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Accueil du site > Tribune Libre > Information climatique abusive : 1, le Gulf Stream

Information climatique abusive : 1, le Gulf Stream

La communication climatique pose problème. Sans nuances ni prudence on nous annonce pour bientôt la fin du courant chaud de l’Atlantique nord. Certains la voient plutôt lente, d’autres abrupte, d’autres enfin affirment que c’est déjà en cours. « Craignez le pire : l’effondrement du Gulf Stream pourrait provoquer un chaos mondial d’ici 2025 », selon le New York Post. »

Déclin

2025 !?

Un tel arrêt modifierait la météorologie, principalement l’européenne mais pas seulement. Le Gulf Stream (image 1 Nasa, clic pour agrandir) réchauffe les masses d’air froid et humides venant du Groenland. Une des théories est que son ralentissement réchaufferait moins d’air polaire et produirait des hivers plus froids en Europe.

L’air froid qui vient du nord-ouest n’est pas le plus intense comparé à celui qui vient d’Asie. Moins humide, l’air sibérien est responsable des grandes vagues de froid. Les hivers les plus glacials ne sont pas causés par une modification du Gulf Stream.

Récemment donc cette annonce alarmiste annonçait la fin du courant possiblement dès 2025. Les chercheurs en sont certains à 95% : l’effondrement aura lieu entre 2025 et 2095.

Depuis, on peut lire partout cette date de 2025. Le magazine Geo, entre autres, relaie cette info :

« Comme dans un cauchemar climatique, ou comme dans le film Le Jour d'après de Roland Emmerich (2004), le déclin du Gulf Stream est confirmé. Ce courant océanique qui circule du Golfe du Mexique au nord du Canada perd de sa vigueur. »

 

 

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Anticyclones

Conséquences dramatiques : hivers beaucoup plus froids en Europe, sécheresses en Inde et en Afrique. Le magazine Epsiloon affirme de son côté que les conséquences seraient incalculables :

« Un point de bascule. Un système incapable de repartir. Et un bouleversement complet du climat mondial. C’est le scénario glaçant qui émerge aujourd’hui des modèles, effrayant physiciens et climatologues. »

Le Gulf Stream aurait perdu 4% de sa puissance depuis quelques décennies, selon des relevés dans le voisinage de la Floride. C’est possible, il peut ralentir, pourquoi pas. Mais faiblement. Néanmoins on serait à un point de bascule ? De changement irréversible, comme on nous le dits ? J’ai de sérieux doutes.

Cette notion de basculement dont la menace nous pendrait au nez est pratique. Elle accroît la peur d’une imminence apocalyptique. On en entend parler depuis quelques années. J’y reviendrai dans une note ultérieure. Pour l’immédiat rien n’indique que le système se bloque. On nous dit seulement qu’il y aurait un ralentissement, unique depuis 1 600 ans.

Or les courants mettent 1600 ans pour revenir à leur point de départ. On n’est pas plus avancés.

Et sur 5 000 ans ? On ne sait pas. Les courants océaniques mettent des siècles à accomplir leurs circuits. Et le Gulf Stream se forme d’abord sous l’influence des vents d’ouest générés par les anticyclones de l’Atlantique nord, des Açores en particulier.

 

 

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Vents

Selon Futura-Science c’est bien le moteur de ce courant :

« Quelle est donc la cause du Gulf Stream ? C’est le vent, le vent associé à l’anticyclone des Açores autour duquel il tourne dans le sens des aiguilles d’une montre : la circulation des vents d’ouest au nord de l’anticyclone des Açores et les alizés de nord-est sur ses flancs est et sud. »

C’est encore confirmé par un autre site réalisé, vitrine de chercheurs de différents laboratoires associés au CNRS.

« La cause du Gulf Stream se trouve dans le vent, lui-même généré par l’énergie reçue du Soleil. »

En précisant :

« Cette grande circulation atmosphérique entraîne l’océan, en miroir, dans une grande « noria » anticyclonique qui inclut, à l’ouest, le Gulf Stream. Ce courant a ses équivalents dans les autres océans : le courant du Brésil dans l’Atlantique sud, le Kuroshio dans le Pacifique nord et le courant des Aiguilles dans l’océan. »

Pour conclure ainsi :

« Pour que le Gulf Stream s’arrête, il faudrait que l’anticyclone des Açores, lui-même, s’évanouisse, et donc que la source chaude équatoriale ne soit plus là où elle se trouve, ou que la Terre elle-même cesse de tourner. Hypothèses très hautement improbables ! »

 

 

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Retournement

Si la mécanique de plongée des eaux dans les profondeurs, l’AMOC, peut ralentir, ces scientifiques n’envisagent pas son effondrement. Pour eux l’Europe ne se refroidirait pas mais connaîtrait un moindre réchauffement.

