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Accueil du site > Tribune Libre > L’ENFANT : L’instrument du conflit parental

L’ENFANT : L’instrument du conflit parental

Au cœur des conflits parentaux, les enfants trinquent et peuvent devenir des patients gravement névrosés qui ne croient plus en rien, et surtout pas au bonheur à deux : "Ta saleté de père a fait ceci, ta chienne de mère cela... Tu ne vas pas me dire que tu prends son parti cette fois-ci ?..."

Lorsque l'enfant devient l'arme stratégique des parents en situation de conflit, on peut se demander dans quel état le laissera-t-on après cet abus de pouvoir parental qui dure souvent de nombreuses années.

Anorexie mentale, boulimie, mustisme, délinquance, manque de confiance en soi, inceste, violences conjugales..., Il s'agit de distinguer les symptômes des causes, en décrivant en détail ces troubles névrotiques qui font le lien entre l'enfant traumatisé, et l'adulte souffrant qu'il devient.

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La garde alternée

Il est banal de dire que cette situation dans laquelle un parent se retrouve n'est pas toujours facile à vivre pour lui. Après une séparation physique et géographique, on a souvent tort de penser qu'une nouvelle page commence pour l'un et l'autre, surtout lorsqu'il faut faire avec une garde alternée qui chaque jour nous rappelle qu'il demeure malgré soi un lien avec son ex-compagnon ou compagne.

On parle souvent d'une séparation en bonne intelligence pour rappeler ce qu'il serait souhaitable de faire. Mais est-il vraiment question d'intelligence dans ces situations ? Je dirais qu'il s'agit surtout de ressenti et parfois même de ressentiment.

Car dans cette relation qui a abouti à une séparation, les parents sont passés par tous les états : le sentiment amoureux, galvanisant, puis la première déception (fin de l'idéalisation !), les premiers coups bas, et les premières rancoeurs. Bref, l'historique est souvent très long au moment où l'on prend la décision finale de se séparer, et il ne faut pas que croire que la décision d'un juge qui se voudrait être un juge de paix, peut signer à elle seule la fin de querelle. L'enfant qui reste l'élément central si j'ose dire, le bien que l'on devra se partager à vie, peut faire l'enjeu d'une lutte acharnée pour avoir sa garde exclusive. Il s'agira alors d'utiliser pour certains, tous les coups bas possibles pour discréditer l'autre et influencer le juge.

L'enfant : outil de torture

L'enfant sert parfois à se venger de la souffrance que nous aurait fait subir l'autre. Il peut aussi s'agir d'une reconquête à peine voilée : "Je sais que tu es triste de cette situation ma fille, mais moi je donnerais tout pour maman. Je n'ai jamais voulu qu'on se sépare. C'est à cause d'elle si on en est là et que tu es triste. Dis-lui que papa a dit qu'il l'aimera toujours. Tu lui diras ?"

Parfois l'enfant sert d'outil de chantage : "Je respecterai mes tours de garde quand toi tu seras capable d'honorer un rendez-vous et de payer la pension... Oeil pour oeil !"

- Puis-je savoir pourquoi tu t'arranges toujours pour me faire poireauter avant qu'elle descende ?

- Quand comprendras-tu que jeudi 15h, ça ne veut pas dire vendredi à 19h ?

- Tu sais bien que je ne supporte pas qu'il veille tard avec tes copains alcoolos mais tu prends bien sûr un malin plaisir à le faire quand tu as sa garde.

Nous pourrions ici donner des centaines d'exemples où l'enfant sert d'instrument de vengeance au milieu d'une guerre sans fin où des parents n'arrivent pas à se séparer en "bonne intelligence". Le conflit parental oui, à travers l'enfant même devenu adulte, peut perdurer ainsi durant toute une existence. A l'âge de 30 ans, 40 ans..., il continuera d'entendre : "Ta saleté de père a fait ceci, ta chienne de mère cela... Tu ne vas pas me dire que tu prends son parti cette fois-ci ?" et devra à son tour envisager d'être un parent malgré ce traumatisme subi depuis son plus jeune âge.

La névrose et le transgénérationnel

Deux mots reviennent alors : "Névrose" et "transgénérationnel".

> Comment va-t-il composer avec ce vécu traumatique qui risque fort de ressurgir dans son couple et dans les relations avec ses enfants ?

> S'engager vaut-il la peine si c'est pour faire supporter à un enfant tant de souffrances ?

> S'engager vaut-il la peine si c'est pour haïr à ce point l'autre au final ?

Un constat : au coeur de ces conflits, les enfants trinquent et peuvent devenir des patients gravement névrosés qui ne croient plus en rien et surtout pas au bonheur à deux.

