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Est-ce que la France soutient vraiment ses agriculteurs face à l’Ukraine ?

La France soutient, selon Politico, officiellement, l'appel de la Pologne à limiter les importations de produits agricoles en provenance d'Ukraine, mais dans les faits, cette annonce ressemble plus à un coup de com pour apaiser les agriculteurs en colère. Si une telle décision était prise, l'Ukraine pourrait perdre environ 1,2 milliard d'euros de revenus commerciaux, stipule le média aglophone.

La France a rejoint la position polonaise sur la limitation des importations de produits agricoles en provenance d'Ukraine à la veille de la réunion des pays de l'UE sur la question de l'extension du libre-échange avec Kiev ? Selon les informations du média anglophone, la décision de Paris et de Varsovie aurait pu mettre à mal l'unité de l'alliance sur la question commerciale avec l'Ukraine et aurait pu perturber la prochaine réunion de la Commission européenne, du Conseil de l'UE et du Parlement européen du 19 mars. C’était un effet d’annonce.

Les agriculteurs de plusieurs pays de l'UE, dont la Belgique, l'Allemagne, la Pologne et la France, – aussi l’Espagne – protestent contre de nombreuses réglementations européennes régissant la production agricole, ainsi que contre l'importation incontrôlée de produits agricoles d'Ukraine dans les pays européens. Les agriculteurs préconisent également une simplification des procédures bureaucratiques et une réglementation moins stricte de l'agriculture ce qui va contre la ligne politique de la Commission européenne.

Observateur Continental signalait que « les dirigeants de l'UE ne veulent rien dire sur l’adhésion de l’Ukraine avant les élections européennes en raison de la colère des agriculteurs, des nouveaux coûts engendrés et du poids politique de l’Ukraine dans l’UE ». Le conflit, s'il n'est pas résolu rapidement, risque d'éclipser le sommet des dirigeants de l'UE à Bruxelles ce jeudi et de révéler que les déclarations de solidarité des dirigeants avec l'Ukraine sont vaines alors qu'ils cèdent à la pression intérieure des agriculteurs qui prétendent ne pas pouvoir rivaliser avec les importations bon marché d'Ukraine parce qu’elles sont entravées par la bureaucratie européenne. 

Fin février, le commissaire européen à l'Agriculture Janusz Wojciechowski a appelé l'Ukraine à « comprendre la situation des agriculteurs européens » et à s'assurer de la coopération de Kiev pour mettre en œuvre un système d'exportation de céréales ukrainiennes depuis l'Union européenne pour les vendre dans des pays tiers. Cela est un signe de conflit au sein de l’UE.

« Les législateurs européens ont récemment voté pour imposer plusieurs restrictions à une proposition de la Commission européenne visant à prolonger d'un an les importations en franchise de droits pour l'Ukraine. Ces amendements ont renvoyé les trois branches de l’UE – le Conseil, le Parlement et la Commission – à la table des négociations pour rechercher un compromis. Les ambassadeurs de l’UE devaient se réunir lundi soir pour finaliser la position du Conseil, avant une série de négociations interinstitutionnelles mardi soir », soulignait Politico

Le président des Patriotes, Florian Philippot, rapporte sur X, citant BTMTV que tout ça c’est du vent, une tromperie envers les agriculteurs pour sauver les élections européennes : « Les #AgriculteursEnColère ne sont pas dupes et ont réagi très durement à l’accord européen décidé cette nuit [mardi] sur les importations de produits agricoles ukrainiens : ils ont raison ! ». Il rajoute : « On va vous dire dans les médias que des importations ukrainiennes sont plafonnées : c’est faux, c’est du vent ! ». « En réalité, ce qui a été décidé cette nuit c’est la reconduction pour 1 an supplémentaire de produits agricoles ukrainiens sans droits de douane ! Et « le mécanisme plafonne, de facto, les volumes d'importation de ces produits aux niveaux moyens importés par l'UE en 2022 et 2023…c’est à dire aux niveaux les plus élevés, dénoncés par tous les paysans ! Les niveaux post suppression des droits de douane ! », conclut Florian Philippot. 

