L’abomination des expulsions locatives
La trêve des expulsions prend fin ce soir.
A moins que certains huissiers fassent du zèle et obtiennent le concours de la force publique dès samedi 1er avril, les locataires menacées ont un répit jusqu'à lundi.
Des familles vont vivre dans l'inquiétude, dans la peur et même le désespoir dans l'attente du couperet qui va arriver.
Une expulsion locative, c'est un drame humain, social et économique :
L'huissier, accompagné par des policiers et des déménageurs ne prévient pas le locataire qui vit dans l'angoisse et l'insécurité.
Trop souvent, elle peut se dérouler en présence des enfants, car les huissiers ne sont pas noyés par les scrupules.
Rien n'est prévu d'avance pour rassurer les familles et leur proposer un hébergement immédiat.
Je me rappelle encore de ce couple de septuagénaires handicapés qui n'ont pu prendre qu'un petit sac.
C'était à Dammarie-les-Lys en Seine et Marne et ils n'avaient pas eu le temps de prendre des sous vêtements de rechange.
Une expulsion est indigne pour ceux qui l'organisent mais ils y a des expulsions comme celle là qui sont au sommet de l'échelle de l'indignité !
Les parents qui ont des enfants jeunes et qui se retrouvent à la rue, même si le 115 leur propose un hébergement risquent :
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de se retrouver loin de leur « port d'attache » dans un établissement hôtelier situé dans dans un no mans' land, la scolarisation des enfants risque d'être perturbé d'autant plus que la famille peut changer d'hôtel ;
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des enfants peuvent être placés dans des familles d'accueil... Ce ne sont pas des mots que j'enfile mais une réalité vécue : j'ai soutenu des parents qui ont perdu la garde de leurs enfants parce que le juge a considéré qu'ils n'étaient pas dans de bonnes conditions éducatives... La famille en a été brisée.
Financièrement une expulsion coûte plus cher à l'Etat que s'il avait réglé lui même les dettes locatives.
Je sais, ce n'est pas à lui de le faire mais je rappelle ces faits pour montrer les dérives d'une politique qui conduit à des expulsions locatives.
QUE FAIRE ?
Je n'ai pas de remèdes miracles, bien entendu, mais je pense qu'une prévention faite à trois, c'est à dire par l'action conjointe du CCAS, des services départementaux et des associations de solidarité peut être opérante.
L'année dernière, nous avons pu avec le DAL éviter des expulsions locatives en incitant les locataires à payer et au binôme bailleur-locataire à signer un PCS : protocole de cohésion sociale.
Un PCS c'est un engagement pris par le locataire de reprendre le paiement de ses loyers en retard dans le cadre d'un plan négocié. En contre-partie le bail est restauré et les APL qui ont été suspendus sont restaurés.
J'entends les remarques : « et les petits propriétaires, que deviennent-ils » ?
J'y suis sensible et je conseille à beaucoup de contracter un solibail : une association agréée prend en charge la location, l'entretien nécessaire en cas de problème et accompagne le locataire.
Le propriétaire n'a plus à craindre les impayés et les risques :c'est pris en charge par ce tiers.
IL Y A BEAUCOUP A FAIRE POUR QUE LE DROIT AU LOGEMENT SOIT EFFECTIF !
Ne jetons pas à la pierre aux « mauvais » payeurs ; le cumul des impayés de loyers résulte bien souvent d'accidents de la vie, d'un laisser-aller lié à un découragement !
Jean-François Chalot
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