Doublures en petites coupures

Des manifestants clefs-en-main, donc.
Interviewée sur ses motivations, Monica estime que pour elle, c’est un job comme un autre, et que ça ne lui pose pas de problème d’aller manifester pour des idées pas forcément proches de sa propre éthique. Monica a au moins le mérite d’annoncer la couleur (?) de ses opinions.

Pas de lachitude chez Monica, que ce soit clair.

Bien sûr, ma première réaction a été de hurler "célafindeladémocratie blabla ouvalemonde blabla peuplepascrédible blablala honte, quoi." On n’a pas été élevée dans une famille où l’un a arraché des pavés avec Cohn-Bendit, où un autre a fait partie des "malgré nous", où un des aïeuls était un des "hussards noirs", où celui-ci était dans le maquis bordelais, où celle-ci descend directement d’un des enfants illégitimes de Louis XIV, sans se sentir un tantinet responsable de l’à-venir du pays, c’est un peu comme un gros Rucksak (allemand, donc) à trimbaler.

Et puis.
Et puis je repensais aux dernières manifestations auxquelles j’ai pu assister, aux derniers propos que j’y ai entendus, aux conversations surprises ici et là.
Ces dernières manifestations anti-CPE où certaines faces de bulots décérébrés représentaient les étudiants et venaient te piailler dans les esgourdes leur maison à-100.000 €-à-22-ans-en-CDI.
Chez nous, de là où le "mouvement" est parti (ah, Rennes et ses bons plans), le petit d’jeune qui représentait Rennes 2 a mis en place un mouvement répressif pour empêcher des étudiants qui avaient des échéances importantes (les étudiants étrangers, les soutenances, les boursiers en fin de cycle) d’aller travailler, et ce toujours même petit d’jeune a fini par taper sur des quidams (et en l’occurence sur une femme, aussi) qui eux, manifestaient parce qu’ils en avaient ras la couenne de tout ce souk.

Rennes, 5 avril 2006 (AFP) - Environ 200 étudiants et commerçants, qui manifestaient mercredi après-midi à Rennes contre le blocage des universités et les violences dans le centre-ville, ont été violemment pris à parti par une centaine de jeunes pro-blocage, a constaté un journaliste de l’AFP. Soulevant des pancartes "Liberté d’étudier", "Stop la grève, stop le blocage", "Oui au débat, non au diktat", les étudiants anti-blocage ont effectué un sit-in pendant une heure devant la mairie, soutenus par des commerçants du centre-ville venus exprimer leur "ras-le-bol". Une centaine de jeunes anti-CPE, dont des leaders étudiants de Rennes 2, ont tenté d’intimider les manifestants, verbalement et physiquement, pour les disperser. Certains ont lancé des projectiles, notamment des pétards, du poivre ou des oeufs, et même quelques crachats, sur les jeunes anti-bloqueurs, traités de "fascistes". A plusieurs reprises, des bagarres ont failli éclater. Une poignée d’entre eux s’en est pris aux journalistes, tentant d’empêcher des caméras de filmer, ou d’arracher le cahier de notes d’un journaliste. "Ne filme rien, ils sont à peine 200, ça ne représente rien", a crié l’un d’entre eux. "On s’est dispersés, parce que ça devenait trop violent", a déclaré Anthony Métayer, porte-parole de la coordination étudiante opposée au blocage. Il a annoncé qu’une manifestation similaire aurait lieu mercredi prochain "pour défendre nos droits et la liberté d’expression". L’université Rennes 2 a été la première à voter le blocage contre le CPE, le 7 février. Ces dernières semaines, la plupart de manifestations anti-CPE ont été suivies de heurts et de bris de mobilier urbain et de vitrines.

Bref, quand toi tu as un peu manifesté contre la loi Devaquet pour empêcher toute sélection à l’entrée des universités, tu te demandes alors si tu as bien fait.

Note pour plus tard : faire comprendre au petit d’jeune ce qu’écrit B.Defrance :"Au lieu du langage de la violence, il vaut mieux préférer la violence du langage".

Alors, moi, je dis que si les "demonstrant" allemands apprennent bien leur texte, c’est un pas de plus... vers la démocrassitude.