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Accueil du site > Tribune Libre > Fonds de pension et misère des bas-fonds

Fonds de pension et misère des bas-fonds

Les oriflammes et les mystifications des politiciens ne nous feront pas oublier les horribles flammes de l’extinction des solidarités.

Avez-vous une idée de ce que représentent, à travers le monde, les fonds de pension ? En capitalisant leur épargne pour assurer leur future retraite, quelques 300 millions de terriens confient 18 000 milliards d’euros à quelques dizaines de milliers de gestionnaires financiers. Plus de la moitié de ces épargnants se trouvent aux USA. Les autres sont des nouveaux riches des pays émergents et une minorité d’européens. (1)

Ainsi donc, des millions de petits capitalistes ordinaires doivent être distingués des grandes fortunes internationales qui ne représentent en fait que quelques milliers de personnes à travers le monde. Le capitalisme financier se fonde sur un capitalisme populaire, se plaisent à dire certains commentateurs. Il y a de quoi rire de cette soi-disant démocratisation car ces fonds ne sont la propriété que d’un humain sur vingt-deux !

Le problème, écrit J. Peyrelevade, est que les gestionnaires de cette colossale manne financière « imposent leurs vues aux dirigeants des quelques milliers d’entreprises cotées, dirigeants qui ne sont plus que les serviteurs dévoués d’une machinerie irrésistible... » Et il ajoute que ces gestionnaires n’hésitent pas à censurer les patrons rebelles.(2) Ne soyons pas naïfs ! Les financiers d’un côté, et les dirigeants d’entreprise de l’autre, ont tout intérêt à s’entendre...

De plus, la capitalisation boursière de ces entreprises représente 44 000 milliards d’euros, c’est-à-dire plus de 105 % du PIB annuel mondial. Ces multinationales jouent évidemment un rôle prépondérant dans l’évolution économique. Par ricochet, leurs décisions agissent au niveau national et local. Leur maîtrise des emplois, la dépendance de leurs sous traitants et du tissu socioéconomique environnant, et enfin l’influence sur les décideurs politiques sont indiscutables. Leurs choix d’investissement ou de délocalisation, leur lobbying à Bruxelles, ou auprès des gouvernements et leurs possibles manipulations médiatiques laissent donc peu de marge de manœuvre aux États et aux citoyens en général.

Les fonds de pension et d’investissement, en particulier anglo-saxons, et ceux qui se développent maintenant en Chine, en Inde, au Japon, dans les pays arabes ou en Europe, vont donc s’imposer de plus en plus. Les futurs retraités européens, adeptes de dispositifs par répartition, ont donc du souci à se faire face aux exigences des futurs retraités, créateurs de rentes par capitalisation.

Et ne croyez pas que les possesseurs économiques européens vont décourager le développement de ces dispositifs individualistes ? Au contraire, bien évidemment, ils en profiteront ! En France, les banques, les assurances, les mutuelles l’ont bien compris et nous proposent déjà des solutions.

Le hic est que le versement de retraites par répartition est ancré dans les esprits. La solidarité marque l’histoire de l’Humanité : celle des familles ou des communautés villageoises, celle des Sociétés de secours mutuels du XIXème siècle, celle des groupements mutualistes ou de la Sécurité Sociale du siècle dernier, etc. Ces institutions sont la preuve de l’importance et de la constance de cette valeur universelle. N’oublions pas aussi que les niveaux de salaire d’une majorité de la population ne leur permettent pas de capitaliser. 85 % des français ont un niveau de vie mensuel inférieur à 2000 €. (3)

On voudrait néanmoins, nous faire admettre que cette forme de solidarité par répartition est obsolète, qu’elle ne correspond plus aux règles de l’économie contemporaine. Libre à vous de croire à la compétition inter individuelle qui consiste à s’approprier des avantages sans se soucier de la situation de ses voisins d’ici ou d’ailleurs. Les actions de charité seront toujours là pour soulager votre conscience !

Nous ne pouvons donc que constater l’amplification d’une fracture socioéconomique. D’un côté, et depuis le XIXème siècle, une concentration financière et décisionnaire entre les mains de nouveaux acteurs institutionnels. De l’autre, une population que l’on a intérêt à laisser dans l’ignorance de ces mutations en cours. La majorité des programmes télévisuels ou politiques nous prouve cette double réalité ! Mais ne sont-ils pas intimement liés idéologiquement et financièrement ? Un grand entrepreneur français du bâtiment l’a bien compris. Et, en Italie, M. Berlusconi a poussé le bouchon encore plus loin, peut-être même trop car la justice de son pays s’occupe de son cas.

