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Accueil du site > Tribune Libre > L’anthropologie négative et la philosophie des maîtres du désordre (...)

L’anthropologie négative et la philosophie des maîtres du désordre comme expérience de démocratisation singulière en Haïti

Liminaire.- 

Dans cette étude, nous plongerons dans les intrications complexes de la démocratie biaisée qui caractérise les protectorats et les nations économiquement fragiles, en prenant comme cas d'étude le tumulte haïtien. À travers certains prismes analytiques faisant autorités , nous dévoilerons les mécanismes de domination qui ont façonné et maintiennent cette réalité oppressive. Les réflexions de certains auteurs nous guideront dans une exploration des stratégies historiques employées par les puissances impérialistes pour manipuler et exploiter des territoires, perpétuant ainsi un déséquilibre démocratique flagrant.

Nous mettrons en lumière comment la manipulation des systèmes politiques et économiques par les forces impérialistes a engendré un cycle continu de chaos et d'instabilité dans des pays comme Haïti en examinant des travaux sur l'hégémonie culturelle de Antonio Gramsci, sur le pillage des ressources de Eduardo Galeano, sur l'utilisation de la famine comme arme politique de Jean Ziegler, sur la propagande de Noam Chomsky et sur les inégalités économiques de Thomas Piketty. Enfin, en nous appuyant sur les concepts d'anthropologie négative et la philosophie des maîtres du désordre, nous chercherons à élucider comment ces nations ont néanmoins développé des résistances et des formes uniques de démocratisation entravée. En analysant ces expériences singulières à la lumière des théories de ces penseurs, nous pourrons mieux appréhender les défis et les possibilités pour la construction d'une démocratie véritablement démocratique dans les "backyards" des puissances impérialistes et décortiquer les multiples facettes de cette domination systémique.. 

Cadre structural.- 

Le chaos haïtien trouve ses racines profondes dans le passé colonial tumultueux de l'île. En effet, l’invasion par les européens de ce bassin de vie est appréciée comme le plus grand génocide du début du 16e siècle occidental (plus de 70 millions d’autochtones exterminés1). Les noirs déportés massivement d’Afrique avaient fait un joyau économique de cette partie du monde baptisée par les exploiteurs Amérique et son île occupée et colonisée par les français qui la nommèrent Saint Domingue. La production à grande échelle du sucre et du café consommés en Europe a été acquise au nom du Code noir et au prix d'une exploitation brutale des esclaves africains qui étaient soumis à des conditions de travail inhumaines dans les plantations. L'exploitation économique et sociale systématique de la population esclavagisée jusqu’à la fin de la guerre anti coloniale laquelle se solda par la libération de la partie ouest de l’ile jusqu’à la fondation de Hayti, le 1er janvier 1804. Les élites locales soutenues par des intérêts étrangers français et états unisiens d’Amérique du nord ont commis le parricide en tuant l’Empereur Jean Jacques Dessalines le 17 octobre 1806 pour se partager le pays devenu Haïti en dominant son économie et sa politique. En outre, l'héritage colonial a laissé un système de classe profondément inégalitaire, où une petite élite possédait la majorité des terres et des richesses, tandis que la grande majorité de la population vivait dans la pauvreté et l'insécurité. Cette disparité économique a alimenté des tensions sociales et politiques, créant un terrain propice à l'émergence de mouvements de contestation et de révoltes populaires. Cette exploitation socio politico économique qui dure encore a entraîné un cycle de dépendance vis-à-vis des puissances étrangères et a contribué à maintenir Haïti dans un état de sous-développement chronique.

En conséquence de cette exploitation multidimensionnelle persistante, Haïti a été marquée par une instabilité politique récurrente. Les luttes pour le pouvoir entre diverses factions politiques, souvent appuyées par des intérêts étrangers, ont déchiré le tissu social du pays. Les coups d'État, les révolutions et les dictatures ont été monnaie courante tout au long de l'histoire haïtienne, entravant toute tentative de stabilité politique et de consolidation démocratique. Ainsi, le contexte historique du chaos haïtien est profondément enraciné dans des siècles d'exploitation, d'injustice sociale et d'instabilité politique.

Les interventions étrangères, qu'elles soient directes ou indirectes, ont également contribué à l'instabilité politique en Haïti. Les puissances étrangères, en particulier les États-Unis et la France, ont souvent cherché à protéger leurs intérêts économiques et géopolitiques dans la région en influençant les affaires intérieures haïtiennes. Des interventions militaires (Etats unis d’Amérique du nord : 1915 -1934* /1994-1995) , des embargos économiques (France : 1804-1825 connu comme le paiement de la dette de l’indépendance / Etats unis d’Amérique du nord : 1991-1994 / Organisation des Nations unies (ONU) : 1993-1994 / 2004 ) et des manipulations politiques (18 coups d’Etat) ont souvent été utilisés pour maintenir le contrôle sur le pays, compromettant ainsi sa souveraineté et sapant ses efforts de développement.

