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Accueil du site > Tribune Libre > Jeunes suppléants de l’enseignement privé, souriez ! Vous êtes (...)

Jeunes suppléants de l’enseignement privé, souriez ! Vous êtes évalués !

Mais le saviez-vous ?

Bonjour, cet article s’adresse surtout à tous les enseignants (toutes matières confondues) ayant exercé, s’apprêtant à exercer ou exerçant des suppléances dans les établissements privés (catholiques) sous contrat de Paris et de la région parisienne.

En pleine polémique sur le site d’évaluation des enseignants par les élèves "Not2be.com", il me semble d’actualité d’aborder la question de l’évaluation des enseignants sous un autre angle.

Tout ce qui va suivre est le fruit d’une expérience passée dans le circuit de l’enseignement privé catholique francilien entre 1999 et 2007.

Il faut d’abord savoir que le meilleur moyen pour obtenir des remplacements/suppléances dans les établissements privés catholiques franciliens quand l’on n’est pas titulaire, c’est de passer par le Service des enseignants du second degré, rue des Saints-Pères, à Paris dans le 7e arrondissement. Vous y serez reçu par des gens aimables, disponibles et, semble-t-il, bienveillants. Vous pourrez y déposer votre CV qui sera classé selon votre spécialité dans une banque de données où les chefs d’établissements pourront venir piocher quand le besoin se fera sentir (une mutation, un arrêt maladie, un congé maternité, etc.) pour des remplacements d’au minimum deux semaines (en principe) et pouvant aller jusqu’à l’année, sur un nombre d’heures de cours hebdomadaires variable, en général entre 6 et 18 heures.

Vous n’aurez rien à faire, cela ne vous coûtera rien et le chef d’établissement en question ou un de ses proches adjoints, si vous correspondez au profil qu’ils recherchent, vous contactera directement par téléphone chez vous.

Le Service des enseignants du second degré propose aussi d’autres activités, notamment des réunions régulières sur les modalités des concours dans l’enseignement.

On vous demandera en général une fois, voire deux fois, par an de répondre à un questionnaire arrivé dans votre boîte aux lettres pour mettre à jour votre dossier : préparez-vous un ou des concours en ce moment ? Avez-vous effectué ou effectuez-vous des remplacements en ce moment ? Etes-vous toujours disponible ? Souhaitez-vous maintenir votre inscription sur les listes ?

Si vous décrochez un entretien et un poste de suppléant, vous téléphonerez à ce service pour signifier que jusqu’à X date, vous n’êtes plus disponible et votre présence dans la banque de donnée sera suspendue.

Jusque-là, tout paraît simple, limpide, transparent, pratique.

C’est une fois que le remplacement a été effectué que le brouillard se lève. Comme je l’ai précisé, j’ai effectué des remplacements dans sept établissements scolaires privés catholiques sous contrat avec l’Etat entre 1999 et 2007. Sept établissements différents bien sûr. Entre 2001 et 2003, j’ai quelquefois entendu des rumeurs de la part d’autres collègues à propos de "rapports d’évaluation" envoyés par les chefs d’établissements à la suite des remplacements pour "donner leur avis" sur la performance du suppléant. Par deux fois durant cette période j’ai téléphoné au Service de la rue des Saints-Pères pour savoir ce qu’il en était et par deux fois la réponse fut la dénégation. Il n’existait rien de la sorte. Ce n’est qu’en 2003 qu’enfin j’obtins une réponse contraire : oui il existait une procédure de ce type, les personnes qui m’avaient précédemment répondu étaient mal informées. Avais-je déjà eu des rapports concernant mes suppléances ? Après vérification, en effet, pas moins de cinq. J’ai demandé si je pouvais les consulter ? Sans problème, il me suffisait de prendre rendez-vous rue des Saints-Pères et l’on me permettrait de consulter ces documents, sous la supervision de ma référente habituelle. J’ai donc découvert après plus de quatre ans d’exercice, que j’avais été évalué sans le savoir. Il est possible d’obtenir une copie de ces documents (gratuitement), on peut même vous les envoyer par la poste (toujours gratuitement), mais les originaux sont conservés par le Service, même si vous vous en êtes retiré.