Maintenant, on saisit mieux la mystification électorale qui centre l’attention sur l’hymne national et sur le drapeau français. C’est bien la preuve que les évolutions mondialisées échappent à nos politiciens et qu’ils ne leur restent plus qu’à agiter les étendards d’un autre temps.

A nous donc d’imposer des actes. Nous ne nous en sortirons qu’avec un projet européen solidement coordonné : le développement de partenariats avec les pays du tiers-monde, l’endiguement du capitalisme sauvage des pays émergents et enfin le partage, entre le plus grand nombre de citoyens, des droits et des devoirs, des responsabilités et des avantages issus du progrès. Il est vrai que ce n’est pas facile de mettre en place les nouvelles règles de ces changements, surtout quand on est en position dominante et que l’on risque d’y perdre quelques plumes.

C’est pourquoi l’alternative des retraites par capitalisation se développe dans un contexte entretenu de guerre économique, comme une sorte de fuite en avant. Elle n’apportera qu’une solidarité de pacotille dans la course aux profits à court terme, permettant aux gestionnaires de fonds d’augmenter leur puissance. La journaliste Claire Gatinois nous décrit clairement le métier de ces nouveaux « golden boys ». (4)

En attendant, une part grandissante des plus values est destinée à la rémunération des fonds de pension et d’investissement, au détriment de la rétribution des efforts des travailleurs. Nous devons nous attendre à des jours sombres pour une majorité de personnes exclues du système. Méfions-nous de la souffrance et de la misère qui s’expriment dans des actes désespérés et destructeurs. Les livres d’histoire sont remplis de ces désastres. Les banlieues de novembre 2005 nous l’ont aussi rappelé.

Vive la Démocratie qui assure la Liberté ! Vive la République qui garantit l’Egalité ! Et vive la France qui partage la Fraternité !

 

(1) Etude de l’IFRI sur « le capitalisme financier en France et en Allemagne  » - mai 2006 sur www.ifir.orgwww.ifir.org

(2) J. Peyrelevade, Le capitalisme total, Paris, Seuil 2005

(3) Alternatives Économiques n° 254, 01/2007. Richesse et Pauvret : état des lieux.

(4) Le Monde du 27/03/2007, l’article de Claire Gatinois sur « Les fonds, acteurs majeurs de l’économie de l’économie française. »

 


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32 réactions à cet article    


  • (---.---.178.127) 29 mars 2007 12:12

    Recherche pigeons désespérément, avant un nouveau 11/09 !

    Achetez mes retraites, qui n’en veut, il n’y en aura pas pour tout le monde ! dépêchez-vous ! Remise exceptionnelle ! Avec l’Europe comme assurance ! Plus besoin de travailler ! revenu minimum garanti indexé sur le développement Chinois !

    Pas beau l’avenir ? Euh... Le présent !


    • tmd (---.---.19.11) 29 mars 2007 12:39

      « En attendant, une part grandissante des plus values est destinée à la rémunération des fonds de pension et d’investissement, au détriment de la rétribution des efforts des travailleurs. »

      Une part grandissante, je n’en suis pas certain.

      De plus, cette rémunération n’est pas destinée aux fond eux même, mais pour payer les retraites des travailleurs. Dont la plupart étaient des travailleurs ouvriers, de la classe populaire.

      Enfin, la capacité d’épargne d’un SMICard en France est de plus de 200 euros par mois : il s’agit des charges pour l’assurance vieillesse. Mais actuellement elles sont utilisées autrement.


      • Fred (---.---.117.35) 29 mars 2007 14:11

        « la capacité d’épargne d’un smicard » je crois rêver


      • équité (---.---.171.48) 29 mars 2007 16:25

        Les fonds de pension rénumèrent les retraités ? Allez dire ça aux anglo-saxons. Un fond de pension est une vulgaire pompe à fric qui le redistribue aux investisseurs en étant lui-même investisseur. C’est pourquoi lorsque que ces pompes se plantent c’est l’épargnant « populaire » qui est sacrifié.


      • parkway (---.---.18.161) 30 mars 2007 10:20

        tmd dans quel monde tu vis ?

        t’es complètement à côté de tes pompes ?


