Guerre médiatique contre le terrorisme
Alors que les troupes de l’Oncle Sam s’enlisent en Irak, les médias américains rivalisent de ruse pour conserver au président Bush le soutien de l’opinion publique.

Après le 11 septembre 2001, les communautés musulmanes en ont bavé, ici. Nous n’étions pas là pour en juger, mais les témoignages qu’on entend encore à l’heure actuelle en disent suffisamment long. Les Egyptiens, les Libanais, les rares Maghrébins sont pris en grippe dans ce pays de violence autorisée. Les travailleurs du bâtiment, les serveurs, les chauffeurs de taxi d’origine pakistanaise, indonésienne, malaise ou indienne sont traités de « sales Arabes ». Aucun d’entre eux ne l’est pourtant... Le mari d’une amie, un Italien pure souche, a eu droit à plusieurs réflexions désobligeantes de la part d’ignares qui ont assimilé la densité de sa barbe à une marque d’intégrisme musulman.
A la mi-juillet dernier, avant de gonfler les rangs des manifestants contre l’invasion du Liban par Israël et contre le soutien déclaré des Etats-Unis à cette boucherie, nous prîmes le temps d’observer le comportement des journalistes. L’événement à capturer n’était visiblement pas le soulèvement légitime d’une petite frange de la population qui appelle à un cessez-le-feu immédiat. Non, ce qui a focalisé l’attention des journalistes, c’est la petite altercation entre des manifestants et un passant. Les manifestants s’en prennent à un passant ! Ces barbares ! Mitraillage de photos. Personne n’a enregistré les provocations du passant avant l’échauffourée. Les journalistes ont eu ce qu’ils voulaient. Il leur manquait un « Allah Ouakbar » qui ne tarda en effet pas à venir. Dans la foule des manifestants, il y a toujours une poignée de provocateurs et d’extrémistes, quelque juste que soit la cause qu’ils défendent. Il suffit d’attendre pour les débusquer, et montrer ça en boucle au journal télévisé, pour manipuler l’opinion publique.
Les émissions qui ont du succès en ce moment sont « Dans les empreintes de Ben Laden ; Apprenez à connaître votre ennemi », et les débats sur le procès de Sadam Hussein. Il faut voir la façon dont sont tournées les questions ! La présomption de culpabilité est banalisée. On ne demande plus au public de réfléchir sur le sort qui doit être réservé à un dictateur déchu, mais sur la manière de châtier un « complice d’Al Qaida ». Le journaliste de Fox news demande aux spécialistes invités sur son plateau : « Que faut-il faire d’un homme (Sadam Hussein) qui était au courant de la préparation des attentats du 11 septembre 2001 et qui n’a rien dit ? ».
Tous les ressorts médiatiques et émotionnels sont utilisés pour convaincre l’opinion publique. En feuilletant un manuel scolaire d’histoire des Etats-Unis, j’ai été surpris de constater qu’il n’y avait qu’une demi-page sur la Guerre du Vietnam, contre six sur la guerre contre le terrorisme. Après avoir inculqué aux enfants la peur du terrorisme, il ne reste en effet plus qu’à mettre les parents face à leur responsabilité de les protéger du terrorisme, et le tour est joué.
Ainsi, après le mensonge sur la présence d’armes de destruction massive en Irak, prétexte qu’avaient utilisé les Etats-Unis pour bafouer les résolutions de l’ONU et envahir l’Irak, le peuple américain serait-il prêt à condamner Sadam Hussein avant de l’avoir jugé ? Je ne saurais le dire, mais ce dont je peux témoigner, c’est que tout est fait pour l’en convaincre. D’ailleurs, pour bien ranger tout le monde du même côté, on fait suivre le débat sur le jugement de Sadam Hussein d’une émission intitulée : « Parents, que pouvez-vous faire concrètement pour protéger vos enfants du terrorisme ? »...
Jean-Loïc
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