Internet prend pour cible l’Angola de José Eduardo dos Santos
Les récits-technico-futuristes sur l’émergence d’un cinquième pouvoir au XXIème siècle font souvent de très bons scénarios pour les blockbusters américains. Pourtant, plusieurs exemples montrent que les tentatives de déstabilisation ont effectivement cours dans les arènes internationales, via Internet. En Angola, le régime du président José Eduardo dos Santos fait l’objet de critiques virulentes sur des blogs proches des ONG américaines et du département d’Etat, alors qu’à Cuba les réseaux sociaux seraient instrumentalisés par les services de l’administration d’Obama.
Les Etats-Unis, champion de la déstabilisation sur internet ?
Dans le film hollywoodien « cinquième pouvoir », les nouvelles technologies se retournent contre la première puissance technologique ; en somme c’est l’histoire de Wikileaks romancée pour le grand public. Toutefois, si Julien Assange, tout comme Edward Snowden, méritent à plus d’un titre le statut de whistleblowers, force est de constater que l’Internet est une invention d’outre-Atlantique, entièrement contrôlée par l'Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (Icann). Cette institution s’est d’ailleurs illustrée récemment en réclamant la possibilité de « s'émanciper du contrôle américain »…
En attendant, entre diplomatie parallèle et cyberguerre, beaucoup considèrent à juste titre « la toile comme un véritable nid d’espions », ou d’e-influenceurs. En Ukraine, en 2004, le Berkman Center for Internet and Society a examiné le rôle joué par Internet et les mobiles durant la Révolution Orange ; selon l’auteur de l’étude, Michael McFaul : « La révolution orange est certainement la première dans l'Histoire à avoir été organisée largement en ligne ». Parallèlement, le « spécialiste de la désinformation », Michel Collon, révèle qu’à l’époque l’International Republican Institut du Sénateur John McCain, l’Agence des États-Unis pour le développement international et la Fondation Soros ont financé « la révolution douce » en formant des activistes à « l’action civique »…
Plus proche de nous, on aurait pu évoquer également le cas des révolutions arabes, mais l’exemple de Cuba nous a semblé plus intéressant… En effet, en avril 2014 l’agence de journalisme Associated Press affirmait que les services américains seraient à l’origine de la création du réseau social ZunZuneo. Si la CIA est hors de cause pour cet épisode de la « baie des cochons 2.0 », l’USAID est une nouvelle fois impliquée. Au moment de l’incident, le Ministre cubain des Affaires étrangères, Josefina Vidal, rappelait que les Etats-Unis « ont pour but la création de situations de déstabilisation de notre pays pour troubler l’ordre public et pour lesquels il continue de consacrer des budgets considérables de plusieurs millions de dollars ».
Faut-il voir les Etats-Unis derrière les sites de désinformation en Angola ?
Depuis plusieurs années maintenant, le blog MakaAngola.org et le site Club-K.net alimentent l’actualité de nouvelles inexactes, voire trompeuses. Alors que l’Angola est en train de se redresser après des années de guerre civile, l’Agence Internationale de l'Energie considère par exemple que le pays pourrait devenir le premier producteur de pétrole en 2016, les posts diffusés sur ces plateformes entretiennent une agitation sociale, en soufflant sur les braises d’un conflit que l’on croyait éteint… Mêlant informations et calomnies, ces sites ignorent impunément les conventions du journalisme Independent et objectif.
Derrière ces manœuvres, on retrouve l’influence du principal parti d’opposition, l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), mais aussi celle de puissances étrangères tant ces activistes revendiquent l’approbation de la communauté internationale…
Cependant, il faut se garder de prendre pour argent comptant toutes les déclarations de ces médias, c’est du moins ce qu’estime le Bureau du Procureur Général de la République, qui critiquait en 2012 Club-K.net, lui reprochant notamment de diffuser des informations « fausses et non-avenues » portant préjudice à « la crédibilité de la justice ».
S’il faut donc se méfier de l’authenticité des déclarations de ces opposants du web, leurs liens avec les Etats-Unis semblent indiscutables, tant le fondateur de MakaAngola paraît proche des positions américaines.
Non content d’avoir été récompensé par l’ONG Transparency International, il se serait même entretenu avec le directeur-adjoint du département d’Etat, Johnnie Carson, collaborateur d’Hillary Clinton…
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