« Le changement climatique en cours n’interrompra pas le Gulf Stream mais il risque d’en diminuer l’intensité. Cette situation s’est déjà produite dans les périodes glaciaires mais pas dans une période interglaciaire comme celle que nous vivons actuellement, et elle aura certainement des conséquences climatiques en raison de la diminution du transport océanique de chaleur vers le nord dans l’Atlantique. »

Je mentionne encore Andrew Weawer, professeur des sciences de la Terre et de l’océan à l’Université de Victoria :

« Cette récente rhétorique alarmiste est un cas d’école sur la manière dont il ne faut pas communiquer sur la science du climat. Ces titres ne contribuent en rien à sensibiliser le public, et encore moins à influencer les politiques publiques en faveur des solutions climatiques. »

Il cite entre autres le dernier rapport du Giec de 2021 :

« Il n’y a pas de preuve observationnelle d’une tendance dans la circulation méridienne de retournement de l’Atlantique (AMOC, ou Atlantic Meridional Overturning Circulation), sur la base de l’enregistrement décennal de l’AMOC et de plus longs enregistrements des composantes individuelles de l’AMOC. »

 

 

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Conclusion

Il resort de ces informations que seul un arrêt ou un ralentissement des vents pourraient arrêter le courant de surface.

Or ce scénario semble peu possible. De plus on constate l’inverse : les vents s’accélèrent.

« Chaque décennie, la vitesse des vents augmente de 2 %. Voilà le constat établi par les chercheurs. Selon eux, ce phénomène a contribué à l’accélération des courants marins jusqu’en profondeur, à de 2.000 mètres sous la surface. »

Le seul événement en mesure de réduire cette circulation de retour est la fonte de la calotte de glace du Groenland, en raison de l’eau douce qui s’étale sur l’océan. Sans sel l’eau ne descend pas vers les profondeurs. Ce n’est pas ce qui semble se produire. L’AMOC bénéficie même de cette accélération des vents, qui accélère les courants :

« Une accélération de la vitesse moyenne de la circulation océanique provoque le déplacement de masses d’eau et de chaleur plus important. De plus, elle se fait sur plusieurs milliers de mètres de profondeur. La chaleur de la couche d’eau supérieure est transférée plus efficacement vers les abysses. »

La théorie super-alarmiste qui prévoit l’arrêt probable du Gulf Stream dans moins de deux ans (ou durant ce siècle) est contredite. C’est un mythe moderne.

La télé n’en dit rien. Pourquoi ? En matière d’information sur le climat il y a beaucoup à vérifier.

 


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17 réactions à cet article    


  • Octave Lebel Octave Lebel 9 janvier 19:57

    Autant savoir plutôt que de regarder passer les trains.

    « La communication climatique pose problème. Sans nuances ni prudence on nous annonce pour bientôt la fin du courant chaud de l’Atlantique nord. Certains la voient plutôt lente, d’autres abrupte, d’autres enfin affirment que c’est déjà en cours. « Craignez le pire : l’effondrement du Gulf Stream pourrait provoquer un chaos mondial d’ici 2025 », selon le New York Post. »

    Le New York Post fait partie de la galaxie Rupert Murdoch. Le modèle et l’avenir de nos milliardaires aux manettes de la concentration des médias.

     Rupert Murdoch : le patron de médias le plus puissant de tous les temps (29/09/2022,20 mn)

     https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10/l-invite-de-9h10-du-jeudi-29-septembre-2022-6253923

     

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Rupert_Murdoch

     

    https://fr.wikipedia.org/wiki/New_York_Post

     


    • Matlemat Matlemat 9 janvier 21:44

       Le Gulf Stream s’est quasiment arrêté à la fin de la dernière glaciation lorsque de gigantesques masses d’eau douce bloquées dans la région des grands lacs en Amérique du Nord se sont déversées brutalement dans l’Atlantique.

       Le résultat était qu’en France on a eu le même climat que le Québec pendant un certain temps.


      • Brutus S. Lampion 10 janvier 07:46

        @Matlemat

        à la fin de la dernière glaciation, la France n’existait pas


      • Matlemat Matlemat 10 janvier 12:49

        @S. Lampion
         Le territoire correspondant à la France actuelle, cela paraît évident.

        https://fr.wikipedia.org/wiki/Derni%C3%A8re_p%C3%A9riode_glaciaire#/media/Fichier:Weichsel-W%C3%BCrm-Glaciation.png


      • Montdragon Montdragon 10 janvier 19:45

        @Matlemat
        Nous sommes actuellement dans la phase Icehouse, glissant vers la phase Greenhouse, tels que semblent l’indiquer des éléments scientifiques tels que la biogéographie, la tectonique globale ou la répartition des gisements miniers à l’échelle mondiale.

        ICI


      • Matlemat Matlemat 10 janvier 20:54

        @Montdragon
         Oui mais vous parlez de cycles super contient-morcellements de 400 à 600 millions d’années, les cycles climatiques se comptent en millénaires. 


      • ETTORE ETTORE 10 janvier 00:31

        Il se pourrait aussi, que le changement de température généré par cette masse d’eau en mouvement, agisse sur les vents circum polaires.

