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Immersion en Ségoland

Premières retrouvailles avec son électorat pour Ségolène Royal après ses prestations télévisées. L’occasion d’une immersion en Ségoland.

Mercredi 21 février. 18 heures. Une longue file d’attente s’étire aux portes de la salle des fêtes de Mondeville, banlieue de Caen, Calvados. C’est ici qu’aura lieu tout à l’heure la dernière étape de la journée de campagne de Ségolène Royal. Après des arrêts en Mayenne, dans l’Orne et sur plusieurs sites industriels du Calvados, la candidate socialiste s’adressera à ses sympathisants à l’occasion d’une "réunion militante". Une réunion entre amis en somme, à peine évoquée dans les médias locaux la veille, pas d’affiches à Caen, seule la route à partir de l’entrée de Mondeville est balisée d’indications directionnelles. Tellement discrète que l’on est surpris de découvrir barrières, policiers et parkings organisés au détour d’un virage.

Les adhérents PS de la région ont reçu une invitation écrite la semaine précédente, ceux là entrent en premier dans la salle où les seules chaises, au fond, sont réservées aux personnes qui en ont besoin. L’endroit est rapidement plein à craquer La chaleur humaine monte en même temps que la pression de la rencontre. Dans la foule on parle politique bien sûr, souvenirs de meetings et discussion de campagne. "Si Montebourg parle, je quitte la salle !" s’exclame un homme d’une quarantaine d’années, un des ses amis tente de l’en dissuader en riant. Un unique drapeau "Ségolène présidente" s’agite sans relâche dans les premiers rangs. Quelques caméras sont présentes dans un coin. Sur la scène, à côté de l’écran géant, trône un drapeau rouge siglé SFIO ; Mondeville, cité ouvrière affiche fièrement son histoire en décor de scène.

Stéphane Travert, premier fédéral de la Manche, monte en premier sur la scène : "On m’a demandé de chauffer la salle", dit-il avec un sourire. Puis il se lance dans une critique virulente du bilan gouvernemental sous forme de questions au public, lequel lui répond de vive voix. S’ensuit un moment de flottement et alors que la foule croit enfin tenir sa candidate, c’est finalement Philippe Duron, président de la région Basse-Normandie, qui monte au micro. Présentation des candidats aux prochaines législatives, l’assistance s’impatiente : "Laisse parler Ségolène !", clame un jeune.

Enfin, peu après 19 heures, la candidate fait son entrée sous un tonnerre d’applaudissements. Standing-ovation de plusieurs minutes, les moins chanceux se hissent sur la pointe des pieds pour tenter d’apercevoir la femme en blanc qui salue l’assemblée tout sourire. Équipe restreinte sur la scène où seuls Philippe Duron et Alain Touret (radical de gauche) l’entourent, ainsi que des jeunes de la MJS en T-shirt- slogans. Patrick Menucci, seul membre du staff de campagne présent se fait discret dans un coin.

Suit un discours d’une heure commençant par la situation des sites sinistrés de la région normande, la SMN (métallurgie), Moulinex, autant de noms qui résonnent aux oreilles locales comme synonymes de fermetures d’usines, délocalisation et chômage. Ségolène Royal salue "le courage des femmes de Moulinex", actuellement en procès contre leur ex-employeur, dont certaines présentes la remercient bruyamment.

Enchaînement logique sur les sanctions aux entreprises qui licencient en période de profit ou délocalisent, les retraites et le chômage des jeunes qu’elle dit vouloir combattre grâce à une mobilisation nationale des forces de l’État. La candidate insiste : "Un pays où il n’y a pas de chômage des jeunes, c’est toute la société qui va mieux".

Quelques critiques aux propositions libérales de Nicolas Sarkozy (temps de travail allongé, services publiques diminués, fonctionnaires non remplacés...) avant de lancer un émouvant appel aux femmes seules en situation précaire : "Je m’occuperai de vous", ce qui lui vaut des applaudissements prolongés. Elle salue également les malentendants présents, qui suivent le discours grâce aux deux traductrices qui se relaient sur le côté de la scène, et invite le public à les soutenir symboliquement en applaudissant en langue des signes (en agitant les mains bras tendus en hauteur).

Enchaînant sur les difficultés de la campagne et les attaques à son encontre, une voix s’élève : "Mais nous on t’aime !". Ce à quoi la candidate répond : "Et c’est-ce qui me porte !". L’échange de politesses se prolonge par de nouveaux remerciements à la foule.