La fragilité institutionnelle en Haïti, résultant de décennies de corruption, de clientélisme et de faiblesse des structures gouvernementales, a également contribué au chaos politique. Les institutions démocratiques ont souvent été compromises par des pratiques antidémocratiques telles que la fraude électorale, l'intimidation politique, la répression des opposants et les interventions directes des Etats unisiens d’Amérique du nord pour imposer leurs poulains. Qui ne se rappelle pas l’immixtion de la secrétaire d’Etat des Etats unis d’Amérique du nord, Hillary Clinton, dans le processus électoral de 2010 pour imposer le candidat à la présidence Joseph Michel Martelly. Cette absence de gouvernance efficace a alimenté un climat d'impunité, où les abus de pouvoir, les violations des droits de l'homme, la corruption et le bradage du pays sont restés monnaie courante et rendant le chaos haïtien plus complexe et multidimensionnel.

L'analyse de Gramsci sur l'hégémonie et la domination culturelle offre un cadre précieux pour comprendre le contexte du chaos haïtien. Gramsci soutient que le pouvoir ne se limite pas à la coercition physique, mais repose également sur la domination culturelle, où les élites façonnent les idées et les valeurs qui déterminent la vision du monde d'une société. Dans le cas d'Haïti, cela se traduit par la construction d'une conscience politique aliénée au sein de la population. Les élites, en collaboration avec les puissances impérialistes, ont œuvré pour imposer une narration qui justifie leur domination et perpétue l'ordre établi, souvent au détriment des intérêts des masses populaires.

Cette construction d'une conscience aliénée a pour conséquence la perpétuation de l'ordre établi par les élites, qui maintiennent ainsi leur emprise sur le pouvoir politique et économique. En effet, en Haïti, cela se manifeste par une classe dirigeante étroitement liée aux intérêts étrangers et dépendant totalement des Etats unis d’Amérique du nord et du CORE GROUPE2, qui consolide son pouvoir à travers des réseaux de patronage et de corruption. Cette élite, souvent issue des élites économiques et militaires, exerce un contrôle étroit sur les institutions politiques et économiques du pays, ce qui entrave toute tentative de réforme ou de changement radical.

Les perspectives d'Eduardo Galeano sur le pillage des ressources offrent un éclairage crucial sur la situation économique des nations "backyard" telles qu'Haïti. Galeano décrit comment ces pays sont soumis à une véritable saignée économique, où leurs ressources naturelles sont exploitées à des fins lucratives par les puissances impérialistes et les entreprises multinationales. Dans le cas d'Haïti, cette saignée économique remonte à l'époque coloniale, lorsque l'île était exploitée pour sa production de sucre et de café. Cependant, même après son indépendance, Haïti est restée une cible de l'exploitation étrangère, avec l'extraction de ressources telles que le bois, le fer et les minerais mais aussi la tentation manifeste déplacer les populations des sites regorgeants de ressources minières par les gangs. Le cas d’un grand remplacement dans les départements de l’ouest (particulièrement la capitale d’Haïti et la région métropolitaine de Port-au-Prince), de l’artibonite et du centre est symptomatique de l’« esprit impérial »3. Les multinationales et les intérêts étrangers jouent un rôle central dans ce processus de contrôle des ressources en Haïti. Des ambassades, souvent en collusion avec les élites locales, exploitent les richesses naturelles du pays sans égard pour les conséquences sociales ou environnementales. Par exemple, des entreprises minières étrangères ont été accusées d'extraction non réglementée et de pollution environnementale, contribuant à la destruction des écosystèmes locaux et à la dégradation des conditions de vie des populations locales.

Un aspect souvent négligé de cette exploitation économique est l'utilisation de la dette comme instrument de contrôle. Les pays "backyard" comme Haïti se retrouvent souvent piégés dans un cycle de dette insoutenable, contractant des prêts auprès d'organisations internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale pour financer et enrichir les anti nationaux et leurs tuteurs, sous couvert de développement. Cependant, ces prêts sont souvent assortis de conditions draconiennes, telles que des programmes d'ajustement

structurel qui imposent des politiques d'austérité et de libéralisation économique. Cette dette est un fardeau écrasant pour le pays empêchant de consacrer des ressources à des investissements sociaux essentiels tels que l'éducation et la santé. En outre, cette dépendance à l'égard des maitres étrangers renforce la mainmise des puissances impérialistes et des institutions financières internationales sur ce pays, l’obligeant à suivre des politiques économiques favorables aux intérêts étrangers au détriment de sa propre souveraineté et de son développement autonome.

Ainsi, selon Galeano, le pillage des ressources en Haïti et dans d'autres nations "backyard" est le résultat d'une combinaison de facteurs économiques, politiques et historiques. Pour le chercheur, cette exploitation économique est intrinsèquement liée à la notion d'impérialisme, où les puissances dominantes cherchent à maintenir leur suprématie en exploitant les économies et les ressources des pays périphériques. En comprenant ces mécanismes de domination, nous pouvons mieux saisir les défis auxquels sont confrontés les pays comme Haïti et explorer des voies alternatives vers un développement durable et équitable.

