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Entretien avec Sylvain Studer

Sylvain Studer m'a proposé un entretien écrit consacré principalement à l'Histoire et à la Politique. 

J'ai répondu à ses questions comme à l'accoutumée : avec franchise et rigueur doctrinale. 

Je vous laisse dès à présent lire son introduction et notre échange qui j'espère vous passionnera. Franck ABED

 

Sources

 

" Par cet entretien, nous allons faire un voyage dans le temps. Redécouvrir l’âme et la foi de nos ancêtres. Ressusciter un monde que la Révolution française a enterré.

Pulvérisé. Nous allons partir à la rencontre d’un homme influent, convaincu, parfois extrêmement convaincant, un violent au sens évangélique du terme, qui s’empare du ciel en prêchant et l’Evangile et la restauration du royaume de France. 

Nous allons finalement nous entretenir avec un homme qui n’a pas peur d’être ce qu’il est, puissant parce que cultivé, sensible parce que lettré, percutant parce que passionné. 

Un homme qui joue le rôle de trouble-fête à la perfection en faisant de la République l’homme à abattre et de la monarchie la solution pour que le pays de Jeanne d’Arc retrouve son rayonnement d’antan. 

Un homme qui travaille avec acharnement et qui œuvre sans relâche à la royalisation des esprits." Sylvain Studer, écrivainson siteson compte twitter.

 

 

 

 

Qui êtes-vous en quelques lignes ?

Je suis philosophe, historien et théoricien politique. Concrètement, je recherche quotidiennement la sagesse, j’étudie constamment l’histoire, j’analyse les idées politiques avec une perspective philosophique et historique. 

A ce jour, j’ai publié deux mémoires universitaires et une dizaine d’ouvrages. Le prochain sera édité en décembre 2022 avec pour titre Napoléon. J’écris des articles diffusés via mon blog, différents sites, journaux et revues. Je donne également des conférences en France et à l'étranger dans lesquelles j'évoque mes analyses historiques et politiques. Je décrypte et démystifie les sujets d’actualité.

Pour me définir philosophiquement et politiquement, je dis toujours que je suis catholique romain et monarchiste.

 

 

FRANCK ABED

 

 

Qu'est-ce que la France ? 

La France est un pays d’origine surnaturelle avec une vocation surnaturelle, celle d’éducatrice et d’évangélisatrice des peuples. Elle naquit le jour de Noël 496 avec le baptême de Clovis et de ses 3000 guerriers. Les Francs, qui laissèrent leur nom à notre pays, sont bel et bien au fondement civilisationnel et politique de celui-ci. La France est donc le pays de Charlemagne, Saint Louis et Louis XIV. 

 

 

FRANCK ABED

 

 

Je me dois de citer la sainte de la Patrie, Jeanne d’Arc, modèle de foi religieuse et politique qui n’eut de cesse, jusqu’au sacrifice de sa vie, de défendre la légitimité. Bayard et Du Guesclin incarnent parfaitement notre pays et les valeurs chevaleresques qu’ils pratiquèrent dans leur quotidien. La France est également la patrie de la Chrétienté, des Arts et des Lettres. 

Nous ne comptons plus le nombre de monastères, de cathédrales, d’églises qui recouvrent notre beau territoire. Il existe beaucoup de villes qui portent le nom d’un Saint. Et comment ne pas être émerveillé devant le Mont Saint-Michel, les châteaux de la Loire et celui de Versailles ? Comment ne pas être porté par les textes beaux, puissants, instructifs, de Corneille, Racine, Boileau, Molière, La Fontaine et de tant d’autres ? Et je n’oublie pas la divine musique de Rameau, Lully, Marin Marais et de tant d’autres.