Ce rapport est envoyé ou non à la discrétion du chef d’établissement après la fin de la suppléance. Il est intitulé "Billet d’appréciation (SUPP ou DAX)" (pour suppléant ou délégué auxiliaire). Il contient le motif de l’absence de professeur remplacé, la durée de la suppléance, le nombre d’heures hebdomadaires, la matière enseignée, les coordonnées de l’établissement scolaire, les coordonnées du Service des enseignants du second degré, la date d’émission du billet et le tampon avec la date de réception, les différents critères d’évaluation (que je détaillerai plus loin) avec un petite légende ainsi que deux emplacements réservés à la signature du suppléant et à celle du chef d’établissement, cette dernière comporte aussi parfois le tampon de l’établissement scolaire.

Les critères sont regroupés en cinq catégories, les trois premières (profil général, qualité de l’enseignement et conscience professionnelle, relations) notées selon des cases cochées "Très bien, Bien, Moyen, Insuffisant ou Difficile à évaluer", les deux dernières concernent la participation à "la vie de l’établissement" et l’avis final du chef d’établissement qui se résume à une simple question, parfois agrémentée d’un court commentaire manuscrit : Le reprendriez-vous ? Si oui plutôt en collège ? En lycée ou en lycée professionnel ?

Quel est votre degré d’exactitude ? La qualité de votre présentation/tenue ? L’ampleur de votre dynamisme ? Le degré de votre aisance verbale ? Vos cours sont-ils bien préparés ? Progressez-vous bien dans le programme durant l’année ? Quel est votre comportement avec les élèves ? Et qu’en est-il pour les "tâches directement observables" ? Quelles ont été vos relations avec les responsables éducatifs, les collègues, les parents ? Avez-vous participé à des activités péri-éducatives ? Et quel a été votre rapport vis-à-vis de l’identité catholique de l’établissement ?

Que votre travail soit évalué, ma foi, pourquoi pas, même si ce n’est pas très agréable à vivre, on peut comprendre les raisons de la démarche, même s’il semble plus difficile d’évaluer la qualité du travail dans un métier aussi plastique et tertiaire que l’enseignement. Toutefois, quand vous êtes titulaire, il existe un service d’Etat qui vous évalue, l’inspection académique. Vous pouvez parfaitement recevoir la visite d’un inspecteur qui assistera à vos cours en personne.

Existe-t-il un système semblable pour les suppléants de l’enseignement public ? Je l’ignore.

Mais revenons à ces "billets d’appréciation". Ils posent en effet un certain nombre de problèmes à mes yeux. Tout d’abord, lorsque vous vous inscrivez rue des Saints-Pères, personne ne vous informe de cette procédure. Pourquoi ?

Ensuite, l’envoi de ce billet dépend entièrement du bon vouloir du chef d’établissement. Certains en envoient, d’autre pas, pourquoi ? On pourrait se dire que la durée du remplacement parfois très courte peut dissuader le chef d’établissement de remplir un tel formulaire faute d’avoir suffisamment de matière pour évaluer avec pertinence. Mais il n’en est rien, sur un total de six billets à ma disposition pour sept remplacements, le billet absent correspondait à un remplacement largement assez long pour évaluer (plus d’un an) et par contre l’un des billets en ma possession correspond à un remplacement d’une semaine.

De quelle manière le chef d’établissement collecte-t-il les informations lui permettant d’évaluer ? Mystère. Pour les petits établissements, peu de professeurs, peu de classes où le directeur enseigne en général en plus d’être directeur, les contacts sont fréquents, donc cela se comprend mieux. Mais dans de vastes établissements, où le chef d’établissement peut sembler enfermé dans sa tour d’ivoire, où vous ne le croisez qu’au mieux une demi-douzaine de fois dans l’année ?

Quand je parle du "bon vouloir" je n’exagère pas. En effet, la responsable de mon dossier de l’époque m’avait avoué à quel point ce document pouvait être subjectif, qu’il suffisait qu’il y ait une "incompatibilité de caractère" entre un chef d’établissement et un remplaçant pour que le billet d’appréciation s’en voit sensiblement dégradé, un même suppléant pouvant, d’un remplacement à l’autre être encensé ou rabaissé. J’ai moi-même eu quelques surprises (pas toujours agréables) dans mes propres bulletins.