      • snoopy86 (---.---.100.33) 29 mars 2007 13:25

        @ l’auteur

        Il y a des références dont il faut se garder ...

        Le Crédit Lyonnais aurait probablement été mieux géré, et aurait probablement coûté moins cher au contribuable, s’il avait été confié à des fonds de pension plutôt qu’à Monsieur Peyrelevade que vous citez et qui revient depuis quelque temps nous donner des leçons...


        • LESCAUDRON Didier LESCAUDRON Didier 29 mars 2007 14:58

          Bonjour TMD,

          Concernant votre première remarque, voici une citation tirée d’un débat du Sénat du 31 mars 2006 : « Sur 15 ans, 10 % des revenus du salariat sont passés aux revenus du capital. On constate donc une transformation considérable de la répartition des richesses produites. On observe également la multiplication du nombre de travailleurs pauvres, personnes qui bien que travaillant à plein temps n’ont pas les moyens de se loger et de se nourrir correctement. »

          http://senat.fr/colloques/actes_questions_sociales/actes_questions_sociales 3.html

          ------------

          Concernant votre remarque : « De plus, cette rémunération n’est pas destinée aux fond eux même, mais pour payer les retraites des travailleurs. Dont la plupart étaient des travailleurs ouvriers, de la classe populaire. »

          Vous expliqueriez donc l’augmentation de la masse financière de ces fonds de pension uniquement par l’augmentation du nombre de cotisants actifs, ce qui reste à vérifier. De toute façon, que les bénéfices aillent aux retraités ou rejoignent le pot commun, cela ne change en rien les déséquilibres que les gestionnaires de ces fonds entraînent par leurs agissements à court terme. Pourquoi un fond de pension américain ou japonais devrait s’inquiéter des conséquences sociales de ses choix à Europe, l’important est qu’il maintienne sa rémunération à la hauteur de 15% que ce soit ici ou ailleurs ? C’est bien ça ?

          A trop tirer sur la corde socioéconomique qu’elle finira par se casser ! Le développement des émeutes et des actes délinquants que nous subissons, les suicides de salariés que nous déplorons, la surconsommation de neuroleptiques et autres « briseurs de soucis » que notre sécurité sociale payent, le maintien du chômage que nous constatons malgré un chiffrage optimiste mais arrangé, témoignent de la rupture des nombreux brins de cette corde.

          ----------------------------

          Enfin, si « la capacité d’épargne d’un SMICard en France est de plus de 200 euros par mois », je ne suis pas sûr qu’un smicard disposant librement de cet argent, l’utiliserait pour épargner dans un fond de pension. Quand on est smicard, on vit piètrement alors que les publicitaires l’incitent à une consommation effrénée avec son corollaire qui est l’augmentation du surendettement des pauvres gens.

          Quant à l’utilisation des fonds de l’assurance vieillesse, vous pourriez peut-être en dire plus.... Ils ne serviraient pas à payer les retraites en cours ?

          Bien sincèrement.

          DL


          • parkway (---.---.18.161) 30 mars 2007 10:23

            lescaudron,

            laissez tomber tMD, c’est un nouveau adolphos !


          • Cyril Sauvenay (---.---.126.188) 29 mars 2007 15:43

            Juste un mot en passant, sans trop de temps : merci de ton article qui, me semble-t-il, est à la fois précis, documenté et utile !


            • cyrkar (---.---.89.20) 29 mars 2007 16:04

              bonjour didier. article qui me parait aller dans le bon sens. Seules deux solutions se présentent à nous me semble-t-il : s’isoler de leur monde de fous et attendre qu’il leur « pète à le gueule » mais le problème est que leur pouvoir de destruction est tel que tout va peter. Ou bien reprendre le pouvoir confisqué par quelques uns, mais ils ne sont pas d’accord, il y aura donc bataille.


              • parkway (---.---.18.161) 30 mars 2007 10:24

                cyrkar,

                je crois qu’on ne s’en tirera pas sans bataille...

                la question, c’est : quand ça va péter ?


              • bulu (---.---.23.93) 29 mars 2007 16:28

                Bon article. Constat edifiant. Mais comme dit Cyrkar, il n’y a pas de solution, s’isoler du monde c’est precipiter notre chute. Donc c’est la fuite en avant et la mentalite « profitons en maintenant avant que ca finisse mal » de plus en plus partagee mais peu constructive, en attendant le mur.


