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Accueil du site > Tribune Libre > Femmes et Franc-maçonnerie : l’éternel débat !

Femmes et Franc-maçonnerie : l’éternel débat !

Semaine spéciale sur France Culture, diffusions et rediffusions d’émissions sur les grandes chaînes hertziennes, couvertures de tous les grands hebdos, outing à l’appui… En ces temps de regain médiatique pour la Franc-maçonnerie, une question revient immanquablement sur le tapis : celle de la place encore très marginale qu’y occupent les femmes, et, surtout, l’interdiction d’initier ces dernières au Grand Orient de France –, le GODF, la principale obédience maçonnique dans notre pays avec ses 50 000 membres. GODF qui se revendique pourtant à la fois fortement progressiste, aux membres issus majoritairement des rangs de la gauche et à la pointe des combats pour ce qui est sa devise depuis le XIXe siècle : Liberté, Egalité Fraternité.

Une amie à qui j’exposais « les termes du débat » a coupé court à mon exposé en une phrase : « mais comment peut-on en France, en 2007, se poser encore cette question ? »

D’autres profanes (les non-initiés dans le « jargon » maçon) à qui je réitérai l’expérience me renvoyaient à chaque fois l’accusation soit d’hypocrisie, soit de sectarisme… Tous et toutes parfaitement imperméables aux différents arguments qui ont cours en loges.

Mes amies ne comprenaient tout simplement pas comment des « défenseurs de la Lumière » pouvait encore refuser d’intégrer en leur sein la moitié de l’humanité, plus de trente ans après la chute des derniers bastions de la non-mixité !

Je me suis donc rendu à l’évidence de la terrible force de nuisance sur l’image même de la maçonnerie que constituait ce refus de l’initiation des femmes dans nos loges et, n’ayant pas d’avis tranché moi-même, me suis décidé à tenter, autant que faire se peut, à collecter les tenants et aboutissants de cet éternel débat.

Un petit rappel tout d’abord, pour lever un certain nombre de malentendus : nous, maçons « libéraux » appartenons à un courant minoritaire au sein du monde maçonnique, même si en forte progression.

La maçonnerie dite libérale, née en France dans le courant du XIXe, se distingue de la maçonnerie dite régulière ou anglo-saxonne (son berceau historique) par une émancipation, plus ou moins grande, de notre héritage chrétien et par l’affirmation d’un certain nombre de préceptes (liberté « absolue » de conscience, progressisme…) qui l’ont poussé à s’investir dans la vie publique (profane).

Au contraire de la maçonnerie régulière qui reconnaît la supériorité du « Vatican de la maçonnerie » (la Grande Loge d’Angleterre) et perpétue le respect de landmarks (règles) édicté au XVIIe (dont l’interdiction d’initier les femmes), la maçonnerie libérale est faite d’obédiences (groupements de loges) indépendantes, mais qui se reconnaissent entre elles (GODF, mais aussi Grande Loge de France, Droit Humain, Grande Loge Féminine… pour les principales dans l’Hexagone).

Concrètement, si, appartenant au GODF, je peux librement « visiter » une loge de la Grande Loge de France, je ne pourrais jamais être accepté (et inversement) dans une « tenue » de la Grande Loge Nationale Française, la représentante de la maçonnerie régulière en France.

Indépendante (« souveraine » dans le jargon maçonnique), chaque obédience de la maçonnerie libérale peut édicter ses propres règles de vie : rites, sujets abordés (si le Grand Orient ou le Droit Humain interviennent très régulièrement officiellement et médiatiquement sur les questions de société, la Grande Loge limite drastiquement son intervention, en loge ou en dehors, sur les sujets uniquement philosophiques) ou modes de fonctionnement.

Cette indépendance se vérifie tout particulièrement dans la position vis-à-vis des femmes : si toutes les obédiences libérales reconnaissent le droit aux femmes d’être maçonnes, chacune adoptent une attitude différentes vis-à-vis de leur initiation : si le Droit Humain, la Grande Loge Mixte de France initient hommes comme femmes, la Grande Loge ou le Grand Orient sont exclusivement masculines et plusieurs obédiences comme la Grande Loges Féminine de France ou la Grande Loge Féminine de Memphis-Misraïm initient uniquement les femmes, certaines loges refusant encore la visite de maçon(nes) du sexe opposé.

