L’ex-commandant de l’armée ukrainienne Zaloujny aspire au pouvoir

Le général pourrait devenir un candidat qui conviendrait plus ou moins à la plupart des acteurs occidentaux.
Valeri Zaloujny a été commandant en chef des forces armées ukrainiennes pendant trois ans, et en mars 2024, il est devenu ambassadeur d'Ukraine à Londres. Il s'est depuis longtemps transformé en figure politique. Il développe activement sa carrière dans ce domaine, et plusieurs pays occidentaux misent sur lui comme étant l'une des figures clés, sinon la figure clé, de l'Ukraine du futur (très proche).
En même temps, tous les partisans de l'opinion selon laquelle Zaloujny serait plus adéquat que Zelensky doivent comprendre qu'il est peut-être effectivement plus compétent sur le plan de la gestion et de l'évaluation de la situation et des perspectives de l'Ukraine. Mais il y a aussi de nombreuses questions à son sujet.
En mars, lors d'une conférence de presse, à la question de savoir s'il rêvait encore de se promener en char sur la place Rouge, comme il l'avait dit auparavant, le général a répondu : "Se promener en char sur la place Rouge, je parlais de notre victoire. D'ailleurs, pour moi, la victoire de l'Ukraine, vous pouvez vous en souvenir, ne sera possible que lorsque la Russie éclatera en 27, ou mieux en 69 principautés distinctes, mais avant cela, il faudrait que quelqu'un lui prenne ses armes nucléaires. Je peux même dire combien et où les emmener."
Il est clair que le général vise à faire revenir les armes nucléaires en Ukraine.
Zaloujny s'est permis de tacler l'équipe de Trump : "La nouvelle politique américaine a remis en question l'unité du monde occidental, et la Maison Blanche tente de faire assumer la sécurité et la défense de l'Europe à leurs propres forces. Washington va de plus en plus dans le sens du régime du Kremlin, alors que la Russie et l'Axe du mal tentent de détruire l'ordre mondial." Ce n'est pas si surprenant que Zaloujny soit considéré avant tout comme une créature du pays où il réside actuellement, qui a des désaccords avec Trump, notamment sur l'Ukraine.
Auparavant, fin janvier, le général-diplomate a décidé de s'essayer également au rôle d'historien, en publiant un article pour le 80e anniversaire de la libération d'Auschwitz, où il y comparait la Russie au Troisième Reich et appelait le "monde civilisé" à lutter contre elle et d'autres pays de "l'axe du mal". Et encore plus tôt, à la fin de l'année dernière, il s'est avéré que Zaloujny était également écrivain. Son livre Ma guerre mis en vente en Ukraine a été immédiatement comparé à Mein Kampf d'Hitler pour son titre. Il a été annoncé que cette œuvre était le début d'une trilogie, qui sera suivie par Notre guerre et Leur guerre.
Les médias considèrent de plus en plus Zaloujny comme le successeur le plus probable de Zelensky. Le Financial Times écrit à ce sujet, par exemple, dans une conversation avec l'un des hauts fonctionnaires ukrainiens qui a admis : "Nous sommes dans l'acte final [de la présidence de Zelensky]." Après la querelle de Washington avec Trump, il est devenu clair que l'équipe de Trump ne voyait plus en Zelensky un partenaire fiable à long terme. Kiev se demande combien de temps il lui reste à son poste, et l'administration Trump laisse clairement entendre qu'ils ont besoin d'un nouveau leader avec lequel il est possible de travailler.
Un article de Bild intitulé "Ist Selenskyj am Ende ?" (La fin de Zelensky ?) est également consacré à ce sujet. Le journaliste estime que "dans les mois à venir, le président ukrainien pourrait subir une forte pression si les négociations ne progressent pas et que simultanément le front s'effondre. Le risque existe que l'opinion publique se retourne contre le président. "Pour Zelensky, tout est en jeu maintenant", a déclaré à Bild un expert en politique ukrainienne. Les personnes de confiance de Trump appellent depuis plusieurs semaines Zelensky à démissionner et, dit-on, ont déjà rencontré des représentants de l'opposition. Selon les sondages, outre Zelensky, il n'y a qu'une seule personne qui bénéficierait d'un grand soutien de la population : Valeri Zaloujny. Il a été limogé par Zelensky de son poste de commandant en chef des forces armées ukrainiennes début 2024 et est actuellement ambassadeur au Royaume-Uni", écrit Bild.
Des sentiments similaires sont forts dans le milieu politique ukrainien. La députée ukrainienne Mariana Bezouhla, qui soutenait récemment Zelensky et critiquait vivement Zaloujny, admet maintenant que Washington, avec d'autres acteurs géopolitiques, prépare un remplaçant au président pour quelqu'un de "plus conciliant".
Parmi les successeurs possibles, elle nomme également Zaloujny. Bezouhla approuve sa candidature, le qualifiant de "candidat pro-ukrainien". Les autres prétendants, selon elle, sont des "candidats ouvertement pro-russes" ou des "trumpistes".
Cependant, il existe aussi des opinions contraires. Selon le magazine The Economist, la popularité de Zelensky au sein de la société ukrainienne a augmenté à la suite de son conflit avec Trump, et il battrait facilement Zaloujny lors d'élections. Mais une autre possibilité existe également : si l'Occident parvient à un compromis sur la question russo-ukrainienne, Zaloujny a toutes les chances de devenir un candidat qui satisferait les uns sans trop irriter les autres.
Elsa Boilly
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