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Immigration : les étudiants étrangers … immigrés ordinaires ?

 

Immigration : les étudiants étrangers … immigrés ordinaires ?

 

Pour ceux qui ont fini par voir qu’une immigration non contrôlée et de masse pouvait poser de gros problèmes (en réalité quand lesdits étrangers devenaient Français et qu’ils pouvaient alors utiliser leur bulletin de vote pour transformer la société), il est de bon ton de dire qu’il faut traiter les étudiants comme les immigrés. Donc comme si les étudiants étaient des immigrés « ordinaires ».

Il fallait y penser.

Que les gouvernants ou ceux qui aspirent à le devenir, se rassurent.

Tous les professeurs d’universités que nous connaissons ( Afrique du Nord et Afrique subsaharienne) envoient de plus en plus leurs enfants dans des universités du Canada, des USA, et même de Russie ou dans les pays de l’Est.

Parce qu’ils ne supportent plus les tracasseries kafkaïennes (1) auxquelles leurs enfants sont exposés, ni la manière parfois odieuse (2) dont ils sont accueillis.

Sans compter qu’ils commencent à penser que le « niveau » des études en France n’est pas toujours celui qu’ils avaient connu, et auquel leurs collègues français actuels se plaisent malgré tout à continuer à croire.

 

Le problème pour les gens qui réfléchissent (au moins autrement), c’est que lorsqu’un étudiant étranger suit des études et obtient un diplôme français, il pense « français ». Et acquière une disposition d’esprit le prédisposant, s’il occupe plus tard un poste de responsabilité dans son pays, à regarder vers la France lorsqu’il y a besoin de penser contrat ou coopération militaire ou diplomatique. Sans compter les enjeux relatifs à la « Francophonie » auxquels on pourrait aussi penser.

Mais ça, si l’on s’attache à leurs déclarations, nos élites actuelles et/ou futures n’ont pas l’air de l’avoir vu. Sûrs qu’ils sont d’eux et de ce qu’ils racontent. Au nom de la conviction répandue chez beaucoup d’êtres humains, que si l’on a un poste, et que l’on a réussi les examens ou les concours y menant, c’est qu’on est nécessairement intelligent (3). Le tout, permettant ensuite d'avoir raison par principe (ou de s'entêter à le croire, spécialement lorsque les décisions prises en tant que décideur gouvernemental sont conformes à l'enseignement reçu comme étudiant). 

 

Puisque nos élites ont quelques raideurs intellectuelles, on peut leur suggérer une mesure qui compenserait les conséquences négatives (v. ci-dessus) attachées à la mise en œuvre de leurs certitudes sur les étudiants envahisseurs.

Cette mesure consisterait à favoriser l’accès aux diplômes (français) en utilisant internet.

 

Certes, les universitaires ont été longtemps réticents à mettre leur cours sur internet (4) .

Cette réticence était si forte, que pendant longtemps, l’UNJF ( université numérique juridique francophone), au lieu de pouvoir (et de vouloir s’agissant de certains de ses membres) délivrer des diplômes à partir de ses (excellents) enseignements, passait des conventions avec les universités. Au moins avec celles qui acceptaient (certaines refusaient) d’inscrire ces étudiants (salariés) parallèlement inscrits par ailleurs à l’UNJF. En vue de faire subir à ces étudiants des examens sur la base des cours de l’UNJF.

 

La France (dirigée le cas échéant autrement) pourrait donner le statut d’université à des universités « numériques » du type de l’organisme ci-dessus.

Qui, par groupe de disciplines, mettraient à la disposition des étudiants étrangers, des enseignements conduisant aux diplômes d’Etat ( licence, master, etc …) qui les font se déplacer pour les obtenir.

Les auteurs des enseignements seraient choisis sur le fondement de la qualité de leur production et pourraient être rémunérés en conséquence. L’encadrement des étudiants (dans le cas où des « travaux dirigés » feraient partie du cursus) pourrait se faire aisément à distance. Avec des enseignants recrutés en France ou ( par convention) à l’extérieur.

Des conventions avec les universités étrangères pourraient par ailleurs associer les collègues étrangers à la mise en place de diplômes à double label (français et étranger)

Quant aux examens, ils pourraient être organisés en « présentiel » ( par exemple toujours avec une convention avec les universités étrangères). Et bien sûr, quand la discipline s’y prête et que l’on a trouvé les moyens d’empêcher la fraude, par des contrôles à distance.

