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Itinéraire d’un enfant des Trente Glorieuses...

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Le célèbre paléoanthropologue Pascal Picq est venu présenter son livre : Itinéraire d'un enfant des Trente Glorieuses, lors du Festival de la Biographie.

Il est né en 1954, il fait donc partie de la génération des babyboomers. Et c'est la première fois qu'il publie une autobiographie.

"La génération des babyboomers a-t-elle vécu une parenthèse enchantée de l'histoire récente de l'humanité ?
Le célèbre paléoanthropologue, qui est l'un d'entre eux, entreprend ici de raconter l'histoire de l'évolution à l'échelle de leur vie. C'est un recul historique très court pour un préhistorien, prévient l'auteur, mais il est éloquent tant a été spectaculaire le progrès de nos connaissances de la lignée humaine et des sciences de l'évolution en général. Ainsi, jamais l'humanité n'a connu de tels changements, qui ont trait à la fois aux vies des personnes et aux sociétés, à l'environnement, au climat et à la Terre."

 

"J'ai eu l'idée de revenir à ce que j'ai connu dans mon enfance, explique Pascal Picq : mes parents étaient maraîchers à Gennevilliers, qu'on appelle la Petite Couronne. La banlieue n'existait pas, vous aviez Paris, les faubourgs et ensuite tout autour, c'était la ceinture verte.

Mes parents étaient des provinciaux (on a oublié cela : toutes les migrations internes qu'il y avait en France, en Europe, alors bien sûr, on a eu les Italiens, les Espagnols, mais avant ça ou même en même temps, on a oublié comment les gens du Limousin- c'est ma famille- du Cantal, du Morvan ont quitté leur région, comment il y a eu tous ces mouvements de populations, parce qu'il fallait quitter la misère de la campagne, c'était compliqué, c'était dur.) Donc, tous ces gens convergeaient plus ou moins sur Paris.

Moi, je suis né dans ce grand terrain maraîcher, l'école était juste à côté, et, petit à petit, on voyait arriver des immeubles par ci par là jusqu'au jour où nous avons été expropriés, chassés parce qu'il fallait construire l'habitat.

Ce que je rappelle au début du livre, c'est que je suis né une semaine avant l'appel de l'abbé Pierre, en janvier 54 et ce fut l'hiver le plus froid du 20ème siècle.

Mes parents me disaient (parce qu'à l'époque il n'y avait pas de supermarché, c'étaient les petites épiceries du coin) d'aller chercher du lait dans la casserole, et le lait gelait...

Ma mère vendait ses radis aux Halles de Paris... depuis ces années-là, l'évolution a été considérable, comme elle n'avait jamais été auparavant.

Vous vous rendez compte : mes parents -ils travaillaient dur bien sûr- mais ils gagnaient bien leur vie en vendant des radis, des salades, des blettes, des poireaux... maman avait son permis de conduire, pour une femme des années 50, ce n'était pas quand même la généralité et en plus de ça, elle avait son permis poids lourd et c'est elle qui allait aux Halles, dès fois, elle nous emmenait, parfois moi, parfois ma soeur. Et moi, j'ai connu les anciennes Halles de Paris : vous aviez les carabins, les étudiants en médecine, vous aviez les bourgeois qui venaient s'encanailler, vous aviez les artistes, vous aviez les paysans, tout ce monde là se retrouvait à 5 heures du matin, on mangeait la soupe à l'oignon et, pour les plus costauds, une bonne entrecôte, et sur la table à côté, vous pouviez voir les grands artistes, comme Lino Ventura, c'est un monde complètement dingue, quand on y pense...

Petite anecdote : je me retrouve aux Halles, il n'y a pas très longtemps, dans un restaurant du Châtelet, avec mes enfants et ma petite fille qui se prénomme Julia, elle est d'origine à moitié brésilienne, dans le restaurant, il y avait des livres qui étaient là, avec un livre sur les Halles de Paris. Je prends le livre et je dis : "peut-être que je vais voir maman..." c'est bête, mais... alors tout est gris, à l'époque. Paris est gris, la banlieue est grise, tout le monde est habillé en gris... Ma petite fille s'écrie : "Papy, c'est tout gris !" et je dis : "Oui, pour toi qui est brésilienne, évidemment c'est un peu surprenant."

"Mais pourquoi tu regardes ça ?" interroge la fillette. Et je lui réponds :"Peut-être qu'on va voir mamie Ginette..." 

