Indigestion ferroviaire

Petite bise d’ouest, 07:04, le 30/12. Le TGV à destination de Paris entre en gare de Quimperlé, et j’y prends place pour mon plus long voyage, sans le savoir encore.

Avant Le Mans, premières inquiétudes : une annonce est faite que suite à ...., arrêt du train pour une durée indéterminée... et mon avion qui part à 16:50... bon, si ça ne dépasse pas deux heures, comme le prévoit l’un des contrôleurs, j’ai toutes les chances de le prendre, en me pressant un peu dans les couloirs du métro.

L’attente commence, et les nouvelles se succèdent : mauvaises... Retour sur Rennes, c’est déjà presque cuit pour mon vol vers Sofia, si le train ne met pas le turbo... et effectivement, il ne le met pas, les passagers sont inquiets, la tension est palpable, et les contrôleurs gèrent au mieux. Ils ne peuvent évidemment nous donner que les informations qu’ils reçoivent, elles sont parcimonieuses et contradictoires.

Cette fois-ci, c’est bon, plus la peine d’angoisser, j’ai raté l’avion ! Reste à savoir comment faire après... Arrivée en gare avec huit heures de retard, au milieu d’une foule surexcitée, je me dirige vers l’accueil pour savoir de quoi sera faite la suite de mon voyage.

Evidemment, lorsque plusieurs centaines de personnes se pressent pour obtenir toutes le même type de renseignements et formuler les mêmes griefs, il n’est pas facile de se faire entendre par un personnel au bord de la crise de nerfs, mais bon... mon discours calme aidant, j’attire par quelques mots bien choisis l’attention du chef d’escale...

Mauvaise nouvelle : la SNCF me propose simplement le remboursement du billet, et ses excuses les plus sincères... quant à mon voyage : « Faites comme les autres, rentrez chez vous... » Ah oui ??? Mais nous n’habitons pas tous aussi loin... et comment faire, si je n’ai pas sur moi les moyens nécessaires ?... Si les moyens officiels n’existent pas, je fais jouer la corde sensible : « Etes-vous en train de m’expliquer que je vais rester à Paris, faute de pouvoir rentrer chez moi ?... »

Ce serait un comble, que non seulement une grande entreprise de transport ne puisse rien faire pour me transporter, mais qu’en plus un agent de maîtrise, chargé de résoudre les problèmes des clients de ladite entreprise, ne saisisse pas mon message subliminal ! Mais non, il faut être plus clair ! Je suggère deux choses : qu’il serait du plus mauvais goût que j’attrape un rhume à Paris par la faute de la SNCF et que, pour ce dont je me souviens, il existe des trains entre Paris et Sofia...

Téléphone au supérieur pour aval, donné dans la foulée, et consultation des ordinateurs. Paris - Vienne - Bucarest - Belgrade - Sofia : Happy New Year... départ le 31/12 à 17:40. Je n’ai pas demandé de voyager en première classe, mais vu la longueur du trajet, ils auraient pu penser à des couchettes...

La douce pensée d’introduire la clef dans la serrure de la porte de mon appartement efface toute velléité de réclamation supplémentaire. Jusqu’à Vienne, lorsque une locomotive décide, pour des raisons qui ne regardent qu’elle, de fêter aussi la nouvelle année par une démission totale de sa fonction la plus essentielle : la traction des wagons ! 2006 ne peut être que bénéfique, puisque partant de très bas, les choses ne peuvent que s’améliorer ! 90 minutes de retard pour espérer ma correspondance à Belgrade, c’est trop... heureusement que les cafés autour de la gare restent ouverts toute la nuit, même le premier janvier...

J’y suis presque !!! Plus qu’une frontière à passer... et je la passe, non sans une petite angoisse : pourquoi suis-je le seul à me faire contrôler le passeport de manière si pointue par les officiers des douanes ??? J’ai vraiment hâte de rentrer, et je rentre... Arrivée à Plovdiv, vers 23:45, le 2/01/2006... avec des nausées, et une petite migraine : indigestion ferroviaire ?