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L’Airbus de la transition énergétique, nouvelle usine à gaz signée Hollande

On imagine la scène, dans le bureau de François Hollande, quelques jours avant sa troisième conférence de presse : "Eh, les gars, ça fait combien de temps qu'on n'a rien sorti d'un peu chiadé sur la transition énergétique ? (silence) C'est bien ce que je pensais. Bon, je propose qu'on fasse un truc avec l'Allemagne, c'est vendeur l'Allemagne, ça fait sérieux. Comment on pourrait l'appeler ? Il me faut du lourd, les amis, du qui rentre dans les cerveaux sans faire toc, toc, toc. Vous dites ? Un "Airbus de l'énergie" ? Parfait ça ! Ça va faire un effet boeuf."

Le 14 janvier, sous les ors de la République : "Nous sommes très fiers du résultat d'Airbus. Exceptionnel. (...) L'idée, c'est de faire une grande entreprise franco-allemande pour la transition énergétique, une belle alliance." Les mots étaient là, les journalistes n'avaient plus qu'à les agencer. Ça n'a pas manqué. La formule a été reprise dans tous les médias. Mais a-t-elle seulement un sens ?

"Airbus de...", formule fourre-tout et hasardeuse s'agissant de transition énergétique   

L'idée, quand on parle d'Airbus, c'est d'évoquer une coopération entre pays européens dans un secteur donné, pour retrouver à plusieurs un leadership qu'on a perdu individuellement. L'expression trouve son origine dans le succès de l'association franco-allemande sur le cas d'Airbus, et a depuis été utilisée pour parler d'Airbus des Télécoms, du naval, of chips, du ferroviaire...

Bref, on l'aura compris, parler d'Airbus en y accolant le nom d'un secteur industriel, c'est évoquer la possibilité d'un partenariat qui envoie du lourd. Le problème, c'est qu'à l'instar du reste de son propos, le chapitre "transition énergétique" de la conférence de Hollande manquait singulièrement de précision. Ce n'était même pas imbitable, c'était juste bâclé, vide. 

Il faudrait déjà, pour envisager une alliance franco-allemande, s'entendre sur ce qu'on veut dire par "transition énergétique". Jusqu'à preuve du contraire, la transition énergétique, ce n'est pas un domaine en soi, ça fait référence à plein de choses : les énergies renouvelables, le bâtiment, la mobilité électrique, les smart grids... Comme le rappelle pour Usine Nouvelle Jean Therme, de la CEA : "même dans les EnR, les situations en termes de technologies ou de marché sont très différentes d’une énergie à l’autre".

Surtout, conduire une transition énergétique ensemble, ça suppose d'avoir peu ou prou la même. Ce n'est pas le cas. L'Allemagne a décidé d'abandonner complètement le nucléaire d'ici 2022, la France non. La France a décidé de se tourner vers les compteurs communicants, l'Allemagne non. Bref, on imagine le dawa pour harmoniser tout ça.

Linky, Gaspar, à part ça pas grande chose...

Surtout de chez surtout, avant d'inviter l'Allemagne à nous rejoindre sur le front de la transition énergétique, il faudrait peut être commencer par dégager les lignes de force de ce à quoi va ressembler la nôtre.

J'ai déjà pas mal vitupéré ici sur le sabotage organisé par Europe Ecologie-Les Verts, leurs petites guerres intestines et autres bisbilles orchestrées au mépris de l'efficacité dans la conduite d'une politique écolo digne de ce nom. Rien n'a changé. La France a des objectifs élevés, comme par exemple passer à 23% d'EnR renouvelables dans le réseau d'ici 2020, et que fait-elle pour y parvenir ? Elle envisage de supprimer les subventions, elle est encore trop timide sur le sujet des réseaux intelligents, elle se contente de s'élever de façon stérile contre le nucléaire par la voix d'Emmanuelle Cosse, triste secrétaire générale des verts.

Alors bien sûr, en marge de ce tableau vénéneux, des initiatives valables existent. Le pays va se doter de millions de compteurs communicants Linky (ERDF) et Gaspar (GDF), destinés à favoriser l'injection d'EnR dans le réseau, et à minimiser la consommation des ménages. Présentés partout comme les premières briques de la transition énergétique, ils pourraient aussi en être les dernières si Hollande et sa clique ne font pas le nécessaire rapidement pour, enfin, avancer. 

Un "Airbus franco-allemand de la transition énergétique" ? Lol. La France roule en trottinette. 


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1 réactions à cet article    


  • zygzornifle zygzornifle 29 janvier 2014 12:43

    Signe prémonitoire, à peine élu l’avion d’Hollande à pris la foudre l’ors de son déplacement en Allemagne...

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