Tout cela, le covid a appris à le faire.

 

Côté étudiants (étrangers), ce système permettrait à ces derniers et à leurs familles d’économiser les frais (et les tracas) liés à leur déplacement vers des universités françaises. Et, au moment de l’inscription, leur permettrait d’éviter, pour préparer à peu près le même diplôme, d’errer d’université en université, et de décrocher une inscription sans les aléas liés à la procédure. Notamment ceux dépendant de la doctrine d’une commission d’équivalence - ou de tel de ses membres- (5).

 

On peut rêver. C’est l’objet de ce papier.

 

Marcel-M. MONIN

m. de conf. hon. des universités.

 

(1) Lorsque j'ai pris la présidence de la commission de droit des dispenses et des équivalences d'une certaine université de la banlieue parisienne, j'ai découvert qu’il était demandé jusque là aux candidats extérieurs, de fournir des plans de leurs anciens cours. Pour voir si ce qu’on leur avait enseigné ailleurs était la "même chose" que ce que racontait le professeur chargé localement de distribuer le cours ayant le même intitulé. C’était évidemment curieusement pensé puisque les règles en vigueur dans le pays étranger et en France n’étaient pas les mêmes ; ce qui avait pour conséquence que les contenus des cours ne pouvaient pas trop se ressembler et étaient difficilement comparables. Et c’était une exigence invraisemblable parce que, en plus, le plan de cours du professeur de l'université évoquée ici, était ( plus que…) rarement communiqué au président de la commission des équivalences.

 (2) « Si je parle trop vite et si vous n’avez pas compris ce que je viens de vous dire, vous n’aviez qu’à rester chez vous » (entendu dans un service de la même université).

(3) Surtout que la réussite aux épreuves nécessite que l'on montre que l'on est correctement imprégné du discours et des écrits de personnes (elles mêmes réputés pareillement savantes et intelligentes) dont on a reçu l'enseignement . C’est d’ailleurs cette tournure d’esprit qui probablement a présidé et qui préside de toute évidence aux choix économiques. Les choix de politique économique qui ont été faits (et qui s'inscrivent dans la logique de certaines théories), ont conduit à la désindustrialisation, à la paupérisation de larges pans de la population, à la « casse » des services publics, à la fonte du droit du travail comme neige au soleil, etc … Et voilà que notre élite, dans cette période de propagande électorale, nous raconte que si ça va mal, il faut persévérer dans la mise en oeuvre des mêmes théories économiques, et « renforcer » les mesures qui ont eu ces résultats (sic).

( 4) Parce que dans la tradition, faire cours en amphi (et avant 1968 à la fac. de droit de Paris, aller « en chaire » revêtu de la robe herminée attestant de la majesté de la fonction en étant précédé d’un huissier à chaîne et en redingote à queue de pie) est inhérent au statut. Et parce que, pour certains membres de la corporation, il ne faut pas que leur cours, s'il était publié, puisse étaler les faiblesses scientifiques ou intellectuelles de celui qui le distribue. Et risquer que n’importe quel internaute, étudiant ou collègue, désigne l'intéressé comme "fumiste". Et évidemment, parce que dès lors que les étudiants disposent du cours à domicile, ces derniers risquent de ne plus de déplacer quand le verbe magistral n’a aucune vertu. Ce qui ruinerait, comme il a été dit, ce qui est consubstantiel au statut.

(5) Les textes applicables ont longtemps prévu l’intervention d’une commission de plusieurs universitaires appelés à examiner collectivement les dossiers. Là où j’ai exercé mes fonctions, jamais (je dis jamais) la commission ne s’est réunie. Comme souvent dans d’autres disciplines. Ce qui fait que, concrètement, les dossiers étaient répartis entre les enseignants membres de la commission, chaque enseignant prenant la « décision » en fonction de ses conceptions personnelles. Les étudiants refusés ne se doutaient évidemment pas que la décision de refus qui leur était notifiée était systématiquement entachée d’excès de pouvoir (pour des raisons de légalité externe.)