Pourtant, les critères que j’ai énumérés plus haut semblent assez objectifs, alors ?

Quelle est la valeur d’une telle évaluation ? Elle semble très importante aux yeux du Service, surtout en ce qui concerne l’ultime question : "Le reprendriez-vous ?". En effet, d’après ma référente, il suffit d’une seule réponse négative à cette question pour qu’un suppléant voie son cas étudié en profondeur par le Service et qu’il risque d’en être définitivement exclu : exit des listes et ce malgré une pleine conscience de la subjectivité de l’évaluation de ces billets. Une exclusion des listes revenant plus ou moins à la certitude de ne jamais décrocher de suppléances, donc à l’impossibilité d’accumuler l’ancienneté nécessaire pour tenter les concours internes du privé.

Etrange vous ne trouvez pas ?

Enfin, sur l’ensemble des billets à ma disposition, le dernier seulement, concernant un remplacement que j’ai effectué après ma découverte de ce système, fut rempli sous mes yeux, dans le bureau du chef d’établissement, par celui-ci en personne, en toute transparence. Aucun des autres ne fut rempli dans de telles conditions, aucun des autres ne porte ma signature à l’emplacement pourtant prévu à cet effet.

Est-ce bien légal tout cela ? Pourquoi tant d’opacité ?

La question est très sérieusement abordée en ce moment par le syndicat CFDT dans un article de son journal d’information, je cite :

"

Délégués auxiliaires : précarité et opacité

M. X est DA depuis 2001, son premier remplacement fut très court, il n’a croisé le directeur que deux fois dans les couloirs. A la fin de chaque suppléance ou de chaque année effectuée par un DA, le chef d’établissement doit remplir un bulletin appelé évaluation de la suppléance. Les grilles vont de très bien à insuffisant et le chef d’établissement doit répondre aux critères suivants :

- profil général, exactitude, présentation, tenue, dynamisme, aisance verbale ;

- qualité de l’enseignement et conscience professionnelle ;

- relations avec : les collègues, les parents, les responsables éducatifs ;

- participation à la vie de l’établissement : a-t-il participé à des activités péri-éducatives ? Par rapport à l’identité catholique de l’établissement, s’est-il montré intéressé, indifférent, respectueux, mal à l’aise, actif, difficile à évaluer ;

- le reprendriez-vous : en lycée ou en collège ou en lycée professionnel ?

Cette évaluation signée par le chef d’établissement devrait théoriquement l’être par le maître, ce qui n’est pas toujours le cas. Ces rapports nous indiquent Mme X ont le plus souvent été faits à son insu et envoyés sans sa signature aux services de l’enseignement catholique qui les met à son dossier. Dans un des rapports, il est mentionné qu’elle n’a pas participé à des activités péri-éducatives alors que notre collègue affirme avoir donné bénévolement des cours de catéchisme. Sur six évaluations reçues, une seule a été signée et présentée à Mme X en toute transparence, nous remarquons que cette dernière était bien meilleure que les précédentes. Doit-on en conclure que certains chefs d’établissement n’ont pas le courage de faire signer une feuille d’appréciation comportant des remarques parfois peu amènes et pour le moins subjectives et non motivées. Cette question est d’importance, on peut craindre qu’un manque d’adhésion réelle ou supposée au caractère propre de l’établissement ne devienne aux yeux des chefs d’établissement un critère d’incompétence et ne prive le DA de toute délégation ultérieure. Sur l’académie de Versailles, de nombreux délégués sont au chômage car ils n’ont pas retrouvé de poste alors que des nouveaux entrent dans le système.

Nous conseillons aux délégués qui ont subi des préjudices de saisir la Halde et de nous contacter.

Geneviève Archilla et Florence Chabord"

Alors, souriez, vous êtes évalués :) Mais restez vigilants.


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17 réactions à cet article    


  • 5A3N5D 4 mars 2008 11:16

    Une simple question : quel est le niveau de diplôme exigé pour enseigner :

    • dans le primaire privé sous contrat ?
    • dans le secondaire privé sous contrat ?

