Et après ?
1er volet d'une série de politique fiction sur l'après Emmanuel Macron
Partie 1 : Vers un nouveau François Hollande ?
Aux lendemains du 27 mai 2019, la vie politique française semble dominée irrémédiablement par un duel entre un parti macroniste, libéral et mondialiste, et un Rassemblement national, « illibéral » et nationaliste, avec, éventuellement et assez loin derrière, les écolos en arbitres.
Or, au-delà des apparences, il faut constater que l’un comme l’autre présente des faiblesses structurelles, pouvant être rédhibitoires pour gouverner.
La majorité présidentielle a certes prouvé qu’elle conservait des partisans, mais à quel prix ? Après une crise majeure, elle a ouvertement renoncé à parler à tous les Français pour se replier sur une clientèle conservatrice et aisée, affolée par le désordre, qui a finit par se confondre avec celle d’un certain François Fillon en 2016-2017. La suite semble presque écrite d’avance.
Du côté de l’ex Front national, on n’a pas encore vu que le changement de dénomination ait fait évoluer en profondeur le parti du « débat raté » de 2017. Si l’on reste sur la dernière séquence européenne, la grande « alliance des partis nationalistes européens » vantée par Marine le Pen s’est vite révélée pour ce qu’elle est : des paroles en l’air inopérantes1, destinées à masquer une « stratégie politique » consistant surtout à gérer une rente électorale. Autant dire que l’alternance FN/RN risque d’attendre encore longtemps pour se concrétiser, et que nous serons tous morts d’ici là.
Alors, abstraction faite des mouvements qui semblent dominants, vers quoi pourrait-on se diriger pour les prochaines présidentielles ?
Dans son numéro 1159, Marianne a tenté de dégager 5 scénarios de la recomposition politique « pour sortir du duo infernal Macron - Le Pen ».
Livrons nous, nous aussi, à cet exercice d’anticipation – fictive ! - en essayant de l’améliorer et d’y voir plus clair.
Hypothèse n° 1, malheureusement, la plus probable, et de loin : un nouveau François Hollande.
Entendons nous bien :
il ne s’agit pas ici d’envisager le retour de la personne même de François Hollande, très peu vraisemblable malgré les appels du pied de l’intéressé.
Il s’agit bien plutôt de prendre acte d’une situation qui n’est pas sans rappeler, en bien pire, celle qui a permis l’élection dudit François Hollande :
Un président détesté à l’extrême, dès le début, par un conglomérat pour le moins hétéroclite (autoproclamés « insoumis » qui demandent sans cesse la démission des autres2, droite la plus bête du monde qui s’imaginait propriétaire du pouvoir, amis de Marine Le Pen trop heureux de faire oublier leur propre impuissance…).
Un rejet qui prend un tour de plus en plus hystérique, en miroir des provocations plus ou moins calculées d’un pouvoir arrogant.
Au point de devenir le trait d’union principal de 6 mois de crise majeure de gilets jaunes :
Si des revendications politiques et sociales ont certes été mises en avant, comme plus de démocratie directe (avec le RIC), plus de justice sociale (avec le retour de l’impôt sur la fortune ou la défense des services publics), la contestation restait quand même essentiellement cimentée, si vous me le permettez, par un bon vieux « Macron PD en***é ! ».
Alors, pourquoi ne pas imaginer l’arrivée d’un nouveau "Flamby", adepte de la synthèse impossible du « pour » et du « contre », sans programme réellement politique, trop clivant, qui capitaliserait sur le plus petit dénominateur commun :
« Si vous votez pour moi, alors le sortant que vous détestez ne sera pas réélu » ?
Compte-tenu de la segmentation en multiples chapelles de la société française3 cette hypothèse du candidat de la paresse et de l’immobilisme, reste de loin, et malheureusement, l’une des plus probable.
Qui pourrait en profiter ? Par définition, n’importe quel type pâle et sans relief, à condition, comme dirait François Hollande, d’être suffisamment gros pour apparaître comme « celui qui a le plus de chance de battre le sortant ».
Un Jean-Luc Mélenchon parvenant à gommer ses emportements pourrait tout aussi bien utiliser cet argument dans la phase terminale d’une campagne électorale, pour emporter l’adhésion des brebis affolées et des conformistes hésitants sur le sens du vent.
Toutefois, le pire n’est jamais sûr, et les Français pourraient n’avoir que peu d’appétence pour la promesse d’un nouveau quinquennat mort-né comme celui de 2012-2017.
Cependant, on l’a encore vu avec Macron, comme avec Hollande et Sarkozy, combien sont-ils qui font semblant de ne pas voir, pour mieux se dire « déçus » lorsque l’évidence se réalise ? Malheureusement, sans doute beaucoup.
(à suivre)
1 Pour reprendre la lapalissade de Florian Philippot, « la France n’est pas la Hongrie », et il est évident que la France ne peut pas avoir le même rapport à l’UE que les anciens pays de l’Est, car elle n’a pas les mêmes intérêts. Quant à l’extrême amitié du RN avec la Ligue italienne, qu’en restera-t-il si Salvini, comme il le souhaite, parvient à « redistribuer » les migrants hors d’Italie ?
2 Voir à ce sujet l’interview donnée par Jean-Luc Mélenchon dans Marianne n° 997 au mois de mai... 2016 (!), et ou il demandait (déjà !) à François Hollande de bien vouloir « partir tout de suite » au cas où il ne serait pas candidat à sa propre succession.
3 Voir à ce sujet Jérôme Fourquet et son Archipel français, seuil, 2019. La même analyse a d'ailleurs été faite par Jean-Luc Mélenchon dans l'article de 2016 cité ci-dessus, preuve que l'intéressé est un fin connaisseur.
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