Un petit rappel général qui met à jour trois facteurs pourtant fondamentaux que beaucoup de commentateurs omettent immanquablement lorsqu’ils évoquent la place des femmes en maçonnerie. A savoir :

Que la Franc-maçonnerie dont nous avons l’habitude de parler dans le débat public en France (la FM libérale : GODF, GLF, DH, GLFF…) n’est qu’une branche tardive et minoritaire au sein de la grande famille maçonnique (elle n’est majoritaire qu’en France et dans quelques autres pays d’Europe continentale ou francophone et n’atteint un tel poids que dans nos pays et son « satellite » belge) ce qui ne l’excuse nullement, mais permet de remettre les choses dans leur contexte, notamment aux regards des divers « rites » utilisées dans nos tenues, tous antérieurs à la scission (entre réguliers et libéraux) et qui font largement appel à une symbolique très masculine (épées, outils et tabliers de compagnonnage, chevalerie templière, ancien testament, Kaballe…).

Force est de constater que les origines, le ferment de la maçonnerie est foncièrement conservateur et « sexiste ». Historiquement, notre maçonnerie française se définit comme une hérésie, un détournement d’une institution aristocratique dans ses premières années, bourgeoises ensuite.

Deuxième rappel d’importance : on ne peut pas parler d’une, mais de plusieurs maçonneries. Notre branche libérale se définissant par ses velléités d’indépendance, avec ses nombreuses obédiences (plus d’une vingtaine rien qu’en France, de quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers de membres, sans parler des loges dites « sauvages » qui ne sont rattachées à aucune obédience) qui ont chacune leur propres règles, la maçonnerie ne peut s’attaquer de front. Au contraire, la position de chaque obédience doit être analysée au regard de sa propre histoire, identité, philosophie.

Enfin, troisième mise au point – et non des moindres, le débat concernant notre maçonnerie libérale ne se situe pas sur la reconnaissance des femmes (j’en croise « tous les jours » aux tenues où je me rends), mais sur le droit à leur initiation dans les différentes obédiences qui, bien que reconnaissant leur droit à être maçonnes, leur interdissent encore cette cérémonie.

Trois rappels qui permettent de lever une hypocrisie : en vérité, le débat atour de la place des femmes en Franc-maçonnerie n’est souvent qu’une attaque déguisée envers un seul et même accusé : le Grand Orient de France (qui, s’il accepte la visite de sœurs d’autres obédiences dans ses tenues, interdit jusqu’à aujourd’hui à ses loges d’initier des femmes).

Preuve en est : ni la Grande Loge, ni la GLFF, encore moins la GLNF, pourtant bien plus « rétrograde », ne sont l’objet de telles attaques.

Cette précision a pour mérite de bien séparer le bon grain de l’ivraie, les réelles interrogations de sœurs, de frères ou de profanes face à ce qui leur apparaît comme une contradiction entre les idéaux et la pratique de cette obédience dans une position aujourd’hui paradoxale (progressive à l’extérieure, traditionaliste à l’intérieur) et l’utilisation, partisane et de mauvaise foi, de cet ultime argument de la part de commentateurs, de journalistes ou d’hommes publics, profondément antimaçons (c’est-à-dire rétifs à la maçonnerie par allergie et non par réflexion) à court d’arguments valables.

S’il n’est pas le lieu ici de trancher cette question, il m’a paru utile de revenir sur les différents arguments des uns et des autres afin de pouvoir lever toute ambiguïté sur ce débat.

Le poids de l’héritage, tout d’abord, a son rôle.

Alors qu’il existe déjà de nombreuses obédiences qui initient les femmes, beaucoup de frères du Grand Orient avec qui je discute, à Paris comme en province, s’interrogent sur l’intérêt d’une telle réforme qui risque de brouiller l’identité du GO, voir d’entraîner son implosion pure et simple.

Ce refus du changement, qui peut paraître quelque peu archaïque en apparence, s’explique par le caractère hautement « traditionaliste », sinon régulier, au sens monastique du terme, de la Franc-maçonnerie.

