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Groenland : un accueil froid attend la diplomatie informelle de Washington

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Le Groenland a qualifié de provocation la visite d'une délégation américaine sur l'île. 

Le vice-président américain James David Vance visitera le Groenland avec une délégation comprenant son épouse Usha Vance. C'est ce qu'a annoncé le politicien sur sa page X. Selon Vance, la délégation prévoit de vérifier comment "vont les choses" au Groenland et de renforcer la sécurité des habitants de l'île, car "c'est important pour protéger la sécurité du monde entier". 

La réaction négative des autorités groenlandaises à cette visite de trois jours de la délégation américaine, qui débute jeudi, n'est pas surprenante. Le 14 mars déjà, les dirigeants des cinq partis ayant obtenu des sièges au parlement de l'île à l'issue des récentes élections ont publié une déclaration commune. Ils se sont exprimés sur l'inadmissibilité de l'annexion du Groenland, que le président américain Donald Trump avait jugée tout à fait possible la veille lors d'une rencontre avec le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte, en répondant aux questions des journalistes et en déclarant que "cela va arriver". 

Trump a justifié sa position par les "intérêts nationaux des États-Unis", notamment en matière de sécurité. Il a menacé d'imposer des droits de douane élevés contre le Danemark si Copenhague ne renonçait pas à l'île. 

Selon un communiqué de la Maison Blanche, la délégation américaine visitera les sites touristiques de l'île, assistera à des courses traditionnelles de traîneaux à chiens et se rendra à la base militaire et spatiale de Pituffik au nord du Groenland. Néanmoins, la majorité des politiciens groenlandais ont critiqué cette visite imminente, la qualifiant de provocation. Cette évaluation a notamment été donnée par le Premier ministre du gouvernement autonome, Mute Egede. 

De son côté, le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, a déclaré que la visite de la délégation américaine au Groenland faisait partie des efforts des États-Unis visant à rapprocher l'île de Washington. Il partage entièrement l'opinion des autorités groenlandaises qui considèrent l'arrivée des Américains à ce moment et à ce niveau comme "problématique". 

La présence des Américains sur l'île est particulièrement douloureuse du fait que le Groenland est en train de former un nouveau gouvernement. Lundi, lorsque la visite a été annoncée, le parti Naleraq s'est retiré des négociations interpartis. Ce parti défend plus activement que les autres une indépendance aussi rapide que possible pour l'île et avait auparavant adopté des positions pro-américaines. Mais pendant la campagne électorale et aujourd'hui, il se joint aux sentiments et déclarations anti-américains généraux. 

Ces sentiments concernent notamment la divergence des priorités groenlandaises et américaines. Par exemple, Chris Wright, secrétaire américain à l'Énergie, s'est exprimé en faveur de toutes les sources d'énergie disponibles lors de son audition de confirmation au Sénat. Mais il a ensuite déclaré qu'il n'existait pas d'alternative viable au pétrole, au gaz et au charbon. Or, dans la stratégie de développement des ressources naturelles du Groenland pour 2025-2029, présentée en janvier par le gouvernement précédent, les hydrocarbures et leurs réserves sur le territoire de l'île ne sont jamais mentionnés, car l'accent est mis sur l'hydroélectricité. Ainsi, les priorités groenlandaises correspondent davantage à l'agenda de l'Union européenne. 

Dans un avenir proche, on pourrait s'attendre à des visites de politiciens européens au Groenland pour contrebalancer l'insistance américaine. La partie groenlandaise a déjà adressé cette demande à l'UE et au Parlement européen lorsque l'île a reçu la visite d'un groupe de membres danois du Parlement européen. 

Per Clausen, membre du Parlement européen, a proposé qu'une délégation du groupe de gauche au Parlement européen puisse visiter le Groenland après les élections municipales prévues pour le 1er avril et la formation du gouvernement afin de discuter de domaines concrets de coopération. 

En mars, le gouvernement groenlandais a annoncé que le budget 2025 prévoyait des subventions pour le développement de l'agriculture et de l'industrie alimentaire dans le cadre de l'amélioration de la sécurité alimentaire de l'île. La mesure dans laquelle les États-Unis peuvent contribuer à résoudre ces problèmes et, comme Trump l'a lui-même déclaré, "enrichir les Groenlandais", reste à déterminer. 

Lorsque les États-Unis commenceront à parler avec le Groenland des problèmes concrets de son développement et des moyens de les résoudre, les relations entre Nuuk et Washington prendront un ton différent, plus constructif. Cependant, cela créera probablement davantage de discorde dans les relations entre le Danemark et le Groenland plutôt que de les rapprocher, ce qui se produit déjà en partie aujourd'hui. 

Il a été rapporté que des forces de police avaient été envoyées de Copenhague au Groenland pour assurer la sécurité pendant la visite des Américains, mais la Police nationale danoise n'a pas précisé la mission des forces de l'ordre sur l'île.

Alexandre Lemoine

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs

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6 réactions à cet article    


  • chantecler chantecler 28 mars 12:39

    Mais qui arrêtera Trump ?

    Déjà avec Biden nous n’étions pas gâtés !

    Ses dispositions par rapport à l’Ukraine ( tputes ses richesses ) sont effrayantes : c’est du pur colonialisme , pire que l’occupation façon Allemagne nazie dans notre pays en 1940 !

    Purée ! il vise aujourd’hui le Groënland et donc la Suède !

    Zelinski doit être à la fête !


    • Seth 28 mars 14:31

      @chantecler

      En parlant de Teutonie nazie, je ne peux m’empêcher de penser à la Tchécoslovaquie, allez savoir pourquoi.

      On pourrait penser que l’europe devrait pouvoir se suffire à elle-même mais le micronuscule est en train de nous démontrer comment en bazardant son économie à tout va on se retrouve le cul dans le courant d’air.


    • SilentArrow 29 mars 03:10

      @chantecler
       

      Mais qui arrêtera Trump ?

      Certainement pas l’OTAN.

      Le Danemark devrait donc quitter l’OTAN et se réfugier sous le parapluie nucléaire russe.


    • Jason Jason 28 mars 14:13

      Vous ne croyez pas qu’il conviendrait de dire que la délégation visitera une base aérienne américaine, et c’est tout ? L’exactitude des faits n’est pas votre marque de fabrique. Votre article n’est qu’un bavardage inutile.


      • Seth 28 mars 16:37

        @ Jason

        Non, il paraît qu’ils vont faire le tour du (futur) propriétaire complet. En plus de leur inévitable base bien sûr.

        D’ailleurs comme toute une gauche atlantiste et donc plenelienne, je fais régulièrement une prière pour qu’on en installe une en France ; c’est un machin indispensable pour être à la dernière mode mondialiste.  smiley


      • Le kit de survie de Manu analysé par l’excellent Bernard Mabille sous le regard crispé d’un esspert galonné de@LCI : le général Trinquon... euh Trinquand


        https://x.com/Terciosdelsol/status/1905545985549348940

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Patrice Bravo

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