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Deux cruels paradoxes

 

 

  En cette période de fêtes, de fastes et de joyeuse opulence, à peine troublée dans les esprits crédules et malléables par une prétendue prophétie maya annonçant la fin du monde, il est bon d’attirer l’attention sur deux paradoxes. 

 Le premier concerne justement les Mayas. Leur « prédiction » a été malicieusement « découverte » et médiatisée par des descendants de ceux-là mêmes qui avaient été à l’origine de l’extinction des civilisations précolombiennes. Les augures mayas, qui voyaient si loin dans le temps, n’avaient pu prédire l’apparition à leur horizon de Christophe Colomb et des conquistadors espagnols… ni prévenir du même coup de la fin prochaine de leur monde et celle de leurs voisins Incas et Aztèques. Sous le prétexte que  « ces sauvages pratiquaient des sacrifices humains », ils furent exterminés sans pitié par la soldatesque espagnole qui fit preuve d’une cruauté et d’une perfidie indignes de qui se proposait de « civiliser des sauvages ». Pris en traître par Francisco Pizarro qui l’avait invité à des pourparlers, Atahualpa, le dernier empereur inca, fut fait prisonnier et exécuté malgré le payement d’une rançon de 6 tonnes d’or… Et, toute sa population fut décimée. Ainsi, les seuls Incas, qui comptaient près de 15 millions d’âmes avant l’arrivée des Espagnols, ne furent plus que 600.000 un siècle plus tard.

 Évidemment, ceux qui leur ont fait prédire la fin du monde ont perdu de vue que ces peuples ignoraient, entre autres, l’existence de l’Europe et étaient loin de se douter de la calamité que des Européens imbus d’une prétendue supériorité raciale, assoiffés de richesses et animés d’un esprit de conquête ravageur allaient représenter de façon foudroyante pour eux et pour les peuples des autres continents. 

 Le second paradoxe se rapporte à l’Afrique, continent le plus riche en matières premières et dont les peuples comptent pourtant parmi les plus pauvres de la planète parce qu’il fut le plus colonisé et reste le plus exploité par les… Européens. Ceux-ci n’ont pas hésité à se liguer autour de Nicolas Sarkozy contre la Libye de Kadhafi pour en contrôler le pétrole, mais pas seulement. Car la Libye de Kadhafi, qui était le pays plus prospère du continent africain et une des nations les plus riches de la planète, avait lancé trois projets financiers de grande portée qui auraient provoqué une réelle révolution en mettant un terme sur le sol africain aux activités usurières du FMI. Pour se faire, il avait donc été décidé, avec le consensus de tous les Africains, de créer une Banque africaine d’investissement à Syrte en Libye, une Banque centrale africaine, avec siège à Abuja au Nigeria et ayant pour mission d’émettre une monnaie africaine en remplacement du Franc CFA, et enfin le Fond monétaire africain ayant son siège à Yaoundé et un capital de 42 milliards de dollars.

 Ceux qui ont éliminé Kadhafi et détruit son pays ont du même coup enterré ces projets et provoqué l’effroyable catastrophe géopolitique du Sahel qui est en train de sceller le destin de plusieurs pays de la région… Et ils ont contribué par contrecoup à enfoncer un peu plus une grande partie de l’Afrique dans le sous-développement. Ainsi l’Afrique, qui devrait être un paradis pour ses habitants, est hélas réduite à voir ses enfants, autrefois arrachés à leur terre par des Européens qui les avaient condamnés à l’esclavage au nom de la supériorité de la race, aujourd’hui poussés à l’exil en Europe où ils espèrent trouver le Paradis ! 

 

Mokhtar Sakhri


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4 réactions à cet article    


  • Christian Labrune Christian Labrune 28 décembre 2012 14:45

    « Ainsi l’Afrique, qui devrait être un paradis pour ses habitants, est hélas réduite à voir ses enfants, autrefois arrachés à leur terre par des Européens qui les avaient condamnés à l’esclavage au nom de la supériorité de la race, aujourd’hui poussés à l’exil en Europe où ils espèrent trouver le Paradis ! »

    à l’auteur

    Quand on parle de l’esclavage en Afrique, l’Europe a bon dos. Mais il faudrait peut-être commencer par évoquer les pratiques des peuples musulmans du nord de l’Afrique et un commerce des esclaves bien antérieur à celui qui fut pratiqué par les Européens. Il faudrait dire aussi que l’esclavage est condamné en occident et disparaît dès le XIXe siècle. Il n’a toujours pas disparu dans le monde musulman : ce que prescrit le Coran doit valoir éternellement, particulièrement pour un wahhabisme qui ne connaît pas d’autre « avenir » que les modèles de société définis au VIIe siècle. Des esclaves, dans le monde musulman, il en existe encore, et ce n’est certes pas demain que l’Arabie Saoudite se prononcera clairement sur ces questions.

    Je conseille la lecture de cette intéressante page de Wikipedia : 

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Esclavage_dans_le_monde_arabo-musulman


    • Christian Labrune Christian Labrune 28 décembre 2012 14:49

      Pour les paresseux, je recopie deux paragraphes particulièrement éloquents d’une partie de l’article que j’évoquais plus haut :

      « 

      L’Anthropologue, économiste et essayiste, Tidiane N’Diaye, soutient qu’une des grandes particularités de l’esclavage arabo-islamique est la castration généralisée des esclaves mâles[réf. insuffisante][28] « Car dès les débuts de cette traite, les négriers veulent empêcher qu’ils ne fassent souche. Comme cela n’a rien de métaphysique, la castration apparaît comme une solution bien pratique.[réf. à confirmer] Ainsi, dans cette entreprise d’avilissement d’êtres humains, si les Arabes destinent la plupart des femmes noires aux harems, ils mutilent les hommes, par des procédés très rudimentaires et qui causent une effroyable mortalité. Les chiffres de cette traite sont tout simplement effrayants » [29] ». Selon le chercheur en anthropologie, cette absence de descendants d’esclaves participe sûrement à l’absence de débat sur la reconnaissance de l’esclavagisme arabo-musulman, ainsi que les traces endémiques d’esclavage dans ces sociétés.

      « Comparé à la traite des Noirs organisée par les Européens, le trafic d’esclaves du monde musulman a démarré plus tôt, a duré plus longtemps et, ce qui est plus important, a touché un plus grand nombre d’esclaves », écrit en résumé l’économiste Paul Bairoch[30]. Tidiane N’Diaye soutient qu’il ne reste plus guère de trace des esclaves noirs en terre d’islam en raison de la généralisation de la castration[réf. insuffisante], des mauvais traitements et d’une très forte mortalité, alors que leurs descendants sont au nombre d’environ 70 millions sur le continent américain.[28]"


      • Christian Labrune Christian Labrune 28 décembre 2012 14:54

        Sur la situation actuelle des immigrés en Arabie Saoudite, malgré une abolition purement formelle de l’esclavage qui date seulement de 1962, on pourra lire cet article :

        http://www.rfi.fr/actufr/articles/055/article_29316.asp


        • Stof Stof 28 décembre 2012 23:51

          Eh oui, c’est nous qu’on est les plus fort. Pour le moment. Alors profitons en ! smiley

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Mokhtar Sakhri

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