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Eloge de la médiocrité

Et si malgré tout cela une quelconque conscience progresse, la décréter médiocrité, si un quelconque individu résiste, le briser moralement et physiquement !

Eloge de la médiocrité


Il coulait telle la première goutte d’un long breuvage, celle qui donne la première l’information générale au palais, qui avertit l’organisme tel un "héraut" annonçant un invité : le flot de la parole écrite.

 "De fait la non vie offre trop d’avantages pour se faire chier à se poser des questions dont on ne connaît pas la réponse. Pourquoi vouloir à tout prix se sortir de l’aliénation ambiante alors qu’il est si bon de se laisser emporter par l’état naturel des choses, la fatalité des vérités établies, l’immuabilité des rapports humains.

D’aucuns voudraient nous forcer les méninges, nous pousser à la réflexion, que nous soyons responsables, autonomes ; voudraient chambouler la terre, modifier nos habitudes, déraciner nos fondements ; voudraient que nous soyons dignes de l’évolution de notre espèce, que nous sortions de l’ombre, que nous échangions nos doutes, nos angoisses.

Ils rêvent qu’un jour nous soyons à même de nous élever contre notre condition de bêtes laborieuses anesthésiées par la misère, que nous découvrions nos possibilités faramineuses de compréhension et de prise en charge de notre destin humain.

Ils fantasment sur nos capacités de nous unir et de nous concerter, de découvrir nos intérêts communs et de lutter ensemble, d’être solidaires de nos erreurs et de nos actes, de ne plus être soumis ni dominés ; en un mot ils nous voudraient libres pour être libres eux-mêmes et que nous développions nos facultés d’enrichir nos vies par l’épanouissement entier de toutes nos ressources. Mais que croient-ils ?

Avons nous tant d’énergie à dépenser là-dedans et perdre ainsi la tranquillité que nous offre notre immobilisme et notre soumission aux conditions existantes ? Qu’avons-nous besoin de nous mettre en mouvement et de nous fatiguer, de nous exténuer à sortir de notre domination ? Qu’échangerions-nous contre cette tranquillité, si ce n’est la difficulté de maîtriser nous même notre devenir et l’accession douloureuse à l’existence véritable et incertaine d’une conscience que nous remettrions sans cesse en cause pour progresser ?

Alors restons calmes et insouciants, mais sachons être pervers, méchants et sournois, et défendre avec haine la certitude de notre sommeil légumineux ! Passons en aux moyens d’auto défense !

Car face à ces menaces grandissantes d’atteinte à notre paisibilité bovidienne, sachons nous garantir. Différents moyens simples et ayant fait leurs preuves au fil des années peuvent nous faire échapper à ces tourments. Tout d’abord, si possible est, ignorons le problème, nions l’existence de ces excités, restons chacun dans notre trou, écartons le danger en méprisant leurs discours, en réfutant sans raison leurs idées.

Jouons-nous-la fatalistes et bornés, voir sous informés (Ah bon ! Je ne savais pas mais comment donc...) voir encore analphabètes ou moitiés idiots. Si malgré tout certains s’obstinent et qu’il faille se prémunir d’avantage de leurs propositions libératrices, passons mollement à l’acte et répondons par moqueries diverses, ragots personnalisés, diffamations déguisées, insultes réductrices, portons le débat sur l’artificiel et le détail, la virgule plutôt que le texte. Débat de ponctuation n’est pas réflexion mais divertissement agréable et facile.

Beaucoup en seront écoeurés, déstabilisés, démobilisés, apercevant l’effroyable difficulté de poursuivre par la raison, baisseront les bras et nous rejoindront aisément. Pour les plus virulents, d’autres moyens ne demandant que peu d’investissement personnel peuvent être étudiés. Si malgré calomnies et railleries, discrédit et insulte, ils persistent et font preuve de détermination, voir d’obstination, laissons les s’agiter, se tuer à la tâche, s’unir et se regrouper.

Profitons de leur esprit d’ouverture et de leur volonté de dialogue pour nous infiltrer parmi eux et leur laisser croire que nous sommes tous unis tous solidaires, établissons des rapports fraternels et affectifs, et profitons perfidement de tous les moyens qu’ils mettront en oeuvre en se gardant bien de les aider en quoi que ce soit. Là, deux attitudes possibles, toutes deux aussi nauséabondes et ne demandant aucun effort.

L’attitude paumée et approbatrice, autocentrée sur de fumeux problèmes existentiels nous rendra sympathiques et, tout en préservant les moyens d’éclate individuelle qui sont les leurs, nous permettra de pomper leur énergie à notre bénéfice exclusif ; coqs en pâte, consommant tout mais ne produisant rien, nous aurons la légitimité des misérables et le nid douillet.

