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Génération « j’ai le droit »

à propos de « Génération « J'ai le droit » » de Barbara Lefèbvre à paraître le 17 janvier 2018 chez Albin Michel (reçu en SP), site de l'éditeur

L'auteure, professionnelle de l'Éducation Nationale, a écrit ce livre sur la faillite de l'éducation en 2018, celle dispensée par les parents, celle des institutions. Ce n'est pas un livre écrit par une « vieille » qui attaquerait les « jeunes », ces jeunes seraient plutôt dans l'histoire des victimes de l'irresponsabilité des adultes, de l'égoïsme profond de leurs géniteurs (et de leur bêtise) à de rares exceptions près bien entendu. Ce phénomène touche tous les milieux, toutes les origines, tous les religions.

Aucun n'en a l'exclusive, aucun n'est épargné ainsi que dans « les animaux malades de la peste » de Jean de la Fontaine...

Il touche adultes et enfants et adolescents, là encore personne n'en a l'apanage. Au nom de leur phrase fétiche « j'ai le droit » invoquée à tort et à travers, l'intérêt particulier, le narcissisme, les désirs primaires d'un individu deviennent beaucoup plus importants que l'intérêt collectif et le Bien Commun. Et finalement le tout mène au nihilisme, un nihilisme qui n'est plus celui de Schopenhauer, un nihilisme parfaitement égocentrique, d'un égocentrisme chimiquement pur. Et aussi cela entraîne le délitement du tissu social, la désagrégation du lien national et institutionnel, le rejet de toutes les anciennes solidarités...

Les riches ne veulent plus l'être solidaires des pauvres, des précaires, des éclopés de l'existence. Ils se trouvent diverses excuses pour se justifier. Les croyants ne veulent plus entendre parler d'autres manières de vivre que les leurs. Ceux qui ont encore les moyens de consommer un peu ne veulent pas entendre parler de comportements décents, et encore moins de valeurs morales, tout ce qui les intéresse étant eux, eux et encore eux, d'en profiter encore, tant qu'ils le peuvent. Parlez leur d'eux il n'y a que ça qui les intéresse, mais en les flattant dans le sens du poil, en les encourageant dans leur hédonisme très étriqué.

Le net est un formidable moyen de faire résonner toutes ces considérations, toutes ces revendications, voire de compenser les frustrations inévitables que cela entraîne. Car devenus adultes ces enfants à qui l'on n'a jamais dit « non » ne comprennent que douloureusement que tout ne leur est pas permis, que tout ne leur est pas profitable. Ils se soumettent alors généralement à la loi de la jungle, la loi du plus fort.

L'auteure du livre rejoint dans ses considérations, bien que d'une autre tendance politique, celles de François-Xavier Bellamy dans « les déshérités ou l'urgence de transmettre ». Mais comme celui de l'ancien professeur de philosophie, j'ai peur qu'elle ne convainque que des convaincus. Ou que les lecteurs fassent comme d'habitude quand on évoque par exemple les mauvais conducteurs en voiture, le mauvais, celui qui se conduit mal c'est toujours l'autre.

Elle souligne aussi une des pires conséquences de ce « J'ai le droit » qui est « J'ai le droit » de penser n'importe quoi, de croire ce que je veux, y compris des absurdités, des théories plus délirantes les unes que les autres. « J'ai le droit » de penser que ma vérité, religieuse, politique, vaut plus que celle du voisin, qu'il ne peut y avoir d'ailleurs de vérités objectives et communes. Les plus jeunes en particulier deviennent sourds à toute argumentation raisonnable, à des propositions de réflexions mesurées et saines.

« J'ai le droit » aussi de refuser tout contact social, tout échange, de dénier à l'autre d'exister, de ne communiquer que par le biais de mes gadgets électroniques...

« J'ai le droit » de refuser toute culture, tout enrichissement intellectuel, spirituel ou artistique si je n'ai pas envie de faire l'effort...

Etc...

Nos enfants nous haïront disait-on, oui, ils nous haïront quand il se rendront compte des conséquences atroces et irrémédiables que ce « j'ai le droit » va entraîner...

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury – Grandgil

 

illustration (portrait de Barbara Lefèbvre)

empruntée au site de le Parisien


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