     


    • Un ex-enseignant trentenaire Un enseignant trentenaire 4 mars 2008 11:24

      Je ne peux vous répondre que pour le secondaire, ne connaissant que ce niveau là, il me semble qu’une licence suffit ( français, de mathématiques, d’histoire-géographie... ). Le primaire est assez différent je crois en ce qui concerne les diplôme exigés. Si vous voulez être titulaire dans le privé et vous limité à l’enseignement privé, il vous faut soit le CAFEP ( l’équivalent du CAPES des enseignants du public ), soit le CAER ( qui est le concours interne que l’on peut passer après avoir accumulé suffisamment d’années d’encienneté ). Tant que vous n’avez pas l’un de ces 2 concours, vous restez un suppléant, donc sur siège éjectable.


    • 5A3N5D 4 mars 2008 11:55

      C’est marrant de voir un message qui ne comporte qu’une simple question "moinssé" illico par au moins un imbécile.

      Débat terminé pour moi.

       


    • Un ex-enseignant trentenaire Un enseignant trentenaire 4 mars 2008 15:24

      @Tristan

      Vous m’avez visiblement mal lu , répondez pour partie a coté de ce que je dis et pour l’autre répétez des arguments ou des éléments que j’approuve dans mon article. Que puis je dire d’autre ?

      Vous ne réagissez pas sur le coté opaque/suspect de ces évaluations, qui est au coeur de mon article. Quand à l’emploi du temps des Chefs d’établissements, sur 7 remplacements, j’ai été gratifiés de 6 rapports d’évaluation, donc il semble bien que pour une très large majorité, le temps puisse être trouvé.

      Si ce système d’évaluation est si fiable, si objectif, pourquoi un tel manque de transparence ? Pourquoi refuser 6 fois sur 7 de remplir ce document en tête à tête avec l’interessé en lui expliquant les raisons de telle ou telle notation et en lui faisant signer le document en bas de page dans l’emplacement prévu à cet effet ? Cet emplacement existe, donc il est là pour être utilisé, pourquoi ne l’est il pas dans la très large majorité des cas ? 

      Peut être est ce une façon de couper court à toute possibilité de contestation, comme cela est possible lors des notations administratives proposées par les chefs d’établissement pour les titulaires. Il est possible de refuser de signer un tel document quand on est titulaire et ainsi de contester l’avis du chef d’établissement. Dans le cas des évaluations de la suppléance, il n’y a même pas cette possibilité puisque l’on ne fait pas signer l’interessé.

      @Ornythorinque

      La HALDE lutte contre la discrimination et pour l’égalité dans le travail, je pense que les syndicalistes de la CFDT mentionnent ce problème des évaluations des suppléants dans un cadre plus vaste, une défense du statut du suppléant dans l’enseignement privé. Un certain nombre de chefs d’établissements du privé semblent rechigner à conserver les suppléants d’une année sur l’autre, même si le poste est toujours vacant et qu’aucun titulaire ne le réclame. La question sanction à la fin de cette évaluation du suppléant semble un moyen aisé de se "débarasser" d’un suppléant qui ne plait pas au chef d’établissement pour de simple raison d’incompatibilité de caractère, sans que les compétences de l’interessé soient contestées et sans soucis des conséquences pour l’interessé vis à vis de son maintien ou non dans la banque du Service de la rue des Saints Pères. C’est mon interprétation, ensuite....

      L’un de mes rapports est éloquent sur ce point : le motif de l’absence écrit ne corrsespond pas à celui qui m’avait été donné au moment de l’entretien, il n’était pas mentionné que la majorité de mon emploi du temps était consacré avant tout à des cours de SES et non dans ma matière d’origine, aucune évaluation n’est insuffisante, 3 sont très bonnes, 2 bonnes, 5 moyennes ( ce qui est en partie compréhensible, eu égard au fait que c’était mon deuxième remplacement et en grande partie pour une matière ou j’étais peu familier, j’en étais encore à apprendre un métier auxquelles les études universitaires ne forment absolument pas ). La participation à la vie de l’établissement ? Réponse négative mais fausse du chef d’établissement, j’avais donné pendant l’année chaque semaine et bénévolement des cours de cathéchisme. Le reprendriez vous ? Non.