Les perspectives de Jean Ziegler sur la famine comme arme politique mettent en lumière une réalité troublante dans de nombreux pays "backyard", y compris Haïti. Ziegler souligne comment la manipulation des marchés alimentaires par les puissances impérialistes et les grandes entreprises agroalimentaires de l’extérieur contribue à la perpétuation de la pauvreté et de l'instabilité dans ces régions. En Haïti, cette manipulation est particulièrement prégnante, avec des politiques économiques qui favorisent l'importation massive de denrées alimentaires aux dépens de la production locale, sapant ainsi la souveraineté alimentaire du pays. Se rappeler du cas de l’importation du riz des Etats unis d’Amérique du nord imposée à Haïti comme deal politique au président Aristide dans le cadre de l’ajustement structurel. Le pire – cette ingérence dans la souveraineté alimentaire d'Haïti est un exemple frappant de cette dynamique par l’envoi dans le pays d’un riz cancérigène dénoncé par l’Université de Michigan dans une étude paru en février 2024. Un article y relatif publié par Ted Actu explique que « une étude approfondie révèle que la domination du marché haïtien par le riz importé est un phénomène enraciné dans l’histoire du pays. Deux facteurs majeurs contribuent à cette situation : la réduction des droits d’importation et la conclusion de contrats à long terme au cours des troubles politiques instaurés dans les années 1980 et 1990…En conséquence, Haïti dépend fortement de l’extérieur pour sa consommation de riz et dépend presqu’exclusivement des États-Unis pour cet approvisionnement, qui représente environ 90 % de ses besoins totaux ».4 Historiquement, le pays était autosuffisant sur le plan alimentaire, mais les politiques économiques imposées par les puissances étrangères, telles que l'ouverture forcée des marchés aux produits étrangers à des prix compétitifs, ont dévasté l'agriculture locale. Cette dépendance accrue à l'égard des importations alimentaires a rendu le pays vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux des denrées alimentaires et aux chocs externes, exacerbant ainsi les niveaux de pauvreté et d'insécurité alimentaire.

Les conséquences sur la stabilité sociale et politique d'Haïti sont profondes. La dépendance à l'égard des importations alimentaires fragilise la sécurité alimentaire du pays et aggrave les inégalités socio-économiques, exacerbant ainsi les tensions sociales. De plus, cette manipulation des marchés alimentaires renforce la marginalisation des agriculteurs locaux et des communautés rurales, qui sont souvent les plus touchées par la crise alimentaire. Selon le dernier rapport du Cadre Intégré de Classification de la Sécurité Alimentaire (IPC) : « Près de 5 millions de personnes, soit la moitié de la population haïtienne analysée, classifiées en insécurité alimentaire pour la période de mars à juin 2024 ont besoin d’une action urgente pour combler leurs déficits de consommation alimentaire et protéger leurs moyens d’existence »5. Les politiques agricoles défavorables, combinées à la concentration croissante des terres entre les mains d'une élite minoritaire, ont conduit à une dépossession généralisée des petits exploitants et à une augmentation de l'exode rural vers les bidonvilles surpeuplés des villes, exacerbant ainsi les problèmes de surpopulation et d'urbanisation incontrôlée. Un état de fait se reproduisant à chaque crise « forcée » par les impérialistes. Pour preuve, les chiffres avancés par les officiels américains lors de la première occupation des Etats unis d’Amérique du nord d’Haïti (1915-1934) montrent clairement que le départ des Haïtiens répondait à un objectif politico-économique précis. D’après M. Séjourné, inspecteur général des douanes, plus de 300 000 Haïtiens abandonnèrent le pays durant les 19 ans d’occupation et très peu y revinrent. Mais ce chiffre ne représentait que l’émigration légale. L’émigration clandestine, elle, représentait entre le tiers et la moitié de celle-ci.[ Voir Union patriotique, Mémorandum en date du 3 octobre 1929, ADE/Document/838.00/2581 ET Suzy Castor, L'occupation américaine d'Haïti, Éditeur Société haïtienne d'histoire, Port-au-Prince, 1988, p 99]

En récapitulant, les regards de Jean Ziegler mettent en lumière comment la famine est utilisée comme une arme politique pour maintenir le contrôle et l'influence des puissances impérialistes dans les pays "backyard" comme Haïti. La manipulation des marchés alimentaires, l'ingérence dans la souveraineté alimentaire et les conséquences sur la stabilité sociale et politique exacerbent les défis auxquels est confronté le pays, sapant ainsi ses perspectives de développement durable et équitable.

Pour intervenir sur la propagande et la désinformation, les contributions de Noam Chomsky fournissent un éclairage crucial sur la situation médiatique en Haïti et dans d'autres nations "backyard". Chomsky soutient que les médias, loin d'être des organes neutres d'information, sont souvent des instruments de contrôle social et politique, utilisés pour manipuler les perceptions publiques et maintenir l'ordre établi. En Haïti, le contrôle des médias est souvent exercé par les élites économiques et politiques qui ont des intérêts alignés avec les puissances impérialistes, ce qui limite la diversité des voix et la liberté d'expression. Les cas des coup d’Etat contre les présidents Aristide et Moïse en témoignent. La monopolisation des médias permet aux élites de contrôler la narration et de diaboliser certains hommes politiques, présentant leurs critiques légitimes comme des menaces à la stabilité et la sécurité du pays. Les médias haïtiens, largement contrôlés par les intérêts économiques et politiques dominants, ont souvent promu un récit où la dissidence est assimilée à une menace violente, justifiant ainsi des mesures répressives au nom d’une morale nationale non défini.