"Moi, j'étais très ému... alors évidemment, on ne la voit pas du tout, mais il y a une autre histoire pour moi qui a été très émotionnelle :

Il y a une vingtaine d'années maintenant, je présidais les bars des Sciences de Paris, c'était dans un café à côté des Halles, qui s'appelle Le Père Tranquille, et cela se passe à l'étage, et j'étais près de la verrière de l'étage, j'étais là en train de regarder un coin de trottoir... c'était là que maman "plaçait", comme on disait et pendant la nuit on vendait les récoltes... alors évidemment, je pars dans mes souvenirs et puis il y a un ami qui me dit : "Pascal, Pascal, on t'attend !", parce que j'étais plus là, quoi.

Il me dit :"Qu'est-ce qui t'arrive ?" et je réponds : "Je peux pas te raconter."

Vous vous rendez compte : c'est l'histoire de ma génération, ce petit garçon qui était là en culottes courtes, à 8-9 ans dans le frimas de la nuit, qui vendait des radis auprès de sa maman et qui était fasciné de voir cette espèce de ballet incroyable de la société parisienne, et qui, quand même, 40 ans plus tard était président du bar des Sciences...

Alors, ce n'est pas ma réussite, c'est comment en fait -on a oublié aujourd'hui- comment les réformes de l'Education Nationale à la fin des années 50 et 60, le collège unique qui était tant décrié, l'accès aux études supérieures, ont permis cette réussite (les enfants des classes populaires n'accédaient pas au lycée, à l'époque)...

Il y a eu une ouverture incroyable, notamment pour les femmes, déjà avec les lois Neuwirth, De Gaulle était plus moderne qu'on ne le pense, à bien des égards, ensuite c'est mai 68, c'est l'accès aux études supérieures.

Alors, les gens me disent : "Vous les babyboomers, vous avez tout eu !" Alors je leur dis :"Attendez ! L'ascenseur, il fallait le choper ! Il nous attendait pas, il n'y avait pas un liftier qui disait : "On vous attend."

Donc, ça fait des tas de bouleversements, moi, j'ai fait mon service militaire évidemment, vous savez, on dit ça aujourd'hui, mais en 74, l'Amérique venait de connaître une défaite au Vietnam et l'Union Soviétique était une menace encore incroyable et qui ressurgit d'un seul coup."

Le journaliste qui interroge Pascal Picq intervient alors et commente son livre : "C'est en fait un ouvrage de sociologie, vous racontez dans le détail : la première douche, l'album Tintin que l'on attend avec précipitation, le dessin animé... évidemment, il n'y a pas de téléphone, encore moins de téléphone portable. C'est un portrait de notre société qui est revigorant."

Pascal Picq évoque ensuite le destin de sa mère : "Maman était "placée", comme on disait, on naissait dans une ferme, et après, on était placé dès l'âge légal, à la sortie de l'école, vous alliez gagner votre croûte, et elle s'est retrouvée comme "la bonniche" chez les Picq, c'est là qu'elle a rencontré mon père, et maman a accepté d'épouser mon père (ce n'était pas vraiment un mariage d'amour) à une condition, lui dit-elle : "si nous avons des enfants, qu'ils fassent des études." ça, elle l'a jamais lâché là dessus."

Le journaliste rappelle aussi cette anecdote : "Et quand vous passez en sixième, vous êtes fier, heureux comme tout, en disant : "Papa ! j'ai mon passage en sixième !" Mais lui, ça le laisse de marbre et après c'est pareil."

"Je n'ai jamais eu un seul compliment de mon père, même le jour de la soutenance de ma thèse, il se permet aussi de me dénigrer, je ne veux pas trop en parler de ce personnage.", rétorque Pascal Picq.

"Vous rendez hommage aux femmes dans cet ouvrage." intervient alors le journaliste. "Votre mère devient veuve et elle dit : "Enfin ! Je suis libre..."

"A 80 ans, vous vous rendez compte !" réplique Pascal Picq, "et il est vrai que j'ai dédicacé ce livre à ma mère, elle nous a quittés il y a deux mois, et c'est une combattante de la vie qui nous quitte, et les femmes sont des combattantes de la vie."

 

A travers cette anecdote, on perçoit la dépendance des femmes, leur soumission à leur mari, à cette époque où a vécu la mère de Pascal Picq. Heureusement, la condition des femmes s'est améliorée dans notre pays, même s'il reste encore des progrès à accomplir.

Avec ce témoignage de Pascal Picq, on voit aussi que l'école était encore un ascenseur social, dans les années 50-60, ce qui hélas n'est plus vraiment le cas à notre époque car le niveau d'exigence s'est considérablement réduit : programmes rabotés, suppression du redoublement, réformes improvisées, absurdes, etc.

