Internaucratie : outil aux mains du peuple
Ayez la foi en Freud l’imposteur
La démocratie est généralement définie étymologiquement comme le pouvoir(κράτος / krátos, « pouvoir ») du peuple(δῆμος / dêmos « peuple »). La Démocratie se décline sous plusieurs formes de régimes politiques.
De moment où l’on est devant un régime démocratique, tout du moins en principe et sans allez décortiquer la pratique, on nous somme de comprendre et d’en faire une profession de foi que c’est le peuple qui choisit, et à travers ses représentants, détermine son destin.
Cela fut plus ou moins vrai avant cette ère de mondialisation financière.
Depuis trois décennies et même plus, les peuples européens ont été manipulés par une oligarchie, composées de prétendus experts, savants, philosophes, politiques, journalistes etc, en résumé ce que l’on désigne sous le vocable “experts”.
Face à l’expert il y a l’ignorant, le badaud, le consommateur, le téléspectateur, et accessoirement le citoyen qui apparaît comme un dédoublement de la personnalité qui dure l’instant de mettre son bullettin de vote dans l’urne.
Le citoyen est infantilisé de deux manières : l’intimidation et la manipulation.
L’intimidation se mesure essentiellement quand on remarque que le citoyen est réduit au statut de quelqu’un d’incapable de prendre de décision sans le concours des “experts”, les “sachants”.
Ce concours va jusqu’à sommer les gens à suivre une conduite.
Cette intimidation est faite de manière sournoise, par des arguments d’autorité, par le mépris, et par une identification mémétique aux personnages télévisuels.
Le journaliste-présentateur de JT est neutre, objectif, à la recherche de la Vérité, il nous informe pour notre bien et notre bonheur. Il devient une star, une étoile. Une entité lumineuse céleste ; c’est en sorte une iconographie religieuse contemporaine.
Le Sachant, qu’il soit philosophe, écrivain, acteur, chanteur, médecin, géologue, marionnettiste, ou climatologue ; il sait et maîtrise son art, sa science, face à nous le badaud, le spectateur bouche bée devant sa lucarne : son autel. ces gens-Sachants ne regardent même pas la TV, ils y travaillent ou y vont faire leur promotion et assommer les bouche bée de phrases de banalité déconcertante et d’injonctions, mais d’une grande dignité et d’une aura médiatique qui ne laisse pas indifférent un coeur d’acier et une âme de complotiste.
Le politique, lui le grand homme/femme, en toute abnégation, se sacrifie, travaillant sans compter, ne demandant même pas sa pitance, n’oeuvrant que pour le peuple, ce vaurien, paresseux, ingrat, incapable de comprendre les tourments des financiers et des politiques, ces éternels altruistes, nourriciers et pourvoyeurs d’emplois.
Ce magma d’injonctions ne sont plus présentées comme le catéchisme des éditorialistes, comme l’endoctrinement des partis politiques. Non, ce sont des interviews, des discussions etc. Le décors en dit long sur le message adressé aux spectateurs, l’animateur-journaliste dirige les débats-conversations, distribue la parole, la retire, interroge, les acteurs sont biens choisis et les rôles sont bien distribués, au milieu, entourés des spectateurs privilégiés, assistant en direct et de beaucoup plus près, donc de ces corps célestes. Ils autorisent de temps à autre à des spectateurs des petites interventions sous forme de questions ou une interpellation, cela fait “proximité et rapport spontané”.
La règle : il y a ceux qui parlent et décident et ceux qui bouche bée, subissent.
Tout cela découle de la mainmise d’un petit nombre sur une source de jouvence moderne qui s’appelle les médias. L’accès aux médias se fait subtilement. On en interdit l’accès à ceux qui dérangent qui ne brassent et ne brossent pas dans le sens du courant et du poil ; les autres, on les exclut, on les ridiculise, on les dénigre. C’est plus facile face à des gens simples, ces derniers ne sont que des badauds, des spectateurs n’ont aucune légitimité pour contester ou parler.
Pas de reconnaissance médiatique, pas de crédibilité. Et la reconnaissance médiatique se fonde sur les diplômes. Ceux-ci étaient rares et chers, réservés à une élite bien choisie et conforme en tout point aux standards de son long processus de formatage. Maintenant que les diplômes sont plus ou moins démocratisés, l’élite se fait par cooptation, par réseau.
Internet est un outil qui permet aux gens d’exprimer leurs opinions sans peur et sans complexe, plus de honte de dire ce que l’on pense. Peu importe comment, c’est l’agora de l’internaute, pas de formalisme, pas de préséance, pas d’autorité.
C’est l’écharde qui dérange dans ce monde médiatique habitué au monopole de la parole.
Cette réflexion m’est venue à l’esprit en suivant la conversation entre un Fog acquis aux conditionnement et aux gestuels médiatiques et un auteur, Onfray.