La dernière partie de son discours porte sur l’immigration et le rôle à donner à l’Afrique, notamment d’un point de vue énergétique (développement de l’énergie solaire au lieu d’y imposer les énergies fossiles). En guise de conclusion Ségolène Royal lance un appel à la mobilisation des militants : "Que chacun d’entre vous, dans les semaines à venir, aille porter le message de mon pacte présidentiel auprès de dix personnes", avant de terminer sur ces mots : "Je compte sur vous, aidez-moi !".

Tonnerre d’applaudissements, la musique est presque recouverte par les "on va gagner" d’un public survolté. Quelques roses offertes et de longs saluts plus tard, Ségolène Royal quitte la salle. Opération séduction pleinement réussie, l’assemblée charmée se disperse lentement, rêvant à coup sûr de soirées électorales victorieuses.


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23 réactions à cet article    


  • Voltaire Voltaire 28 février 2007 11:53

    Intéressant, mais qui confirme une impression que j’avais eu à l’aune de précédents commentaires ; les réunions de Mme Royal (comme de Mr Sarkozy) semblent principalement destinées aux militants. Il est sans doute rassurant pour ceux-ci d’entendre un discours militant et mobilisateur pour son camp, mais je trouve cela un peu réducteur en terme d’objectif de campagne.

    Par contraste, les meeting de Bayrou semblent rassembler beaucoup plus d’indécis (de toute façon, l’UDF n’a pas les militants pour remplir des salles de milliers de personnes en province), ce qui est politiquement sans doute plus efficace.


    • Pallaké Pallaké 28 février 2007 12:14

      Le meeting décrit ici était une « réunion militante », c’est ce qui était inscrit sur les invitations envoyées aux militants (je suis rentré grâce à une photocopie de l’une d’elle), dans une petite salle (environ 1000 personnes) plus 500 personnes qui n’ont pu rentrer et qui ont regarder sur un écran géant dans une salle adjacente. Il est donc certain que le public n’avait aucun doute sur son choix pour les élections. J’espère aller égallement aux meetings des autres candidats pour voir s’il y a une différence visible sur le public attiré. Je ne peux pas dire par exemple si le passage de Royal aux zéniths de Rennes et Rouen acceuillaient beaucoup d’indécis comme vous dites. On peut aussi penser que Bayrou n’ayant pas jusqu’ici un électorat bien défini et sachant qu’il cherche à prendre des voix à sa gauche et à sa droite il est plus normal de trouver dans ses meetings des personnes « indécises » ou changeant de bord pour cette présidentielle.


    • Le hérisson (---.---.121.162) 28 février 2007 13:38

      Votre article est intéressant, cela dit, il est évident que tous les meetings politiques ressemblent à ce que vous décrivez. Je vous cite un mot de Brassens : « Je n’aime pas les militants car »militant« est assez proche, au propre comme au figuré, du terme »militaire."


      • Rage Rage 28 février 2007 14:10

        Bonjour,

        Le problème de ces meetings, et particulièrement pour les candidats de grands partis, c’est qu’ils tournent vite à la rencontre avec le parterre d’électorat déjà acquis à la cause.

        Outre les 1ers rangs qui attendent la « becquée » si le candidat vient à l’emporter, le vrai problème c’est que ces prestations n’amènent que peu de choses : effectivement, l’essentiel des électeurs est « hors champ », n’a pas le temps ni la motivation de venir à un meeting et reste indécis jusqu’au bout du fait de la faiblesse des candidats qu’on nous impose.

        Sego, comme face à la cour des miracles de TF1, se retrouve donc à prodiguer des grandes paroles et promesses (Sarko fait exactement pareil) alors qu’en réalité ce n’est pas cela que l’on demande à un homme politique.

        On demande aux personnalités politiques d’AGIR et de GERER pour TOUS les français, pas pour le parterre d’UNEF-MJS-licenciés et autres UNI-DP-grands partrons, mais pour l’ensemble de la population, soit essentiellement la classe moyenne, celle qui rame, paye et ferme sa gueule.

        Aujourd’hui encore, un petit rapport de l’UMP, dit livre noir des Régions socialistes, qui décrie les dérives - réelles- de la gestion socialiste-verts-pc en Région. Certes, les éléments avancés sont JUSTES.

        Mais qu’ont-ils fait avant ? Que proposent-ils ? Réponse : La même chose.

        L’alternance dans la continuité amène les uns comme les autres à exceller dans la critique et la nullité dans l’action.

        Et bien l’immersion dans le Segoland, c’est la même chose : grande critiques du capitalisme (c’est dépassé), grandes promesses, et grandes catastrophes de gestion une fois en poste.

        Pour Sarko ? Même combat, les inégalités et magouilles en plus. De l’appart à prix « cassé » de 300 000€ (bizarre cela ne fait pas la une des journaux) et autres magouilles type déclaration à l’ISF qui ne sort toujours pas, on a donc le choix entre la « bonté de la madonne » et la « démocrature sournoise ».