 


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16 réactions à cet article    


  • Clark Kent Gidouille 10 novembre 2021 17:36

    « lorsqu’un étudiant étranger suit des études et obtient un diplôme français, il pense « français ». Et acquière une disposition d’esprit le prédisposant, s’il occupe plus tard un poste de responsabilité dans son pays, à regarder vers la France »

    c’est le principe de base des « Young leaders », quel que soit l’djectif qu’on appose à ce terme et qui qualifie le pays vers lequel veuelent que se tourne ces jeunes gens pour montrer leur infinie reconnaissance


    • Decouz 10 novembre 2021 19:16

      Il y a d’autres facteurs, payer des études aux USA, c’est au moins rien que pour la scolarité 15 000 € et trois ou quatre fois plus pour les frais annexes (hébergement, restauration), donc pour la Chine ce sont les familles les plus riches qui peuvent se le permettre.

      Les autres peuvent venir en France, mais il y a aussi la renommée de l’université ou école d’origine qui détermine l’établissement choisie.


      • Octave Lebel Octave Lebel 10 novembre 2021 20:03

        A mon avis outre la justesse de vos remarques, il y a autre chose qui est visée. C’est à la fois l’indépendance des Universités parce qu’il est difficile de transmettre des savoirs et d’en construire de nouveaux sans bénéficier d’une certaine indépendance des pouvoirs exécutifs et économiques qui ne travaillent pas sur le même agenda ni pour le même type d’intérêts. Et aussi parce que, chez nous, depuis 3 générations l’Université a été un moteur puissant d’ascension sociale et culturelle, d’émancipation par l’accès à une pensée autonome, la compréhension de ce que sont un héritage culturel et une intelligence collective. Certains ont bien compris que ces dynamiques, sans entrave, signaient la fin de leur domination et sa reconduction de génération en génération.


        • DLaF mieux que RN ou Z / Ukraine nemesis 11 novembre 2021 08:17

          c’est que lorsqu’un étudiant étranger suit des études et obtient un diplôme français, il pense « français ». Et acquiert une disposition d’esprit le prédisposant, s’il occupe plus tard un poste de responsabilité dans son pays, à regarder vers la France lorsqu’il y a besoin de penser contrat ou coopération militaire ou diplomatique.

          De MC à MC, ça c’est du roman.

          Excuse-moi collègue mais :

          le FLNA ou les rois nègres sont parfaitement francophones et,

          chacun sait les conséquences de leur politique en délicatesse avec les DDH.

          Il suffit de regarder du côté de Lampedusa, de Ceuta, de la Rioja etc...

          Si on chiffrait naguère à 200,000 le nombre de cadres algériens expatriés, je ne vois pas notre responsabilité...

          Comme écrivait César à Marius, « Laisse un peu les autres s’auto-flageller »


          • zygzornifle zygzornifle 11 novembre 2021 11:29

            Leur diplômes en poche il partent ou c’est mieux payé .....


            • titi titi 11 novembre 2021 17:10

              @L’auteur

              Que de contre vérités dans cet article.

              L’entrée au Canada ou aux USA est bien plus difficile que l’entrée en France.

              Et une fois entré, les conditions pour y rester ou y travailler sont bien plus difficiles.

              Pas question de rester pour un étudiant en cas de redoublement. 

              Pas question non plus « d’oublier » de partir à la fin du visa.

              Au Canada il y a même des permis de travail « exclusifs » : le salarié étranger est lié à son employeur. Interdiction de démissionner sinon c’est expulsion directe. En cas de licenciement ? c’est l’expulsion.

              Et en ce qui concerne le prix des études, dans la mentalité africaine, le fait que les études aux USA coutent plus cher sont un signe de qualité : l’école gratuite c’est pour les pauvres les loosers.

              C’est d’ailleurs comme cela que ça fonctionne dans ces pays : à coté de l’école publique gratuite, prospèrent des écoles privées hors de prix.

              Quand on veut montrer sa réussite, on envoie pas ses enfants dans une école gratuite.


              • titi titi 12 novembre 2021 09:38

                @voxa

                C’est comme ça dans tous les pays, sauf la France.


              • titi titi 12 novembre 2021 18:39

                @voxa

                « Finalement la France est un beau pays, on ne voit jamais cela. »
                Bah allez faire un tour au Maghreb et vous verrez que « vos gros connards » ce sont des amateurs.


              • Jonas 11 novembre 2021 18:02

                A l’auteur , 

                Si tous les étudiants Maghrébins munis de leurs diplômes rentrés dans leur pays, ces pays ne traineraient pas au bas des classements de l’ONU.

                Il vous suffit @ Marcel Monin de consulter l’Indice de développement humain ( IDH) de l’ONU. pour avoir le coeur net.

