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Accueil du site > Tribune Libre > Karzaï, le Parrain de l’Afghanistan (19) : les confirmations (...)

Karzaï, le Parrain de l’Afghanistan (19) : les confirmations compromettantes de Wikileaks

Dans le flot des « révélations » de Wikileaks, que j’aurais plutôt envie de présenter comme des « confirmations » pour ceux qui observent en détail la géopolitique depuis plusieurs années, un bon nombre de « câbles » d’ambassadeurs ont alerté les USA sur l’état de grande faiblesse dans lequel se trouve l’Afghnanistan, en raison notamment de son gouvernement d’incapables qui a détourné à son seul profit l’essentiel de l’aide humanitaire ou de reconstruction qu’à reçus le pays. Il en reste quelques unes, cependant, d’informations émanant de Wikileaks. Elles enfoncent encore davantage Hamid Karzaï et sa clique. C’est ce qui ressort de leur lecture, en effet.

Karzai le mafieux gère donc son pays comme un clan familial, cela on le savait déjà. Au point de souscrire aux demandes de libération de l'un de ses frères, Ahmad Wali Karzaï, impliqué dans le réseau de drogue le plus imortant du pays, en son fief inviolable de Kandahar. Pour y arriver, ce dernier a dû s'attirer les bonnes grâces de talibans, qui, lorsqu'ils se font arrêter... se voient automatiquement blanchis sur simple demande. "Parmi eux figure le cas de Ghulam Haidar, (qui signifie "Serviteur de Dieu") dirigeant du mouvement taliban dans son berceau de Kandahar, que les forces canadiennes ont remis aux services de sécurité afghans en mars."Ils ont placé cet individu en détention à la mi-mars, mais il était de nouveau dehors après quelques jours. C'est un exemple typique", a confié à Reuters un ancien responsable occidental. De source proche des services de renseignement afghans, on confirme qu'Haidar est un dirigeant connu du mouvement taliban à Kandahar. Sa remise en liberté aurait été demandée par Ahmad Wali Karzaï, frère cadet du président, qui dirige le conseil provincial de Kandahar" nous apprend Wikileaks.
 
C'est en effet une des révélations de Wikileaks, encore qui, nous dit la presse présentent ouvertement Karzaï "comme l"un dirigeant corrompu et impliqué dans le trafic de drogue". Et tout cela dans un double jeu constant et une duplicité notoire, le frère laissant entendre que son protégé travaille pour l'Etat : "lorsque Ghulam Haidar était en détention, AWK a demandé sa libération", affirme une autre source, excluant l'hypothèse selon laquelle il s'agirait d'un agent double". Un frangin qui n'hésite pas à mentir ouvertement et à inverser les valeurs : "Je suis la personne la plus recherchée par les taliban et j'ai été la cible de neuf attentats suicide", rétorque le frère du président, qui dément fermement." Or tout le monde sait, à Kandahar, que ce ne sont pas les talibans qui en veulent à Ahmad Wali Karzaï, mais plus simplement les chefs de clans mafieux qui ont osé se mettre en travers de sa marche vers le contrôle complet de la drogue dans le pays. Libérer les talibans faits prisonniers ? "C'est systématique", ajoute Michael Semple, un observateur venu de la Harvard University ayant 20 ans d'expérience en Afghanistan et connaissant bien les Talibans avec qui il a même des contacts. "C'est bien au-delà d'un phénomène occasionnel", confirme-t-il... On pense aux soldats français, deux encore descendus ces derniers week-ends par des gens qui ont peut-être été arrêtés eux aussi et sont ressortis pour recommencer ce qu'ils avaient commencé : cette guerre est bien stupide !
 

Et ce n'est pas le seul cas d'espèce, car parfois c'est à l'initiative seule du président : "Le cas le plus retentissant de ces dernières années est celui de Dastagir, responsable de la milice dans la province de Badghis, remis en liberté en 2007 sur ordre d'Hamid Karzaï lorsque des dignitaires de la région ont assuré qu'il était décidé à déposer les armes. L'homme, abattu en 2009, est jugé personnellement responsable de la mort de 32 policiers afghans". Il avait été abattu par un drône, lui aussi, à Darya-ye-Morghab, en février 2009 après avoir commis en novembre 2008 une attaque meurtrière sur un convoi qui s'était soldée par 13 morts. Il avait été libéré après être resté quatre mois emprisonné et juré devant Karzaï de ne pas reprendre les armes. Et on ose parler "d'autorité" gouvernementale à l'égard du maître de Kaboul qui ne dirige en fait rien du tout ? Il n'en a aucune, d'autorité, dans le pays !

