Engagez-vous dans les écoles de banlieue !
Rien n'a changé. Même froideur du discours, même conformisme, même déni des réalités. Avec en prime un effet burlesque non voulu.
Trente-et-un an après mon engagement dans l'enseignement, la langue de bois est plus que jamais de mise, comme en témoigne l'affiche pour les concours de recrutement des professeurs d'école de banlieue. Nouveauté : la pénurie est telle que des campagnes d'embauches hors cadres sont organisées (concours spécifiques, contractuels en masse).
Rappelons que les académies de Créteil et de Versailles sont ces charmantes banlieues du vivre-ensemble, dont la Seine-St-Denis, où paix, tranquillité, convivialité et modernité nous sont enviées par tout le monde occidental. Comment ? Vous n'êtes pas d'accord ? Je fais dans le cynisme ? Alors que dire de l'affiche officielle du ministère de l'éducation nationale où une charmante enseignante BCBG à lunettes mène un atelier de lecture avec des élèves en chemisette, dans un local propre et bien équipé ?
- Première remarque : pas de diversité ethnique dans cette classe (!) à moins qu'il ne s'agisse d'un groupe de réfugiés ukrainiens (?) On est bien en banlieue parisienne, dans un établissement public ?
- Deuxième remarque : qui est cette enseignante ? Une correspondante américaine ? On est loin du directeur d'école de Blanc-Mesnil (93), fiché S et interpellé pour radicalité. Loin aussi de cette enseignante aperçue sur Twitter avec drapeau algérien dans la classe et portrait du terroriste Georges Habache. Pas de tension comme dans cette école de St Denis (93) où la directrice résidant dans le XVème arrondissement était en conflit avec son équipe pédagogique qui ne supportait plus son "autoritarisme" et ses origines israélites supposées.
Il y a vingt ans les premiers conflits entre profs d'école survenaient pour des absences en période du Ramadan, les bonbons à la graisse porcine et le refus de fêter Noël. Mais c'était encore marginal. La majorité des collègues venaient de province en attendant une mutation, et ils pouvaient se loger correctement, ce qui n'est plus possible aujourd'hui en région parisienne. D'où un recrutement de contractuels "couleur locale" moins exigeants sur leurs conditions de travail et surtout plus en phase avec les familles.
- D'où aussi la troisième remarque : à priori pas de mamans voilées à l'horizon, pas d'entraves aux principes républicains, pas de risque de finir comme Samuel Paty... Que des gens polis et intégrés. Si cette photo représente une école de l'académie de Créteil, c'est à Vincennes (?) Hors ce n'est pas là qu'il y a le plus de besoin en personnels...
On pourrait presque porter plainte pour publicité mensongère et désinformation face à une propagande encore plus ridicule qu'une affiche de recrutement pour l'armée ukrainienne rédigée par Bernard-Henri Lévy.
Sérieusement, qui a envie d'aller s'occuper d'une classe d'enfants sans repères, sans désir d'intégration des familles, dans des quartiers livrés aux trafiquants, le tout pour un salaire portugais et la retraite impossible à 65 ans ? Comment peut-on produire des affiches aussi ridicules en gaspillant l'argent public ? Quand parlera-t-on pour de bon des vrais problèmes, des solutions possibles ?
Ajoutons une difficulté supplémentaire à l'embauche de profs en banlieue, la connivence entre élus locaux et familles malveillantes. L'exemple de Neuilly-sur-Marne où le député LFI Thomas Portes a menacé un directeur d'école favorable à l'uniforme des écoliers n'est pas exceptionnel, loin de là. Dans Paris XVIIIème, c'est un autre député du même groupe, Aymeric Caron, qui soutenait la famille d'un enfant de CM1 qui menaçait de décapiter sa maitresse d'école (!) Comment travailler dans des conditions pareilles sans devenir fou ?
Tiens, terminons par la cerise sur le gâteau, l'absence de médecine du travail. Début 2000, il y avait encore plusieurs cliniques de la MGEN sur Paris pour le suivi psychologique des profs en "burn out". Aujourd'hui, il n'en reste qu'une dans le XVème arrondissement, et aux dernières nouvelles "elle n'accepte pas les nouveaux patients", phrase désormais familière à tout individu résidant sur le sol français.
Dans ces conditions, il ne peut y avoir que des "innocents" ou pire des "militants" infiltrés pour postuler. Des gens qui ne peuvent travailler ailleurs, ou qui veulent entrer pour transmettre leurs valeurs, comme l'ont fait les profs cités plus haut. Il est temps de prendre enfin conscience de la catastrophe à venir et de proposer des remèdes : contrats comme pour les militaires, enquêtes de moralité, aide au logement, autonomie des établissements, partenariat public/privé, responsabilisation des familles.
Tout est question de volonté politique, on ne résoudra rien en cachant les réalités.
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