Même si ses structures administratives répondent aux règles de l’association loi 1901 et qu’elle appelle ses membres à s’impliquer pleinement dans la vie de la Cité, la Franc-maçonnerie, dans son essence même, se définit comme une expérience à la fois intime et intemporelle, plus proche de la psychanalyse, des fraternités médiévales et des initiations antiques que de nos partis et syndicats contemporains.

Sans revenir plus longuement sur les tenants et aboutissants de « l’Art Royal » (comme on appelle parfois le travail en loge), n’est-il pas un non-sens d’exiger une revendication aussi « actuelle » que la mixité intégrale à une institution qui se revendique des bâtisseurs du Temple de Salomon, compte ses années en calendrier biblique, dont les « grades » se nomment « Chevalier Kadosh » ou « Prince du Tabernacle » et dont les membres entendent toujours être à la recherche du mot perdu à la suite du meurtre d’Hiram, l’architecte du grand Temple de Salomon.

L’adhésion à ces symboles est indispensable à tout parcours initiatique véritable… Sinon, comment expliquer tout ce théâtre baroque fait d’acclamations, d’épées, d’allumages de bougies et serments auxquels nous nous prêtons presque toutes les semaines pour certains d’entre nous…

Dès lors que le parcours maçonnique se situe dans le registre de l’ésotérique ou du ritualisme pour certain, de la psychanalyse ou de la recherche philosophique personnelle pour d’autres, de tels refus n’ont plus à se justifier : chacun étant libre de la forme de ses réflexions intimes. Car, oui, la Loge fait indubitablement partie de l’intime de chacun de ses membres, le travail collectif sur soi étant à ce prix…

Si ce raisonnement peut paraître choquant, en totale contradiction avec les prises de position du GO à l’extérieur du Temple, elle n’est est pas moins dans la pure logique maçonnique, société qui se veut symboliquement détentrice d’expériences séculaires…

D’ailleurs, de nombreuses discussions avec de nouveaux maçons (les effectifs du GODF augmentent environ de 1 000 membres par an, ceux de la GLF de 2 000…), chefs d’entreprises, fonctionnaires, médecins, travailleurs sociaux et même élus locaux, trentenaires ou quarantenaires, qu’on ne peut accuser de machisme ou de sexisme, et qui sont souvent rétifs à l’ouverture du GODF aux femmes, vient renforcer cette hypothèse.

Considérant leur loge comme un espace privé, intime même, vivant leur initiation comme l’appartenance à une communauté en dehors du champ social, ces derniers, par ailleurs militants ou actifs dans de nombreuses associations, viennent justement chercher un espace de réflexion collectif, mais intime qui ne reproduise pas forcément la physionomie de la Cité dont ils veulent s’extraire un instant.

Si cet argument ne répond pas nécessaire par la négative à la mixité maçonnique, il apporte incontestablement un nouvel éclairage au débat !

Il convient en effet de bien séparer ce qui relève de l’idéologie de la maçonnerie libérale, très progressive, et du « parcours maçonnique » en lui-même, plus intime et moins redevable des règles sociales.

Et force est de constater que, dans ce cadre, beaucoup de ces nouveaux maçons cherchent justement une enceinte purement masculine pour cette quête intérieure.

De nombreuses maçonnes revendiquent d’ailleurs elles-mêmes cet entre-soi permettant dans les loges exclusivement féminines, « d’aborder l’Universel à partir de la singularité féminine » pour reprendre les mots de plusieurs d’entre elles.

Je me pose même la question : n’est-il pas bon de préserver, dans une époque de confusion entre espace public et espace intime, ces lieux qui, comme le préconise la tradition gnostique, préservés des contingences de la Cité, permettent une pensée plus libre et, ainsi, de construire plus sereinement la rencontre avec l’Autre.

« Non ! » me répond catégoriquement un nombre conséquent, quoique a priori encore minoritaire de maçons du GODF, « l’ouverture de l’initiation aux femmes ne mettrait aucunement en péril le processus maçonnique, bien au contraire, comment voulez-vous qu’une loge soit « juste et parfaite » sans intégrer la moitié de l’humanité », l’autre moitié du ciel pour reprendre la célèbre expression !

Raisonnement qui sonne d’autant plus juste que les femmes vivent déjà le parcours initiatique selon les mêmes rites masculins. Et, confidence pour confidence, deux maçonnes étaient présentes à ma propre cérémonie d’initiation sans que cela ne m’ait nullement troublé (l’une m’avouant même plus tard « être presque plus émue que moi, vivant sa première cérémonie d’initiation masculine en vingt ans de maçonnerie »).

