raisons privées ? Soit !
Que ce monsieur vienne personnellement rendre hommage à Vaclav Havel, c'est son droit, mais qu’il fasse partie de la délégation française laisse pantois.
La légende du Figaro explique sa présence par le fait que l’acteur aurait connu le défunt « ainsi que sa première femme ». Soit ! Quelle femme, ce « vrai mec », selon le mot d’une autre grande conscience du siècle, Johnny Hallyday (2), n’a-t-il pas honorée, voire connue bibliquement ? Qu’il ait eu l’occasion de nouer ainsi des liens avec Vaclav Havel, c’est une affaire privée.
Mais que Delon ait été choisi pour représenter la France à un moment aussi symbolique que la mort d’un des dissidents antistaliniens tchécoslovaques, on cherche vainement les titres qu’il peut faire valoir. En revanche on voit deux bonnes raisons pour l’écarter.
1- Delon rime avec salon et étalon
Quels sont les états de service de Delon dans la lutte contre la servitude politique, quelle qu’elle soit ? Delon rime avec salon et étalon. Qu’on le choisisse pour présider les comices « Miss France » des plus belles pouliches de France, rien de plus naturel, c’est dans ses cordes d’étalon vigoureux. Mais que représente ce triste sire en regard de l’homme qui était célébré à Prague ?
2- L’exilé fiscal Delon rime avec pognon
Une seconde raison rend incompréhensible le choix du président Sarkozy. Delon est un drôle de citoyen : il s’est enfui depuis longtemps en Suisse pour ne pas payer des impôts en France, comme son compère le Hallyday ! Or, on croyait que le paiement de l’impôt était un devoir constitutif du statut de citoyen. Que Delon représente la Suisse, passe encore ! Mais la France ? À quel titre ? L’exilé fiscal Delon rime avec pognon ! Il n’y a que Paris-Match pour lui offrir de temps en temps une tribune politique afin d' admonester depuis ses montagnes helvétiques ses ex-compatriotes restés, les imbéciles, à l’intérieur de leurs frontières.
C’est dire l’idée que le président Sarkozy se fait de la citoyenneté française : qu'en a donc à cirer une ploutocratie mondialisée qui a le monde des paradis fiscaux pour patrie ? Et comme toujours avec le président Sarkozy, il faut chercher… les électeurs ! Sans doute a-t-il calculé que la présence de l’acteur à ses côtés lui vaudrait les suffrages de ses fans.
Ce choix incongru d’un exilé fiscal pour représenter la France, ne surprend plus, cependant. Le président Sarkozy s’est déjà affiché pendant la dernière campagne électorale de 2007 avec un autre spécimen, le Hallyday. Ça n’a pas nuit à son image, puisqu’il a été élu. Avec une main toujours aussi heureuse, on l’a vu aussi, en début de quinquennat, présenter au Pape Benoît XVI un fleuron de la culture française, le sieur Bigard dont l’humour de caniveau s’élève rarement au-dessus du slip qu’il exhibe sur ses disques. Delon finalement ne dépare pas dans le tableau. Ce ne sont jamais que les suaves délices de « La Nuit du Fouquet’s » qui s’est abattue sur le pays depuis mai 2007. La présidentielle de 2012 y mettra-t-elle un terme pour que les exilés fiscaux restent enfin là où ils sont ?
Le Figaro.fr, « Nicolas Sarkozy était accompagné par Alain Delon. « Vaclav Havel était un grand homme que j'ai connu, ainsi que sa première femme », a-t-il rappelé. « Je crois qu'il a rendu la liberté à beaucoup de pays et à beaucoup de gens grâce à son combat et grâce à son courage », a-t-il appuyé, rendant ainsi hommage au héros de la « Révolution de velours » anticommuniste de 1989. Reuters » 23.12.2011.
(2) L’EXPRESS.fr, « Johnny Hallyday accusé d'homophobie », 14/12/2011.
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