                • cyrkar (---.---.89.20) 30 mars 2007 10:50

                  bonjour parkway et bulu.

                  Quand cela va peter ? ça dépend de nous. Mais temps que le tourbillon procurera un peu de plaisir et de réconfort à une majorité (dans nos pays), aucune raison. Ce n’est pas très optimiste car cela signifie qu’il faudra attendre que cela soit plus grave encore.

                  Quant à la pensée du « profitons-en maintenant », je crois au contraire qu’elle diminue un peu. Mais je ne serais pas du tout catégorique.


                • (---.---.20.158) 29 mars 2007 17:33

                  Cher Cyrkar,

                  Je serai moins catégorique que vous.

                  Il est possible que tout s’effondre. A l’exemple local mais tellement impensable de la Yougoslavie dans sa récente guerre fratricide, ou de l’Irak en ce moment, le chaos total est possible. Il nous a bien fallu deux guerres abominables pour que nous finissions par nous entendre avec les Allemands.

                  Par contre, je serai plus nuancé concernant l’éventualité d’une bataille avec les tenants du pouvoir. Mettons tout de suite de côté ceux qui sont caractériels. Le pouvoir peut rendre fou ou être approprié, selon le contexte, par des êtres « déséquilibrés ». On l’a vu avec Hitler, Staline, Pol Pot, Milosévitch et bien d’autres. les brûlantes batailles ou guerres froides ont fini par les emporter.

                  Pour les autres, alors que leur position et leur rôle sont nécessaires, l’évolution de société est plus complexe. L’expérience, les compétences, le charisme, les qualités d’analyse, de synthèse et d’anticipation raisonnable du futur ne sont malheureusement pas partagés par tous. A priori, ceux qui accèdent aux hautes fonctions, ont quelques-unes de ces capacités. Le problème est de savoir ce qu’ils fonf de leurs pouvoirs de guider les autres humains.

                  Certains font le choix de tirer au maximum la couverture à eux, dans une sorte de fuite en avant, pour oublier in fine l’angoisse partagée de leur finitude. Ils s’enivrent dans leur pouvoir professionnel, dans leur hyper consommation, dans leur loisir souvent privilégié, dans leurs petits arrangements en famille ou entre amis. Ainsi, va le monde depuis bien longtemps !

                  Cependant, le problème est que des savoirs cohérents commencent à s’accumuler depuis deux siècles et que les outils de diffusion de ceux-ci se développent. Bien sûr,ils permettent de mieux contrôler les individus, de mieux organiser la production, la distribution et la satisfaction des besoins humains... Regardons la médecine, la sociologie de l’organisation du travail, le développement du cyberespace, la disparition presque totale de la famine dans les pays avancés, etc.

                  Ces savoirs et savoir-faire permettent aussi d’envisager le monde autrement et les hommes au pouvoir ne sont pas tous bornés.

                  Christophe Dejours, psychiatre, psychanalyste, directeur d’un laboratoire de psychologie du CNAM, pose cette même question par le petit bout de la lorgnette. En deux mots, il nous dit que la souffrance au travail devient insupportable pour les salariés, cadres ou autres. Les suicides chez Renault ou ailleurs, les dépressions ou les troubles musculosquelettiques, le harcèlement professionnel, l’augmentation des cadences ou des obligations de rentabilité... Jusqu’où bête humaine va-t-elle pouvoir aller ? Ou plutôt revenir ? Au fonctionnement de notre XIXème siècle avec une mortalité professionnelle inacceptable, à celui de la Chine actuelle qui fait travailler 10 millions d’enfants de moins de 14 ans ?

                  Je ne crois pas que tous les hommes au pouvoir souhaitent cela... et ils ont plûtôt même intérêt à améliorer les choses. Les dysfonctionnements, que le monde du travail et la société en général connaîssent, sont bien réels et répertoriés mais niés fortement par les hiérarchies car ils seraient alors nécessaires qu’il lâchent une partie de leur pouvoir et de leurs privilèges. (Pour certains , cela s’appelle de la scotomisation). Le tout est affaire de temps et d’autonomie individuelle...