 

Le blog : 

 

http://rosemar.over-blog.com/2024/03/itineraire-d-un-enfant-des-trente-glorieuses.html

 

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30 réactions à cet article    


  • Brutus S. Lampion 8 mars 19:04

    « l’école était encore un ascenseur social, dans les années 50-60, ce qui hélas n’est plus vraiment le cas à notre époque car le niveau d’exigence s’est considérablement réduit : programmes rabotés, suppression du redoublement, réformes improvisées, absurdes, etc. »

    il ne faut pas confondre les causes et les conséquences

    quand le pays manquait de bras et de têtes, il fallait former des gens qualifiés qui, du coup, gravissaient un échelon dans la pyramide par rapport à leurs parents

    la délocalisation des bras et des têtes a fait que ce besoin n’existe plus pour le pays (ou plutôt pour les employeurs de ce pays). Il n’y a donc plus lieu de donner à l’école un rôle formateur. Un apprentissage de l’obéissance suffit.


    • Fergus Fergus 8 mars 19:23

      Bonsoir, S. Lampion

      Globalement vrai.

      « Un apprentissage de l’obéissance suffit »
      Sauf que, même (et peut-être surtout) sur ce plan, l’école d’autrefois était beaucoup plus performante.


    • Brutus S. Lampion 8 mars 20:17

      @Fergus

      je ne voulais pas parler de courtoisie ou de savoir-vivre, mais d’obéissance.
      Tout dépend à quelles injonctions on souhaite que les gens répondent, des directives ou des manipulations.
      La publicité et la propagande permettent jusqu’à maintenant d’obtenir d’une forte majorité le comportement que souhaitent ceux qui détiennent les leviers de la fabrique du consentement.
      La facilité avec le confinement et la vaccination ont été imposés sans violence et le zèle que mettent les consommateurs à acheter les produits vers lesquels on les oriente alors qu’ils croient faire un choix, les résultats de la plupart des élections, etc. montrent que le conditionnement stimuli-réactions fonctionne bien
      et ce n’est pas l’irruption du monde connecté, des réseaux sociaux et des « influenceurs » qui vont arranger les choses
      un chien n’obéit pas parce qu’il est convaincue du bien-fondé de ce qu’on lui demande, mais parce qu’il est dressé !


    • Brutus S. Lampion 8 mars 20:18

      @S. Lampion

      oui, je sais : on n’est pas des chiens...
      hem...


    • rosemar rosemar 8 mars 21:35

      @S. Lampion

      Il est vrai que c’était une période de plein emploi, mais l’école jouait son rôle d’exigence et de rigueur...


    • Fergus Fergus 9 mars 08:38

      Bonjour, S. Lampion

      Je crois que vous commettez une erreur d’appréciation.
      Les générations antérieures étaient beaucoup plus « dressées » par l’école, par l’église, ou par le poids des traditions éducatives dans les familles.

      Et pourquoi ne pas admettre que « le confinement et la vaccination » ont été mis en place « sans violence » non du fait d’un prétendu « dressage » mais du fait de l’adhésion raisonnée des populations ?

      « le zèle que mettent les consommateurs à acheter les produits vers lesquels on les oriente alors qu’ils croient faire un choix »
      Pas si simple. Nombre de consommateurs sont captifs, moins du marketing que de leurs contraintes budgétaires, ou des désirs de leurs enfants.


    • Com une outre 9 mars 18:36

      @Fergus
      "du fait de l’adhésion raisonnée des populations

      "

      Vous êtes un grand comique ou avez la mémoire courte.


    • mmbbb 10 mars 09:05

      @rosemar après la guerre , tout était à reconstruire et les pays « émergents » n étaient pas encore des concurrents .

      La Corée du Sud avait par exemple le seuil de développement d un pays d Afrique.

      Et il est aussi vraiment que la pollution et le coût du pétrole n etaient pas une entrave a cette croissance economique .

      Et le progrès scientifique n etait pas honni .

      Nous avions un taux de croissance de l ordre de 5 % en moyenne .

      Ceci explique cela , Un des fondements basiques de l economie .

      Vous êtes une excellente prof !


    • véronique 11 mars 14:47

      @Fergus

      Adhésion raisonnée ?
      Non non, je ne crois pas. Il n’y a eu aucun raisonnement.


    • Fergus Fergus 8 mars 19:20

      Ne pas confondre Pascal Picq et Henri Pick (lien).


      • Fergus Fergus 9 mars 08:40

        Bonjour, rosemar,

        La très originale idée du scénario de ce film devrait vous plaire, vous qui aimez les mots et la littérature.


      • Fergus Fergus 8 mars 19:33

        Bonsoir, rosemar

        « Votre mère devient veuve et elle dit : »Enfin ! Je suis libre...« 

        Cela me rappelle un mot d’une femme de ma propre famille, née dans une ferme de Lozère et décédée il y a une vingtaine d’années : »J’ai arrêté de rire le jour de mon mariage".