      Ma référante au Service de la rue des Saints Pères reconnue elle même que l’ensemble du document n’était pas cohérent et que j’avais bien failli être rayé des listes.

      Alors, ou est l’objectivité là dedans ?

      L’apparente opacité que je souligne ne vise t’elle pas à dissimuler un système d’évaluation qui est tout sauf fiable et juste ?

       


    • brdmte 4 mars 2008 19:39

       Question intéressante . J’ai mis PLUS donc compteur ZERO . Vingt secondes plus tard MOINS 1. Votre remarque moins 4 , à présent moins 3 ( mon vote ). Décidément , il y a des débiles sur ce site , je suis d’accord avec vous . Et "hihihi " n’est pas encore venu sur le sujet.


    • Tristan Valmour 5 mars 2008 01:11

      @ l’auteur

      Vos commentaires sont plus explicites que l’article. Quels que soient les critères retenus pour l’évaluation, ils seront toujours contestables - à tort ou à raison - lorsqu’ils ne relèvent pas du quantitatif. Il est en effet difficile de mesurer la qualité du travail d’un enseignant, et celui-ci est effectivement à la merci de ce que j’ai nommé plus haut "les aléas relationnels". Mais c’est ainsi dans toutes les professions.

      Les certifiés et les agrégés signent en effet leur note devant le proviseur/principal/directeur des études, mais je n’ai pas eu connaissance de nombreux profs qui ne les signaient pas. Rappelons également qu’une note ne peut pas être baissée, même si le prof est mauvais.

      Ne pas avoir eu connaissance de votre évaluation par l’évaluateur est donc le problème que vous soulevez. Je peux effectivement comprendre que cela vous embête, mais un directeur qui ne souhaite pas vous reprendre ne vous reprendra pas, même si vous contestez votre évaluation. Malheureusement, cela est lié à la précarité de votre statut, et peut-être à la matière que vous enseignez. Les profs de sciences et de maths sont plus courtisés car il y a une tension sur le marché du travail.

      Vous avez parfaitement raison lorsque vous affirmez que le concours ne fait pas le professeur. Il présente cependant un double intérêt : limiter le clientèlisme, assurer un niveau de connaissance supérieur aux meilleurs des élèves.

      Le domaine de l’enseignement subit une profonde mutation dans le monde, et la France résiste encore, mais pour peu de temps. Intéressez-vous à Singapour. Il ne m’apparaît donc pas judicieux de passer un concours d’enseignement en ce moment en raison de ces données (plus explicitement, la libéralisation de l’enseignement avec la suppression ou la réforme des concours), mais aussi en raison du nombre de postes ouverts.

      Bon après-midi.

       


    • Ornithorynque Ornithorynque 4 mars 2008 13:29

      Pouvez vous m’expliquer le rapport entre le fait d’être évalué, et la Halde ?

       

       


      • Tristan Valmour 4 mars 2008 14:22

         

        @ l’auteur

         

        D’abord, tous les professeurs qui ont réussi leur concours (capes/cafep/agreg/plp, etc.) sont évalués chaque année par leur chef d’établissement, dans le Public comme dans le Privé. Cette évaluation permet de passer les échelons et répond pour partie à des critères objectifs (nombre et durée des absences par exemple), pour partie à des critères subjectifs (qualité des cours).

         

        Ensuite, vous demandez pourquoi les directeurs n’envoient pas systématiquement l’évaluation. Il ne vous aura pas échappé que leur charge de travail est inhumaine. Bien souvent, ils terminent à 22h (car il y a des réunions avec les APEL ou le diocèse, etc.). Il s’agit là de la raison principale. Ils croulent sous une paperasse pas possible. N’y voyez donc pas de complot.

