Google ajoute l’espéranto à son service de traduction
Voyons ce qu'ils en disent eux-mêmes, laissant espérer une qualité honorable :
« For Esperanto, the number of existing translations is comparatively small. German or Spanish, for example, have more than 100 times the data ; other languages on which we focus our research efforts have similar amounts of data as Esperanto but don’t achieve comparable quality yet. Esperanto was constructed such that it is easy to learn for humans, and this seems to help automatic translation as well. »
En somme, la moindre quantité de traductions déjà existantes est compensée par la spécificité de cette langue construite, régularité et quasi absence d'exceptions.
Rappelons que les progrès relatifs de la traduction automatique (ou TAO, traduction assistée par ordinateur) sont dus essentiellement à la mémorisation par l'ordinateur de traductions déjà existantes, qu'il s'agisse de propositions, d'expressions et de groupes de mots, mais pas à une intelligence artificielle encore hypothétique.
Si en France l'information n'a eu (à ce jour) pratiquement aucun écho, divers grands médias étrangers l'ont jugée digne d'être rapportée, comme cette agence russe, ou cette autre.
Certains sujets font l'objet d'une censure consciente, ou au minimum d'un déni. L'espéranto est de ceux-là, peut-être parce que la France porte une lourde responsabilité pour avoir voté contre lorsqu'il a failli être soutenu par la SDN, ancêtre de l'ONU, ou encore parce que nous craignons, comme toute langue de grande diffusion, un rival potentiel.
Un rival certes méconnu du public et très minoritaire, mais qui est finalement la seule langue internationale équitable, conçue pour être largement plus simple que l'anglais, le français ou le chinois.
Ajoutons un dédain quelque peu pédant envers une langue construite, qualifiée d'artificielle (alors que toutes les langues sont issues de l'esprit humain, aucune ne poussant dans les champs), et nous avons la plupart des facteurs qui font que l'espéranto est beaucoup moins connu en France qu'ailleurs ; voici par exemple, la petite ville allemande Herzberg, qui soutient activement l'espéranto.
Mais les choses évoluent ; ainsi, le poids économique des langues, facteur jadis nié au motif que les langues sont censées être neutres, commence à être reconnu.
Nous avons bon espoir que l'espéranto franchira lui aussi ce mur du silence des médias nationaux et, par exemple, sera possible au bac en option (pétition en ligne). Ce choix de Google, qui étonnera ou agacera certains « intellectuels » français, est un pas de plus vers une sorte de masse critique qui lui donnerait plus de visibilité et de locuteurs.
C'est un peu comme le téléphone : une grande invention dont on disait à ses débuts que ça ne servait à rien puisque personne n'en avait ! On voit aujourd'hui ce qu'il en est avec les téléphones portables qu'on emporte avec soi du matin au soir et en tout lieu...
Les révolutions du monde arabe ont récemment montré ce qu'il peut se passer quand les citoyens discutent librement entre eux, et envoient infos et images à l'étranger grâce à un anglais basique ; que dire alors d'une langue équitable et simple ? Il ne faut pas s'étonner que les gouvernements ne soient pas pressés de soutenir une langue accessible à la plupart des gens...
La perspective de voir leurs peuples discuter librement sur des forums non censurés, d'un bout de la planète à l'autre, a de quoi inquiéter, voire terrifier la plupart des gouvernements (La danĝera lingvo, La langue dangereuse, d'Ulrich Lins, raconte les persécutions subies par les espérantistes dans le passé).
Tous les humains connectés, libres de parole à travers le monde et polyglottes ? Chiche ! Alia mondo eblas (un autre monde est possible).
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