                  Pour finir, un sentence d’Utopianistan : « Quand le fruit est mûr, il tombe au moindre coup de vent. Aie la patience de l’observer et de comprendre sa maturation. Fait aussi attention à toi car, en chutant, il pourrait merder ton joli minois. »

                  Bien amicalement

                  DL


                  • LESCAUDRON Didier 29 mars 2007 17:36

                    DL = Didier Lescaudron


                  • cyrkar (---.---.89.20) 30 mars 2007 10:44

                    bonjour didier

                    je suis d’accord avec toi sur le fait que les hommes au pouvoir politique aient la plupart du temps plus de capacités de reflexion que la moyenne, capacités d’ailleurs essentiellemnt dûes à un héritage social et au temps disponible (c’est d’ailleurs pour cela que l’on emporte les gens dans un tourbillon, pour les maintenir dans l’ignorance et qu’ils ne réfléchissent pas ; cela pourrait faire l’objet d’un article complet mais en gros, l’homme qui juste pour survivre utilise presque tout son temps ne pourra jamais atteindre les capacités dont on parle). D’accord aussi sur le fait qu’ils ne souhaitent pas forcemment le malheur des gens (heureusement).

                    Par contre, je pense que tu te trompes quant au réel pouvoir des ces hommes politiques. Ils ne sont que des marionnettes. B.Arnaud, L.Bétancourt, C.Bébéar ... dirige bien plus la France que N.Sarkozy ou J.Chirac. Le vrai pouvoir aujourd’hui est détenu par les possesseurs du capital dont tu parles dans ton article. G.Bush ne fait pas la guerre en Irak pour la liberté mais pour le pétrole et maintenir une industrie de l’armement surdimensionnée.

                    Pour finir vite, je ne crois pas que les réels dysfonctionnemnts, les plus profonds, soient vraimment repertoriés sur la place publique. Tout simplement parce que cela mettrait en cause tout notre système dans ses fondements. Juste un exemple : notre système économique (qui n’a rien d’une évolution naturelle mais qui a été imposé au bénéfice de quelques uns) réclame une croissance continue, sinon il s’éffondre. Or cette croissance (qui est une croissance matérielle) est définitivement incompatible avec notre monde fini. Dans ce cas comme dans beaucoup d’autres domaines, c’est donc un des fondements de notre société qu’il faut remettre en cause or les bénéficiaires de ce système, qui sont les tenants du vrai pouvoir ne le souhaitent tout simplement pas, d’où mon discours sur le fait qu’il faudra leur reprendre.

                    Et si le fruit mûr prêt à tomber qu’est notre société ne pouvait merder que mon joli minois, je le donnerais volontiers en patûre.


                  • lion (---.---.171.117) 29 mars 2007 18:24

                    Moines de Tibéhirine : un témoin bien encombrant Par GARÇON José QUOTIDIEN Libération : samedi 17 mars 2007

                    L’histoire pourrait n’être qu’une cavale de huit ans entre Alger, Damas, Bangkok, Amman, Amsterdam et Paris, où elle risque de s’achever le 20 mars, date à laquelle il sera fixé sur son sort en France. La personnalité du fugitif, Abdelkader Tigha, lui confère pourtant une autre dimension : celle de trois raisons d’État qui, en France, au Vatican et en Algérie, se conjuguent pour occulter toutes les interrogations suscitées par l’assassinat des sept moines français de Tibéhirine en 1996. Leur exécution fut à la mesure des violences qui ont ensanglanté l’Algérie pendant la décennie 90 : seules leurs têtes furent retrouvées et on ignore tout des circonstances de leur mort, que l’Algérie attribue aux GIA (Groupes islamistes armés).

                    Fin 1999, trois ans après leur exécution, l’irruption d’Abdelkader Tigha dans cette affaire a cependant permis aux services secrets français d’en savoir plus. Venant de déserter l’Algérie, ce cadre du DRS (Département du renseignement et de la sécurité, l’ex-Sécurité militaire algérienne) commence sa cavale. Il passe en Tunisie, puis en Libye avant de débarquer à Damas, où il contacte l’ambassade de France et se dit « prêt à aider contre le terrorisme en échange d’un asile politique en Europe ». Il est envoyé à Bangkok, car il est « risqué pour les agents français de l’interroger en Syrie ». C’est là que, en janvier 2000, trois agents de la DGSE le débriefent. Les réseaux du DRS et des GIA en Europe les intéressent. Les moines de Tibéhirine aussi. Un dossier sur lequel Tigha a beaucoup à dire : de 1993 à 1997, années les plus dures de la « sale guerre » contre les islamistes, il était chef de brigade au Centre territorial de recherche et d’investigation (CTRI) de Blida, haut lieu des opérations d’infiltration des maquis islamistes par l’armée. C’est là que, au matin du 27 mars 1996, il voit arriver à son grand étonnement les moines qui viennent d’être enlevés. Selon Tigha, les otages seront remis à Djamel Zitouni, le chef des GIA de l’époque, dont il est de notoriété qu’il était déjà « retourné » par les services algériens.