 

 

FRANCK ABED

 

 

Je convoque également, la peinture, la littérature, la sculpture, etc, domaines dans lesquels nos ancêtres excellèrent à chaque génération. La France est un pays magnifique qui a donné sa pleine mesure avec le catholicisme et le monarchisme. Beaucoup de pays du monde entier envient notre culture et notre patrimoine. La conséquence logique de cet état de fait reste la volonté des étrangers de visiter année après année notre pays qui regorge de trésors. Raison pour laquelle des gouvernements étrangers aiment nous copier et nous imiter, sans que cela rencontre toujours le succès… La prétendue culture de l’effacement ne peut rien contre notre belle histoire. 

 

Comment expliquez-vous la chute de la monarchie française ? 

Il existe plusieurs facteurs qui expliquent la chute de la monarchie française.

Tout d’abord, l’Église et la Monarchie étaient travaillées de l’intérieur et attaquées de l’extérieur par les Idées Nouvelles depuis plusieurs décennies. N’oublions pas également les réformateurs, cachés ou non, dans l’institution ecclésiale romaine qui avec leur modernisme religieux affaiblissaient le catholicisme. Raison pour laquelle plusieurs prélats et aristocrates garnirent les rangs du camp révolutionnaire. Parfois, ils se montrèrent même plus durs que des révolutionnaires historiques. Ils n’eurent probablement pas conscience de scier la branche sur laquelle ils se trouvaient assis, quand d’autres voulurent donner des gages politiques à leurs nouveaux amis.

 

 

FRANCK ABED

 

 

De plus, le système monarchique était quelque peu grippé et fatigué. Le prodige louis-quartozien méritait franchement quelques aménagements. Cependant, trop de royalistes contemporains de ces événements funestes entendaient maintenir envers et contre tout bon sens une mécanique politique qui ne répondait plus aux exigences de cette fin de XVIIIème siècle. Je sais pertinemment qu’il convenait de mener des changements, dont certains en profondeur, pour perpétuer la monarchie. Il ne s’agissait en aucun cas de céder à l’inertie ou à l’immobilisme, pas plus que de succomber aux folles idées révolutionnaires promues au nom de cette détestable tabula rasa.

Louis XVI, aidé par ses conseillers, aurait dû conduire les réformes nécessaires au salut de la monarchie. Malheureusement après l’Assemblée des notables (1787-1788), tout s’enchaîna très vite. En effet, le ver se trouvait déjà dans le fruit. Les propagandistes anti-monarchie se livraient à une guerre littéraire, artistique, intellectuelle contre le vieil édifice monarchique depuis déjà trop longtemps. Preuve supplémentaire que Louis XV et Louis XVI ne peuvent être assimilés à des tyrans ou à des dictateurs au sens moderne du terme, car tous ces propagandistes ne se balancèrent pas au bout d’une corde après la publication de leurs nombreux brûlots. En fait, la tyrannie - intellectuelle - se trouvait dans leurs écrits contestataires. Des Encyclopédistes bénéficièrent même de protection en haut lieu… C’est dire la malhonnêteté des uns et la bêtise des autres.

 

 

FRANCK ABED

 

 

D’une manière générale, quand un ennemi vous attaque violemment, la riposte, comme l’explique parfaitement saint Thomas d’Aquin, doit lui être proportionnée. On ne combat pas le torrent révolutionnaire avec des timides agissements : un terrible incendie ne s’éteint pas avec une éponge. Le malheur de Louis XVI réside, entre autres, dans le fait de s’être retrouvé à la tête d’un système qui prenait l’eau de toutes parts ou presque, le tout en ayant été très mal entouré. Les proches conseillers du Roi, ainsi que les membres de la famille royale, ne surent pas être à la hauteur des événements. Le Roi-Martyr fut mal conseillé et il est notable qu’il commit des erreurs dans ses choix et non-choix. Ainsi, le rappel des anciens Parlements dès 1774 reste une faute politique majeure. Cet acte permit aux agitateurs de se regrouper légalement et de fronder à l’ombre de la monarchie. En ce sens, il fut très mal conseillé par Maurepas qui avait été en son temps disgracié par Louis XV. A l’annonce de cette réforme très mauvaise, Maupeou déclara : « J'avais fait gagner au roi un procès qui durait depuis trois siècles. S'il veut le perdre encore, il est bien le maître. » 