N'oublions pas que l'enfant aime ses deux parents sauf cas exceptionnel, et que sa souffrance psychique atteint son paroxysme quand il est poussé à haïr l'un ou l'autre (conflit de loyauté entrainant tout à un tas de symptômes chez lui). Le simple fait qu'un parent lui dise, ou même lui fasse comprendre d'une façon implicite, qu'il ne veut pas entendre parler de ce qu'il s'est passé avec l'autre parent, le condamne à un silence lourd de conséquences pour lui. Prendre du plaisir avec le "parent ennemi" est alors un plaisir coupable, et fait de lui un enfant ingrat, un traitre. Par la suite cet enfant pourra être en difficulté dans ses relations interpersonnelles lorsqu'il sera en situation d'éprouver du plaisir et de le partager avec ses proches.

 
Que faire alors ?

Il sera toujours utile de rappeler à ces parents les dégâts irréversibles causés par de tels comportements. Et peut être sera-t-il encore utile de sensibiliser tous les professionnels jouant un rôle dans ces terribles histoires familiales (de l'éducateur spécialisé, au Juge des Affaires Familiales), afin qu'un accompagnement psycho-éducatif puisse être mis en place le plus précocement possible...

 

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https://www.jeanlucrobert.fr

Auteur de : 

Ma vérité sur l'autisme

LezAPe : La face cachée de la psychologie de l'enfant

L'ENFANT : L'instrument du Conflit Parental


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17 réactions à cet article    


  • Clocel Clocel 26 octobre 2021 13:06

    Sans compter que l’enfant est aussi et surtout l’outil du régime, une sorte d’Alexa bien avant l’heure, les nazis avaient parfaitement su exploiter de cette corde-là.


    • Clark Kent Docteur Faustroll 26 octobre 2021 14:24

      @Clocel

      le mouvement scout aussi...


    • Florian LeBaroudeur Florian LeBaroudeur 26 octobre 2021 13:17

      Enfant, j’ai moi-même vécu de plein fouet le conflit parental. Le petit dessin me rappelle un très lointain souvenir ou ma mère me tirait par le bras et mon père par l’autre jusqu’à ce que mes 2 pieds ne touchent plus le sol.

      Effectivement je ne crois pas au bonheur à deux et je n’envisage pas de partager mon lit avec une personne, j’ai trouvé en la solitude un repos qui n’est difficile à renoncer.

      Et la bien pensance des bobos urbains déconnectés du réel ne va arranger les choses...


      • Florian LeBaroudeur Florian LeBaroudeur 26 octobre 2021 13:29

        @Florian LeBaroudeur

        J’ai la particularité d’être né sous une union improbable entre une famille traditionnaliste du coté de mon père et une famille communiste du coté de mon mère et cela m’a appris à faire la part des choses quand la plupart s’accrochent à une conception fixe dénué de compréhension. Il y a toujours une compensation à tout... 


      • Jean-Luc ROBERT Jean-Luc ROBERT 26 octobre 2021 14:41

        @Florian LeBaroudeur,
        Merci pour ce témoignage touchant et sincère. On sent que vous avez beaucoup souffert de cette situation. N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez en parler. Je vous écouterai avec intérêt.


      • eddofr eddofr 26 octobre 2021 14:14

        Le divorce de mes parents a duré 30 ans.

        J’ai l’impression d’avoir vécu la moitié de ma vie entre un père malhonnête, manipulateur et vindicatif et une mère dépressive et paranoïaque.

        J’en ai conçut un dégoût viscéral du mensonge, des petits arrangements avec la vérités, des sous-entendus et des non-dits.

        J’en ai conçut un infini respect pour le ressenti d’autrui, quand bien même il ne serait fondé sur aucun fait objectif.

        La souffrance, la peur, l’angoisse, la méfiance, la colère sont bien réelles et réellement douloureuses, même lorsqu’elle ne sont fondées que sur des illusions, des mensonges ou des fantasmes.


        J’en ai conçut enfin une méfiance totale envers les « serments absolus » et les affirmations péremptoires.


        • Jean-Luc ROBERT Jean-Luc ROBERT 26 octobre 2021 14:44

          @eddofr,
          Merci aussi pour cet témoignage très puissant. Lorsque vous dites : « J’en ai conçut un dégoût viscéral du mensonge, des petits arrangements avec la vérités, des sous-entendus et des non-dits. », vous êtes en plein ce que j’affirme dans mon livre concernant la névrose qui est une influence du passé sur le présent. Je suis disponible pour en parler avec vous si vous le souhaitez. Bonne journée.


        • ZenZoe ZenZoe 26 octobre 2021 14:43

          Très bien vu tout ça !

          Le pire c’est qu’avant de devenir parents beaucoup se disent en voyant la manière dont les mômes sont traités ’’moi je ne ferai jamais ça’’... et ils se laissent submerger à leur tour par des émotions si puissantes qu’elles balayent tout le reste.

          Avant de devenir parent, il faudrait d’abord devenir soi, se libérer du poids toxique de ses propres aïeux, et ça ce n’est pas donné à tout le monde, et le cycle infernal de la maltraitance continue.


