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Accueil du site > Tribune Libre > « Ils nous vendront la corde pour les pendre » Lénine

« Ils nous vendront la corde pour les pendre » Lénine

 

La phrase attribuée à Vladimir Ilitch Lénine, « Les capitalistes nous vendront la corde pour les pendre », cristallise une vérité fondamentale de la théorie marxiste : le capitalisme, poussé par ses contradictions internes, fournit à ses ennemis les armes économiques de sa propre destruction.

 En 2001, l’adhésion de la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), ardemment souhaitée par l’Occident pour contrer la chute de son taux de profit, illustre cette dynamique. Ce moment clé, perçu comme une aubaine pour le capitalisme en crise, fut une opportunité saisie par l’intelligence stratégique chinoise, incarnée par Deng Xiaoping et inspirée de la Nouvelle Politique Économique (NEP) léniniste.

Cet article démontre scientifiquement, à travers la théorie marxiste, comment les contradictions du capitalisme ont poussé l’Occident à livrer à la Chine les outils économiques – industries, capitaux, technologies – qui menacent aujourd’hui son hégémonie, confirmant la prophétie révolutionnaire.

1. Les contradictions du capitalisme : une analyse scientifique

La théorie marxiste, développée par Karl Marx dans Le Capital (1867) et enrichie par Lénine, repose sur une analyse dialectique des rapports de production. Le capitalisme, défini par l’opposition entre la bourgeoisie (propriétaires des moyens de production) et le prolétariat (force de travail), est miné par des contradictions structurelles qui le conduisent inexorablement à sa chute :

Baisse tendancielle du taux de profit : Marx montre que, pour maximiser les profits, les capitalistes investissent dans des technologies (capital fixe) qui augmentent la productivité mais réduisent la part du travail vivant, source de la plus-value. Le taux de profit (plus-value/capital investi) décline, provoquant des crises (Le Capital, vol. III, ch. 13). En 2000, le taux de profit industriel aux États-Unis était tombé à 10 %, contre 15 % en 1980 (Federal Reserve, 2025).

Surproduction et concurrence : La quête de profits entraîne une surproduction, saturant les marchés et forçant les capitalistes à chercher de nouveaux débouchés. Cette concurrence exacerbe la concentration du capital, appauvrissant la classe ouvrière et réduisant la demande (Le Manifeste communiste, 1848).

Expansion impérialiste : Pour contrer la crise, le capitalisme exporte ses capitaux vers des régions à bas coûts. Lénine, dans L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme (1916), explique que cette expansion crée des rivaux économiques, armant des nations ou classes autrefois dominées.

Renforcement du prolétariat : En exploitant les travailleurs, le capitalisme forge une classe prolétarienne capable de s’emparer des moyens de production (Le Capital, vol. I, ch. 32).

Ces contradictions ne sont pas des anomalies, mais des lois du capitalisme. Pour survivre, il doit s’étendre et exploiter, mais ce faisant, il livre à ses ennemis les outils de sa destruction.

2. L’adhésion à l’OMC en 2001 : une « corde » vendue par l’Occident

En 2001, l’adhésion de la Chine à l’OMC, soutenue par les États-Unis et l’Europe, fut une réponse directe à la crise du capitalisme occidental. Confrontés à la baisse des profits (8-10 % dans l’industrie, Federal Reserve, 2000), les capitalistes cherchaient à réduire les coûts et ouvrir de nouveaux marchés. La Chine, avec ses 1,3 milliard d’habitants et ses salaires bas (500 $/mois contre 4000$/mois aux États-Unis, ILO, 2001), offrait une main-d’œuvre abondante et un marché potentiel immense. Les multinationales (Apple, General Motors) voyaient dans la délocalisation une bouée de sauvetage pour leurs marges.

Cette décision illustre la contradiction capitaliste : pour survivre, le capitalisme doit externaliser sa production, mais il transfère ainsi ses moyens économiques à des rivaux potentiels. L’Occident a livré à la Chine :

Capitaux : 1,5 trillion $ d’investissements étrangers directs entre 1990 et 2010 (Banque mondiale, 2025).

Industries : Des millions d’usines délocalisées, représentant 5 millions d’emplois industriels perdus aux États-Unis (Economic Policy Institute, 2020).

Technologies : Des joint-ventures imposées par Pékin, forçant Siemens ou Boeing à partager leur savoir-faire (WIPO, 2025).

L’Occident croyait contrôler la Chine comme un atelier docile, mais il a sous-estimé la stratégie chinoise, héritée de Lénine et adaptée par Deng Xiaoping.

3. Deng Xiaoping et la NEP léniniste : une stratégie révolutionnaire

La Chine n’a pas accepté la « corde » par naïveté, mais par calcul stratégique, inspiré de la Nouvelle Politique Économique (NEP) de Lénine. En 1921, Lénine lança la NEP pour relancer l’économie soviétique dévastée, autorisant des investissements capitalistes sous contrôle étatique pour rebâtir les forces productives.

 Deng Xiaoping, architecte des réformes chinoises dès 1978, adopta une approche similaire : ouvrir la Chine au capitalisme occidental tout en maintenant un contrôle strict via le Parti communiste chinois (PCC).

Deng, adepte de la pensée léniniste, comprit que le capitalisme, en crise, offrirait des ressources pour renforcer la Chine. Sa formule, « peu importe que le chat soit noir ou gris, pourvu qu’il attrape les souris », traduisait une pragmatique révolutionnaire : utiliser les outils capitalistes pour bâtir une économie socialiste. L’adhésion à l’OMC en 2001 fut l’apogée de cette stratégie :

-Absorption des capitaux : La Chine a attiré 30 % des investissements étrangers mondiaux dans les années 2000 (Banque mondiale, 2025), finançant des usines et des infrastructures.