         

        Enfin, vous vous inquiétez de l’évaluation. Il me paraît au contraire normal qu’un enseignant soit évalué. Il occupe une position très importante dans la société, et a, pour un temps plein, la charge d’une centaine d’élèves chaque année. Il y a environ 20% de mauvais professeurs (ils sont fréquemment absents, dépriment, ne préparent par leurs cours, corrigent à peine les copies, n’on aucune pédagogie, ont un comportement envers les élèves inadmissible…) qui méritent d’être remerciés, y compris lorsqu’ils ont passé un concours. Le principe de l’évaluation et de la sanction m’apparaît tout à fait justifié, encore faudrait-il qu’il s’établisse sur des critères objectifs (le taux de réussite d’une classe n’en est pas un puisqu’on ne trouve pas deux classes identiques) afin que l’enseignant ne soit pas à la merci des aléas relationnels. De même, cela devrait s’accompagner d’une revalorisation conséquente du statut de l’enseignant aux yeux de la société, et d’une revalorisation salariale tout aussi importante.

         

         


        • jak2pad 4 mars 2008 14:55

          Je n’ai jamais compris en quoi le fait de posséder une licence donnait une capacité quelconque à enseigner, et je comprends encore moins cette tempête dans un verre d’eau. Bien sûr qu’il faut évaluer la qualité d’un enseignant, et ne pas le renouveler s’il est déficient.

          S’il est auxiliaire à plus forte raison, puisqu’un auxiliaire est quelqu’un qui n’a pas obtenu une admission à un concours (seul rempart et fragile garantie contre l’incompétence), ou alors qui n’a pas souhaité s’y présenter, et dans ce cas on peut se demander pourquoi.

          Le concours est une très faible assurance de réelles capacités enseignantes, mais il me semble que l’on peut légitimement s’interroger si quelqu’un ne tente pas de le réussir, ou ne parvient pas à l’obtenir.

          Dernière question : iriez-vous déjeuner dans un restaurant qui refuse qu’on juge de sa cuisine, ou voir une pièce de théâtre avec interdiction d’en parler ensuite ?


          • Un ex-enseignant trentenaire Un enseignant trentenaire 4 mars 2008 15:41

            D’un certain point de vue je vous rejoins : dans le cursus des cours en Sorbonne pour devenir enseignant, vous pouvez enchaîner deug, licence, maîtrise et aggrégation, vous n’assisterez pas une seule fois à des cours de pédagogie, de psychologie de l’adolescence, de préparation de cours, de maniement de matériel etc... On vous bourre le crâne d’une immense savoir encyclopédique en grande partie inutile dans l’enseignement secondaire.

            Contrairement à ce que vous pensez, un CAPES ou un CAFEP n’est en rien un gage de compétence, au mieux un gage de connaissances, bien vite oubliées dans les années qui suivent, puisque tout frais l’on vous dépose devant une classe sitôt votre diplome obtenu sans que vous ayez jamais été confronté à la gestion réelle d’une groupe de 30 élèves. Je ne parle même pas des IUFMs, donc les cours étaient certes passionnants mais totalement déconnectés de la réalité.

            Le seul moyen réel d’apprendre le métier c’est actuellement sur le tas : par des remplacements, c’est seulement en se confrontant à la réalité du métier que primo on découvre si on aime cela ou non et secondo que l’on apprend vraiment son métier en en tirant des leçons quotidiennes. Il y a quelques années lors d’un entretien avec un chef d’établissement, celui ci me dit pour me rassurer "Ne vous inquiétez pas, les 10 premières années, vos élèves essuieront vos plâtres, vous ferez des erreurs, ce n’est qu’au bout de 10 ans environ que vous commencerez vraiment à être un bon prof". Cela en dit long sur ce qu’il pensait des études pour devenir enseignant.

            De plus, vous trouvez suspect de ne pas réussir au CAFEP ? Chaque année, pour l’Histoire/géographie, le % de réussite tourne autour de 15% avec des notes moyennes entre 8 et 10, je vous encourage a essayer de passer ce concours vous même, ainsi vous pourrez ensuite juger sur pièce de la difficulté de celui-ci.

            Les concours internes sont en cela sensiblement plus justes car les épreuves et programmes reposent sur la réalité de ce qui est enseigné et sur les pratiques pédagogiques.