                    Silence. A Bangkok, la DGSE veut des détails sur les moines ; Tigha, des garanties sur son asile. Impossible en France, car « cela créerait des problèmes avec Alger », lâchent les agents français. Tigha se fâche. Fin de l’épisode DGSE. Trois mois plus tard, son visa expire et il est arrêté et emprisonné au centre de détention de l’immigration de Bangkok pendant deux ans. Sans feu vert du Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), les détenus ne peuvent partir, une fois leur peine accomplie, que pour une seule destination : leur pays d’origine. Ce que Tigha refuse évidemment. Entre-temps, il a rendu public ce qu’il sait sur les moines et son histoire avec la DGSE (Libération du 23 décembre 2002).En dépit de ces révélations qui recoupent des interrogations présentes au sommet de l’État quant au rôle des services algériens , le silence officiel français est assourdissant. Mais, en 2004, la famille de Christophe Lebreton, l’un des moines, porte plainte contre X auprès du tribunal de Paris « car trop de questions sont restées sans réponse ».

                    Auditions. Tigha échoue, lui, à Amman. Mais les Jordaniens l’avertissent qu’ils ne « pourront pas faire longtemps la sourde oreille aux demandes d’extradition de l’Algérie ». L’ex-agent se retrouve alors en Hollande, où l’asile lui est refusé, le CICR craignant qu’il se soit rendu coupable de violation des droits de l’homme au CTRI de Blida. Mis en demeure de quitter les Pays-Bas début février, il débarque à Lille, puis à Paris. Assisté de Me Dominique Noguère, vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme, Tigha tente d’obtenir le document lui permettant de demander l’asile politique. En vain. Convoqué ce 20 mars à la préfecture de police, il sera fixé.

                    En charge de l’instruction sur l’assassinat des sept moines, le juge Bruguière a procédé à quelques auditions, parmi lesquelles celles de Philippe Rondot et du patron de la DGSE de l’époque. Mais il n’a entendu aucun des ex-militaires algériens qui témoignent de l’infiltration des GIA par les services algériens. Alors que Tigha était aux Pays-Bas, le juge affirmait ne pas obtenir de commission rogatoire internationale pour l’y interroger. Mais aujourd’hui il est à Paris. « Il n’y a donc en principe plus de problème pour l’entendre », estime Patrick Baudouin, président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’homme. Sauf à penser que la justice française, à l’instar de Paris, ne veut rien savoir sur l’assassinat des moines. Et préfère tabler sur l’expulsion d’un homme qui affirme avoir vu ces derniers dans une caserne de Blida après leur rapt.

                    Source : http://www.liberation.fr/actualite/monde/241593.FR.php


                    • (---.---.73.200) 29 mars 2007 19:18

                      Comparer les fonds de pension et la retraite par répartition est, sauf erreur, une super supercherie.

                      Voyons, quand un retraité décède, ses droits s’éteignent avec lui. C’est la loi du genre. Les cotisations versées par le futur retraité durant la période active tiennent compte de ce fait incontournable et sont calculées en conséquence.

                      Mais avec les fonds de pension ? Ou j’ai raté une marche, et pardon d’avance aux lecteurs de ce post, ou la créance perdure. Ad vitam aeternam (enfin, si on peut se permettre cet humour noir smiley), via les héritiers. De sorte que ces créances sont vouées à s’accroître indéfiniment, tel un cancer ! Comme un parasite, susceptible de tuer son hôte !

                      Est-ce que quelqu’un peut me rassurer ?


                      • JL (---.---.73.200) 29 mars 2007 19:22

                        oublié de signer.

                        Si vous avez aimé ce post, rendez-vous sur mon article :

                        « La gauche, la droite, et le libéralisme. »

                        http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=21531


                      • JL (---.---.73.200) 30 mars 2007 10:32

                        A Philippe Renève, deux choses : je fais la promotion de mon article paru hier parce que, pour une raison qui m’échappe, je n’en ai trouvé aucune trace, aucun lien dans Agoravox. smiley

                        Concernant les fonds de pension. Ce qui me tarabuste, c’est le fait que les cotisants, futurs retraités, viennent sans cesse grossir le capital cependant que les retraités ne perçoivent que les dividendes des fonds placés. De sorte qu’à leur décès, ces ’actions’ deviennent définitivement la propriété du fond. Qui en est le bénéficiaire ?