D’autres se font encore plus incisifs encore : « si le GO craint l’initiation des femmes, c’est qu’il n’a plus confiance en sa propre identité ! » La peur que cette évolution entraîne l’hémorragie de membres vers d’autres obédiences non mixtes, voire une scission pure et simple, n’est-il pas le signe d’un délitement de l’identité propre au GO, qui cherche sa place entre la maçonnerie clairement « sociale » qu’incarne le Droit Humain et celle, plus philosophique et apolitique de la Grande Loge (ou d’autres petites obédiences). Principale obédience française, constituée d’une kyrielle de loges aux multiples rites, de maçons aux motivations et aux parcours très différents, le GODF ne tiendrait-il finalement que par cette double ligne : laïcité et masculinité, sceau de son histoire et de sa tradition (face à deux obédiences certes plus modestes en nombre, mais à l’identité aujourd’hui plus affirmée) ? La question est posée, et le débat de l’ouverture aux femmes est peut-être l’occasion de répondre à ce doute certainement plus existentiel.

Car, troisième argument des partisans de l’ouverture aux femmes des loges du GO, c’est précisément ce maillage, fort de 250 ans de présence en France métropolitaine, outre-mer et à l’étranger, qui pourrait être le déclic d’une réelle – et tardive – féminisation de la maçonnerie.

En effet, selon l’expression consacrée, les chiffres parlent d’eux-mêmes : si dans notre pays les femmes ont pleinement accès à l’initiation maçonnique depuis 1901 et la naissance de l’Ordre maçonnique mixte international Le Droit Humain (le DH), aujourd’hui leur nombre atteint difficilement les 20 000 membres (principalement au sein du DH et de la GLFF) sur les 140 000 maçons hexagonaux. Moins de 15 %…

Alors même que notre pays vit une réelle « maçonnerie mania » avec un nombre toujours croissant de profanes frappant à la porte du temple, les chiffres de la maçonnerie féminine ne décollent pas, en raison peut-être de la faible visibilité des loges féminines…

L’ouverture aux femmes du GO, avec ses 1 300 loges irriguant l’ensemble du territoire, présent dans chaque ville, presque chaque canton de France, donnerait certainement un réel coup d’accélérateur à l’arrivée des femmes en maçonnerie avec, surtout, l’ouverture vers des femmes issues d’autres horizons que les catégories plutôt urbaines et qualifiées qui prédominent actuellement.

Tradition contre pragmatisme ? Respect de l’essence initiatique contre ouverture à la société ? Je n’arrive moi-même à me décider pour telle ou telle solution.

En conclusion, et pour mettre tout le monde d’accord, je me ferais, l’espace d’un instant, docteur en droit maçonnique en rappelant l’un de ses piliers : la souveraineté des loges.

Permettre à chacune d’entre elles de se décider, en toute liberté de conscience, permettrait certainement de sauvegarder leur égrégore interne tout en s’engageant dans une révolution en douceur dont chacun, finalement, connaît l’épilogue à moyen terme…


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16 réactions à cet article    


  • Lisa SION 2 Lisa SION 9 juin 2008 13:29

    D’ailleurs, de nombreuses discussions avec de nouveaux maçons (les effectifs du GODF augmentent environ de 1000 membres par an, ceux de la GLF de 2000…), chefs d’entreprises, fonctionnaires, médecins, travailleurs sociaux et même élus locaux,...

    Des noms, des noms, des noms... !


    • foufouille foufouille 9 juin 2008 14:02

      interessant article au sujet d’une societe fermee et reserve souvent aux riches


      • abibala 9 juin 2008 14:25

         C’est curieux qu’un point ne soit jamais soulevé,celui la dimension purement masculine de la franc-maçonnerie lorsque celle-ci est comprise comme une authentique voie de transmission de la tradition et non un lieu de discussions sociales ou politiques.

        A l’origine de leur demande d’entrer en franc-maçonnerie,il ne faut pas oublier que ce sont des suffragettes féministes qui ne réclamaient que l’égalité sociale des hommes et des femmes,pas une interrogation spirituelle sur une quelconque démarche initiatique.