        Quel choix !

        Et bien, pour ma part, je pense que ces 2 choix amènent au même résultat : la faillite du pays et l’inégalité de fait. Par conséquent le Segoland et le Sarkoworld ne sont pas des solutions viables et je souhaite vivement qu’ils se prennent une grosse claque, Sarko la plus forte si possible.

        Merci.


        • Führer de vivre (---.---.193.13) 28 février 2007 14:11

          Excellente description. Il ne lui manque plus qu’une petite moustache en brosse à dents.


          • michel lerma (---.---.158.204) 28 février 2007 14:44

            vous écrivez « Premières retrouvailles avec son électorat pour Ségolène Royal »

            Personnellement je votais socialiste et je ne me reconnais dans son « programme » ou ses « idées »

            Elle reprend des idées qui ne fonctionnent pas ,qui coûtent de l’argent aux contribuables et qui appauvrissent la société et les citoyens.

            Il conviendrait de se poser la question si il n’y a pas des intermittents du spectacle qui sont payé pour assister au meeting de ségolène pour applaudir aussi fort à autant de bétises.

            Ensuite cette brave femme qu’a t-elle fait dans les différents gouvernements ou elle à participé ??????

            Non,franchement vouloir vendre un produit de marketing comme un produit de consommation,cela ne passe pas et cela s’appelle de la démagogie.

            A ce jour le seul candidat de gauche crédible s’appelle BAYROU. J’aurais préféré Fabuis ou le retour de JOSPIN mais j’ai pas envie d’un LEPEN-SARKOZY au 2eme tour

            Et vous ?????????


            • (---.---.138.161) 28 février 2007 16:21

              Il faut vraiment etre naif pour croire que Bayrou est de gauche


            • Pallaké Pallaké 1er mars 2007 09:10

              Royal a participé dans l’entourage de Mitterand à l’écriture de ses discours, elle préparait ses rencontres internationales, il me semble bien que la première loi sur les violences faites aux femmes c’est elle.... enfin bref elle met plus en avant son expérience régionale, après cela marchera-t-il au niveau national...

              je peux vous demander juste comme ça, ce qu’à fait Bayrou dans ses passages aux gouvernements ? si vous entendez dans votre commentaire que l’expérience du pouvoir est un manque pour Royal...


            • hasbeen (---.---.186.105) 28 février 2007 15:27

              La réalité de cette candidate est un désastre pour tous les enseignants, des centaines d’entre eux ont été accusés à tort à cause de la circulaire Royal et leur vie détruite, sans parler de dizaines de suicides d’enseignants... Il faut lire « l’école du soupçon » de Marie-Monique Robin, édition La découverte, et consulter le site http://jamac.ouvaton.org/misencaus.htm du collectif JAMAC. Cette candidate a fait assez de mal à l’éducation nationale pour éviter qu’elle en rajoute. Aucun enseignant bien informé ne peut voter pour cette candidate sans se trahir et trahir la mémoire des disparus.


              • Pallaké Pallaké 1er mars 2007 09:21

                Il est trop facile d’accuser l’auteur de la circulaire de ces dérives qui ne sont dues après tout qu’à la personne humaine qui uilise la loi pour faire du mal à autrui (dénonciation mensongère), sans aucun doute également à une procédure qui accuse trop vite le suspect et l’expose sur la place publique avant même de vérifier les accusations. N’êtes vous pas d’accord ?


              • (---.---.186.105) 1er mars 2007 09:53

                Absolument pas d’accord, c’est méconnaître les réalités vécues par les professeurs accusés. La présomption d’innocence n’existe pas, dans ce genre d’affaire, le professeur est présumé coupable, sa parole ne vaut rien, la parole de l’enfant est sacrée. La candidate a fait preuve de son incompétence en disant : « L’enfant dit LE vrai. » Cette circulaire qui désigne tous ceux qui travaillent avec des élèves ou des enfants, pas seulement les professeurs, a fait énormément de dégât. Lisez le livre « L’école du soupçon » et vous changerez d’avis, visitez le site de JAMAC et vous constaterez la réalité. Quant à la dénonciation calomnieuse (et non mensongère) qui est prévue par la loi, elle n’est appliquée que si la preuve de la mauvaise foi de l’accusation est constatée, ce qui n’est quasiment jamais le cas. La conclusion est que l’on peut dire n’importe quoi en ne risquant rien d’un point de vue judiciaire.


