Faits et mensonges dans la position iranienne
Il n’est pas difficile de bien comprendre les positions du régime iranien sur les événements au Moyen-Orient. Il ne s’agit pas de ce qui se passe à Gaza. Le Hamas terroriste pourrait n’être en fin de compte que la patte du chat utilisée par les Gardiens de la révolution iraniens pour changer la carte géopolitique de la région selon les idées de ses dirigeants.
Pour comprendre les positions iraniennes, nous pouvons suivre certaines déclarations de dirigeants et d’officiels iraniens. Dans une interview télévisée, le président Ebrahim Raisi a rejeté les accusations selon lesquelles son pays était impliqué dans les attaques terroristes du Hamas contre Israël. Il a déclaré : « Nous essayons activement de soutenir les Palestiniens et la résistance, mais les forces de résistance en Palestine et dans toute la région sont indépendantes ». Il a ajouté : « Elles prennent leurs décisions en toute indépendance et ne reçoivent pas d’ordres de Téhéran ».
Son ministre des Affaires étrangères, Hussein Amir Abdollahian, a quant à lui déclaré qu’il était faux de lier à l’Iran des attaques dans la région ou des attaques contre des intérêts américains par des groupes sans preuve. Il a expliqué : « Ils ne reçoivent pas d’ordres de notre part ; ils agissent en fonction de leurs intérêts ».
En discutant de ce point de vue, la question se pose de savoir ce que les dirigeants iraniens entendent par l’indépendance des organisations qu’ils financent et approvisionnent en armes et en matériel.
Quels sont les intérêts réels qui pourraient pousser le Hezbollah, par exemple, à lancer des missiles ou des drones sur Israël depuis le Yémen ? Et pourquoi le Hezbollah a-t-il décidé d’intervenir dans le conflit de Gaza après environ un mois de crise ? Tout le monde sait que l’Iran est à la tête de ce que l’on appelle l’Axe de la Résistance. Comment les branches de cet axe peuvent-elles agir sans instructions de leur direction ? Quel est le secret de la visite d’Ismail Haniyeh en Iran au plus fort de la crise et de sa déclaration sur le soutien extérieur qui changera l’histoire de notre région ?
Autant de questions dont les réponses sont presque connues d’avance. Si nous laissons de côté la perspective iranienne, qui revendique l’indépendance des milices régionales, comment expliquer l’avertissement du commandant en chef des Gardiens de la révolution iraniens, le général Hossein Salami, qui a déclaré qu’en cas d’attaque terrestre dans la bande de Gaza, les Israéliens y seraient enterrés.
Pourquoi Salami et d’autres responsables iraniens veulent-ils dépouiller la question palestinienne de son caractère national et lui ajouter un aspect religieux en déclarant : « C’est une erreur de croire que les musulmans resteront les bras croisés face à ces crimes ». Il a ajouté : « Nous poursuivrons notre chemin pour la dignité de l’islam et des musulmans parce que le monde islamique est fort aujourd’hui ».
La tentative d’entraîner le monde islamique dans la guerre de Gaza et les efforts de l’Iran pour se présenter comme le leader mondial des musulmans ne sont rien d’autre qu’un commerce du sang des innocents de Gaza - hommes, femmes et enfants. Tout ce qui se passe ici est un jeu malheureux dans lequel l’Iran tente de changer les règles du jeu au Moyen-Orient, de mettre fin au processus de paix et de contrecarrer les tentatives de normalisation ou au moins de gel indéfini des relations israélo-saoudiennes, ce que l’Iran a relativement bien réussi à faire. Il est devenu difficile de reprendre les efforts de normalisation des relations entre les deux pays dans un avenir prévisible.
Ce jeu iranien met en garde contre le déclenchement d’une troisième guerre mondiale émanant du Moyen-Orient, comme l’a exprimé le président biélorusse Alexandre Loukachenko.
Le président iranien a indiqué dans ses déclarations que son pays ne répondrait pas aux avertissements américains concernant une intervention dans le conflit de Gaza. Son bureau est d’avis qu’Israël a franchi toutes les lignes rouges, ce qui obligerait chaque partie à riposter. Que ces avertissements soient pris au sérieux ou non, confier la sécurité et la stabilité du Moyen-Orient à l’Iran et à ses mandataires régionaux est un pari risqué. Après tout, toute la région attendait avec impatience le dernier discours de Hassan Nasrallah sur le sujet.
Même le journal Haaretz a rapporté que l’audience du discours du secrétaire général du Hezbollah a dépassé l’audience des matchs du Clasico espagnol et anglais réunis.
Alors que le sang coule à Gaza, le véritable conflit stratégique est géré depuis Téhéran. Les Gardiens de la révolution contrôlent le comportement des milices régionales. Ces faits sont connus de tous, notamment des Etats-Unis qui ne veulent pas reconnaître la responsabilité et l’implication de l’Iran dans tout ce qui se passe. Ils le font pour éviter une confrontation militaire, l’actuelle administration américaine étant réticente à s’engager dans une guerre directe, que ce soit avec l’Iran ou d’autres, sans parler de la pression de la campagne électorale américaine, qui est un élément essentiel pour les positions et les décisions du président Biden.
Il faut donc s’attendre à une nouvelle escalade régionale, l’Iran essayant de perturber les calculs de toutes les parties régionales et internationales afin de tirer le maximum d’avantages stratégiques de ce qui se passe autour de lui.
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