-Transferts technologiques : Les joint-ventures ont permis à Huawei ou BYD de maîtriser la 5G et les véhicules électriques (3 millions d’unités vendues, BYD, 2024).

-Contrôle étatique : Le PCC a canalisé ces ressources via des plans quinquennaux, investissant dans l’éducation (99 % d’alphabétisation, UNESCO, 2024) et l’industrie (30 % de la manufacture mondiale, UNIDO, 2024).

Comme la NEP, cette ouverture était temporaire : une fois les armes économiques acquises, la Chine a réduit sa dépendance à l’Occident, lançant des initiatives comme les Nouvelles Routes de la Soie et le RCEP (30 % du commerce mondial, 2024).

4. La Chine, arme économique contre le capitalisme

L’adhésion à l’OMC a transformé la Chine en une puissance capable de défier l’Occident, confirmant la théorie marxiste. Les contradictions capitalistes – baisse des profits, surproduction – ont forcé l’Occident à livrer les outils de sa propre chute :

Industrialisation : La Chine produit 30 % des biens manufacturés mondiaux (UNIDO, 2024), contre 15 % pour les États-Unis. Ses exportations (3,8 trillions ,∗WTO∗,2024) ont généré 3,3 trillions, de réserves de change (Banque populaire de Chine, 2025).

Technologie : Avec 46 % des brevets mondiaux (WIPO, 2024), la Chine domine la 5G (Huawei), l’IA, et les énergies vertes (50 % des panneaux solaires, IEA, 2024).

Marché intérieur : Une classe moyenne de 500 millions de personnes (McKinsey, 2025) réduit la dépendance aux exportations, renforçant l’autonomie économique.

L’Occident, lui, subit les conséquences de cette « vente » :

Désindustrialisation : 5 millions d’emplois industriels perdus aux États-Unis (Economic Policy Institute, 2020), 20 % en Europe (Eurostat, 2025).

Dépendance : Les États-Unis importent 70 % de leurs semi-conducteurs et 80 % des terres rares de Chine (USGS, 2025).

Crises sociales : Les inégalités (Gini US : 0,41, Census Bureau, 2025) et le chômage industriel alimentent l’instabilité (émeutes du Capitole, 2021).

La Chine, sous la houlette du PCC, a retourné ces armes économiques contre l’Occident, incarnant la prophétie marxiste d’un capitalisme terrassé par ses propres contradictions.

5. Une démonstration scientifique

La théorie marxiste des contradictions du capitalisme est scientifique car elle s’appuie sur l’observation des rapports de production et des données historiques :

-Baisse des profits : Le déclin du taux de profit occidental (10 % en 2000, Federal Reserve) a poussé les délocalisations vers la Chine.

-Transferts économiques : 1,5 trillion $ d’investissements et 46 % des brevets mondiaux ont armé la Chine (Banque mondiale, WIPO).

-Crises capitalistes : La désindustrialisation (5 millions d’emplois perdus) et les inégalités (11,6 % de pauvreté aux États-Unis) fragilisent l’Occident (Economic Policy Institute, Census Bureau).

-Stratégie léniniste : La Chine, via la NEP de Deng, a transformé les ressources capitalistes en force révolutionnaire, comme Lénine l’avait envisagé.

‘L’adhésion à l’OMC en 2001 fut le catalyseur : l’Occident, pour sauver son taux de profit, a livré à la Chine les instruments de son déclin.

6. Conclusion : la victoire posthume de Lénine

Le jugement de Lénine, condense une vérité marxiste : le capitalisme, par ses contradictions, arme ses ennemis. L’adhésion de la Chine à l’OMC en 2001, voulue par l’Occident pour contrer sa crise, a permis à Pékin, sous l’impulsion stratégique de Deng Xiaoping et de sa NEP léniniste, d’ acheter la « corde » capitaliste – capitaux, industries, technologies. En 2025, la Chine domine l’économie mondiale (37,1 trillions $ en PPA), défiant un Occident désindustrialisé et en crise. Cette victoire, fruit des contradictions du mode de production capitaliste, prouve que le capitalisme, pour survivre, forge les armes de sa chute. Lénine, défenseur des opprimés, y verrait la confirmation de son génie révolutionnaire.

 


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2 réactions à cet article    


  • sylvain sylvain 6 juin 19:43

    Et la chine a bouffe le capitalisme... la question est : en quoi la chine ne rencontrera t elle pas les memes problemes, et ensuite vers quoi va t elle externaliser. Parce que ca commence a etre serre sur terre pour externaliser.

    A noter qu’il y a une autre maniere de reporter ces problemes : une grosse, grosse guerre (la baisse tendancielle du taux de profit etant tout de meme une theorie discutable)


    • V_Parlier V_Parlier 6 juin 21:09

      @sylvain
      La Chine est en fait devenue capitaliste sans le dire, pour bouffer d’autres capitalistes.

      L’explication de l’autodestruction de l’Occident par le seul concept du « capitalisme » est une banalité passe-partout, imprécise et inexacte. Il y a le capitalisme d’Etat, le néolibéralisme, le libéralisme, des choses déjà bien différentes.

      Comme il y a eu, sous le label « communisme », le communisme dit « libertaire » (anarcho-communisme et communisme de conseil), les communismes marxistes : maoïsme, léninisme, marxisme-léninisme et trotskisme.

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