La manœuvre de Macron un coup d’épée dans l’eau ? « Tout cela s’est effondré avec le revirement soudain de Macron la semaine dernière. Après la réunion de Berlin, la France a rejoint le camp minoritaire, mené par la Pologne, qui fait pression pour de nouvelles restrictions sur les importations ukrainiennes dans le bloc, selon les trois diplomates européens proches des négociations », avait rappelé Politico, faisant croire à un accord trouvé ce mardi soir en faveur des revendications des agriculteurs. Mais, comme l’accord conclu dans la nuit reconduit pour un an, à partir de juin, l'exemption de droits de douane accordée depuis 2022 à l'Ukraine, la manœuvre de Macron aura été un coup d’épée dans l’eau et surtout un coup de com pour endormir les agriculteurs français. Comme le souligne Florian Philippot les agriculteurs français et européens vont encore subir le dumping agricole favorable à l’Ukraine.

L’UE privilégie l’agriculture ukrainienne à aux agriculteurs de l’UE. Le Conseil européen a publié un communiqué de presse qui confirme les avertissements de Florian Philippot : « La présidence du Conseil et les négociateurs du Parlement européen ont convenu à titre provisoire de renouveler la suspension des droits d'importation et des quotas sur les exportations ukrainiennes vers l'UE pour une année supplémentaire, jusqu'au 5 juin 2025 ». « Les mesures commerciales autonomes (MTA) permettront à l'Ukraine de continuer à générer ses propres revenus grâce aux flux commerciaux avec l'UE, ce qui est important pour soutenir son économie dans des circonstances très difficiles. Associé au vaste soutien militaire, financier et humanitaire de l’UE, cela aidera l’Ukraine dans son redressement à long terme ainsi que dans son intégration progressive dans le marché intérieur de l’UE », précise le communiqué, même si l’UE tient à indiquer : « Une nouvelle sauvegarde automatique sera également ajoutée pour certains produits sensibles, tels que la volaille, les œufs, le sucre, l'avoine, le maïs, les gruaux et le miel ».

Pierre Duval

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Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=5793


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5 réactions à cet article    


  • Brutus Brutus 23 mars 16:12

    « la France » ne soutient que ceux qui ont tout dans les mains et décident qui elle soutient, à savoir eux-mêmes, les gros, qu’ils soient agriculteurs, industriels, distributeurs d’énergie ou banquiers

    face à l’Ukraine ? vous rigolez ? d’un seul coup, ce pays se trouverait à même de fournir toute l’union européenne en fruits et légumes ?

    ça, c’est ce qu’on racont aux petits enfants pour les endormir ou leur faire peur

    les délocalisations ne touchent pas que les filatures, ça fait belle lurette que les gros céréaliers français ont investi dans plusieurs pays où la main d’oauvre est moins chère et que les distributeurs de fruits se fournissent en Afrique, en Inde et en Amérique du Sud

    vous tombez de la dernière pluie, à ce que je vois


    • sylvain sylvain 23 mars 16:39

      nos agriculteurs ne sont pas « face a l’ukraine », ils sont face a la finance, aux fonds de pensions, bref aux requins du capitalisme mondialise


      • titi titi 25 mars 09:20

        @sylvain

        Non toujours pas.

        Nos agriculteurs sont face aux consommateurs.

        Consommateur qui veut des fraises toute l’année et à un prix dérisoir.


      • sylvain sylvain 25 mars 18:45

        @titi
        les « consommateur » mangeront quoiqu’on leur propose. Les standards de la consommation et de la production ne sont pas decides par eux. Bien sur qu’un citadin qui n’a aucun lien avec l’agricole prendra les fraises les moins cheres possible et pourquoi pas en hiver si il y en a, comment saurait il ce qu’il y a derriere chaque produit propose, c’est impossible.

        Mais ce n’est pas lui qui a mis en place almeria, l’immigration massive de travailleur saisonniers, la captation de toute l’eau d’une region, la culture hydroponique...ce sont des politiques de developpement economique, une logique industrielle...


      • Gérard Luçon Gérard Luçon 25 mars 19:25

        Le droit de véto ayant été supprimé, la France n’a plus aucun pouvoir, donc nos politiciens peuvent pérorer durant des heures ...

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Patrice Bravo

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