Ce dernier fait une critique de Freud. Fog lui demande sur un ton inquiet et alarmiste s’il n’a pas peur de subir les foudres des “partisans” de la psychanalyse et de Freud. Mais Onfray, courageux comme il est, se déclare prêt et rectifie l’allégation de Fog selon laquelle les “contempteurs” de Freud sont “généralement de l’extrême droite, souvent des connards sous-développés”.Onfray répond et encore une fois de plus rectifie les dires de Fog en rappelant que les critiques sont aussi des gens de gauche et il cite certains intellectuels pour étayer ses propos. Ce qui m’a gênée dans cet entretien c’est de présenter le livre de Onfray comme une nouveauté, une révolution intellectuelle courageuse.
On oublie vite ceux connus ou non, qui ont refusé avec courage, à une époque où la critique de Freud suffit pour faire passer son auteur pour un imbécile ou un antisémite. Il ne faut pas critiquer un penseur d’origine juive sans risquer la menace d’être condamné d’antisémite. Ne pas être d’accord avec la vision freudienne de la femme, nous range au placard réservé aux féministes hystériques niant leur féminité et leur psychologie atrophiées. Pourtant, beaucoup l’ont fait, ils étaient tout simplement inaudibles, interdits de médias ou caricaturés éventuellement.
http://www.agoravox.tv/culture-loisirs/culture/article/onfray-denonce-l-imposture-freud-25922
Onfray a eu un entretien avec Fog, où l’on observe ce dernier manifestait une sorte de sympathie, de respect, de considération, d’admiration devant une idole . Il a peur pour l’auteur, comme si ce dernier n’est pas capable de se défendre. L’obsession de Fog est comment l’auteur pourra-t-il se défendre face à ceux qui porte l’étendard de Freud. Cette question est plutôt intéressante pour des gens moins connus et exclus des médias. Quant aux stars médiatiques, pour certaines qui commencent à prendre position sur certains sujets polémiques, ceux-là ont leur expérience, leur réseau et leur célébrité à leur actif pour faire face au déchaînement médiatique contre leur réputation ou leur image.
Le deuxième point, la manipulation de l’opinion publique, voire son élaboration. Elle est traduite involontairement par la remarque de Onfray quand il décrit le processus des idées freudiennes, “j’ai[Freud]une intuition, ça devient une idée, cette idée je l’universalise, et ça marche pour tout le monde”. C’est exactement le processus médiatique. Les professionnels des médias ont une intuition, ça devient une idée, cette idée ils l’universalisent, et ça marche pour tout le monde, ça doit marcher pour tout le monde.
Ils choisissent pour nous ce qui est important ou non, ils sont au point de décider qui doit se présenter aux élections présidentielles, par une sorte de préparation des esprits, on habitue les gens à un nom, à une idée puis on fabrique les attributs d’une personnalité présidentiable, on construit une image, elle devient quasiment une réalité incontournable, et on fait croire aux gens que faute de mieux, le choix est limité, autant choisir le moins pire. De même pour les thèmes des débats, par ailleurs les débats ne traitent pas le fond des sujets mais tournent autour de la forme, les phrases-buzz, etc.
Onfray explique que les partisans de Freud et de sa psychanalyse ne sont que quelques dizaines de personnes qui entretiennent la légende, “ne veulent pas qu’on ait lire”, en résumé, ils pratiquent le diktat de la pensée. Il décrit comment s’est construite cette pseudo science freudienne autour d’un type qui a rassemblé autour de lui des gens à l’image d’un gourou oeuvrant pour son organisation sectaire.
Mais que dire des médias ? Des politiques ? Des financiers ?
Tout ce beau monde, si si ils sont beaux et leur monde également, ils sont riches, ont le pouvoir du savoir et le monopole de la décision. Ils sont entre eux, ils pratiquent l’endogamie, sauf de rares exceptions, il faut bien du sang neuf. L’hérédité est en train de nous imposer une caste à part. La politique se pratique en famille de génération en génération. De même le savoir et la célébrité. Mais pour endormir le peuple, avant il y avait la religion et le nationalisme. Maintenant, il y a la TV et le terrorisme ; on manipule le peuple par la magie de la TV. Les badauds ont leur quart d’heure de gloire, d’autres plus chanceux gagnent de l’argent facile, rapide et une célébrité, grâce à des émissions de divertissement. On rêve, on développe des complexes, faute d’être conforme au canons de la beauté médiatique. Il faut mincir, manger bio, équitable, décorer sa maison, éduquer ses enfants, se cultiver, encore et toujours grâce aux divertissements et aux injonctions des médias. Quelle est la part de notre choix et celle de la manipulation ; en tout cas, il est certain qu’il y a beaucoup plus de manipulation que d’information.
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