Relâcher les assassins de sa propre police, voilà ce que fait donc Karzaï, au yeux de tous : comment voulez-vous à partir de là convaincre les afghans de s'enrôler dans cette même police qui tourne au désastre malgré les millions de dollars injectés dedans et disparus dans les caisses des formateurs, tous des groupes de mercenaires grassement payés. Non, ça ne peut pas marcher, et ce n'est pas une politique que ce népotisme sans nom !

Un népotisme et une évasion fiscale évidente : enfin, comment utiliser le mot fiscalité dans un pays sans collecte d'impôts véritables et où les taxes ne possèdent comme échelle de valeurs la seule tête du client en face ? Au pays du bakchich-roi, on prend l'avion avec des valises bourrées de dollars ; direction l'île en forme de palmier de Dubaï. C'est ce que montre également Wikileaks, un phénomène que je vous avais déjà décrit ici-même : " Washington a découvert que, lors d’une visite dans les Émirats, le vice-président afghan, Ahmed Zia Massoud, transportait 52 millions de dollars en liquide, dont " l’origine et la destination » restent inconnues". Le vice président du pays, qui sort plus de 50 millions de dollars du pays ? Sans que personne ne sache ce qu'il peut bien en faire ? Car ce n'est pas un inconnu, cet Ahmed Zia Massoud : c'est bien le jeune frère du commandant Ahmed Shah Massoud, le leader de l’ancienne Alliance du Nord, assassiné le 9 septembre  2001 : j'avais déjà évoqué ici sa vie fastueuse, avant même les révélations de Wikileaks ! il y en a qui vont regretter amèrement leur soutien inconditionnel à la famille Massoud.... le lion du Panshir était peut-être quelqu'un de bien : mais pourquoi donc alors s'être entouré de pareils individus ? Son propre frère "’actuel vice-président de République islamique d’Afghanistan" vit fastueusement sur son île factice  de Palm Jumeirah, pendant que son peuple crève de faim ! A la rentrée dernière, la banque centrale afghane ne pouvait plus payer ses fonctionnaires : ses dirigeants avaient été ruinés par des placements à la Madoff : on comprend mieux pourquoi certains sortaient avant par valises complètes les dollars du pays ! "Des responsables afghans et américains affirment que les deux hommes qui ont présidé la banque d'une manière imprudente l'ont laissée en roue libre, distribuant des millions aux amis du président Hamid Karzaï et ont investi de de l'argent dans des investissements risqués qui se sont effondrés" précise le NYT.

Et puis il y a le sordide. Dans l'usage immodéré des mercenaires, des têtes brûlées sans cervelles privées de sexe sur place, les dérives ont été nombreuses. Kaboul n'étant pas Las Vegas, nos gros bras se sont vite trouvés des succédanés aux "pole dancers" du coin. Ici ceux de Kunduz. Des garçons, de jeunes garçons, déguisés en filles, surnommés les "dancing boys", une tradition locale pédophile ou homosexuelle, liée à une tradition séculaire moult fois décrite, et montrée par le détail dans le film de Jamie Doran, visible ici. La culture plutôt étrange des "Bacha bazi", qui nous apparaît ici comme une pratique de prostitution enfantine, et qui là-bas, ne choque hélas personne, ou presque. Un autre film de Najibullah Quraishi montre cette pratique sidérante, ce particularisme culturel choquant dans les civilisations occidentales qui semblent déjà avoir oublié certaines pratiques en Europe au Moyen-Age ou chez les romains et Caligula, par exemple, raconté par Suétone.