Il est vrai que 1787 et 1788 ne furent pas des bonnes années pour les récoltes. Le royaume subissait une crise économique et sociale conjoncturelle mais non structurelle. Contrairement à une légende tenace, propagée par certains, la misère peut éventuellement susciter des émeutes, mais certainement pas des révolutions. Ces dernières ont des causes profondes. Je les ai rapidement évoquées pour la révolution de 1789. La déflagration révolutionnaire ne frappa point un pays exsangue et fatigué. 

Au contraire, la France des années 1780 se montrait florissante et surtout en plein essor. Les études les plus sérieuses rappellent que la richesse s’était considérablement accrue depuis plusieurs décennies. Cette embellie profita à la majorité des Français. Dans le même temps, alors que le pays se portait très bien, l'État royal connaissait de graves problèmes de liquidités, quel curieux paradoxe : un pays riche mais un gouvernement en quasi banqueroute. Ajoutez à cela, la corruption des esprits par les Encyclopédistes, les libellistes et les penseurs rebelles à l’autorité naturelle, la faillite morale d’une bonne partie de la noblesse, du clergé, et vous comprenez que Louis XVI vivait sous la menace d’un terrible volcan qui éructa violemment ses flammes…

 

 

FRANCK ABED

 

 

Au moment de la convocation des Etats-Généraux, le pays était donc en bonne santé même si les rouages de la monarchie montraient des signes de faiblesse. En réalité, le rôle de l’autorité légitime reposait sur deux actions principales : abattre les derniers vestiges de la féodalité et entreprendre une saine réforme financière. Le reste serait advenu naturellement. Rien de bien insurmontable pour un chef d’Etat digne de ce nom dans un contexte politique et social somme toute classique. Mais le feu de la rébellion couvait. Il était attisé par les prophètes de malheur et par le comportement outrancier de certains défenseurs de la monarchie. 

La crise religieuse, philosophique et politique instaurée avec le modernisme des Lumières avait trop contaminé l’âme française en profondeur… Il annihila véritablement les défenses étatiques de la monarchie. Finalement, le sursaut royaliste naquit dans les campagnes fidèles aux principes de toujours. Les habitants de ses provinces furent écœurés par le meurtre du roi, l’anti-catholicisme primaire, fâchés par les promesses non tenues et la circonscription illégitime. La majorité du pays entra en rébellion contre la dictature révolutionnaire.

En 2022, continuons le combat contre la Révolution, la République, la Démocratie, pour retrouver la Monarchie. La parenthèse révolutionnaire et républicaine n’a que trop duré.

 

Le retour du roi est-il lié au retour de la foi ? 

Le traditionalisme politique français repose sur le catholicisme et le monarchisme. Notre pays est devenu athée voire anti-chrétien, que ce soit par ses institutions ou par l’apostasie quasi généralisée des Français. Le retour des Français à la fois catholique demeure une condition essentielle au redressement de la France mais elle ne constitue pas l’unique voie de salut politique. En effet, nous ne pourrons pas mettre sous le boisseau, pendant encore des lustres, la question institutionnelle. 

Ainsi, le désastre intellectuel de la droite ou plus exactement de la prétendue droite se trouve précisément dans l’abandon voire même dans la négation du traditionalisme politique français. Les responsables et les militants dits de droite sont presque tous démocrates, républicains, souverainistes et patriotes. Ils veulent en réalité, non pas revenir à l'État naturel de la France, mais perpétuer la République en lui redonnant ses lettres de noblesse… Ils considèrent, dans l’ordre de la morale, que le Décalogue et le Sermon sur la Montagne sont inférieurs aux Droits de l’Homme et à la Loi Républicaine. Ils défendent l’idée d’une sujétion du pouvoir spirituel au pouvoir temporel. Personne ne restaure une saine société en établissant de si mauvais principes. 

