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Détectives volants

Détectives volants

 

Depuis déjà plusieurs siècles, le domaine du criminel demeure une sphère juridique particulièrement complexe, mais extrêmement passionnante. Crimes effroyables, chasses à l’homme, meurtres sordides, enlèvements et torture sont tous des crimes qui mènent souvent à une enquête mettant à l’épreuve les meilleurs détectives et enquêteurs du monde. Pourtant, maintes investigations demeurent malheureusement non-élucidées et, de cette façon, plusieurs vont considérer l’événement comme étant un « crime parfait ». Par conséquent, avec les fulgurants progrès scientifiques des dernières années, serait-il possible de repousser les limites de cette appellation ? En effet, l’entomologie criminelle pourrait bien être la solution aux nombreux maux de tête des détectives. Basée sur l’étude des insectes se nourrissant du cadavre, l’entomologie criminelle permet d’élucider le moment de la mort de la victime. De quelques jours à quelques années suivant le décès, cette extraordinaire innovation scientifique pourrait bien être la clef pour la détermination du moment de la mort de la victime, mais également capitale pour l’obtention de d’autres détails importants pour la poursuite de l’enquête.

 

Principe de l’entomologie criminelle

En premier lieu, il est important de savoir qu’à partir du moment où la température corporelle de l’individu devient similaire à la température ambiante, déterminer la date et les conditions du décès pour fins d’enquête deviennent tâche ardue pour ceux en charge de l’investigation. En général, il s’agit même d’une mission impossible pour les médecins légistes, dans de telles circonstances. De surcroît, si le corps est en décomposition, il devient alors inimaginable d’être en mesure de pouvoir approximer l’heure du décès. L’entomologie criminelle, soit l’étude des insectes qui se retrouvent dans l’environnement immédiat d’un cadavre est une pratique scientifique en plein essor depuis le début des années 2010. Ayant des organes Chimio-sensibles particulièrement développés, les insectes sont en mesure de détecter leur proie à plusieurs mètres de distance. Ils sont classés dans quatre différentes catégories : les nécrophages (mangent les tissus du cadavre), les nécrophiles (se nourrissent des nécrophages ou parasites des nécrophages), les omnivores (mangent les tissus et les poils en particulier) ainsi que les opportunistes (utilisent la victime comme refuge). De cette manière, puisque les insectes réagissent chimiquement aux conditions climatiques de manière plus spécifique, comme à la température et à l’humidité, ils deviennent l’objet d’études étant utilisés comme indicateurs pour l’estimation de la mort d’un individu, en particulier lorsque celle-ci fait l’objet d’une enquête. Cela peut même aller jusqu’à la datation de la mort de la victime au jour et à l’heure près.

 

Une escouade tactique de diptères

Depuis déjà quelques années, la méthode créée par Pierre Mégnin à la fin du XIXème siècle constitue l’arme de prédilection de la majorité des entomologistes de la police scientifique. Selon le site internet de Futura-Sciences.com, cette procédure permet de calculer l’intervalle postmortem en se basant « sur une succession de 7 ou 8 escouades d'insectes nécrophages, qui font intervenir une centaine d'espèces, de la mort à la disparition totale du cadavre, mais dont l'ordre n'est pas toujours respecté. » Lors des trois premiers mois, plusieurs équipes tactiques d’insectes se substituer :

 

  • La première équipe arrive seulement quelques heures suivant le décès. En général, ce sont des mouches venant pondre des œufs ou y abriter leurs larves dans les orifices naturels du défunt.
  • Les insectes suivants vont arriver environ un mois après la mort de la victime étant attirés par une forte odeur causée par les bactéries anaérobiques et à la fermentation butyrique.
  • Ensuite, entre le troisième et le sixième mois, les coléoptères et les diptères (mouches) sont omniprésents pour la rance odeur de de fermentation caséique.
  • Entre quatre et huit mois suivant le décès de la victime, la fermentation amoniacale amène d’autres types de diptères et de coléoptères.
  • Par la suite, la cinquième escouade prend place entre six et douze mois après le décès. Il s’agit d’une équipe d’acariens qui viennent assécher en totalité la carcasse de la victime.
  • Les coléoptères et les lépidoptères prennent place environ 9 mois suivant la mort étant attirés par une forte odeur désagréable de graisse.
  • Ensuite, un à trois ans suivant la mort de la victime, les lépidoptères et coléoptères se nourrissent du mort entièrement desséché.
  • Finalement, la huitième et dernière escouade prend place après 3 ans. Il s’agit encore une fois de coléoptères qui vont faire disparaître les débris restant des autres équipes les ayant précédés.

 

Enquête juridique-scientifique

Lors de la découverte d’un cadavre, dès l’arrivée de la police scientifique, tous se mettent à la récupération d’évidences, mais en particulier des insectes étant dans l’environnement direct de la victime. Vivants ou morts, les insectes sont des outils extraordinaires pour l’obtention de détails essentiels à la poursuite de l’enquête. Pour réussir à capter ces complices volants, les policiers doivent utiliser de petits papiers attrape-mouches ainsi que des pinces et des pinceaux. De surcroît, ils devront prendre bien soin de noter les conditions environnementales comme la température, la pression atmosphérique, le taux d’humidité, puisque le développement des arthropodes dépend de toutes ces conditions et donc la poursuite de l’enquête également. Durant l’enquête, ½ des insectes sont conservés dans du formol, alors que l’autre moitié est envoyée au laboratoire. Lors de leur mise ne culture au laboratoire, les chimistes doivent alors être en mesure d’identifier les insectes ainsi que leur stade de développement pour pouvoir ultimement déterminer la date et possiblement l’heure approximative du décès de la victime et ce, entièrement en fonction des connaissances entomologiques et des conditions climatiques notées lors de la recueille des informations sur le périmètre.

 

En conclusion, l’entomologie criminelle pourrait bien être l’avenir de l’enquête criminelle si les avancées technologiques et les connaissances sur le sujet continuent de progresser à un tel rythme. De surcroît, elle pourrait bien être un outil particulièrement utile pour recueillir des traces d’ADN ou d’autres traces de substances pour ultimement identifier la source du décès ou même l’agresseur d’une victime et ainsi permettre de résoudre des enquêtes qui pourraient bien rester sans réponse si l’entomologie criminelle n’entrait pas en jeu.

 

Bibliographie :

  • Marion Spee, centredessciencesdemontreal.com, « L’entomologie judiciaire, c’est quoi au juste ? », page consultée le 13 Septembre 2019 sur :

https://www.centredessciencesdemontreal.com/blogue/l-entomologie-judiciaire-c-est-quoi-au-juste

  • Auteur non-mentionné, futura-sciences.com, « L’entomologie criminelle », page consultée le 12-13-14 Septembre 2019 sur :

https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/medecine-entomologie-criminelle-8997/

  • Claire Pelletier, futura-sciences.com, « Entomologie criminelle : des insectes pour dater le moment de la mort », page consultée le 10-11-12-13 Septembre 2019 sur :

https://www.futura-sciences.com/sante/dossiers/biologie-police-scientifique-vraies-methodes-investigation-1202/page/9/

  • Auteur non-mentionné, medecinesciences.org, « Les larves de diptères nécrophages en entomologie médico-légale  : une histoire de température », page consultée le 12-13 Septembre 2019 sur :

https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2017/07/medsci2017338-9p779/medsci2017338-9p779.html?mb=0


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1 réactions à cet article    


  • sls0 sls0 17 septembre 2019 20:15

    La première ferme des morts a 39 ans c’est pas trop une nouveauté.

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Auteur de l'article

Jacob Maltais


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