Autre attitude, plus perverse et plus excitante, mettons nous en avant des luttes, non par les actes, mais par la tchatche, soyons plus que plus, proposons sans cesse hors réalité, critiquons vertement les plus sincères et soutenons les plus mégalos, foutons notre merde en divisant, toujours de mauvaise foi, libérons nos fantasmes les plus fous, prenons les uns pour les autres et mélangeons tout, la dislocation n’est pas loin.

Il n’est pas superflu à ce niveau d’intervention là, de se doter d’une sur conscience auto proclamée et d’une autorité morale obtenue par toutes sortes de pressions, chantages affectifs, violences verbales, prises omniprésentes de paroles, contestation systématique de toute proposition autonome.

Le must reste encore de prendre sournoisement la tête de collectifs constitués, voir d’en constituer nous-mêmes, de soulever toutes les contradictions existantes, d’en inventer s’il le faut, montrer les uns contre les autres tout ceux qui pourraient s’apercevoir un jour de leurs intérêts communs, rendre inconciliable ce qui pourrait l’être, faire de divergences des oppositions, d’oppositions des guerres sans fondement et sans fin, refuser toute discussion réelle sur le fond et aviver au maximum les rancoeurs personnelles accumulées.

Et si malgré tout cela une quelconque conscience progresse, la décréter médiocrité, si un quelconque individu résiste, le briser moralement et physiquement !
"Tous ensemble nous resterons moyens !
Sachons profiter pour bloquer toute évolution !
Dominus Domina Dominum Dominis Domini Domine "
 

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25 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 13 juillet 2009 10:49

    L’auteur ne serait il pas en train de constituer une SECTE , à vouloir ainsi penser « autrement » ?
    Ce texte ne viserait il pas à nous faire penser, réfléchir, agir ? Quelle drôle d’idée... Incongrue...
    Nul besoin de nous servir de notre cerveau, d’autres pensent pour nous... mieux vaut regarder, l’oeil égrillard, « Secret Story » et autres divertissements faits pour nous faciliter la vie et nous la rendre plus belle...
    Non, mais... Encore un fou ...


    • Bois-Guisbert 13 juillet 2009 10:54

      « Ils rêvent qu’un jour nous soyons à même de nous élever contre notre condition de bêtes laborieuses anesthésiées par la misère, que nous découvrions nos possibilités faramineuses de compréhension et de prise en charge de notre destin humain. »

      Et ils ont de fameux devanciers :

      « L’homme s’efforcera de commander à ses propres sentiments, d’élever ses instincts à la hauteur du conscient et de les rendre transparents, de diriger sa volonté dans les ténèbres de l’inconscient. Par là, il se haussera à un niveau plus élevé et créera un type biologique et social supérieur, un surhomme, si vous voulez. »

      Un « type biologique et social supérieur, un surhomme », bigre !

      Cela pourrait être d’Alfred Rosenberg, de Heinrich Himmler, de Walter Darré, voire d’Adolf Hitler lui-même. Mais, bon, c’est de Léon Trotsky.


      • Christian Hivert Christian Hivert 13 juillet 2009 12:07

        Alors ?

        L’auteur est-il important ? Ou c’est l’idée qui compte,


        • HELIOS HELIOS 13 juillet 2009 13:14

          Hedoniste, tu seras, mon fils,... à moins que tu ne sois que dictateur !


          • Marc Viot idoine 13 juillet 2009 13:50

            IL n’est jamais que ton grand toit.


            • Marianne Marianne 13 juillet 2009 14:09

              Merci pour ce texte qui résonne comme un appel à sortir enfin du bain d’égoïsme dans lequel on nous a plongé dès la naissance en nous faisant croire qu’il nous mènerait sur les chemins du bonheur...

              L’homme est un être social... pléonasme, évidence qu’il est bon de rappeler à tous ceux que les destins d’un Michaël Jackson ou d’un Nicolas Sarkosy font rêver : luxe, stupre et volupté... et aux autres qui n’ont de rêve que la magnificence de leur ego...

              « La liberté consiste à choisir entre deux esclavages : l’égoîsme et la conscience. Celui qui choisit la conscience est l’homme libre. » Victor Hugo

              « Ceux qui vont de l’avant tournent le dos aux suiveurs. C’est tout ce que les suiveurs méritent... » Georges Braque


              • Bois-Guisbert 13 juillet 2009 15:22

                « La liberté consiste à choisir entre deux esclavages : l’égoîsme et la conscience. Celui qui choisit la conscience est l’homme libre.  » Victor Hugo

                Si on en juge par sa vie sexuelle, il n’avait pas précisément choisi la liberté !

