L’heure de vérité d’Angela Merkel !
Alors que la chancelière s’évertue à finaliser le grand accord entre le SPD et la CDU, au risque d’irriter son propre électorat conservateur, tout sera au final entre les mains des 473 000 adhérents du SPD. Ceux-ci sont en effet appelés à se prononcer sur le contenu de cet accord, à donner ou pas leur feu vert. Cette consultation est une première historique à haut risque pour l’Allemagne.

Alors qu’Angela Merkel annonçait jeudi dernier l’accord conclu sur l’instauration d’un salaire minimum, la bête noire des conservateurs et du patronat allemand, la grogne s’est fait entendre. L’électorat ultra conservateur de la CDU se rebiffe et le fait bruyamment savoir. Ce n’est pas la Une du journal populaire allemand Die Bild de ce jour, qui annonce une victoire de 10/2 en faveur du SPD, qui va améliorer la situation, déjà bien confuse.
Sans envisager une consultation de ses adhérents, ce qui n’est pas vraiment dans sa culture politique, la fronde est telle, que l’état-major a décidé l’organisation de réunions d’informations à l’échelon local, à partir du 29 novembre jusqu’au 9 décembre, date à laquelle un « mini congrès » de la CDU se réunira.
La fin des négociations est prévue pour le 27 novembre. Le compte à rebours est donc bien lancé. De son côté le partenaire historique de la CDU, la CSU bavaroise se réunit en congrès ce weekend end pour statuer sur sa position.
Ainsi, outre les aléas encourus par Mme Merkel de la part de son camp politique qui n’apprécie pas les concessions faites aux sociaux-démocrates, surtout le salaire minimum obligatoire, le risque majeure se pointe du côté du SPD qui joue la carte de la transparence et de la démocratie, en faisant voter ses militants directement sur l’accord. Un référendum à hauts risques !
C’est donc mercredi que sera connu le contenu exact de cet accord. La tension est désormais au paroxysme dans le camp du SPD. Une enquête parue la semaine dernière dans le journal Die Spiegel montrent que les militants partisans du non seraient très nombreux, tout autant que ceux du oui. L’issue de cette consultation est donc plus qu’incertaine. Le nouveau président du puissant syndicat IG Metall, Detlef Wetzel, militant par ailleurs du SPD de longue date, s’est prononcé ouvertement pour le non.
Enfin les sondages d’opinion publiés indiquent que 44% des électeurs du SPD sont opposés à la grande coalition et ils sont encore 33 % chez les conservateurs.
Pour que la consultation du SPD soit valable, il faut encore qu’au moins 20 % des adhérents participent au vote, soit 94 600 membres du SPD. Cela devrait être jouable, la participation sera très nettement plus élevée aux vues des débats qui font rage, et du fait qu’un tel vote intervient pour la première fois dans l’histoire du SPD.
Si plus de 50% des votants expriment un avis négatifs, la situation de l’Allemagne sera bien différente des chants de louanges dressées par les médias allemands mais aussi français sur la prétendue victoire de Mme Merkel aux élections de septembre. En effet, dans ce cas, quelle sera la situation ? La direction actuelle du SPD sera désavouée et condamnée à la démission.
Quelles seront les options de la chancelière : tenter une nouvelle négociation avec les verts ? Illusoire tant l’hostilité est grande au sein de ce parti à son encontre. Nommer un gouvernement minoritaire au Bundestag ? C’est rendre encore plus lisible la réalité de sa défaite politique, elle a une majorité contre elle qui l’empêchera de gouverner. Il ne lui restera plus qu’une seule option, organiser dans les délais les plus brefs, en début d’année prochaine, de nouvelles élections.
La puissante et raisonnable Allemagne rejoindra ainsi le camp de la velléitaire Italie… ingouvernable par définition. Peut-être alors, verra-t-on enfin les médias français cesser de nous mentir sur les prétendues vertus de l’Allemagne.
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