Fresques chinoises...

On pourrait s'étonner de la démarche et des métodes utilisées par cet artiste peintre chinois : Liu Bolin. Il pratique l'art du camouflage et se fond dans toutes sortes de décors... Artiste caméléon, il veut montrer, à travers ses oeuvres, comment la société chinoise en arrive à nier l'individu, à l'absorber dans un décor, à le faire même disparaître...

Les décors utilisés par ce peintre sont nombreux : une bibliothèque, un temple, un rayon de supermarché, une statue, un arrêt de bus, et l'oeil du spectateur peine parfois pour retrouver les contours de l'artiste fondu dans le décor...

L'homme devient ainsi un véritable objet : il est "chosifié" et semble perdre son aspect et ses qualités humaines.

Quelle critique virulente de la société chinoise ! L'individu n'existe plus, il devient un rouage de l'immense machine du monde moderne, il est figé, immobilisé, statique, comme pétri dans le décor.

Appelé "l'homme invisible"car il se fond dans divers environnements, Liu Bolin, artiste contestataire reste immobile pendant des heures, maquillé pour mimer ce qui l'entoure : des photographes immortalisent chaque scène de son oeuvre.

L'homme objet, l'homme décor, c'est bien là ce que devient de plus en plus l'individu dans les sociétés modernes... Ce message concerne plus particulièrement la Chine mais a aussi une valeur universelle dans un monde où l'homme se perd dans la masse, est souvent anonyme, devient comme un simple élément du décor...

Dans les villes, l'homme a souvent, ainsi, l'impression de perdre son individualité, son libre-arbitre, de se fondre et de disparaître dans un environnement : les gens se croisent, ne se voient pas, s'ignorent.

Le monde actuel transforme, de fait, l'homme, il semble que les individus perdent leur identité, leur humanité : on perçoit un univers de robots qui agissent de manière stéréotypée...

Les supermarchés deviennent des temples de la consommation où les gens semblent plus particulièrement se fondre dans l'environnement : ils en oublient parfois les humains qui sont autour d'eux...

Bien sûr, la société chinoise transforme plus que toute autre l'homme en un objet utile à la communauté et le "chosifie"à l'extrême...

Nos sociétés elles-mêmes ont tendance à accentuer ce travers et à faire de l'homme un simple objet... Notre monde privilégie d'ailleurs les objets, la consommation plutôt que l'être humain : celui-ci est sacrifié au nom de la rentabilité, du profit...

Ainsi, l'homme est considéré souvent comme un outil de production : il doit se plier, dans certaines entreprises, à des cadences de travail, à des contraintes qui l'écrasent et l'annihilent...