        • rosemar rosemar 8 mars 21:30

          @Fergus

          Terrible !


        • Brunehaut 9 mars 11:44

          @Fergus
          Ma propre mère a arrêté de chanter pour les mêmes raisons ...


        • charlyposte charlyposte 9 mars 12:02

          @Fergus
          Un homme pourrait dire la même chose smiley


        • mmbbb 10 mars 09:06

          @Fergus « une veuve joyeuse » un classique !


        • Seth 8 mars 20:25

          Et c’est la première fois qu’il publie une autobiographie.

          A moins d’être réincarné, il lui serait difficile d’en publier plusieurs. smiley


          • rosemar rosemar 8 mars 21:33

            @Seth

            Il lui reste encore du temps à vivre (il faut le lui souhaiter) pour connaître d’autres expériences...


          • Seth 9 mars 11:40

            @rosemar

            Alors ce sera une suite ou un 2ème tome, certainement pas une deuxième autobiographie.

            Et je réitère la question : n’avez vous songé à écrire un truc bien à vous plutôt que de nous répéter des conférences sans intérêt ?


          • rosemar rosemar 9 mars 11:46

            @Seth

            Pourquoi sans intérêt ? C’est un témoignage sur les années 50 : on y perçoit la condition de la femme, l’école qui constituait alors un ascenseur social...


          • Seth 9 mars 12:36

            @rosemar

            Rabâcher une parole recueillie, ça s’appelle un évangile et ça n’a aucun intérêt.


          • mmbbb 10 mars 08:38

            @rosemar ascenceur social , les filles et fils de prolos , le plus souvent devaient encore prendre l escalier .

            Vous êtes toujours a idéaliser le passe .

            Je ne le lirai pas ce bouquin . PICQ n est pas le seul anthropologue ,

            Il est vrai , en revanche , que l Educ Nat avait encore une certaine structure et notamment les profs avaient encore une maitrise de leurs savoirs.

            mais apres cette guerre , il y avait un mépris pour le prolo, le travail manuel et votre « culture » etait élitiste .

            Quant à moi, je suis assez bien dans mon époque , je n ai pas ce regard si positif sur ce passé tant adulé et tant vénéré .

            Et vive l IA qui palliera l enseignement lacunaire de cet Educ .

            Et ne venez pas me raconter que « l humain » est tant nécessaire .


          • agent ananas agent ananas 9 mars 11:26

            Faites nous plutôt un article sur les « trente piteuses » exacerbées sous la macronie.

            A moins que comme Judas vous ayez reçu vos trente deniers ...


            • Seth 9 mars 11:42

              @agent ananas

              Elle rapporte déjo tout ce qui se dit sur les « 30 piteuses » (c’est du moins ainsi qu’elle les voit) russes. Peut pas tout faire à moins de se crever...


            • rosemar rosemar 9 mars 11:47

              @agent ananas

              Mais j’ai déjà écrit des articles sur Macron...


            • Seth 9 mars 12:40

              @agent ananas

              Il a bien de la chance ! smiley


            • agent ananas agent ananas 10 mars 03:44

              @rosemar
              Mais j’ai déjà écrit des articles sur Macron...

              Peut être, mais je n’ai pas de temps de cerveau disponible pour lire votre propagande.


            • charlyposte charlyposte 9 mars 11:53

              MAC MACRON vient de Twitter qu’il veut terminer son mandat en marchant sur les eaux !!! à suivre.......................................


              •  C BARRATIER C BARRATIER 9 mars 18:16

                Je suis tres touché par cet article. Pascal Pick était d’origine limousine. Les maçons (comprenez tailleurs de pierre) de la Creuse on, construit le Panthéon, les Tuileries, et tant d’autres palais. Très pauvres, solidaires, ils passaient quelques mois d’hiver en Creuse, le reste du temps, ils étaient à Paris où ils venaient à pied. Idem pour Lyon. La Creuse a été l’un des premiers départements à se déchristianiser. je me souviens de Gaston, dans les années 70, à Paris, danseur du groupe folklorique creusois « les enfants de la Marche », qui après une sortie, -je dansais aussi les bourrées avec mon épouse et mon jeune fils, m’invitant dans un bistrot face à une église, et me disant buvons un verre, c’est notre messe de maçons.

                Le groupe a fonctionné à plein régime jusqu’aux années 1990...il s’est étiolé, mais en 2024 encore il a participé avec Alain Jacob, fondateur, et maître de danse à l(élection de la « payse de France »

                Je salue la réussite de Pascal Pick, l’école publique était un tremplin social, comme il le dit, il fallait prendre l’ascenseur dès qu’il se présentait.

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