                Comme quoi, il n’est pas à la portée du premier romantique venu d’échapper au « Faites comme je dis, pas comme je fais ».


              • Marianne Marianne 13 juillet 2009 16:00

                Ah oui la vie sexuelle de Victor Hugo ! Et celle de Marx ! Vous préférez celle de Sarkozy ou de Berlusconi, Bois-Guibert ? A moins que Le Pen soit un parangon de vertu !

                Voyez-vous, je ne juge pas les hommes et les femmes à l’aune de leur vie sexuelle dont je n’ai strictement rien à faire, mais à la qualité de leurs engagements...

                « Les misérables », « L’homme qui rit » ou « Notre-Dame de Paris » sont en effet des monuments de la conscience humaine que vous traînez dans le foutre comme à votre habitude...


              • Bois-Guisbert 13 juillet 2009 20:21

                Ah oui la vie sexuelle de Victor Hugo ! Et celle de Marx ! Vous préférez celle de Sarkozy ou de Berlusconi, Bois-Guibert ? A moins que Le Pen soit un parangon de vertu !

                C’est pas mon problème. Mon problème, c’est celui qui prétend me donner des indications pour « réussir » ma vie, sans s’y soumettre lui-même. Parce qu’encenser la liberté en étant esclave de sa pioche, ça la fout mal.

                « Les misérables », « L’homme qui rit » ou « Notre-Dame de Paris » sont en effet des monuments de la conscience humaine que vous traînez dans le foutre comme à votre habitude

                Des monuments qui font tas de gravats à côté du « Voyage au bout de la nuit », de « Mort à crédit » et « D’un château l’autre ».


              • armand armand 13 juillet 2009 20:57

                Tout un aveu, Bois-Guibert !
                l’éloge de Céline, être abject et auteur discutable.
                Pour moi la civilisation c’est raconter de belles choses d’une belle façon. Plutôt Drieu que cet enfoiré de Céline, pour citer un autre auteur au comportement condamnable..
                Pas vraiment un fan de Victor Hugo, mais vous arriveriez à me le rendre sympathique...


              • Bois-Guisbert 14 juillet 2009 00:42

                Pas vraiment un fan de Victor Hugo, mais vous arriveriez à me le rendre sympathique...

                Alors lisez toutes affaires cessantes « Hugothérapie » de Pierre-Antoine Cousteau.


              • Christian Hivert Christian Hivert 14 juillet 2009 10:35

                d’un château l’autre est gerbant, illisible et alcoolique, cet antisémitisme suintant dans les années d’après guerre alors que le massacre était connu n’est pas pardonnable ;

                Voyage au bout de la nuit est autre.

                Celine n’est pas si bon que cela, son héroïsation littéraire est sulfureuse.


              • Bois-Guisbert 14 juillet 2009 15:24

                D’un château l’autre est absolument génial, et je me tamponne de votre opinion à hauteur de ce que la mienne vous indigne.

                P.S. - Vous savez, la Shoah, c’est un thème qui n’est vraiment venu à la mode qu’à la fin des années 70 dans la foulée du feuilleton télévisé « Holocauste » et de l’avènement du révisionnisme faurissonnier... Renseignez-vous si vous ne me croyez pas.


              • Deds 13 juillet 2009 15:31

                Ecrivain engagé....dans l’impasse des fautes d’ortographes et des néologismes....Dommage, ça dénature le propos...En période de bac. c’est une ironie...
                La liberté, ça n’est pas écrire n’importe comment !


                • L'enfoiré L’enfoiré 13 juillet 2009 16:58

                  Deds,
                   Mais surtout, pas n’importe quoi, et je dois dire que l’idée de précher le faux pour en obtenir le vrai, me plait assez.
                   « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface », disait Victor Hugo
                   tandis que « la distorsion de la forme sur le fond, voilà la vraie poésie » prétendait Jacques Ferron.
                   Il est vrai que l’orthographe est quelque chose qui évolue, le fond lui est bien plus ancré dans l’esprit, et cela surtout en période de bac


                • Christian Hivert Christian Hivert 13 juillet 2009 19:19

                  Vous seriez bien en peine d’aller jusqu’au bout de vos manifestes talents de correcteur, la critique habituelle des jaloux venant de finir de lire un texte.