            Mais je constate une chose : je pointais du doigts un dysfonctionnement dont de mon point de vue les suppléants du privé sont victimes et encore une fois, c’est l’enseignant qui est pointé du doigt comme coupable d’on ne sait quelle malhonneteté.

            Donc je souhaite recentrer le débat sur le thème de base.


          • manusan 9 mars 2008 01:15

            bref, pour être prof aujourd’hui, être doué ne suffit pas, il faut quand même une sacré motivation. Et en plus pour finir dans une classe de sauvageons les premières années.

            Honnêtement, je dis respect et courage pour les jeunes enseignants, surtout qu’ils ne sont pas beaucoup aidés par les anciens qui vivent la plupart du temps sur une autre planète et qui donne à la profession une bien triste image.


          • pirouaiite 4 mars 2008 15:52

            miaouuu !! 

            "Paro a faim !!!! "


            • Un ex-enseignant trentenaire Un enseignant trentenaire 5 mars 2008 15:00

              @Tristan

              "Vos commentaires sont plus explicites que l’article. Quels que soient les critères retenus pour l’évaluation, ils seront toujours contestables - à tort ou à raison - lorsqu’ils ne relèvent pas du quantitatif."

              Je l’ai dis, ce ne sont pas les critères que je conteste, pour ceux-ci ( ponctualité, tenue, rapport avec les collègues, etc.. ) je suis globalement d’accord, ils me conviennent. Qu’il y ait une forme d’évaluation, c’est compréhensible, j’ai moi même été élève et j’ai durant ma scolarité, pourtant dans un établissement privé renommé, j’ai croisé 3 ou 4 professeurs qui n’avaient rien à faire dans une classe, que ce soit par leur comportement ou leurs propos, leur absence flagrante d’impartialité ou le simple fait qu’ils ne voulaient pas exercer ce métier et que cela creuvait les yeux.

               "Il est en effet difficile de mesurer la qualité du travail d’un enseignant, et celui-ci est effectivement à la merci de ce que j’ai nommé plus haut "les aléas relationnels". Mais c’est ainsi dans toutes les professions."

              En ce qui me concerne, ce n’est pas parce qu’une mauvaise chose est universelle qu’il faut la tolérer pour autant. De plus, je veux croire que quel que soit le secteur, chaque supérieur dans une entreprise n’est pas forcément partial, de mauvaise foi et malhonnète.

              "Les certifiés et les agrégés signent en effet leur note devant le proviseur/principal/directeur des études, mais je n’ai pas eu connaissance de nombreux profs qui ne les signaient pas. Rappelons également qu’une note ne peut pas être baissée, même si le prof est mauvais."

              Sur le premier point, ceci expliquant cela, la transparence de la démarche oblige sans doute les chefs d’établissements peu scrupuleux à davantage de retenue, d’ou la rareté des contestation. J’ai pu le vérifier par moi même l’année dernière, un collègue enseignant passé du statut de suppléant à celui de titulaire a vu son rapport avec le chef d’établissement très nettement changé, en mieux. Un enseignant titulaire comme vous le soulignez en partie est relativement "invulnérable" y compris vis à vis du chef d’établissement. Sur le second point, je souhaite être cohérent et logique, si l’on exige de la hierachie honneteté, justice et transparence, les enseignants doivent aussi se plier à ces principes, donc il est anormal qu’un mauvais enseignant ne soit pas sanctionné. Ensuite la forme de cette sanction, son empleur, l’état d’esprit dans laquelle elle est donnée c’est autre chose. Si l’objectif est d’améliorer la qualité de l’enseignement et de permettre à l’enseignant d’être plus heureux dans son métier, ou est le mal ? Si l’enseignant montre de réels efforts et progrès qui sont enregistré, tant mieux non ? Je rappelle que tout ceci ne serait sans doute pas nécessaire si les études universitaires pour être enseignant avaient vraiment pour but de former des enseignants et avaient un contenu en rapport avec la réalité.

              "Ne pas avoir eu connaissance de votre évaluation par l’évaluateur est donc le problème que vous soulevez. Je peux effectivement comprendre que cela vous embête, mais un directeur qui ne souhaite pas vous reprendre ne vous reprendra pas, même si vous contestez votre évaluation."