                        Un peu comme si vous achetiez une maison : vos apports mensuels et les loyers aident à payer les traites. A partir de la date de liquidation de votre retraite vous recevrez une part du loyer proportionnelle au total de vos apports, ou peut-être de la part du capital remboursé, mais la maison ne vous appartiendra jamais.

                        Accepteriez-vous un tel marché si on vous promettait un loyer 3 à 4 fois plus élevé que dans l’immobilier classique ?

                        C’est cela ma drôle d’idée.


                      • JL (---.---.73.200) 30 mars 2007 12:03

                        à Philippe Renève, merci pour ces précisions.

                        Ma remarque vaut-elle pour les fonds communs de placement (FCPP, FCPI) que vous citez ?

                        Oui, François Marie et moi sommes une seule et même personne. Je suis apparu assez souvent en commentaires sous ce pseudo sous lequel je m’étais inscrit comme rédacteur. Depuis je préfère utiliser mes initiales. C’est ainsi. smiley


                      • JL (---.---.73.200) 31 mars 2007 17:43

                        Un commentateur m’ayant expliqué ici le mécanisme des fonds de pension, j’aimerais vous proposer cette métaphore qui je crois exprime bien mon inquiétude :

                        « C’est un peu comme si vous achetiez des parts dans l’immobilier à crédit (gratuit ?) pendant votre activité, et que le moment venu, vous revendiez vos parts en viager à la société immobilière, qui elle s’occupe de la rentabilité des loyers ».

                        Imaginez ce processus sur quelques décennies, lorsqu’un nombre significatif de retraités seront décédés. Les cotisations baisseront-elles ? Pas plus que les exigences de rentabilité, j’imagine. L’on voit que l’avenir est plein d’incertitudes.

                        Je rejoins l’auteur dans sa question : «  » « Comment nous allons comprendre les uns les autres, dès maintenant, que nous devons mieux organiser la répartition (des rémunération) du travail et des richesses afin de créer les solidarités qui existaient autrefois localement et qui sont indispensables au devenir d’une communauté ? » «  »


                      • JL (---.---.73.200) 31 mars 2007 17:46

                        En fait, non, ma métaphore est mauvaise, pardon, j’étais resté sur ma première idée. Veuillez m’excuser.


                      • JL (---.---.73.200) 31 mars 2007 19:59

                        Quoique ... à suivre.


                      • Rdlm (---.---.114.107) 29 mars 2007 19:20

                        L’état Français agit comme un fond de pension avec ses EDF, GDF, France télécom,... et l’état Français c’est déjà nous, zut, vite privatisons tout ça !!!


                        • JL (---.---.73.200) 29 mars 2007 20:33

                          absurde, vous mélangez tout !

                          Si l’état faisait des bénéfices, qui croyez vous en profiterait ? les descendants de Louis XVI ? Les ministres, les députés, les sénateurs ? Ces salauds de gauchistes, les autres, ceux que vous n’aimez pas ?


                        • (---.---.38.189) 29 mars 2007 20:39

                          Encore un coco qui aimerait bien faire vase communiquant entre ses poches et celles des autres qui sont plus remplies.

                          Les parasites infestent décidemment autant le monde humain que le monde animal. Et dans les milieux les plus malsains ils se reproduisent à grande vitesse...


                          • BP (---.---.20.158) 29 mars 2007 22:40

                            Monsieur le jeune parasitologue du précédent message,

                            Vous seriez bien aimable de sortir un peu des sentiers éculés où vous ne faites que trouver les mêmes miasmes qui vous conviennent si bien : la peur des cocos, les comparaisons de bas étage que certains utilisaient, en des temps obscurs, du côté d’Auschwitz Birkenau ou de Sobidor.

                            Les cocos, où sont-ils à notre époque ? Vous les voyez où ? Vous devriez pourtant avoir une bonne vue en tant que parasitologue ? Ils sont si dangereux que cela, ces cocos ? Dans les quelques malheureuses villes qu’ils gèrent encore, il n’y a pas de commerces, pas de banques, pas de propriétaires terriens ou immobiliers, c’est ça ? Dites-moi ?