D’autre part, il sévit dans le pays une stigmatisation des hommes politiques honnêtes ou non alignés se refusant à alimenter leur narratif. En Haïti, les activistes, les hommes politiques honnêtes et certains défenseurs des droits de l'homme ont été régulièrement ciblés par des campagnes de diffamation et des actes de violence, visant à étouffer tout discours différent. S’aligner ou mourir moralement ou physiquement. Chomsky met en évidence comment la propagande et la désinformation sont utilisées soit pour maintenir l'ordre établi ou perpétuer les intérêts des élites dominantes. La criminalisation de la dissidence au 4e pouvoir est une autre stratégie utilisée pour réprimer toute forme d’affiche de sa différence dans le discours ou le comportement. En effet, le dissident peut être sevré de microphone (une forme d’ignorance répressive). En Haïti, cette manipulation médiatique contribue à renforcer la domination des puissances impérialistes et de leurs alliés locaux, en neutralisant toute dissidence progressiste et en sapant les efforts de mobilisation sociale et politique en faveur du changement réel. Pour une plus grande clarté, s’arrêter à l’analyse de Samir Amin : « Par ailleurs, la méthode mise en œuvre ne se contente pas du matraquage et de la manipulation médiatiques. Elle tente d’enfermer les peuples dans des alternatives immédiates inacceptables  : accepter l’oppression, disparaître, se placer sous le protectorat des puissances impérialistes  ? Pour cela il faut faire le silence le plus total sur les politiques qui ont conduit au drame. »

Malgré tout, il existe un petit groupe de médias conscients voire honnêtes en Haïti, menacés par les bien-pensants et le statu quo. Ces médias indépendants font face à des pressions constantes pour se conformer à la ligne éditoriale dominante, mais ils continuent courageusement à donner une voix aux perspectives alternatives et à la vérité. En conséquence, les médias haïtiens sont souvent utilisés comme des outils de contrôle social et politique, destinés à maintenir la population dans un état de soumission et de passivité. Notons que dans les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique, les discours concernant la démocratie, les droits des peuples, etc. ne bénéficient pas de la moindre crédibilité, dès lors qu’il est établi qu’ils viennent de «  l’Occident  ».

Les perspectives de Thomas Piketty mettent en lumière le rôle central des inégalités économiques dans l'entrave à la démocratie en Haïti et dans d'autres pays "backyard". Piketty souligne comment une élite minoritaire s'accapare une part disproportionnée des richesses nationales, créant ainsi un déséquilibre économique et social profondément enraciné. En Haïti, cette élite économique, souvent liée aux intérêts étrangers et aux élites politiques, contrôle une grande partie des ressources du pays, tandis que la grande majorité de la population vit dans la pauvreté et la précarité.

Ces inégalités économiques ont un impact dévastateur sur la participation politique des classes défavorisées en Haïti. Les ressources limitées et les opportunités d'éducation et d'emploi accessibles aux populations pauvres entravent leur capacité à s'engager pleinement dans le processus démocratique. De plus, l'influence croissante de l'argent en politique renforce les intérêts de l'élite économique au détriment des besoins et des préoccupations des masses populaires. Cette exclusion des classes défavorisées du processus politique en Haïti alimente un cercle vicieux de marginalisation et de désillusionnement. Les citoyens se sentent souvent désabusés par un système politique qui ne répond pas à leurs besoins et à leurs aspirations, ce qui conduit à une désaffection croissante envers les institutions démocratiques. Cette désillusion se manifeste à chaque élection par l'abstention, le désengagement civique et la montée de mouvements de protestation et de contestation sociale.

Piketty met en garde contre les dangers d'une démocratie biaisée par les inégalités économiques, soulignant que la concentration excessive des richesses entre les mains d'une élite minoritaire compromet la légitimité et la stabilité des institutions démocratiques. En Haïti, la lutte contre les inégalités économiques devient ,donc, un impératif moral et politique, nécessitant des réformes profondes et une redistribution équitable des ressources pour assurer une participation politique inclusive et une démocratie véritablement représentative.

En somme, les perspectives de Piketty mettent en lumière les liens étroits entre les inégalités économiques et la démocratie biaisée en Haïti. L'accaparement des richesses par une élite minoritaire liée aux intérêts étrangers, l'absence de redistribution équitable des ressources et l'impact sur la participation politique des classes défavorisées sont autant de défis à relever pour construire un système démocratique juste et inclusif dans le pays.

L'anthropologie négative offre une perspective critique sur la manière dont les états des "backyards", dont Haïti, sont souvent représentés de manière dégradante et stigmatisée dans les discours dominants (chaotiques, défaillants, déviants, en crise perpétuelle, non viables etc…). Cette discipline met en lumière comment les médias, les institutions culturelles et les discours politiques contribuent à véhiculer des stéréotypes et des préjugés qui dépeignent ces populations comme étant incapables, corrompues ou violentes. En Haïti, cette représentation dégradante des habitants a des conséquences néfastes sur la dignité et l’estime de soi du peuple, tout en légitimant les politiques et les interventions étrangères qui exploitent et marginalisent davantage ces communautés.