Dans les soirées où étaient "invités" les "dancing boys", la drogue était évidemment présente. C'est elle qui fait vivre le pays ! Les mercenaires, comme à leurs habitudes de vantardise, avaient même filmé leurs ébats avec ces tout jeunes garçons : et le hic, c'est que la cassette de leurs soirées de débauche commençait à circuler quelques jours après sous le manteau à Kaboul, au point de sérieusement affoler le ministre de l'intérieur du pays, Hanif Atmar, qui a fait râtisser toute la capitale pour en retrouver des exemplaires : trop compromettant pour tout le monde, américains compris. Voilà donc notre ministre à alerter les militaires US, qui, au lieu de faire des rondes, ont passé des heures à débusquer les sex-tape de mercenaires alcoolisés : combien sont morts explosés sur une IED lors de cette recherche, on ne l'a pas su. Mais depuis des mois les scores augmentent, et statistiquement il doit y en avoir qui ont perdu la vie pour ce motif dérisoire au regard de ce qu'il a plutôt à faire dans le pays ! Et on voudrait qu'on continue à croire un président qui parle de défendre des "valeurs occidentales" alors qu'on crève aussi en Afghanistan pour une cassette sordide de cul égarée dans la nature ? Ç'est marcher sur la tête là ! Un militaire américain résume ainsi la situation : "Pour qui se bat-on vraiment ? Nous risquons nos vies pour les attraper et les amener en prison, et après on les libère ?"

Ce que révèle aussi Wikileaks dans cette sordide affaire, ce sont les pressions exercées par le Pentagone sur un journaliste qui s'apprêtait à dévoiler ce scandale. Finalement, c'est en juillet que le Washington Post parlera à demi-mots de l'affaire parlant d'un soldat qui "aurait invité un jeune garçon à une danse tribale lors d'une cérémonie de départ". C'était ça en effet où des réactions incendiaires des talibans, qui auraient facilement embrasé tout le pays avec la révélation de l'affaire dans le détail. Karzaï le savait bien que c'était de la dynamite, dont il a sû faire usage... auprès des américains : du genre "si on dévoile ça, demain tous vos soldats se feront égorger" en quelque sorte On n'a pas tout su des exactions irakiennes, on ne voit pas pourquoi l'Afghanistan aurait fait exception. A l'époque, ce qu'on ne savait pas, c'est que cette affaire se produisait au même moment ou les autres gros bras sans cervelle de Blackwater se déchaînaient à la mitrailleuse à un carrefour irakien, celui de Nissor. Ce qui tombait plutôt pile pour Karzaï qui pouvait parler de deux poids deux mesures, avec la phrase "où est la vérité ?" prononcée aux américains : c'est vrai, ça, entre libérer les talibans ou se conduire comme des amateurs sans cervelle à la place de soldats professionnels, où est-elle donc, cette vérité ? Les talibans ont été libérés, preuve aussi que les soldats et les mercenaires de Dyncorp étaient bien des demeurés ; et que l'armée américaine l'a implicitement reconnu. Un de ces demeurés vient de faire des aveux en Irak, nous en avons parlé ici-même dans un autre article.

Un Karzaï présenté par Wikileaks comme celui que j'ai pu vous décrire ici : incompétent, laissant grossir la corruption dans des proportions jamais vues dans un pays et homme sans aucune parole, avec lequel on ne peut jamais compter : le dernier qui quitte son bureau (en laissant une enveloppe) est invariablement le gagnant. Les révélations de Wikileaks sur sa personne, il ne peut les avaler(...) Hamid Karzaï, le président afghan, a mis en doute l'authenticité des documents américains. « Doit-on les croire, ou ne pas les croire... Je serais porté à ne pas les croire », a-t-il déclaré à Kaboul. Plusieurs notes publiées cette semaine sont extrêmement critiques envers le chef de l'État afghan, décrit comme « faible », peu compétent et partie prenante d'un régime extrêmement corrompu". On comprend que ce portrait si peu flatteur ne lui a pas vraiment plu. Mais que diantre fait-on là-bas à protéger pareil individu qui enfonce chaque jour un peu davantage son pays dans la drogue et la corruption ? On possède un président capable de rodomontades pendables vis à vis d'un Laurent Gbagbo mais qui s'associe à ceux qui souhaitent maintenir en place pareil dirigeant vivant manifestement de la corruption ? C'est grotesque ! Quant à faire dans l'ingérence, au nom du bonheur supposé d'un peuple, autant plutôt renverser Karzaï, au lieu de lui dérouler le tapis rouge ! Une semaine avant Noël, c'était le 52eme soldat français qui tombait. Pour défendre la clique de Karzaï ?


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11 réactions à cet article    


  • pierrot123 3 janvier 2011 11:38

    Toujours aussi intéressants, vos papiers, en dépit de votre « sale caractère »...