 

 

FRANCK ABED

 

 

Dans le même ordre d’idées, des catholiques travaillent à la conversion des Français et c’est tout à leur honneur. Cependant un gouvernement catholique sans l’institution monarchique serait en définitive bancal. En effet, comment se réglerait la question de la succession du chef de l’Etat le moment venu ? Si eux ne proposent pas de réponse satisfaisante, pertinente ou complète, nous monarchistes, nous leur en servons une sur un plateau. Je travaille donc pour que les Français connaissent une double conversion : une religieuse, au catholicisme ; une politique, au monarchisme.

 

Peut-on être Français si on est de confession protestante, juive, musulmane ? 

Pour être Français, il faut simplement avoir des ascendants français. Il s’agit d’une logique imparable et implacable. Après, des parcours de vies personnelles peuvent expliquer des reniements à la foi catholique ou des conversions à des religions étrangères (judaïsme, islamisme) ou extérieures (luthéranisme, calvinisme).

Toutefois, il existe la possibilité de devenir Français pour services rendus. Par exemple, Giulio Raimondo Mazzarino n’avait pas, à ma connaissance, une seule goutte de sang français. Pourtant aux moments des terribles épreuves des Frondes durant la minorité de Louis XIV, il fut un excellent serviteur de l’État royal. Il comprit mieux les intérêts supérieurs du Royaume que des nobles ou des parlementaires bien français. Il devint par la suite Jules Raymond Mazarin et se révéla comme l’un des plus grands ministres français toutes époques confondues. Nous lui devons beaucoup. Aucun ministre de la Vème République ne lui arrive à la cheville.

 

 

FRANCK ABED

 

 

Je rappelle qu’on est d’abord et avant tout français par le sang reçu de nos parents et aïeux. Un étranger, à notre sol, à nos coutumes et à notre religion, peut devenir Français par le sang versé. Chaque année, des Légionnaires méritants reçoivent cet honneur… Mais cela doit rester minoritaire et exceptionnel.

 

Quel est le héros français qui vous inspire le plus ? 

Il y a de nombreux héros du passé qui m’inspirent. Je les cite de manière non exhaustive : Clovis, Charlemagne, Hugues Capet, Philippe Auguste, Saint Louis, Charles V, Jeanne d’Arc, Louis XIII, Richelieu, Mazarin, Louis XIV et Napoléon. Je peux également évoquer tous les anonymes qui servirent honnêtement leur seigneur ou l'État royal. Ils représentent également des modèles à imiter et à promouvoir. J’apprécie énormément la fidélité politique.

 

 

FRANCK ABED

 

 

Les musiciens, les peintres, les architectes, les sculpteurs des époques passées méritent également tout notre respect. Ils travaillèrent littéralement à la promotion du Beau et du Bien. Dans notre époque ou le Beau souffre d’être mis à égalité avec le Laid, il est saint pour son âme et son esprit de visiter des musées ou des monuments historiques pour se rappeler de la grandeur artistique exprimée par nos glorieux ancêtres.

Il me semble également vital de rappeler le rôle des moines, notamment des bénédictins qui défrichèrent et labourèrent toute l’Europe avec leurs petits bras et leur grande foi. Les monastères furent les gardiens et les promoteurs de la Civilisation de la chute de l’Empire Romain jusqu’à nos jours. 

 

 

FRANCK ABED
 

 

De même, je ne résiste guère au plaisir de citer les chevaliers des Temps Féodaux partis à la Croisade. Ils représentent parfaitement l’idéal chrétien et chevaleresque que j’admire grandement. De même, comment ne pas être touché, et bien plus, par des Preux Chevaliers qui menèrent la Quête ?

 

Comment expliquez-vous la discrétion dans l'espace médiatique des prétendants au trône ?

Il existe principalement trois explications satisfaisantes pour comprendre l’absence des Princes dans le débat civilisationnel et politique.

