Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ?
Annonçant la loi Bertrand qui entrera en vigueur le 1er janvier 2008, Le Parisien du 1er octobre nous livre son micro-trottoir quotidien. Révélateur de l’état d’esprit ambiant du consommateur égoïste face à la loi.
Annonçant la loi Bertrand qui entrera en vigueur le 1er janvier 2008, Le Parisien du 1er octobre me livre son éternel micro-trottoir :
Cette "pensée" me bouleverse. Il y a là une puissance, une densité d’ignorance rarement atteinte. Certes, ce n’est pas un délit.
Faut-il que l’école de la République ait failli à transmettre les valeurs minimales d’une vie en société pour que cette personne considère que fumer est une activité comparable à celle de boire ? - Je signale que moi aussi je suis né en province, j’ai été à l’école laïque, je n’ai donc pas fréquenté Henri IV, mais suivi une scolarité en Zup.-
D’abord notre concitoyenne pense qu’une loi peut - ou ne peut pas - être "imposée". Il ne s’agit pas pour le citoyen d’aujourd’hui d’observer la loi et de la respecter, non, mais de se situer individuellement par rapport à une règle collective et, partant, juger la loi, la vivre comme une contrainte personnelle.
Elle parle "d’atteinte à la liberté".
Rappelons-nous du bon vieux précepte : "La Liberté individuelle s’arrête là où commence la Liberté des autres"
; à cet égard l’égoïsme que sous-tend ces déclarations est confondant.
Presque autant que, sur ce site même, la ritournelle du propriétaire de chien mordeur qui
argue de sa "liberté" à posséder une tel animal, quand bien même la
liberté des enfants à jouer sous leur nez est synonyme de mort
quelquefois ou d’accident grave. Sans comparer les deux ordres de
choses, une "liberté" qui devient une contrainte pour les autres n’est plus une liberté, c’est un régime imposé.
Vous aurez tous remarqué, chers lecteurs, que c’est en effet un "plaisir" lorsque notre appétit est stoppé net par un voisin fumeur qui s’y prend forcément au dessert. Tout comme le plaisir d’accrocher dans sa penderie une veste qui empoissonne la clope.
Dans la même phrase, elle énonce une contradiction : "Les restaurants et les bars sont des lieux de convivialité. On vient y griller sa cigarette et on assume ce qu’on fait." Etant sous-entendu d’abord que la présence de fumée ne peut nuire en aucun cas à ladite convivialité. Mais passons. Donc, le fumeur assume lorsque la loi ne lui est pas défavorable, mais il n’assume plus lorsque la loi est toute autre.
Avec le coup final "On n’interdit pas aux gens de boire, que je sache ?..." là, je reste coi. Voilà un argument fumeux. Un syllogisme de Marlboro.
Il est obligatoire - et même vital - de respirer. En revanche, il n’est vital ni obligatoire pour quiconque de fumer.
On
partage l’atmosphère d’un bar, d’un restaurant, d’une boîte de nuit.
Les exhalaisons des fumeurs sont partagées - de fait - par les autres
qui, fumeurs ou pas, sans distinction d’âge, de classe, de sexe ni de
religion, inhalent les substances tabagiques que l’autre fume. On peut parler de contamination par voie aérosol.
Et puisqu’on nage dans l’absurde, on ne partage pas encore le sang d’une personne qui boit, que je sache ?
Hélas, pour certaines personnes, la liberté des non-fumeurs se borne à s’arrêter de respirer. Cette loi va garantir les droits de non-fumeurs à ne pas être intoxiqués. Loin d’être une loi liberticide, voilà qu’elle met fin à une situation de silence et de soumission et, rien que ça, c’est réjouissant. Et pour les plus grincheux, accueillir le chef d’une joyeuse famille avec femmes et enfants dans les bistrots fera l’affaire des petits commerçants.
34 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON