Jean-Luc Mélenchon au théâtre politique dans le rôle d’un « Poutine à la Française »
Quand on observe Jean- Luc Mélenchon, il n’est pas dénué de tout sens de le comparer à Vladimir Poutine. Au fond, n’exprime-t-il pas une forme d’autorité politique qui caractérise le chef d’Etat Russe ? Qu’il s’agisse de sa façon d’agir politiquement où celle, à l’instar de l’extrême droite, de s’en prendre aux institutions Européennes, ainsi qu’à l’Allemagne.
NUPES ou DUPES ?
La Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES) rassemble la France Insoumise (LFI), Europe Ecologie Les Verts (EELV), le parti communiste (PC) et le parti socialiste (PS) qui sont les principaux acteurs sur l’échiquier politique de la gauche Française.
Que les partis politiques de la gauche souhaitent se rassembler sur un projet commun en vue des élections législatives, pour à minima être une force d’opposition avec laquelle devra compter la majorité à l’assemblée nationale, cela n’est pas en soit une mauvaise chose pour le bon fonctionnement de la démocratie, au vu de nos institutions actuelles et du mode de scrutin législatif. Mais, en observant la constitution de cette force politique, elle s’appuie sur un projet qui est essentiellement celui de la France Insoumise, ne retenant que le seul rapport de force établi par les élections présidentielles, avec un Jean-luc Mélenchon en « grand timonier », dont sa façon d’agir est plus comparable à celle du maître du Kremlin que de Léon Blum en 1936.
N’est-il pas hasardeux de conclure des accords électoraux pour les élections législatives en ne retenant que les votes du premier tour de l’élection présidentielle ?
Dans quelle mesure peut-on projeter sur les élections législatives les résultats des votes du premier tour de la présidentielle ? Même si l’on dispose de ces résultats dans chacune des circonscriptions législatives, retenir seulement les résultats de 577 élections territoriales distinctes en se basant sur l’élection présidentielle est plus que hasardeux. Même s’il existe une dimension nationale très forte aux législatives, l’implantation locale des candidat(e)s peut changer la donne par rapport à l’élection présidentielle.
Le mode de scrutin législatif uninominal à deux tour, par circonscription territoriale, diffère totalement de l’élection présidentielle où il faut avoir 12,5 % des inscrits au premier tour pour pouvoir se maintenir au second, ce qui signifie qu’il peut y avoir trois ou quatre candidat(e)s au second tour, alors que la constitution en impose deux pour l’élection présidentielle.
Non seulement, le résultat électoral de LFI, PC, PS, Verts aux élections législatives diffère toujours sensiblement par rapport à celui de la présidentielle. Par exemple au premier tour des dernières élections législatives de 2017, Jean-Luc Mélenchon obtenait 11,03 % contre 19,58 % des suffrages exprimés à la présidentielle, le PC obtenait 2,72 %, il était absent à la présidentielle (son électorat s’était globalement reporté sur LFI ) Le PS obtenait 7,44 % contre 6,36 % à la présidentielle avec le soutien des Verts qui ne présentaient pas de candidature.
En ne retenant que le seul résultat de l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon qui, fort de ses 22% au premier tour de la présidentielle, a réussi son OPA sur les autres partis de la gauche en unissant sous un même drapeau le PC, le PS et les Verts d'EELV dans la perspective des législatives de juin où il vise à être nommé « Premier ministre », bien qu’il n’est pas lui même candidat à cette élection.
Mais, est-il possible qu’un premier ministre ne soit pas préalablement député ?
C’est possible, le premier Premier ministre de la Ve République, Michel Debré, n’était pas issu des rangs de l’Assemblée lorsqu’il a été nommé par Charles de Gaulle en 1959. Idem pour le second Premier ministre de De Gaulle, George Pompidou. En 1976, Valéry Giscard d’Estaing nomme Raymond Barre, alors sans mandat parlementaire. Quand Jacques Chirac choisit en 2002 Dominique de Villepin également sans aucun mandat électoral. Jean Castex, actuel premier ministre, n’est pas député, et ne l’a jamais été Mais, il faut préciser que c’était des premiers ministres nommés par les divers présidents de la république dans le cadre d’une majorité présidentielle à l’assemblée nationale.
Dans le cadre d’une cohabitation, un premier ministre de cohabitation doit être le chef de la majorité parlementaire. Par ailleurs, si rien n’impose que le Premier ministre ou les ministres soient des parlementaires, toutefois, l’usage de la pratique démocratique conduisent le Président de la République à choisir un Premier ministre, dont il est certain qu’il a le soutien de la majorité parlementaire.
Entre divergences sur des interprétations du sens politique pour certains dossiers et volonté de M. Mélenchon d’en finir avec le libéralisme, ils omettent l’essentiel
Comme pour ne pas déroger à l’élection présidentielle, les élections législatives de Juin 2022 s’inscrivent dans un contexte où la pauvreté des propositions occultent les problématiques dont les effets vont impacter durablement la vie quotidienne et la planète.
Qu’il s’agisse de la question démographique, dont sa croissance mondiale explosive avec un milliard d’habitants en une décennie (2009 il y avait 6,7 milliards d’habitants, 7,7 milliards en 2019) ne cesse d’accroître son niveau d’impact sur l’épuisement des ressources naturelles et le climat (véritable sujet tabou pour la classe politique).
Qu’il s’agisse aussi de la nouvelle révolution numérique qui va affecter notre vécu culturel, sociétal, environnemental, économique, social...Certes avec des avantages mais aussi des inconvénients non négligeables. Les terres rares qui sont une ressource naturelle ne sont pas inépuisables. Avec l’interconnexion des robots entre eux et internet, les entreprises vont fonctionner avec de moins en moins d’intervention humaine, ce qui signifie du chômage en perspective... Et que dire du remboursement de la dette qui va atteindre et dépasser les 3000 milliards d’euros…S’y on y ajoute une augmentation des taux d’intérêts qui vont alourdir les remboursements, les citoyens
En s’alliant sous la bannière du « plus très à gauche » d’entre eux et de son chef au comportement »Poutinien », les partis politiques de gauche, dont le PS et les Verts qui divergent sur certaines interprétations du sens politique pour certains dossiers, tel que celui des traités Européens, semblent très loin de proposer un réel projet politique pour le pays qui intègre ces problématiques.
Pour les partenaires de la NUPES c’est le retour des vieilles recettes
LFI de Mélenchon ne cesse de clamer qu’elle veut combattre le libéralisme, le rendant responsable de la totalité des maux, dont souffre le pays et le monde... Mais faut-il rappeler qu’en France près de 6,5 millions de personnes dépendent du secteur public comme employeur (fonctionnaires, salariés d’entreprises publiques, salariés d’entreprises privées « filiales » sous contrat avec le secteur public), soit environ 25% des salariés français. La dépense publique représente dans notre pays près de 60% du PIB (elle était de 59,2 % en 2021 contre 55,4 en 2019 et 61,4 % en 2020). Elle a toutefois diminué depuis 2019, malgré la crise sanitaire due à l’épidémie du Covid-19. Les dépenses, et les recettes fiscales afférentes, n’ont toutefois cessé d’augmenter depuis 40 ans.
Par ailleurs,si on considère, malgré des insuffisances et inégalités certaines qu’il convient de corriger, contrairement, par exemple, au modèle Américain, la France bénéficie d’une couverture sociale, médicale et éducative qui n’en fait pas un modèle de référence en matière de libéralisme.
Sur le plan économique avec le chômage, ce n’est pas en proposant d’aller au plein emploi par l’investissement et le partage ou avoir une politique fondée exclusivement sur des dépenses que l’on résoudra le problème des demandeurs d’emploi et la formation
Pour l’éducation nationale, ce n’est pas qu’en proposant seulement la gratuité de tous les services dans le primaire et le secondaire, indemnités pour les lycéens professionnels et augmentation des salaires des enseignants, que l’on repensera l’organisation de notre système éducatif pour lequel il y a urgence. Depuis déjà des années, bien avant Macron, on ne peut que déplorer l’effondrement progressif de la qualité de ce service public, ce qui ne manque pas de se répercuter sur le niveau des élèves et des étudiants.
Pour la santé et l’hôpital, s’il faut incontestablement avoir une politique de création d’emploi et d’amélioration des conditions de travail du personnel, mais si l’on ne modifie pas radicalement les méthodes de gestion du secteur public en cessant de lui imposer une gestion comme celle de l’entreprise privée, les problèmes demeureront.
Ne pas intégrer sur le plan programmatique ces remarques, la NUPES présenterait aux électeurs un vrai marché de DUPES.
Aux conditions imposées par Jean-Luc Mélenchon, le PS et les Verts sont allés à « Canossa » sur la question des traités Européens
L’ex candidat du PC à l’élection présidentielle, Fabien Roussel, qui doit subir la position intraitable de Jean-Luc Mélenchon dans la 14° circonscription du Rhône, a résumé l’accord de ce rassemblement des partis de gauche : « C’est une coalition qui nous permet de nous rassembler dans le respect de nos différences ». Selon lui les partis de gauche ont réussi à se mettre d’accord « sur un programme que nous avons partagé, sur les points communs que nous avons ».
Mais des divergences programmatiques demeurent au sein de cette coalition hétéroclite, comme la question du nucléaire. Lors de son discours à Aubervilliers, Jean-Luc Mélenchon a insisté sur sa volonté de sortir de cette énergie. Or M. Roussel a redit sur France 2 sa volonté de « continuer à défendre un mix énergétique avec du renouvelable et du nucléaire ». et de préciser « Il y aura toujours un Parti communiste français, un groupe à l’Assemblée nationale qui gardera son autonomie. Nous avons besoin d’espoir et de réformes heureuses »… Y’a de la joie dans l’air en perspective au sein de la NUPES (pour certains, ce serait plutôt les DUPES...)
Le Parti communiste (PC), le Parti socialiste (PS), Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) et générations de Benoît Hamon font partie d’un accord qui évoque la désobéissance à certains traités Européens de l’UE. Cet attelage hétéroclite a unanimement accepté la formule... « Il nous faudra être prêt(e)s à désobéir à certaines règles européennes (en particulier économiques et budgétaires comme le pacte de stabilité et de croissance, le droit de la concurrence, les orientations productivistes et néolibérales de la Politique Agricole Commune etc.) »...
Pour leurs adhérents et militants des différents partis qui composent cette coalition hétéroclite, le lexique diffère un peu dans le texte commun entre LFI et le PS, concernant les traités Européens il est écrit : « Nous parlons de désobéir pour les uns, de déroger de manière transitoire pour les autres, mais nous visons le même objectif : être en capacité d'appliquer pleinement le programme partagé de gouvernement et respecter ainsi le mandat que nous auront donné les Français »…
Faut-il rappeler que la hiérarchie des normes en droit français établit, pourtant, clairement le fait que le droit européen, à l’instar des traités et conventions internationales, s’impose au droit français courant (lois, décrets, ordonnances, etc.). La volonté affichée de « désobéir » aux règles européennes pose beaucoup de questions, tant juridiques que politiques. Se mettre en infraction avec le droit européen, par la remise en cause de traités Européens la France risquerait des sanctions financières lourdes, dès lors qu’elle ne respecte pas ses engagements. Il y aussi la réaction des autres pays Européens qu'il ne faut pas négliger...
Pour conclure :
Se mettre d’accord pour des élections législatives sur un programme avec des candidatures uniques dans les circonscriptions électorales est une chose, gouverner c’est autre chose et dans le cadre de cette coalition hétéroclite, dont on ne peut gommer les divergences entre des partenaires sur des points essentiels, (énergie, Europe...) on voit mal comment ils pourraient être demain le gouvernement de la France. Même en cas de victoire, que pèseraient le PC, le PS et les Verts avec quelques dizaines de députés au total, alors que LFI en auraient au moins près de trois cent...
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