        Il a existé et existe encore au sein de beaucoup peuples des initiations purement masculines comme d’autres purement féminines,ce qui n’enlève rien aux femmes mais au contraire leur permet d’accéder à des transmissions qui les concernent exclusivement.

         


        • Zawgyi 9 juin 2008 15:01

          Bonjour,

          Je suis très intéressé par ce débat qui va au-delà des clichés et je voudrais en savoir un peu plus sur la FM, souvent victime de poncifs véhiculés par ignorance et qui enflamment l’imagination. Je souhaiterais échanger avec vous sur le sujet par email ou sur un forum.


          • Scaevola 9 juin 2008 17:08

            Le vrai problème de la fm, ce n’est pas la présence ou non des femmes, c’est surtout une institution poussièreuse voire ringarde, sans reelle influence, dont la boite a idée ne s’est pas ouverte depuis 30 ans ... et pourtant, les vielles barbes qui la compose passent leur temps à s’écouter parler.


            • cccarlo 9 juin 2008 22:28

              Je te remercie pour ce travail.

              Il est vrai que la FM attise la curiosité voire toutes les curiosités, ainsi voit-on fleurir les maronniers de la presse régulièrement avec des couvertures raccoleuses.

              On a pu apprendre il y a quelque temps qu’un membre du gouvernement faisait partie de la FM (voir L’express ou autres). Il est sûr que nombre de profanes (cf les commentaires) ou d’anti-maçons se sont précipités -c’est bien là l’idée pour les journaux en mal de tirage- pour en prendre connaissance et savoir qui "en était".

              Ayant pu travailler aussi sur ce thème, je veux citer le livre de Cécile Auréjac "Les femmes dans la Franc-Maçonnerie" (2003 L’Hydre éditions).

              Parler de ce sujet revient à prendre position quoi qu’on en dise. Poser le problème revient à dire qu’il y a problème. Il est difficile de sortir de cette constatation. Et j’ai moi-même pu l’apprécier. J’ai l’impression que tu n’as pas eu le retour souhaité et qu’en conséquence tu portes le débat sur la place publique. Et loin de moi l’idée de te jeter la pierre.

              Avec le développement d’internet et ses possibilités de communication, nous nous sommes posés la question de la place que pouvait prendre le net (réseau), et sur notre travail. Certains prolongent le travail effectué, qui répond à des critères stricts, en envoyant moults emails. L’espace du net- bien qu’efficace- n’est pas, a priori, le meilleur. Ainsi, même chez les libéraux (de pensée), cette idée a du mal à passer. Il y a là peut-être un nouvel espace à prendre, exprimer non pas la vox populi mais la vox masoni sur internet ... mais je suis persuadé que de tels espaces existent. Ceci étant tu poses le problème.

              Cela ne manque pas d’un certain courage puisque par là même tu fais ton coming out. Et je fais le mien en te répondant. C’est que le sujet m’intéresse et m’interpelle depuis le premier jour. Les uns et les autres prennent position, mais force est de constater que le GODF reste masculin et que l’on nous répond invariablement que si tel est notre désir, il existe des obédiences mixtes et que si on le veut véritablement alors leur porte nous est grande ouverte. C’est un argument qui marche dans les deux sens. Et comme tu le constate, le GODF est le principal mouvement maçonnique en France, les mouvements mixtes restant faibles tant en pourcentage qu’en nombre.

              Le débat existe,depuis un temps certain déjà, et comme tu le rappelles ce n’est pas sans danger. Le principal mouvement maçonnique français aurait à connaître de nouvelles scissions. Et cela ne ferait que diluer la force de la pensée et les éventuelles propositions que la FM pourrait faire... La peur du changement en quelque sorte. Ce qui serait paradoxal dans un mouvement progressiste, mais qui se comprend quand on connaît la force de la tradition et des rituels. C’est donc une question d’équilibre difficile à trouver et à garder.

              Au sein de nos groupes, le débat est animé, vif et se veut sans arrières-pensées. Pour faire progresser par le travail en respectant la devise qui est celle de la République "Liberté, Egalité, Fraternité". Ainsi le Président Mitterand ainsi que le Premier Ministre de l’époque, Jacques Chirac, ont confié sans crainte la commémoration de la Révolution française à un maçon d’exception.