L'altération de la perception internationale des crises en Haïti est un résultat direct de cette anthropologie négative. Les médias internationaux, souvent enclins à présenter les événements dans les pays "backyard" à travers un prisme déformé et sensationnaliste, contribuent à façonner une image erronée de ces sociétés. Les crises économiques, politiques et sociales sont souvent simplifiées et essentialisées, renforçant ainsi les préjugés et les stéréotypes existants et déformant la compréhension globale des enjeux complexes auxquels ces pays sont confrontés. Ces représentations dégradantes et déformées ont des implications profondes sur les interventions étrangères en Haïti. Les pays impérialistes et les institutions internationales, souvent guidés par des agendas politiques et économiques, justifient leurs actions en invoquant le besoin de "civiliser" ou de "sauver" les peuples "backyard" de leur propre chaos perçu. Cette rhétorique paternaliste et néocolonialiste légitime souvent des interventions militaires, des politiques d'aide conditionnelle et des mesures de contrôle économique qui ne font qu'aggraver les problèmes existants et perpétuer les cycles de dépendance et d'exploitation.

L'anthropologie négative met en lumière la manière dont ces interventions étrangères renforcent les dynamiques de pouvoir inégal et sapent la souveraineté des nations "backyard". Les politiques de développement imposées par les institutions financières internationales, telles que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, favorisent souvent les intérêts des pays donateurs au détriment des besoins et des priorités des populations locales. De plus, les interventions militaires étrangères, sous prétexte de maintenir la stabilité et la sécurité, peuvent entraîner une escalade de la violence et de l'instabilité, exacerbant ainsi les crises existantes.

Il est essentiel de reconnaître les implications profondes de l'anthropologie négative sur les perceptions et les interventions étrangères en Haïti. Cette discipline nous invite à remettre en question les récits dominants et à défier les stéréotypes et les préjugés qui alimentent l'exploitation et la marginalisation des peuples "backyard". En renversant ces représentations dégradantes et en promouvant une compréhension plus nuancée et équitable des réalités locales, nous pouvons œuvrer vers des interventions plus justes et respectueuses de la souveraineté et de la dignité des nations haïtiennes et de leurs habitants.

La situation politique en Haïti depuis plus de 20 ans est marquée par une série de bouleversements orchestrés par ce que l'on pourrait appeler la "philosophie des maîtres du désordre". Cette philosophie a remodelé la démocratie haïtienne à travers une succession de gouvernements provisoires post-coups d'État, un contrôle manifeste de ces gouvernements, l'assassinat d'un président de la république, l'utilisation de médias sociaux pour la nomination ou la révocation de dirigeants haïtiens, et même l'expérimentation de la gouvernance basée sur l'incertitude et une nouvelle forme de coup d'État.

En outre, cette période a vu l'établissement d'un protectorat dirigé par des représentants de l'Organisation des Nations Unies ou le CORE GROUP, qui ont souvent exercé une influence disproportionnée sur les affaires intérieures d'Haïti (se rappeler du cas du gouvernement transitoire de l’Irak dirigé par Paul Bremer III en 2003). Les sanctions financières, annulation de visas, et dénonciations publiques de support au terrorisme ont été régulièrement utilisées contre les représentants de la classe politique traditionnelle haïtienne et certains bourgeois rentiers pour les pousser à se conformer aux agendas des puissances extérieures.

Dans ce contexte, les accords politiques sont souvent soumis à une validation ou à un rejet sélectif pour consolider le pouvoir de l'élite politique traditionnelle, tout en écartant les voix dissidentes. De plus, des pressions politico-diplomatiques ont été exercées pour modifier le code pénal et la constitution de 1987, souvent au détriment des intérêts de la population et de la démocratie réelle. A noter que ces démarches furent les annexes de la feuille de route des 2 derniers présidents et 4 derniers chefs de gouvernement d’Haïti. Le cas du dernier premier ministre de facto installé par un « tweet » par « la communauté des amis d’Haïti » après l’assassinat du président en fonction en 2021, déposé du pouvoir parce que retenu prisonnier mais premier ministre du pays empêché sous contrôle des Etats unis d’Amérique du nord à Porto Rico et gérant le pays avec un Conseil Présidentiel de Transition non fonctionnel formé par le CARICOM chargé de saupoudrer le chaos est symptomatique de cette expérience de démocratisation singulière en Haïti. Son allégeance aux intérêts étrangers est marquée. Lisons : … 4) nul ne peut faire partie du CPT s’il s’oppose à la Résolution2699/2023 du Conseil de Sécurité des Nations Unies autorisant le déploiement de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS).** Retiendrons qu’une Constitution en Haïti sous l’occupation américaine fut rédigée par les Etats unis d’Amérique du nord et approuvée lors d'une consultation dite populaire le mercredi 12 juin 1918 : 98.294 oui contre 769 non (Bulletin des lois et actes, p. 45). Dans cette loi-mère, le seul article appliqué fut l'article spécial qui garantit l'impunité aux forces de l'occupation et à leurs agents haïtiens. Le pays était alors co-dirigé par le président haïtien et le général commandant les forces d'occupation. Ce document juridique supporta le traité du 16 septembre 1915 lequel fut le premier instrument juridique de cette occupation. Il place les finances haïtiennes sous le contrôle d'un conseiller financier "proposé" par le président des États-Unis. Les droits de douane sont perçus directement par un Receveur général proposé par le président des États-Unis, pour assurer le remboursement de la dette d'Haïti à l'égard des banques américaines et aussi pour financer la création d'une gendarmerie haïtienne, encadrée par des officiers américains, afin de maintenir l'ordre et notamment réprimer les révoltes suscitées par l'imposition de la corvée. 

Cette approche servit de laboratoire puisque le 13 juillet 2003, Lewis Paul Bremer III, administrateur provisoire de la coalition en Irak pour les Etats unis d’Amérique du nord, approuve la création d'un Conseil de gouvernement intérimaire de manière à « garantir la représentation des intérêts du peuple irakien ». Les membres du conseil sont nommés par lui et choisis parmi les formations politiques, les ethnies et les chefs religieux qui se sont opposés au gouvernement de Saddam Hussein. Bremer conserve un droit de veto sur leurs propositions. L'ensemble des lois édictées par Bremer formaient un programme classique de thérapie de choc inspiré par l'école de Chicago 6. L’application d’une démarche similaire de 2021 à aujourd’hui a non seulement sapé les fondements démocratiques en Haïti, mais elle a également contribué à l'instabilité politique et à la détérioration des conditions de vie pour de nombreux Haïtiens. En privilégiant les intérêts de l'élite politique traditionnelle et des puissances extérieures au détriment du bien-être du peuple haïtien, la philosophie des maîtres du désordre a exacerbé les inégalités sociales et politiques dans le pays, compromettant ainsi les perspectives d'un avenir démocratique et prospère pour tous. Se souvenir de la déclaration du général Smedley Butler en 1935, qui avait commandé les forces américaines sur Haïti “J’ai contribué à faire d’Haïti et de Cuba des coins où les gars de la National City Bank pouvaient se faire de jolis revenus”. Il ajoutera avoir été un “racketteur au service du capitalisme”.*** 

Que faire ? Dans ce contexte de défi démocratique, les Haïtiens doivent entrer en résistance contre les forces qui cherchent à saper les fondements de leur société. La manipulation mentale, la destruction planifiée de nos valeurs et de nos racines sont des tactiques utilisées pour maintenir le statu quo et perpétuer le chaos. Pour contrer ces menaces, il est crucial de promouvoir une culture de vigilance et de critique, où les citoyens sont encouragés à remettre en question les discours et les actions des autorités.

Le progrès paralysé et les lois liberticides sont des symptômes d'un système politique sclérosé et défaillant. Pour dynamiser le processus de démocratisation, il est nécessaire de remettre en question les structures et les pratiques qui entravent le développement du pays. Cela implique de promouvoir l'innovation institutionnelle et de créer des espaces pour l'émergence de nouvelles idées et de nouvelles approches de gouvernance.

La destruction de l'écosystème et les génocides perpétrés dans le pays sont des tragédies qui nécessitent une réponse urgente et coordonnée. En plus de renforcer les institutions démocratiques, il est impératif de mettre en place des politiques environnementales ambitieuses et des mécanismes de justice transitionnelle pour garantir la protection de l'environnement et la lutte contre l'impunité.

La démocratisation radicale ne peut réussir que si elle est accompagnée d'une transformation profonde des mentalités et des comportements. Il est essentiel de promouvoir une culture de tolérance, d'inclusivité et de respect des droits humains, qui permette à tous les citoyens de participer pleinement à la vie politique et sociale du pays. En cultivant un sentiment d'appartenance et de solidarité nationale, Haïti peut surmonter les divisions internes et construire un avenir plus juste et plus prospère pour tous ses habitants.

En définitive, la démocratisation radicale de « leur » démocratie en Haïti exige un engagement ferme et une mobilisation collective de tous les acteurs de la société. En unissant leurs forces pour défendre les principes démocratiques et lutter contre les forces antidémocratiques, les Haïtiens peuvent ouvrir la voie à une transformation positive et durable de leur pays.

Pour prolonger la réflexion.-

En résumé, le chaos haïtien et les crises similaires dans les "backyards" des puissances impérialistes illustrent de manière frappante la démocratie biaisée par le droit bafoué qui persiste dans ces régions. Les analyses de Gramsci, Galeano, Ziegler, Chomsky et Piketty offrent un éclairage essentiel sur les mécanismes de domination et les obstacles à une véritable démocratisation. Ils révèlent comment les élites politiques et économiques, soutenues par les puissances étrangères, ont exploité et marginalisé les masses souffrantes haïtiennes, perpétuant ainsi un déséquilibre démocratique flagrant.

Les stratégies des forces dominantes s’emploient bien entendu à brouiller les cartes autant qu’elles le peuvent pour éviter ce qui serait pour elles le pire  : la politisation positive des mouvements sociaux populaires. Les scénarios du futur resteront toujours largement dépendants de la vision qu’on a des rapports entre d’une part les tendances objectives lourdes et d’autre part les réponses que les peuples et les forces sociales qui les composent donnent aux défis que les premières représentent. Il y a donc un élément de subjectivité, d’intuition, inéliminable.

Alors qu’un grand nombre d’entre nous se résigne à détourner le regard, politique de l’autruche qui livre nos existences à un « destin » de plus en plus lugubre, anxiogène, précaire et tortionnaire, ne devrions-nous pas plutôt, collectivement, avoir le désir permanent d’être correctement informés de notre situation dans son ensemble pour pouvoir, le cas échéant, y remédier ?

En envisageant des voies alternatives vers une transformation sociale et politique authentique, nous reconnaissons l'urgence d'adopter une approche plus inclusive et participative de la démocratie, qui valorise la diversité des voix et des perspectives et qui place les intérêts des populations locales au centre du processus décisionnel. Cela implique de défier les structures de pouvoir existantes, de remettre en question les inégalités économiques et sociales et de promouvoir des formes de gouvernance démocratique qui favorisent la participation active et égalitaire de tous les citoyens.