               Alors pourquoi ne pas le dire en face ? Si les raisons sont objectives, sensées, posémment expliquées ou même purement subjectives, le faire en face à face est au minimum une marque de respect fondamental. Hors les établissement privé en grande partie catholiques prétendent inculquer ce genre de valeurs.

              "Malheureusement, cela est lié à la précarité de votre statut, et peut-être à la matière que vous enseignez. Les profs de sciences et de maths sont plus courtisés car il y a une tension sur le marché du travail."

              C’est contre cette précarité justement que le syndicat CFDT lutte apparemment depuis quelques temps. Et pour avoir fréquenté un certain nombre d’enseignants, je peux vous affirmé que si je devait choisir pour mon enfant entre un jeune professeur qui vient d’avoir son CAPES et un autre qui ne l’a pas mais qui a mettons 5 à 10 ans de pratiques sur des suppléances, je n’hésiterais pas une seconde.

              "Vous avez parfaitement raison lorsque vous affirmez que le concours ne fait pas le professeur. Il présente cependant un double intérêt : limiter le clientèlisme, assurer un niveau de connaissance supérieur aux meilleurs des élèves. "

              Sincèrement, après plus de 6 ans d’études, je considère avoir en grande partie perdu mon temps, 90% de ce que j’ai appris ne me servira jamais et j’ai 1000 fois plus appris sur le tas en 3 ans de Surveillance et 4 à 5 ans de remplacements. Alors en effet, si l’objectif est de faire le moins d’admissibles possibles cela marche très bien, mais c’est loin de faire les meilleurs profs possibles. C’est entre autre pour cela qu’il y 5 ans environ entre 1 tiers et la moitié des jeunes enseignants démissionnaient définitivement de leur métier dans les 7 premières années.

              Bon après-midi.

              Vous de même :)

               


              • soleil19 20 juillet 2008 13:46

                Voila un blog avec de infos sur les suppléances dans l’enseignement catholique

                http://suppleance-enseignement.catholique.over-blog.com/


                • nelly 11 mars 2009 11:19

                  bonjour cher collègue,
                  j’étais enseignante dans le public 14 ans durant ( ça use !! mdr ), cela dit, nous avons nombre de points de vue communs.
                  j’ai été prof de franç. 9 ans, puis documentaliste de 2003 à 2008, ceci en tant que non-titulaire.
                  je souhaiterais savoir si je peux postuler comme prof-documentaliste toujours dans le privé via les établissements eux-memes !?
                  merci de votre aide !
                  nelly
                  mon mél : [email protected]


                  • MA2esp 11 juillet 2013 12:42

                    Bonjour :)

                    Je suis, j’étais plutôt, MA jusqu’à ce 5 juillet. J’ai effectué une année terrible dans un établissement. Quand je dis terrible, ce n’est pas au niveau relation élèves/prof mais prof/direction. Dégoûtée et dépitée par le métier pour plusieurs raisons, j’ai décidé d’arrêter ce métier, sans regret. Seulement, je viens de recevoir via la poste, mon évaluation de suppléance. J’ai été démolie par la direction. ça ne m’est jamais JAMAIS arrivé. Je dois leur renvoyer signée. Seulement je n’ai aucune envie de signer. Comme j’arrête, j’ai envie de dire, je m’en fiche, mais mon intention n’était pas d’être rayée des listes, on ne sait jamais, si l’envie me reprenait... et comme j’ai lu dans votre article : « il suffit d’une seule réponse négative à cette question pour qu’un suppléant voie son cas étudié en profondeur par le Service et qu’il risque d’en être définitivement exclu : exit des listes et ce malgré une pleine conscience de la subjectivité de l’évaluation de ces billets. Une exclusion des listes revenant plus ou moins à la certitude de ne jamais décrocher de suppléances, » . Que puis-je faire si je ne suis pas d’accord avec l’évaluation ? :)

                    D’avance merci beaucoup :D


                    • MA2esp 11 juillet 2013 12:43

                      Je précise que mes évaluations ont toujours été très bonnes ailleurs, y compris celles des inspecteurs :)

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