Premièrement, ils savent dans le secret de leur cœur et de leur conscience qu’ils ne sont pas légitimes. Ainsi, ils occupent dans l’esprit public un espace qu’ils ne méritent pas. Toutefois, la place étant bonne et agréable, ils « amusent » la galerie lors de certaines représentations. Ce n’est pas très risqué et en prime, ils peuvent passer d’agréables moments au milieu de leurs courtisans béats d’admiration. Toutefois, se sachant non dignes du rôle que certains leurs prêtent, ils n’agissent pas politiquement de manière concrète car eux savent pertinemment que leurs prétentions sont nulles et non avenues.

 

 

FRANCK ABED

 

 

Deuxièmement, ils savent ou pensent objectivement qu’ils sont légitimes. Cependant, ils ne veulent pas prendre de risque pour eux-mêmes et leurs familles. Ils ont peur de mourir, de recevoir des menaces, d’être ostracisés, de ne plus recevoir d’invitations à dîner, etc. Cette attitude, si c’est la véritable explication à leur discrétion, poserait énormément de problèmes. 

Voici ce que j’avais écrit lors d’un précédent entretien : « Si le premier d’entre les royalistes ne montre pas l’exemple, il paraît bien difficile aux royalistes du quotidien d’émerger. Chacun sait que Saint Louis et Louis XIV durent se battre dès leurs primes enfances pour défendre l’héritage qu’ils reçurent en raison de leur naissance. Paradoxalement, ces deux grands rois ne se contentèrent pas de tendre la main ou de dire « je prétends »  : ils combattirent par eux-mêmes, ce qui fut tout à leur honneur. » Si le Roi de France ne se montre pas capable de se battre réellement pour son pays, quel mauvais exemple est donné aux royalistes, tandis que les adversaires de la royauté, eux, se repaissent de cette pusillanimité.

 

 

FRANCK ABED

 

 

Troisièmement, ils sont conscients de leur légitimité mais ne savent pas comment agir ou pire, ils pensent que leurs actions actuelles suffisent pour recouvrer leur trône. J’avoue que c’est littéralement effrayant de penser ainsi. De fait, je sais que certains pro Louis de Bourbon pensent en toute conscience que la voie prise est la bonne, au mépris des faits. D’autres évoquent un mauvais entourage. Comme déjà dit maintes et maintes fois, il est possible d’excuser un homme de 20 ans mal entouré. Mais quand un homme approchant la cinquantaine ou la soixantaine reste sous l’influence d’un mauvais entourage, la faute n’incombe pas aux proches mais à lui seul.

A la mort de Mazarin, Louis XIV d’heureuse mémoire, prit ses responsabilités : « Je vous ai fait assembler avec mes ministres et secrétaires d'État pour vous dire que, jusqu'à présent, j'ai bien voulu laisser gouverner mes affaires par feu M. le Cardinal ; il est temps que je les gouverne moi-même. Vous m'aiderez de vos conseils quand je vous les demanderai...  »

 

 

FRANCK ABED

 

 

Chacun sera libre de souscrire ou non à ces trois hypothèses. En revanche, il est certain selon moi que l’attitude ou la stratégie qui consistent à rabâcher des phrases toutes faites ou à énoncer des principes déconnectés de la réalité, sans jamais occuper le terrain militant, ne permettront jamais cette restauration monarchiste tant attendue.

Je termine cette réponse en citant Saint Antoine de Padoue : « Que les paroles se taisent et que les actions parlent. »

 

Comment réconcilier les orléanistes et les légitimistes ?

Il y a longtemps, en 2007 ou 2008, j’avais posé cette question à Hilaire de Crémiers. Il m’avait répondu, je cite de mémoire : « Ce sont deux familles, deux camps qui se font la guerre depuis trop longtemps pour se réconcilier aujourd’hui ». Je ne sais pas si en 2022 il prononcerait la même sentence à cette question essentielle qui recouvre des vrais sujets de fonds, mais de nos jours, beaucoup pensent que cette réconciliation est impossible.