                 La grande majorité des étudiants Maghrébins , profitent de leurs études à l’étranger , pour ne pas retourner dans leur pays. Car une fois le diplôme en poche , ils se dispersent dans les pays Occidentaux où les Pays du Golfe, où ils bénéficient d’une meilleure vie que dans leur pays et où ils sont en plus mieux rémunérés et mieux considérés. 

                Pour preuve , l’ancien Premier ministre Algérien Ahmed Ouyahia lors d’un grand colloque , réunissant plus de 40 pays , avait invité la diaspora Algérienne à rentrer dans le pays pour aider à son développement , sans grand succès.

                << Nous lançons un appel à nos compétences expatriés pour concourir au développement de l’Algérie , à l’image de ce que font d’autres diasporas à travers le monde au bénéfice de leur Patrie ou de leur Patrie d’origine . L’Algérie dispose de ressources appréciables dans tous ls domaines . Elle a par contre un grand besoin de savoir et d’expérience , notamment dans le domaine des technologies . Cette expériences et ce savoir sont disponibles en quantité et en qualité chez nos compatriotes exerçant dans les pays développés. >>  27 juin 2018. 

                 


                • eddofr eddofr 12 novembre 2021 10:18

                  Le problème de la France, ce n’est pas le nombre d’immigrés, c’est leur manque de diversité (ils viennent peu ou prou tous de la même zone géographique) et leur manque de qualification.

                  Faire venir des étudiants étrangers, c’est bien s’ils repartent chez eux, mais c’est aussi bien s’ils restent.

                  Ne serait-ce que parce qu’ils vont apporter leur diversité culturelles et leur carnet d’adresse « au pays ».

                  Il est plus facile d’exporter en Chine (j’aurais pu prendre n’importe quel autre pays) si l’un de vos cadres, non seulement, en parle et écrit couramment la langue mais en maîtrise également parfaitement les codes et les usages.

                  Ce serait pas mal, par exemple, de proposer un cursus additionnel en France et des facilités d’installation à des étudiants chinois, indiens, russes, australiens, ...


                  • eddofr eddofr 12 novembre 2021 10:19

                    @eddofr

                    Un cursus de commerce international tant qu’à faire :)


                  • titi titi 12 novembre 2021 10:48

                    @eddofr

                    Les étudiants chinois en France, sont en fait des étudiantes, et atterrissent toutes dans les universités bretonnes, proches des écoles, et des bases de la Royale.

                    Je ne crois pas vraiment que ces étudiants vont nous apporter qq chose.


                  • titi titi 12 novembre 2021 10:51

                    @eddofr

                    Un étudiant étranger qui étudie au USA, on lui apprend à l’université que les USA sont le phare de la démocratie, et qu’en travaillant il deviendra un leader.

                    Un étudiant étranger qui étudie en France, on lui apprend à l’université

                    que la France est un pays de fascistes esclavagistes, et colonialistes, et que le pays lui doit des allocations juste par le fait qu’il est présent.

                    Pas sur que le « soft power » soit au rendez vous.


                  • eddofr eddofr 12 novembre 2021 11:08

                    C’est marrant, on n’a pas du pratiquer la même université.

                    Moi, à l’université, j’ai surtout appris comment on pouvait transformer le monde matériel avec des 0 et des 1 virtuels.


                  • microf 12 novembre 2021 13:55
                    La géopolitique du chaos et ses conséquences

                    https://youtu.be/FKjnxQDCR14

                    Très important ce lien, á visionner absolument et á partager, car ce qui y est dit, nous concerne tous, Noirs, Blancs, Rouges ou Jaunes.

                    De la 4:42 á 6:20, concerne cet article sur les étudiants étrangers... immigrés ordinaires.


                    • CLIC CLIC-ric.org 12 novembre 2021 16:42

                      Bonjour, 

                      Pouvez-vous m’envoyer votre mail à [email protected].

                      (Depuis plus de 40 ans, je milite pour le RIC en toutes matières et d’abord constitutionnelle)

                      Il serait bien que les citoyens disposent  eux aussi  de l’initiative de la révision de la Constitution et puissent ainsi choisir leurs institutions et instaurer le RIC en toutes matières...

                      Avec 50 millions d’adultes les Français ont des propositions sérieuses à faire...

                      Cordialement. Y.Bachaud 

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