          • Jean-Luc ROBERT Jean-Luc ROBERT 26 octobre 2021 14:47

            @ZenZoe,
            Merci pour votre remarque. Vous avez parfaitement raison lorsque vous dites : "Le pire c’est qu’avant de devenir parents beaucoup se disent en voyant la manière dont les mômes sont traités ’’moi je ne ferai jamais ça’’... et ils se laissent submerger à leur tour par des émotions si puissantes qu’elles balayent tout le reste.

            ".

            En effet cela s’appelle tout simplement la névrose comme je l’explique plus haut. On peut ne pas souhaiter reproduire un comportement consciemment, mais ne pas y parvenir du fait de la névrose qui elle se situe sur le plan inconscient.


          • Clark Kent Docteur Faustroll 26 octobre 2021 15:26

            « Nous naissons tous princes et princesses, jusqu’à ce que nos parents nous transforment en crapauds. »

            Eric Berne


            • Clark Kent Docteur Faustroll 26 octobre 2021 17:00

              @Jeekes

              Même si j’en partage le contenu, ce n’est pas moi qui ai écrit ça, mais Eric Berne qui est le fondateur de l’analyse transactionnelle.
              Sa thèse est simplement que les géniteurs ont tendance à confondre éducation et élevage. (il ne le dit pas comme ça, je fais un raccourci osé).
              Ils se comportent en nourriciers et/ou normatifs et formatent leur progéniture à coups de proverbes, de règles morales, de droits et de devoirs, et rares sont ceux qui préparent des adultes aptes à exercer leur jugement, leur libre-arbitre. Leurs capacités de discernement, sont tuées dans l’œuf, et ça se répète de génération en génération.
              De ce point de vue, l’espèce humaine se comporte comme les autres grands singes et réserve les notions de logique à la vie professionnelle, domaine qui la différencie des bonobos et des dos argentés, exempts de travaux forcés en ce qui les , concerne. Mais chez les uns et les autres, la famille, c’est le lieu des sentiments et des émotions, le pathos noie le logos.
              Et quand on ne pleure pas assez dans les chaumières, le pauvre bûcheron, sa brave femme, le petit poucet et ses frères regardent « Plus Belle la Vie ».(Plus belle la vie dans la savane est remplacée par « la honte de la jungle », série en tête de l’audimat hominoïde).


            • Jean-Luc ROBERT Jean-Luc ROBERT 26 octobre 2021 17:52

              @Docteur Faustroll,
              D’accord je comprends mieux. Merci d’avoir précisé votre pensée.


            • Rincevent Rincevent 26 octobre 2021 16:39

              Il y a, en ce moment, un mot qui fait fureur au point que ça en devient dommage car il est mis à toutes les sauces par des médias avides de nouveauté. La résilience. Un concept popularisé par Boris Cyrulnik, (à partir des travaux de John Bowlby, entre autre) qui ouvre une issue possible à cette sorte de malédiction qui voudrait qu’on reproduise (automatiquement ?) sur ses enfants ce que l’on a subi soi-même. Ce n’est peut-être pas à la portée de tous mais c’est quand même un espoir pour ceux qui cherchent à s’en sortir.

              Pour moi, un des grands mérites de Cyrulnik est d’avoir choisi, pour ses bouquins, un éditeur (Odile Jacob) axé sur une vulgarisation de qualité de textes pas toujours évidents au départ pour le grand public.


              • Jean-Luc ROBERT Jean-Luc ROBERT 26 octobre 2021 17:56

                @Rincevent,
                Vous avez raison, mais Boris Cyrulnik explique bien aussi que la résilience des uns ou des autres n’est pas égale. Comme vous dites, ce n’est pas à la portée de tous. Lorsque l’on subit précocément une forte et durable maltraitance psychologique de la part de ses parents, il y a de fortes chances que l’on ne parvienne pas à être totalement résilient malheureusement.


              • Ruut Ruut 27 octobre 2021 06:53

                Être parent, c’est avant tout devenir soi-même un exemple.

                Ce n’est pas fait ce que je te dis, mais c’est fait ce que je fais.

                Mais le plus difficile est vivre en couple car c’est avoir à gérer des problèmes que nous n’aurions jamais seul.

                C’est, ne pas comprendre l’autre ou en attendre trop.

                Je ne compte plus le nombre de conflits lié à des attentes trop fortes de l’autre ou lié à des incompréhensions pour des objectifs identiques.

                Il faut apprendre à respecter l’autre et notre époque n’aide absolument pas sur ce point.


                • eddofr eddofr 27 octobre 2021 14:48

                  Eduquer un enfant en vue de l’aider à devenir un adulte « sain d’esprit », cela demande du temps et de la persévérance ... et une bonne dose de « calme ».

                  Qui, aujourd’hui, à encore le temps, la persévérance et le calme nécessaires ?

                  Et, en fait, finalement, vaut-il mieux en faire un être sain d’esprit (que le monde « moderne » rendra malheureux) ou une être adapté (un imbécile heureux dans un monde de tarés).

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