Il existe des querelles dynastiques et familiales, donc de personnes. Mais n’oublions pas l’opposition doctrinale majeure qui existe entre les légitimistes et les orléanistes. La Monarchie républicaine de Juillet ne peut se prévaloir du titre de monarchie légitime ou traditionnelle. Par la suite les Orléans, indépendamment de leurs relations compliquées avec Maurras et son Action Française, défendirent souvent une république couronnée ou une monarchie de type constitutionnelle. Il n’existe aucune volonté chez eux de rétablir une monarchie de droit divin. 

 

 

FRANCK ABED

 

 

Par ailleurs, leurs ancêtres furent souvent un caillou dans la chaussure à talon de nos Rois. Sans remonter très loin, rappelons que Louis-Philippe d’Orléans (1747-1793) a soutenu les Parlements en 1771 et il refusa de siéger au parlement Maupeou. Il fut donc exilé. Il devint même par la suite grand maître de la première Grande Loge de France. Pour couronner le tout, sans mauvais jeu de mot, il fut régicide : « Uniquement occupé de mon devoir, convaincu que tous ceux qui ont attenté ou attenteront par la suite à la souveraineté du peuple méritent la mort, je vote la mort. » Son fils Louis-Philippe (1773-1850) usurpa la couronne en 1830 par la fourberie et le mensonge. Il combattit vigoureusement la branche aînée et accepta sans mal les idées révolutionnaires. 

 

 

FRANCK ABED

 

 

Pour espérer une réconciliation, il faudrait que les Orléans, par l’intercession de leur chef de file, reconnaissent une bonne fois pour toutes qu’ils ne sont plus dynastes. Par conséquent, ils abandonneraient enfin leurs rôles de prétendants. A partir de ce moment-là, un des sérieux motifs de division ne serait plus qu’un lointain et mauvais souvenir et nous pourrions espérer des lendemains meilleurs.

 

Quel message aimeriez-vous faire entendre aux Français ? 

Nous avons reçu la France en héritage. Notre devoir, au nom de nos ascendants et de nos descendants, est de conserver celui-ci pour le transmettre à notre tour. Notre pays est magnifique, il me fait littéralement vibrer, même s’il subit une crise profonde. Nous devons le défendre constamment car il subit de terribles attaques.

Nos ancêtres, dans les moments difficiles, ne baissèrent pas les bras et surtout ils surent prendre leurs courage à deux mains pour agir. L’ennemi veut nous faire croire qu’il est tout puissant. C’est faux ! Il est très puissant. Seul Dieu demeure Tout-Puissant. A nous de rester fidèles à la foi de Nos Pères, tout en combattant avec la vertu de l’Espérance chevillée au corps. Unis et forts dans la foi, l’ennemi ne pourra rien contre nous. 

Je me dois de rappeler des vérités essentielles : prier sans agir revient à vouloir semer sans récolter. Agir sans prier, sans se mettre sous le regard de Dieu, revient à vouloir récolter sans avoir semé. Nos maîtres mots doivent être les suivants : Prier, Réfléchir, Agir. Ils doivent être notre devise trinitaire de chaque instant !

 

 

FRANCK ABED

 

 

Certaines personnes se disent providentialistes estimant que prier suffit. Ce n’est pas cela être providentialiste. Providentialiste signifie être soumis à la Divine Providence. Mais être soumis à Dieu et son œuvre ne signifie nullement ne pas agir dans le domaine temporel. Je cite Jeanne d’Arc pour étayer mon propos : « En nom Dieu, les gens d'armes batailleront et Dieu donnera la victoire  ». 

Si nous n’agissons pas, le nous étant les amoureux de la France, personne ne le fera à notre place. La France doit impérativement redevenir catholique et monarchiste, sinon elle disparaîtra. Le présent se révèle sombre, l’avenir n’est pas encore écrit. A nous de nous montrer dignes des enjeux civilisationnels et politiques que nous affrontons pour écrire une très belle page de l’histoire de France. 

