Du panier de crabes au nid de vipères
Depuis que s’affirme de plus en plus la perspective pour la Droite dite républicaine d’une journée porte ouverte pour l’Élysée avec la perspective de devoir affronter la candidate bleu marine Marine Le Pen au second tour des prochaines Présidentielles, les appétits s'aiguisent en même temps que les couteaux.
Attendons-nous à faire nos délices d’une explosion de perfidies bien senties voire d’indélicatesses ou même d’affaires plus scabreuses opportunément remises sinon au goût du jour, le public en a assez, mais sous les feux de la rampe.
Tant il est vrai que les ambitions ne s’embarrassent guère des moyens de se réaliser.
Les haines recuites et Dieu sait si une personnalité aussi malfaisante que Sarkozy peut les susciter ne demandent qu’à s’exprimer et que plus s’approchera la date des primaires et plus propice sera le biotope où s’exhaleront les rancœurs et les ambitions délétères.
Il va de soi que toutes ces spéculations sont hâtives, on trépigne, on danse comme Perrette avec son pot de lait et on vend la peau de l’ours Marine Le Pen avant de l’avoir tuée car rien ne dit qu’un réflexe républicain pût inciter des citoyens à lui barrer la route en cas de confrontation avec Nicolas Sarkozy.
Pour un citoyen de Gauche entre la peste lepéniste et le choléra sarkoziste, la tentation sera grande de se couvrir et de rester chez soi.
N’évoquons même pas cet électorat également malmené par les deux candidats à coup de surenchère islamophobe qui laissera, lui, de toute évidence les crampons au vestiaire.
Sarkozy est la vulgarité incarnée mais la vulgarité des beaux quartiers, ce n’est pas un comble mais c’est un cave, celui dont on se demande bien ce qu’il peut apporter dans la gibecière qui lui sert de cerveau sinon des cailloux pour faire croire à un trop plein d’idées.
Aussi bien dès qu’il parle l’illusion cesse, du moins chez ceux que le douce musique du vide n’a pas assoupis et qui se réveillent en sursaut pour applaudir de toute la force de la politesse inculquée par des années d’apprentissage à l’école du conformisme.
Selon les auditoires il change de vocation : chevalier d’industrie ici, en bleu de chauffe là, tout en religiosité gluante là-bas dans la nef des églises chrétiennes qu’il fréquente à l’occasion avec componction sinon avec conviction.
Du côté de la Gauche ou de ce que, par convention ou facilité, on appelle la Gauche , l’affaire est entendue – et sauf miracle auquel un esprit rationaliste ne peut adhérer – elle sera absente, pulvérisée par l’incompréhension de son électorat traditionnel.
Néanmoins tout président sortant se doit de se représenter devant l’électeur qui lui accordé sa confiance, toute échappatoire quelles qu’en soient les raisons équivaudrait à de la lâcheté.
Et François Hollande nous a habitué à beaucoup d’errances mais je ne le crois pas pleutre au point de ne pas affronter le courroux populaire.
Ce qui rend d’autant plus inconséquent pour ne pas dire immoral son lâchage par certains membres de sa famille politique qui l’ont soutenu tout en grognant pour certains d’entre eux mais sans oser franchir le pas de la dissidence.
C’est dans cette optique que, spéculant sur les ruines, chacun essaye de se positionner pour faire renaître le phénix des cendres de ses propres reniements et que se profile une pantalonnade appelée primaire socialiste dont l’objectif lointain se situe en 2022.
Avec tous ces candidats avides de participer au barnum : depuis Benoît Hamon jusqu’à Marie-Noëlle Lienemann en passant par l’ineffable Gérard Filoche, désespéré mais toujours vaillant, et sans doute la coupe n’est-elle pas pleine dont on ne sait vraiment s’il faut y verser Arnaud Montebourg, toujours aussi bondissant, flamboyant des mille feux de sa virginité retrouvée, le verbe haut et qui s’est taillé ce dimanche 21 août à Frangy un costume suffisamment large pour se ménager la perspective d’une candidature en-dehors du parti, face aux citoyens : la rencontre d’un homme et d’une nation, on connaît la chanson quand bien même la partition reste illisible...
Ajoutons que le Centre est en grand danger d’être phagocyté par la Droite : seul le pire choix des participants à la primaire de Droite se portant sur Nicolas Sarkozy ( pour lui donner en dépit du bon sens le droit à un nouveau tour de manège ) pourrait inciter Bayrou à tenter une nouvelle fois l’expérience.
Mais voilà que se dégage au Centre et dans ces zones du parti socialiste liserées des couleurs bleues du libéralisme, une voie royale pour une création des médias, portant beau, gendre exemplaire, au yeux d’une eau dans laquelle beaucoup se baigneraient volontiers, suffisamment retors pour flirter avec les lignes rouges sans les franchir, dont les pires banalités valent de l’or et qui parvient même à étonner ceux qui font profession de l’être quand il dit qu’il n’est pas socialiste, ce qui allait sans dire mais va manifestement encore mieux en le disant !
Macron, le play-boy de la City qui vient d’un coup de déclasser Valls pris dans la nasse de la primature et en grand danger de terminer dans les poubelles de l’histoire, c’est-à-dire bien au chaud d’une sinécure quelconque où il se morfondra en méditant sur la vanité de la destinée humaine.
Mélenchon – que son rejet du pirate Sarkozy a conduit à soutenir du bout des lèvres le capitaine de pédalo - a déjà montré la couleur et sera présent au premier tour de l’élection présidentielle : les éventuelles primaires à Gauche ne le concerne pas davantage qu’elles ne le concernèrent pour 2012.
Avec toutefois une hypothèque : récolter le nombre requis de signatures ouvrant la porte à la candidature.
Je ne pourrais d’ailleurs pas m’imaginer qu’il n’en fût pas ainsi car ce patronage que l’on appelle parrainage est en réalité un service civique rendu à la libre expression démocratique et n’engage aucunement celui qui y consent.
L’ex-leader du Front de Gauche devenu soliste pourra compter sur le soutien d’une bonne partie de la force militante du parti communiste même si d’aventure, emporté par je ne sais quelle aberration mentale, Pierre Laurent voulait apporter une candidature de témoignage dont l’issue témoignerait surtout d’une perte totale de crédit du parti communiste dans l’opinion.
Il y aura aussi une primaire chez les Verts et pourquoi pas ? C’est à la mode et ils sont d’ailleurs, si je ne m’abuse, les initiateurs de ces turlupinades.
Chacun se positionne donc pour récupérer ce que j’ai des scrupules à nommer le legs si tant est qu’un amas de décombres économiques et sociaux vaille héritage.
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