François le People
Mon président est un people.
Quand j’ai entendu que le magasine Closer, magazine bien connu pour ses investigations et sa constante recherche de la vérité, affichait au vu et au su de toute la France la grande, incroyable, étonnante, sidérante nouvelle de la (prétendue) liaison entre l’actrice Julie Gayet, et le président de la République François Hollande, j’ai frôlé l’hystérie.
Chouette !!!
Lectrice assidue de magasines people, et amatrice de potins en tout genre, c’était un évènement.
Parce qu’entre les implants envolés de Nabi-Nabila, les problèmes de peau de Cameron Diaz, et les dernières frasques de Miley Cyrus, on commençait à s’emmerder sérieusement.
Donnez nous du croustillant ! Donnez nous de l’exclu ! Vendez-nous du rêve !
Je reconnais que le boulot de paparazzi connait lui aussi la crise, les people eux-mêmes postant sur Instagram les clichés qui feront le buzz.
Je me connecte donc sur mon appli Closer pour lire avec avidité les détails croustillants de cette nouvelle romance.
Et puis très vite je déchante.
Et puis très vite en fait, je me sens comme le client de l’Ibis hôtel qui baisse doucement le son de la tv le samedi soir pour entendre le couple d’à côté forniquer. Vicieux. Intrusif.
En règle générale, je ne me sens pas intrusive lorsque je tombe sur des photos volées de Kim Kardashian et Kanye West.
Mais là on parle quand même du président ! Ce pauvre bougre qui ne fait plus l’unanimité dans le cœur de ses compatriotes, pourtant si nombreux à festoyer le soir de son élection.
Cet homme que certains appellent Flanby, qui si l’on en croit les sondages, est le président le plus impopulaire de la Ve République.
« Il a aucun charisme lui, on dirait une fiotte ! » me disait encore ce matin, mon aimable et subtile boulangère.
Frapper un homme à terre, c’est moche.
Il n’avait pas besoin de ça, et finalement nous non plus.
La France est divisée, encore.
D’un côté on s’en fiche, chacun est libre de faire ce qu’il veut.
Président ou pas, ça reste un homme, qu’il ait une maitresse ou pas, ça ne nous concerne pas vraiment.
Et puis on s’en fout non ?
Mais d’un autre côté, on passe pour un sacré pays de queutards.
Comme si on n’avait pas assez de problème comme ça.
Les hommes vont baliser. « Si même le Président se fait choper ! »
La jalousie des femmes va être exacerbée. Ca va swinguer dans les foyers.
J’entends déjà ma boulangère, encore elle, maugréer :
« On va encore devoir payer pour la nouvelle poule du Président. »
Cruelle France.
Parce qu’au fond, ça nous réjouit. Regarder les problèmes des autres, permet d’oublier les siens.
On se frotte les mains, on aime à se dire que les grands de ce monde sont faillibles. Ce sont les chefs, certes, mais regardez donc comme ils sont médiocres, adultères, fêlons !!! Oh les ignobles !
A bien y réfléchir, je préfère m’intéresser à Nabila et son tour de poitrine.
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