Dieu et le Roi encore et toujours !

 

 

Propos recueillis le 7 octobre 2022

 

 

Merci de commenter l'entretien dans son site 

afin de lui apporter le plus de visibilité possible.


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12 réactions à cet article    


  • confiture 8 octobre 2022 11:28

    Le lien (son site) ne fonctionne pas correctement, il renvoie ici


    • Franck ABED Franck ABED 8 octobre 2022 11:30

      C’est ici :

      https://franceapocalypse.com/franck-abed-figure-eminente-du-royalisme-francais/

      N’hésitez pas à laisser un commentaire dans son site pour lui donner de la Force. Merci.


      • confiture 8 octobre 2022 11:33

        @Franck ABED
        Merci, il fonctionne, je vais explorer.


      • Franck ABED Franck ABED 8 octobre 2022 11:34

        Que pensez-vous de mes réponses ?

        Merci.


        • confiture 9 octobre 2022 11:58

          @Franck ABED
          Pour moi une catastrophe , vous êtes 100% royaliste, se référer au passé conduit au passé



        • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 8 octobre 2022 13:29

          C’est curieux de voir comment, sur cette question de la fin de l’Ancien Régime, vous tournez autour d’une grille d’analyse marxiste sans oser y entrer. En introduisant la notion de classe sociale, l’explication n’en serai que plus précise et plus concise. Typiquement, vous écrivez :

          la France des années 1780 se montrait florissante

          Certes. Mais ce développement est principalement le fait de la bourgeoisie. L’aristocratie d’Ancien Régime devient une classe sociale purement parasitaire, de par ses privilèges « exorbitants » dans une société à laquelle elle ne contribue plus que marginalement, et dont elle refuse l’évolution, pourtant inéluctable. Louis XIV a une responsabilité importante dans cette marginalisation. Je le considère comme un des initiateurs de la révolution.

          Vous écrivez :

          Le royaume subissait une crise économique et sociale conjoncturelle mais non-structurelle.

          Je pense le contraire, si l’on parle de structure socio-économique, mais pas sur un plan « civilisationnel », philosophique, qui dépasse la forme du gouvernement et ses institutions. Ce que je retrouve dans les revendications du mouvement populaire révolutionnaire, en particulier les sans-culottes, est l’essence même de l’esprit de l’Ancien Régime, débarrassé de ses archaïsmes, compromissions, etc.


          • Decouz 8 octobre 2022 14:36

            Que la France ait une vocation surnaturelle, peut-être encore faudrait-t-il définir ce que cela signifie.

            Quant à l’origine, d’autres peuples pourraient se dire des fils du ciel ou gouvernés par des fils du ciel, l’origine divine selon la Bible concerne le genre humain dans son ensemble, ensuite il y a eut des séparations, l’apparition de différents peuples, (c’est valable aussi dans une optique profane), et plusieurs peuples et quasiment toutes les religions ont prétendu être valable pour le monde entier, ce qu’aucune n’a pu réaliser car comme dit le Coran, chaque religion est faite pour un peuple particulier, avec sa langue particulière, si une religion prétend être valable pour le monde entier, il faut qu’elle parle un langage compréhensible par le monde entier, par uniquement l’arabe (en tant que langue de communication), ni la théologie sacrificielle du christianisme (en tant que langage dans un sens plus général).

            Donc la Sainte Ampoule signifie l’onction céleste envers la royauté française, mais un problème n’a pas été réglé en occident, c’est la relation entre le pouvoir temporel et l’autorité spirituelle, puisque l’onction divine pouvait signifier une relation directe avec le ciel, sans passer par l’Eglise, ce qui a conduit à des conflits.

            Ce genre de conflit est apparu un peu partout, ne pouvant être réglé que par la reconnaissance d’une autorité supérieure et antérieure à la séparation spirituel/temporel (ou cumulant les deux dans les faits), ou par la reconnaissance implicite d’une hiérarchie entre les deux, ou dans le cas du monde moderne par la relégation de la religion dans la sphère privée et la laïcisation/humanisation du pouvoir.