        Et fassent descendre, bien plus bas sur l’Europe, des conditions climatiques, plus agitées. ( Déplacement des cycles des saisons, variation épisodique des températures, cumul de précipitations, etc etc )


        • Com une outre 10 janvier 05:59

          J’ai bien l’impression qu’en matière climatique, beaucoup font du Nostradamus...


          • Brutus S. Lampion 10 janvier 07:45

            « En matière d’information sur le climat il y a beaucoup à vérifier. »


            remplacer par :

            « En matière d’information (tout court) il y a beaucoup à vérifier.  »


            • Hermes Hermes 10 janvier 12:22

              Bonjour,

              juste une remarque : la force de Coriolis qui fait tourner les masses d’air et qui est due à la rotation de la terre et aux gradients d’inclinaison de la surface par rapport à l’équateur (une pseudo force mais dont l’effet est bien réel et dépend des latitudes), ne s’exercerait pas sur les masses océaniques ?

              Cela me semble douteux d’attribuer au seul vent les courants océaniques... Si ils tournent dans le même sens que les vents, c’est peut être aussi qu’ils subissent les mêmes forces.

              Quand aux évolutions au fil des millions d’années de ces courants, les hypothèses sont d’autant plus hasardeuses que les continents ont changé de forme place et de latitudes (certains ont disparu et d’autres sont apparus) ...

              On est loin d’avoir des visions claires et complètes de ces phénomènes, car on se heurte à la complexité des causes et des situations.

              Merci en tout cas pour la vision critique que vous essayez d’apporter.

              Bonne journée.


              • hommelibre hommelibre 10 janvier 17:50

                @Hermes
                Bonjour,

                Merci pour votre remarque. J’ai cherché une réponse sur différents sites, et la force de Coriolis n’est pas mentionnée. On parle cependant de rotation de la Terre parmi les causes du mouvement des océans. Mais les vents sont nettement mentionnés en premier, puis pour le courant nord-atlantique la circulation thermohaline.

                Ici le site de l’ESA qui résume les choses :

                https://www.esa.int/SPECIALS/Eduspace_Weather_FR/SEMVVTN18IH_0.html


              • Matlemat Matlemat 10 janvier 21:55

                @Hermes
                 On devrait avoir cette force de Coriolis aussi au niveau des fluides internes de la planète.


              • Mozart Mozart 11 janvier 14:07

                @Matlemat
                Tout à fait. On l’a bien quand on vide notre lavabo !


              • Matlemat Matlemat 11 janvier 22:07

                @Mozart
                 Enfin une parole sensée de notre cher ami .. cette force fait que le tourbillon de notre lavabo tourne en sens inverse dans l’hémisphère sud. 


              • hommelibre hommelibre 12 janvier 10:33

                e @Mozart

                Non, dans le lavabo ça ne le fait pas. L’idée est séduisante mais inexacte. La quantité d’eau est trop faible et s’évacue trop vite pour qu’il y ait un effet visible. L’eau y tourbillonne d’un sens ou de l’autre selon les remous.

                https://www.lepoint.fr/eureka/l-eau-s-ecoule-t-elle-dans-un-sens-different-dans-l-hemisphere-sud-02-04-2023-2514615_4706.php


              • Matlemat Matlemat 12 janvier 22:29

                @hommelibre
                 ça paraissait logique, je n’ai jamais été encore dans l’hémisphère sud pour vérifier.


              • jjwaDal jjwaDal 14 janvier 10:45

                S’il n’y avait pas un agenda politique, des carrières à préserver, des budgets à défendre, on peut penser que la science du climat progresserait un peu plus vite et montrerait sans scrupule l’étendue de notre ignorance.
                Deux exemples peuvent l’illustrer. Depuis 30 ans les températures dites « globales » montent bien moins vite que la plupart des grands modèles de simulation climatiques du GIEC , la divergence croissant avec le temps.
                Pas grave, on soupçonne que ce sont les océans qui captent la chaleur manquante et la font disparaître pour un temps à déterminer.
                Vu l’écart entre la capacité thermique de l’eau et celle de l’air, il faudrait mesurer sur de grands volumes des variations de température de l’ordre du centième de degré centigrade sur longue période. On n’en est pas là.
                En 2023, record de chaleur que personne n’explique vraiment. Gavin Schmidt reconnaît lui-même qu’une part de cette augmentation est clairement incompréhensible et attribuable à un composant inconnu, preuve s’il en fallait que des acteurs du réchauffement comme du refroidissement nous échappent ou sont mal quantifiés.
                Et donc on saurait comment le Gulf Stream va évoluer dans dix ans, cent ans ? Allons donc.
                La sagesse voudrait qu’on s’adapte aux changements observé du climat, localement et non essayer de le modifier en faisant des investissements très lourd basé sur une hypothèse très discutable , à savoir une dérive dangereuse attribuée aux GES, dont le CO2.
                L’U.E. peut se saigner les veines pour passer aux moulins à vent et autres foutaises, cela ne changera pas la politique énergétique chinoise ou indienne, par ex, alors que revoir notre habitat et nos pratiques agricoles aurait un impact régional évident.

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