Gouvernement Bayrou : la légitimité démocratique questionnée
Après les différentes échéances électorales ayant entraîné la défaite des centristes et du parti Les Républicains, Emmanuel Macron a nommé deux Premiers ministres issus de ces courants politiques. Michel Barnier censuré, c'est François Bayrou qui a pris la relève à Matignon, avec un programme politique qui questionne la légitimité démocratique.
La France est dans un régime démocratique malade. D'autant plus depuis juillet 2024. Après la dissolution voulue par le président de la République, le pays a d'abord mis à l'amende les macronistes et Les Républicains (LR) lors du premier tour des législatives les 29 et 30 juin 2024. Par un jeu de tambouilles politiques et une alliance avec la gauche radicale pour faire barrage au Rassemblement national, les macronistes sont parvenus au second tour à conserver plus de 160 sièges à l'Assemblée nationale (sur 577 députés). Si la casse est incontestable (puisque le camp présidentiel a perdu près de 70 sièges par rapport aux législatives de 2022, qui étaient déjà une défaite pour le camp présidentiel), il n'en demeure pas moins qu'Emmanuel Macron a refusé cette énième défaite électorale et a choisi de conserver son leitmotiv : trouver tous les opportunistes possibles pour gouverner au centre. Les Républicains, publiquement dans l'opposition à Emmanuel Macron mais régulièrement alliés dans les votes à l'Assemblée entre 2017 et 2024, ont trouvé l'opportunité acceptable. Peu importe que ce parti ait subi des humiliations électorales répétées depuis 2017. Être aux affaires est la priorité pour ce parti de la droite, quitte à s'allier avec un adversaire. La nomination du LR Michel Barnier a d'abord été un espoir pour les centristes et les LR. Il ne restera finalement que trois mois à Matignon, avant d'être renversé par une motion de censure votée par la gauche et le Rassemblement national.
Peu importe, Emmanuel Macron compte sur les dissensions à gauche. Il sait qu'une partie du PS raisonne comme les LR, et qu'une partie socialiste peut rejoindre les rangs macronistes. Il fait aussi le calcul que le Rassemblement national (RN) sera tiraillé, grâce aux discours médiatiques visant à mettre dans le même sac la gauche et le RN. Un premier pari a été remporté par Emmanuel Macron : François Bayrou a survécu sans encombres à la première motion de censure le 16 janvier 2025. Dernièrement, les centristes ont même pu placer Richard Ferrand au Conseil constitutionnel ; grâce à l'abstention du... RN.
Poursuivre un agenda politique
Les ministres LR et centristes sont désormais soulagés. Ils peuvent énoncer une politique qui a été largement balayée dans les urnes. Le discours néolibéral reprend ainsi de plus belle : les centristes peuvent poursuivre le démantèlement du service public et durcir les règles pour les chômeurs ; la réforme des retraites peut être maintenue sans grande difficulté, l'austérité budgétaire peut se poursuivre, etc.
La légitimité politique est donc mise à mal. Car finalement ce programme n'a pas été choisi dans les urnes. Il a même été désavoué. Tout cela ne peut que renforcer le dégoût des citoyens pour leurs élites politiques. C'est l'esprit démocratique qui est également attaqué... une nouvelle fois. Le gouvernement n'a pas reçu mandat par le peuple pour appliquer cette politique. Et finalement quand le peuple vote mal, il s'agit d'outrepasser le peuple. Les principaux médias s'en accomodent et questionnent à peine cette légitimité. Quant aux oppositions, la nation a bel et bien saisi qu'il n'y avait pas grand chose à attendre d'elles...
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