              Mais tout cela tu le sais déjà...

              Tu dois être au courant des interrogations qui se font jour. Des rétcences qui s’expriment. De volontés farouches qui se font connaître. Le poids des traditions ne nous empêche pas de penser et de travailler, et ce mouvement quoique secret reste démocratique.

              Nous pouvons, et nous nous devons, de le faire évoluer. Il reste à savoir comment, dans le respect de nos valeurs ...


              • Lairderien 10 juin 2008 01:59

                ’’Je me pose même la question : n’est-il pas bon de préserver, dans une époque de confusion entre espace public et espace intime, ces lieux qui, comme le préconise la tradition gnostique, préservés des contingences de la Cité, permettent une pensée plus libre et, ainsi, de construire plus sereinement la rencontre avec l’Autre.’’

                Au dela de la tradition et de la préservation d’un lieu des ’’contingences de la cité’’ il y a une formulation plus directe que j’entends souvent chez les maçons tant du GO que de la GLDF : ’’admettre les femmes dans nos loges, même comme visiteuses, pose le problème du jeu de la séduction conscient ou inconscient qui s’instaure immanquablement entre hommes et femmes, qui risque de troubler l’égrégore de la Loge.

                Récemment, un maçon du DH, me confiait qu’il appréciait de visiter à la GLDF, précisément pour cette absence de mixité.

                A mon humble avis il y a encore un argument qui plaide contre la mixité en loge et lui n’est pas souvent formulé. Les loges maçonniques masculines sont l’un des derniers, sinon même le seul lieu ou les hommes se retrouvent uniquement entre eux !!!

                Et je suis persuadé que ce dernier point est probablement le plus important, pour tous ceux qui refusent l’idée de mixité systématique en loge qu’impliquerait l’initaition des femmes au GO ; (ne parlons pas de la GLDF ou cette mixité reste inimaginable)


                • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 10 juin 2008 02:06

                  Pourquoi les obédiences, se gardant le privilège d’initier, chacune selon ses convictions, ne laisseraient-elles pas à chaque loge le choix d’admettre ou non des femmes à ses propres travaux ? Il y a bien des façons de polir une pierre.

                  Pierre JC Allard


                  • dup 10 juin 2008 06:14

                    debat sans interet . A quoi et pourquoi devient on fils de la veuve ? Pour des objectifs MATERIELS pour le POUVOIR pour l’ ARGENT . u n i q em e nt  !!  Si les femmes en sont relativement absentes , c’est une chance pour tous

                    http://www.dailymotion.com/relevance/search/forces%2Boccultes/video/xvgn7_forces-occultes_business

                     

                     


                    • foufouille foufouille 10 juin 2008 11:00

                      le probleme des femmes n’est pas le seul. meme si c’est vrai que ca fait vieux "con"

                      on trouve peu de choses sur les FM. un bon site internet, impartial, qui parlerait donc des magouilles de certaines loges, ca serait bien

                      ca a pas l’air d’etre tres gratuit non plus


                      • Lairderien 12 juin 2008 12:30

                        @ foufouille

                        .

                        Les francs maçons sont des hommes et des femmes comme tout le monde.
                        A noter que c’est à ma connaissance le seul type d’association qui réclame un casier judiciaire vierge pour y entrer !!!
                        Ceci n’empêche pas les dérapages ultérieurs, mais si la tentation de la magouille existe comme dans toute la société, c’est plutôt moins qu’ailleurs en règle générale.
                         
                        Pour le coût, chaque association doit bien pouvoir fonctionner, mais il est plus que raisonnable et bien moins élevé que dans les divers clubs services (lyons, rotary….) qui sélectionnent leurs membres en 1er lieu par le montant de la cotisation annuelle et sont eux réellement des assemblées de notables, plus intéressés par les relations qu’ils peuvent y nouer, que par toute autre considération humaniste.
                         
                         
                         
                         
                         

                         


                      • fibonaci 11 juin 2008 15:53

                         

                        L’éternel débat est clos. Apparemment, ça n’intéresse que le Grand Orient de France, les autres obédiences n’auraient-elles pas ce problème ?

                        Comme le dit l’article, il existe trois sortes d’obédiences : féminines, masculines et mixtes.