    • morice morice 3 janvier 2011 17:41

      Tiens moriski ,


      vous pouvez éviter, après les conneries que vous avez pu écrire ici à mon égard.

      • morice morice 3 janvier 2011 17:42

        Toujours aussi intéressants, vos papiers, en dépit de votre « sale caractère »...


        TAPEZ VOUS LES TROLLS, on reparlera du vôtre : 1/3 de leurs injures passe à la trappe ici. Vous supporteriez sans broncher ? Pas moi.

        • volpa volpa 3 janvier 2011 21:53

          Faut pas chatouiller Morice mais après tout c’est l’article qui compte.


          • morice morice 4 janvier 2011 00:16

            un beau jour vous avez débarqué sur un article sur agoravox tv que j’avais fait , vous avez été insultant , partial et pas du tout diplomate , j’ai jamais écris une connerie à votre propos , et moreski est un jeu de mot avec l’ours soviétique alcoolique morreski d’une série canadienne , bref .


            Vous y répandez une rumeur idiote, alors que j’ai déjà prouvé son inanité, en utilisant un de mes graphiques : je vous ai demandé de le retirer, car avec vous tentez de dire le CONTRAIRE de ce que j’ai dit.

            Ça ne se fait pas, tout simplement. Tous vos exemples je les avais renvoyés : l’avion en feu en l’air est un fake, le coup des coups de pistolet un montage ridicule et le frère de l’autre n’a de toute façon pas pu reconnaître grand chose : l’avion s’est ENTIEREMENT retourné, pointe avant fichée dans le sol, avant de brûler entièrement. Trouver des survivants était impossible vu l’impact.

            Vous auriez fait marcher votre cervelle vous auriez comme quoi réfuté ces documents  : quand j’ai rédigé, je les ai tous regardés. Pas un ne m’a paru digne d’intérêt. Vous vous tombez pile dans le panneau complotiste : il est ridicule et le fait des partisans polonais du précédent président, dont les polonais avaient marre.

            C’est dommage ; je vous ai fait trois fois des appels du pied car je souhaitais travailler sur un sujet particulier avec vous, et vous avez tout gâché avec cette manipulation de documents persos. Ça ne se fait pas, c’est tout.

            • morice morice 4 janvier 2011 08:08

              pour la vidéo avec les tirs elle n’était que subsidiaire et chacun créera sa propre opinion , vous faites pas autorité en la matière .


              vous non plus, étant incapable de distinguer le montage sonore fait après. 

              le hs est en effet à arrêter ; vous vous êtes fourvoyé dans des racontars, preuve de votre manque de discernement. Ça vaut mieux pour vous.


              • Bo Maley Bo Maley 4 janvier 2011 15:51

                soulmanfred,

                momo pense que vous êtes un agent de la CIA smiley

                Il est comme çà notre momo national, il est peu parano smiley


              • cmoy patou 4 janvier 2011 12:25

                Le parrain c’est toi momo ! 

                Quand le sage pointe la lune , l’idiot regarde le doigt cette citation te va comme un gant , continue de faire de la pub pour mon blog d’extrème droite pauvre tâche.


                Et là c’est pas toi peut-être hein ?

                 tu bosses toujours pour le hezbollah ?


                • loadmaster 5 janvier 2011 11:47

                  c’était le 52eme soldat français qui tombait. Pour défendre la clique de Karzaï ?

                  Non pour defendre plus surement le passage d’un Pipe Line à travers ce pays !!

                  http://fr.wikipedia.org/wiki/Hamid_Karzai

                  tiens tiens il a fait une formation à l’école de journalisme de Lille...

                  une tradition locale pédophile ou homosexuelle, liée à une tradition séculaire

                  voir aussi le superbe film !les cerfs-volants de Kaboul !

                   


                  • morice morice 6 janvier 2011 01:12

                    c’était le 52eme soldat français qui tombait. Pour défendre la clique de Karzaï ?

                    Non pour defendre plus surement le passage d’un Pipe Line à travers ce pays !!



                    hélas...

                    • loadmaster 6 janvier 2011 10:23

                      http://www.liberation.fr/monde/0101398784-sous-le-conflit-afghan-des-pipelines

                      cet article à 9 ans et force est de constater que ce pipe line est bien la clef de ce bourbier Afghan !!

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