En fin de compte, la transformation sociale et politique en Haïti et dans les "backyards" des puissances impérialistes exige un engagement ferme en faveur de la justice sociale, de l'égalité des droits et de la solidarité internationale. En embrassant les enseignements de Gramsci, Galeano, Ziegler, Chomsky, Piketty et d'autres penseurs critiques, nous pouvons inspirer et soutenir les luttes des populations locales pour une démocratie véritablement représentative, inclusive et équitable. Complétons nos réflexions avec Castoriadis lequel nous invite à constater un incontournable : « Derrière les faits décrits, se trouvent des facteurs que chacun peut constater : l’incohérence, l’aveuglement, l’incapacité des couches dominantes occidentales et de leur personnel politique ». Plus loin, il nous convie à l’analyse pour comprendre : « Comment et pourquoi les couches dirigeantes de pays, qui, pendant cinq siècles, ont dominé la planète, révèlent-elles brusquement un état de décrépitude qui les place en situation d’infériorité par rapport à la stratocratie russe ? Comment et pourquoi les socié- tés les plus riches, les plus productives que la Terre ait jamais portées, se trouvent-elles mortellement menacées par un régime qui ne parvient pas à nourrir et à loger décemment sa population ? Comment et pourquoi se produit et se maintient ce fantastique aveuglement volontaire des populations occidentales face aux virtualités monstrueuses dont, de toute évidence, cet état de faits est porteur ? »7 Ma réponse. Devenons des « Allumeurs de réverbère »8.

Muscadin Jean-Yves

Chercheur en histoire et anthropo-sociologie / Archiviste

[email protected]

18 avril 2024

Notes

1-Selon Galeano : « Les indiens de l'Amérique totalisaient pas moins de soixante-dix millions de personnes lorsque les conquistadors firent leur apparition : un siècle et demi plus tard, ils n'étaient plus que trois millions et demi. » Eduardo Galeano, Les veines ouvertes de l’Amérique, Pocket, Paris, 2001

*En décembre 1914, des Marines américains effectuent un premier débarquement à Port-au-Prince sur ordre du secrétaire d’État Bryan et volent la réserve d’or d’Haïti soit un montant 500 000 dollars en or de la Banque de la République d’Haïti. Les États-Unis balaient l’accusation de vol, expliquant n’avoir saisi cet or que pour protéger “des intérêts américains qui étaient gravement menacés”.

2-CORE GROUP : « Durant les années 2000, des ambassadeurs se sont regroupés pour former le groupe des pays dit amis d’Haïti. Un peu plus tard, plus précisément en 2008 selon l’expert en relation internationale, Fernando Estimé, ce groupe se transforme en Core Group qui se traduit en français par «  Groupe de base  ».Le Core Group est composé de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies, des Ambassadeurs d’Allemagne, des États-Unis d’Amérique, du Canada, d’Espagne, du Brésil, de France, de l’Union européenne et du Représentant spécial de l’Organisation des États américains. Du coup, l’entité regroupe un ensemble de représentants et de diplomates accrédités en Haïti. «  Le Core Group n’a pas les provisions légales pour prendre officiellement des décisions dans la vie politique de la nation  », fait savoir Fernando Éstimé. Le Core group ne dispose pas d’un statut juridique prouvant son existence.Le statut juridique est une disposition légale, réglementaire applicable à un groupe. Bien que le Core Group se prononce régulièrement dans les crises politiques du pays, personne ne peut intenter une action en justice contre lui, car il n’a aucun statut. » cf. Emmanuel Moïse Yves, Le CORE group n’existe pas juridiquement in https://ayibopost.com/le-core-group-nexiste-pas-juridiquement/ du 13 octobre 2019 

3-Concernant les ressources minières d’Haïti, Eddy Labossière publia un article le 7 janvier 2023 sur Rezo Nòdwès titré « Les ressources minières d’Haïti : moteur de croissance et de développement durable, y a-t-il des doutes ? » faisant remarquer que : « Souvent en Haïti, nous entendons dire que nos ressources naturelles en particulier le pétrole et l’or font partie des réserves stratégiques des États-Unis d’Amérique et que dans 50 ou 100 ans ils viendraient les exploiter… Un Président même élu démocratiquement ne pourra pas résoudre nos multiples problèmes car, il sera pris en otage non seulement par les Oligarques corrompus et le « Blanc », mais aussi il sera une cible pour les politiciens rakétè et mafieux de l’opposition traditionnelle et Historique Haïtienne. » cf. https://rezonodwes.com