                        Il y a donc le choix pour tous les goûts de l’humanité et chacun peut donc y trouver sa place.

                        Si la parité existe dans l’humanité, ces mêmes humains peuvent se déterminer en toute liberté pour s’organiser comme ils l’entendent sur le critère féminin/masculin, à condition toutefois que l’offre existe, ce qui semble être le cas en franc-maçonnerie (un peu moins pour les équipes de football ou de rugby où la mixité n’est pas dans la culture). Mais lorsque le nombre de joueurs est impaires, comment respecter la parité ? peut-être avec un goal ou un demi d’ouverture du troisième sexe ?


                        • Pierre-Philippe Baudel 17 juin 2008 03:28

                          Chers amis,

                          Il est parfois difficile de se prononcer et n’en veux pour exemple les nombreuses questions dont je fais l’objet dans le débat dont s’agit. Je reste cependant surpris de quelques attitudes, en regard de notre histoire maçonnique respective, - propre à chacun d’entre nous -, qui consistent à jeter l’anathème sinon à parler encore d’excommunication. Il m’apparaît, et c’est d’autant plus vrai dans les Rites Egyptiens, que la Tradition maçonnique n’appartient pas au seul passé, qu’elle reste vivante, non ancrée et donc évolue. Aussi, refuser d’initier la femme m’apparaît relever de la négation de tout universalisme et de tout oecuménisme. Cependant, si les Loges sont souveraines, que c’est entendu et aussi bien compris, celles-ci se doivent également d’être en accord et d’observer, sans restriction aucune, la Constitution et les Règlements Généraux de la Grande Loge. Or, qu’en est-il ? Un Vénérable dirige une Loge et dispose des pouvoirs qui lui sont conférés par le Souverain Grand Maître. Pas moins, pas plus. Or, après Convent : 57% = fin du débat. Partisan ? Non pas, loin s’en faut mais la Règle est la Règle, qui fait encore partie du Serment ... PPB, GM Grande Loge Mondiale de Misraïm.


                          • Philodeme Philodeme 23 juin 2008 18:46

                            On est VM par la libre décision des FF de sa loge

                            Ne pas confondre FM et pyramide vaticane !!!


                          • Philodeme Philodeme 24 juin 2008 13:55

                            L’argument : "D’ailleurs, de nombreuses discussions avec de nouveaux maçons (les effectifs du GODF augmentent environ de 1 000 membres par an, ceux de la GLF de 2 000…), chefs d’entreprises, fonctionnaires, médecins, travailleurs sociaux et même élus locaux, trentenaires ou quarantenaires, qu’on ne peut accuser de machisme ou de sexisme, et qui sont souvent rétifs à l’ouverture du GODF aux femmes, vient renforcer cette hypothèse.

                            Considérant leur loge comme un espace privé, intime même, vivant leur initiation comme l’appartenance à une communauté en dehors du champ social, ces derniers, par ailleurs militants ou actifs dans de nombreuses associations, viennent justement chercher un espace de réflexion collectif, mais intime qui ne reproduise pas forcément la physionomie de la Cité dont ils veulent s’extraire un instant."

                            me semble le plus important pour expliquer certaines réticences à la mixité.

                            Mais le mot "intime" donne la solution. Le problème est en effet une problèmatique intime que l’on avoue jamais, on donne des arguments "substitués" "être entre soi"

                            Certes mais POURQUOI  ???

                            Un statut social disons "petit bourgeois" tel que décrit n’est aucunement l’assurance que ceux qui tiennent ce discours aient surmonté ou dépassé les incompréhensions entre êtres liées au sexe, à mon avis en ce domaine ils ne sont pas plus dégourdis que lorsque les boutons de l’adolescence décoraient leur visage !!!

                            Si en sus s’ils sont blessés ou handicapés de la "guerre des sexes" ils peuvent être incapables de surmonter, ils préfèrent rester entre eux sans être réellement sexistes.

                            Même "33" machin chose peu ont creusé .................... VITRIOL

                            Je sais que mon dicours naturaliste ne va pas plaire ....


                            • Ocséna 28 avril 2009 05:00

                              Un élément de réflexion supplémentaire peut-être avec l’article ci-dessous.


                              [->http://www.betapolitique.fr/Mixite-la-mini-max-revolution-26545.html?tri=comments ]

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