              • grutalamenthe (---.---.29.97) 28 février 2007 17:17

                Michel lerma, j’aimerai que vous m’expliquiez en quoi vous ne vous reconnaissez pas dans son programme alors que vous etes socialiste ? J’ai personnellement l’impression que le discours de gauche est le même depuis des années( à savoir de belles intentions bien souvent utopistes). Donc en quoi se distingue t’elle d’un Jospin pour avoir fait fuir autant d’adhérents socialistes ?


                • gigabyte_land (---.---.84.124) 28 février 2007 17:38

                  Tu dérapes !

                  Les posts du type « Je suis Socialiste mais je ne voterai pas Sego » ou bien « Je suis pour L’UMP, mais je ne voterai pas Sarko » sont un standard sur tous les blogs, tu devrais le savoir.

                  Le but est de faire croire que l’adversaire a déçu.

                  Je pensais que tout le monde avait compris.


                • nessoux (---.---.25.117) 1er mars 2007 17:04

                  Certes, mais si tout le monde votait toujours pareil ca ne servirait à rien de faire des élections, il suffirait de reporter les chiffres de la dernière fois... Il n’y a que les cons qui changent jamais d’avis.


                • Rocla (---.---.111.122) 1er mars 2007 17:11

                  Un peu comme si on s’ appelait tous Albert , on s’rait embêtés .

                  Rocla


                • Calmos (---.---.163.253) 28 février 2007 21:22

                  Il est vrai que quelqu’un qui se déplace (et fait parfois plusieurs dizaines de kms pour çela).....votera pour le ou la candidate qu’il vient soutenir façon groupi(e)....Ces réunions flattent surtout l’égo du candidat(e) et alimentent les médias.....

                  Seuls comptent les programmes et leurs possibles applications...et là en l’occurrence celui de Ségolène....c’est plutot du « réchauffé ».... bien dans la tradition de ce parti....inapplicable et démago....


                  • moebius (---.---.151.182) 28 février 2007 22:09

                    gnin gnin gnin


                    • pixel (---.---.215.196) 28 février 2007 23:02

                      Toute religion a ses messes.


                      • Pallaké Pallaké 1er mars 2007 09:22

                        exactement.


                      • Fierdêtrededroite (---.---.129.110) 1er mars 2007 00:37

                        Gagnantgnan - gagnantgnan ...


                        • Marie (---.---.125.84) 1er mars 2007 12:25

                          Madame Royal parle de la SMN qui a fermée il y a plus quinze ans ! J’ai entendu d’anciens de ce site les critiques acerbes contre les syndicats qui ont plombés les néogociations. Cependant ces employés ont été indemnisés et ont pu pour certains racheter des commerces par exemple. Cette usine et tout le monde le savait devait fermée depuis depuis longtemps ,son activité n’a pas été délocalisée. Pour Moulinex le problème est différent il faut le reconnaitre. Faire le meeting à Mondeville fief ouvrier permettait de faire salle pleine ce qui n’aurait pas été si sûr pour Caen ou je pense que M Royal n’aurait pas eu le meme accueil. Une absence a souligné celle de Mexandeau qui ne semble pas rénier son avis sur S Royal.


                          • Pallaké Pallaké 2 mars 2007 18:55

                            Pour la SMN il s’agissait de montrer la réhabilitation du site, pour le choix de mondeville, ça correspondait au choix d’une réunion et non d’un gros meeting comme la veille à Rennes ou plusieurs milliers de personnes n’avaient pu rentrer dans le zénith, alors je ne vois pas pourquoi le zénith de caen n’aurait pas été plein. Quan à Mexandeau il est fini politiquement depuis longtemps, c’est un grincheux un peu girouette on ne le regrettera pas !


                          • caen2008 (---.---.100.130) 11 mars 2007 15:35

                            Le compte rendu de ce meeting est assez fidèle à la réalité vécue Il faut savoir que la direction de campagne pour des raisons de respect des limites financières autorisées à toute campagne présidentielle (loi ROCARD ) ne peut pas et ne veut pas multiplier les grands meeetings régionaux comme ceux de RENNES ou DIJOn et l’etape de CAEN a toujours été voulue comme un meeting de moindre ampleur le ZENITH aurait pu facilement etre plein mais ce n’était pas l’objet ce jour là Elu de Caen , Président du groupe socialiste au CG 14 j’etais éviemment présent mais volontairment pas a premier rang avec les autres élus loaux mais au milieu de la foule pour mieux sentir l’ambiance et les réactions de citoyens qui n’étaient pas seulement des militants croyez le bien Ces réunions électorales restent utiles au delà des formes plus modernes de communication politique comme internet j’en suis convaincu GILLES DETERVILLE www.Caen2008.parti-socialise.fr

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