                • Christian Hivert Christian Hivert 14 juillet 2009 10:38

                  ortHographe


                • L'enfoiré L’enfoiré 13 juillet 2009 17:01

                  @L’auteur,
                   Il y a un jour un choix à faire entre vivre dans un zoo ou dans la jungle.
                   Je crois comprendre votre choix.


                  • Christian Hivert Christian Hivert 13 juillet 2009 19:28

                    Hum, je ne crois pas,

                    dans la jungle il y a des villages où règnent des règles de vie commune et où l’on se protège quand même des loups,

                    sans que le village ne soit barbelé pour autant,

                    d’autre part certains zoos des grandes villes sont plus dangereux que des vraies jungles,

                    après tout dépend où est le pétrole et où auront lieu les bombardements massifs,

                    pas au dessus ni en dessous de l’un et des autres évidemment.


                    • barbouse, KECK Mickaël barbouse 13 juillet 2009 19:36

                      bonjour,

                      je suis bien curieux de lire un jour votre éloge de l’élitisme, non sans cynisme :))

                      amicalement, barbouse


                      • Christian Hivert Christian Hivert 13 juillet 2009 19:46

                        ça pourrait être intéressant ma foi, tous les élitismes ne sont pas à rejeter, j’y penserai, cela risque de faire doublons malgré tout, merci pour l’idée en tout cas


                        • Lucien Denfer Lucien Denfer 14 juillet 2009 00:24

                          J’ai adoré votre description des tactiques diaboliques de subversion des bonnes volonté, principalement le parasitage et l’occupation du terrain de la contestation.

                          L’ennemi est médiocre mais il est subtil, aussi il ne faut pas le sous estimer, d’autant plus qu’il se cache parfois en chacun de nous.

                          Il suffit de rien pour se retrouver dans le camps des autres, la paresse intelectuelle et l’envieuse jalousie sont des aides précieuses pour quiconque souhaite se laisser corrompre.

                          Et comme si ce n’était pas suffisant, on en serait presque rassuré d’être dans le camps des plus nombreux, broutant paisiblement notre mauvaise herbe, dans l’attente du berger.

                          Malheureusement comme tous les bergers il vient pour la laine ou pour le gigot...


                          • Christian Hivert Christian Hivert 14 juillet 2009 10:04

                            Oui, je ne défends ni le troupeau, ni les loups, ni le berger, bien évidement je défends l’autonomie des individus, des collectifs et des luttes de collectifs, lorsque l’on se passe de berger et que l’on se défend des loups.


                            • Christian Hivert Christian Hivert 15 juillet 2009 18:56

                              @Bois-Guibert, vos tamponages ne concernent que vous et vos engouements corroborent le reste, si vous vous y sentez bien.


                              • Christian Hivert Christian Hivert 27 novembre 2012 11:33

                                "En dehors des mondes utopiques où les fils des hautes familles se font subventionner parentalement quelques menues activités, les écrivains, pour vivre un peu décemment, doublent leur activité de création d’une activité de production, dans mon cas artisanale, ce qui n’est contradictoire que pour quelqu’un à l’abri de tout besoin et peu au fait des dures contingences de la vie moderne."

                                  Et voici donc ma première production littéraire :

                                « Les chevaliers de Reine sont ivres de révoltes, de gloire parfois, de désespoir souvent, la vie leur échappe et ils en perdent un peu en courant.

                                Reine et Arthur son amoureux prennent deux chemins différents mais parallèles, leurs illusions, l’un en un monde meilleur et plus juste, l’autre dans une liberté possible, se jouent d’eux à chaque détour.

                                Et tous les chevaliers des trottoirs parisiens arpentés et des squats en lutte sont ivres, résolument ivres et en dérive.

                                Les Gens Bons de Paris s’en prennent plein la tranche et n’en reviennent pas.

                                Tous ces pauvres s’agitent et manifestent, non mais gare, ils veulent les mêmes droits que les Gens Bons n’auront plus.

                                Il va falloir encadrer sévèrement tout cela, il  faut une association et un responsable aux ordres. »

                                 

                                Voici donc le livre premier, »Reine", d’une série, « Les chevaliers ivres », qui comptera six autres volumes. Livre disponible en numérique sur amazon à http://www.amazon.fr/Reine-ebook/dp...

                                Cela mettra en scène les mêmes personnages et mêmes situations vus sous différents angles, depuis les années 1980 jusqu’ à nos jours. La saga des réprouvés et marginaux plus ou moins politisés n’en n’est qu’à ses balbutiements.

                                 

                                Le livre II »Destin majeur" depuis le point de vue d’un mineur en fugue est en cours d’écriture.

                                 

                                Cordialement

                                Hivert Christian


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