                            Serait-ce plutôt que vous avez les poches tellement remplies que vous craindriez d’en perdre quelques miettes ? Cela me rappelle cette histoire du Paquebot Lusitania qui a été coulé par un sous-marin allemand. Un richissime passager transportait ses lingots d’or sur lui. Il n’a pas voulu s’en défaire et a coulé avec au moment du naufrage. Risible.

                            Vous pouvez garder ce qui remplit vos poches, vous ne les emporterez pas de toute façon, là où les parasites, qui vous inspirent tant, vous boufferont. Ils existent d’autres valeurs que l’argent.

                            Cependant, l’auteur de l’article n’a pas tort. Un peu de solidarité nous éviterait peut-être le chaos qui se prépare et que l’histoire a déjà connu avec les invasions migratoires incontrôlés ou les désordres destructeurs.

                            Enfin Monsieur le jeune parasitologue, si les cocos vous font si peur, allez vous installer dans l’une de ces dictatures anticommunistes qui existent dans le tiers-monde. Elles vous attendent à bras ouvert avec leur cortège de misère et de corruption. (Lisez les rapports d’Amnistie Internationale lors de vos moments de détente.)

                            BP


                            • parkway (---.---.18.161) 30 mars 2007 11:06

                              merci à l’auteur et à reneve ;


                              • LESCAUDRON Didier LESCAUDRON Didier 30 mars 2007 15:08

                                Bonjour,

                                Vos remarques enrichissent le débat et me suscitent quelques réactions. Dès que j’ai le temps, je vous fais un post, en particulier pour Cyrkar, P Renève, Snoopy 86, JL et son article qui mérite une lecture attentive.

                                DL


                                • cdg (---.---.240.108) 30 mars 2007 21:34

                                  tapewr sur les fond de pensions soit.

                                  Mais eriger la repartion en modele alors qu on sait que le systeme est condamne par la baisse de natalite et l augmentation de l esperance de vie me semble un peu hasardeux.

                                  Comment vous aller expliquer a quelqu un dans 20 ans qu il doit laisser la moitie de ce qu il gagne a un retraite ? (1 actif->1 retraite un va y arriver un jour)


                                  • LESCAUDRON Didier LESCAUDRON Didier 31 mars 2007 09:55

                                    bonjour CDG,

                                    Voici un début de réponse à vos remarques :

                                    Sachant que la part des plus values créées qui revient à un salarié, continue de diminuer par rapport à la part qui va à la rémunération du capital investi, ce n’est pas la moitié de ce qu’il gagne qui devra aller à la caisse commune des retraites mais les 2/3, voire les 3/4 ... (réf. le post plus haut sur le débat récent au Sénat)

                                    Sachant que l’adhésion a un fond de pension est dépendant des mêmes contraintes de répartition des bénéfices, c’est-à-dire qu’un salarié qui souhaitera se constituer sa propre retraite devra investir une bonne partie de son revenu en diminution, les deux dispositifs sont donc voués à pas mal de difficultés.

                                    Une différence existe cependant et elle permet de comprendre pourquoi vous nous dites : « Comment vous aller expliquer a quelqu un dans 20 ans qu il doit laisser la moitie de ce qu il gagne a un retraite ? (1 actif->1 retraite un va y arriver un jour) »

                                    L’emploi du singulier dans votre question traduit l’individualisme exacerbé que l’idéologie dominante tente de nous imposer. Il est vrai qu’en individualisant on maîtrise mieux. « Diviser pour mieux régner », vous connaissez ?

                                    Je modifierai donc votre interrogation : « Comment nous allons comprendre les uns les autres, dès maintenant, que nous devons mieux organiser la répartition du travail et des richesses afin de créer les solidarités qui existaient autrefois localement et qui sont indispensables au devenir d’une communauté ? » Cette question est un peu plus longue que la vôtre et un peu plus complexe mais la réalité n’a jamais été simple !

                                    Sans solidarité, formalisée en partie dans des lois, pas de communauté, pas d’avenir, la jungle seulement !

                                    Entre l’intérêt individuel et l’intérêt collectif, les deux existent et doivent être respectés et coordonnés, qu’est-ce qui peut faire le lien pour atteindre ce respect et cette coordination ? Un bon coup de Karcher ? Une révolution ? Un drapeau national ? Jeanne d’Arc ? Un homme providentiel ?

                                    Merci pour vos avis.

                                    Didier Lescaudron

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