4-Ted Actu explique la prédominance historique du riz américain importé en Haïti. Une étude approfondie révèle que la domination du marché haïtien par le riz importé est un phénomène enraciné dans l’histoire du pays. Deux facteurs majeurs contribuent à cette situation : la réduction des droits d’importation et la conclusion de contrats à long terme au cours des troubles politiques instaurés dans les années 1980 et 1990…En conséquence, Haïti dépend fortement de l’extérieur pour sa consommation de riz et dépend presqu’exclusivement des États-Unis pour cet approvisionnement, qui représente environ 90 % de ses besoins totaux…Selon l’Université du Michigan, c’est le président Bill Clinton qui a contribué à stimuler les subventions américaines en Haïti. Cependant, il a ultérieurement caractérisé cette décision comme une « erreur », arguant qu’elle avait entraîné des difficultés pour la production locale…Lors de son audition devant la commission sénatoriale des relations étrangères en 2010, il a admis qu’il doit vivre quotidiennement avec les conséquences de la perte de capacité de production des rizicultures en Haïti pour nourrir le peuple, à cause de ses actions, comme le rapporte AyiboPost. » cf. https://tedactu.com. Lire aussi l’article de Esther Vivas, Le marché haïtien du riz : un cas emblématique de la dérégulation capitaliste publié le 3 avril 2010 par le Comité pour l'abolition des dettes illégitimes in https://www.cadtm.org – cette publication est extraite de Contradictions du système alimentaire mondial, in Inprecor, décembre 2009 – janvier 2010, n° 556-557, p. 22

5-Analyse IPC de l’insécurité alimentaire aiguë. AOÛT 2023– JUIN 2024 cf https://fscluster.org/haiti/document/cnsa-et-partenaires-fiche-de-1. Extrait : « Le pays connait un ralentissement économique significatif depuis le début du deuxième semestre de 2018. La crise socio-politique couplée à la situation sécuritaire a impacté de façon significative le tourisme et a conduit à la fermeture de nombreuses entreprises aggravant ainsi la situation macroéconomique du pays. Sur quatre années consécutives, l’économie s’est contractée de 1,7 % en 2019, de 3,3 % en 2020, de 1,8 % en 2021 et de 1,7 % en 2022. Parallèlement, l’inflation a connu ayant des niveaux jamais atteints depuis l’embargo des années 1990 enregistrant des moyennes de 33% en 2022 contre 39% en 1994 et 48% en 2023 (moyenne des cinq premiers mois). En, plus d’un retard important dans le démarrage de la saison des pluies, des déficits pluviométriques accumulés tout au long de la saison de printemps 2023 ont affecté diverses zones agroécologiques, notamment dans les départements de la Grand-Anse, de l’Ouest, du Centre et du Sud-Est.

**Le Moniteur (journal officiel de la République) Numéro spécial # 14 du 12 avril 2024 portant le titre : Décret portant création du Conseil Présidentiel de Transition. Éclairage du dernier considérant : « Considérant qu’à cet effet, il y a lieu de consacrer les engagements pris dans l’entente trouvée par les parties prenantes haïtiennes, lors de la dernière phase de discussions engagées sous les auspices de la CARICOM avec la participation de divers pays et d’institutions internationales partenaires à la Jamaïque, le lundi 11 mars 2024, consignés dans la Déclaration finale de la CARICOM ».

6-Naomi Klein, La stratégie du choc, ACTES SUD Edition, Paris, 2008. NK : « Qu'y a-t-il de commun entre le coup d'Etat de Pinochet au Chili en 1973, le massacre de la place Tiananmen en 1989, l'effondrement de l'Union soviétique, le naufrage de l'épopée Solidarnosc en Pologne, les difficultés rencontrées par Mandela dans l'Afrique du Sud post-apartheid, les attentats du 11 septembre, la guerre en Irak, le tsunami qui dévasta les côtes du Sri Lanka en 2004, le cyclone Katrina, l'année suivante, la pratique de la torture partout et en tous lieux - Abou Ghraïb ou Guantánamo - aujourd'hui ? Tous ces moments de notre histoire récente, répond Naomi Klein, ont partie liée avec l'avènement d'un "capitalisme du désastre". »

***Citation tirée de l’article du New York Times du 20 mai 2022, LA RANÇON

Envahissez Haïti, exhorte Wall Street. Les États-Unis s’exécutent par Selam Gebrekidan, Matt Apuzzo, Catherine Porter and Constant Méheut in https://www.nytimes.com/fr/2022 /05/20/ world/haiti-etats-unis-occupation.html

7-Cornelius Castoriadis, La Montée de l’insignifiance Les carrefours du labyrinthe, Éditions du Seuil , 1996 – Extrait publié sous le titre La crise des sociétés occidentales dans Politique internationale, n°15, printemps 1982, p. 131- 147

8-Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit PRINCE, Gallimard, Paris, 1999

Bibliographie

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5 réactions à cet article    


  • Gégène Gégène 21 avril 10:36

    Est-on légitime à lire un article si l’on ne comprend même pas le titre ?


    • SilentArrow 21 avril 13:50

      @Omraam

       

      Comment et pourquoi les socié- tés les plus riches, les plus productives que la Terre ait jamais portées, se trouvent-elles mortellement menacées par un régime qui ne parvient pas à nourrir et à loger décemment sa population ?

      La Russie, et avant elle, l’URSS est parvenue à nourrir et à loger sa population bien mieux que le monde dirigé par l’Occident, si on se rend compte qu’il faut inclure des pays comme Haïti dans l’ordre capitaliste occidental. On vit mieux en Europe occidentale qu’en Russie, mais c’est au dépens d’une grande partie de la population de la planète qui elle vit beaucoup moins bien qu’en Russie.


      • sylvain sylvain 21 avril 20:56

        le plus grand génocide du début du 16e siècle occidental (plus de 70 millions d’autochtones exterminés1)


        l’article parait bien documente mais je m’etonnes de ce chiffre, c’est tout petit haiti, meme si on considere la republique dominicaine comme faisant partie du « bassin de vie »



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