            • Decouz 8 octobre 2022 14:37

              @Decouz
              impossibilité de corriger les fautes d’orthographe sur ce site


            • Jonas Jonas 8 octobre 2022 17:17

              @Decouz "Donc la Sainte Ampoule signifie l’onction céleste envers la royauté française, mais un problème n’a pas été réglé en occident, c’est la relation entre le pouvoir temporel et l’autorité spirituelle, puisque l’onction divine pouvait signifier une relation directe avec le ciel, sans passer par l’Eglise, ce qui a conduit à des conflits.

              Dans la civilisation européenne, les élites politiques au pouvoir, les monarques, devaient rendre compte à l’autorité morale suprême, hors de toute frontière, la parole de Jésus, représentée par le vicaire du Christ, le Pape de Rome.

              La France, comme la plupart des pays européens, est fondée sur le christianisme, un équilibre entre le pouvoir temporel du Roi et le pouvoir spirituel du Pape.
              Le Roi hérite de père en fils de la couronne en tant que bras légal du Christ sur Terre, depuis l’allégeance de Clovis acceptée par Saint Rémi.
              Le Roi se doit de servir le peuple dans la justice, la vérité, le bien commun, l’humilité et la charité, car telles sont les lois morales de l’Esprit imposées par Jésus Christ.
              Le Roi ne peut se départir de ce serment et des lois du Christ, sinon, il est sanctionné, comme à Canossa, où le Roi a du s’agenouiller devant le Pape pour expier ses fautes.
              La république et sa religion maçonnique ont progressivement anéanti le pouvoir spirituel pour soumettre les peuples à une autorité sans limite, sans morale, celle de l’homme tout puissant, Lucifer : c’est ce qui a permis par exemple au cours de l’Histoire aux communistes et au nazis d’envoyer en camps de concentration des millions de personnes (femmes, enfants, vieillards), torturés, et morts de faim dans des conditions effroyables.
              C’est cette même absence d’autorité morale qui a légitimé les Alliés à raser les villes de Dresde, Hambourg ou Cologne, faisant des centaines de milliers de morts, aux Américains de brûler vifs et de faire fondre en deux minutes des dizaines de milliers de femmes, d’enfants, de civils par les bombes atomiques, ou de mettre en prison dans des conditions déplorables des gens comme Julian Assange, simplement parce qu’ils ont cherché à dévoiler la vérité.

              « C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude. »
              Galates 5:1



            • Decouz 9 octobre 2022 09:14

              "Après cette sortie magistrale, le clergé de France promet de ne pas aller au concile convoqué par le pape, se rallie en bloc au Roi de France, qui dorénavant se pose en défenseur du royaume et du temporel de l’Eglise de France.’’

              https://www.planetedroit.com/la-riposte-du-roi-de-france-face-a-la-menace-du-pape

              Le conflit entre le gallicanisme et l’ultramontanisme :

              "Le gallicanisme est à la fois une doctrine politique, une pensée juridique et une institution religieuse. Il joue sur deux tableaux aux intérêts parfois confondus : la monarchie et l’Église gallicane. Surtout, il milite en faveur d’une Église où le concile est supérieur au pape.’’

              https://philitt.fr/2020/10/08/louis-xiv-un-roi-gallican-face-au-pape/

              Quant aux condamnations de la Franc-Maçonnerie, il fallait que le parlement les enregistre pour qu’elles soient reçues en France, ce qu’il na pas fait pour ’’In Eminenti apostolatus" par exemple.


              • Decouz 9 octobre 2022 09:20

                @Decouz
                Ce n’est pas tant que le roi se considérait comme indépendant du Christ, mais qu’il ne voulait être pas être dépendant de la papauté, papauté qui à ces époques était encore une puissance temporelle avec ses états.

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