L’humour, c’est con et contesté ?

Adepte de l’humour, je suis partisan du sourire plus que du rire. Ne dit-on pas mourir de rire alors qu’un sourire est désarmant. La façon la plus sûre de désarmer une personne agressive à notre endroit est encore le sourire et la douceur. Dans mon livre des recettes du bonheur, j’inclus la politesse. "Sourire est notre dernière politesse, la suprême coquetterie, l'ultime parure de nos visages."Citation de Marcel Jouhandeau. 

Devant la vague de morosité qui déferle, le raz de (se) marrer reste notre digue. Pourtant, attention aux écueils. L'humour manifeste une certaine sympathie alors que l'ironie peut blesser celui qui en est l'objet. 

Avec humour, aucun sujet n’est tabou. Par une construction de l’esprit, une phrase ou un texte, peuvent piquer les plus puissants. Le maître incontesté étant pour moi Jean de La Fontaine. Avec ses Fables, la morale est diluée dans l’humour. L'anthropomorphisme (Merci Wiki) détourne l’ire de la cible qui ne peut, ni ne veut être assimilé à cette métaphore animalière. (Exemples de l’animal dans nos propos).

Quelques vers de Jean de La Fontaine devenus des proverbes :

 Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.

 La méfiance est mère de la sûreté.

 Rien ne sert de courir ; il faut partir à point….

L’actualité politique l’illustre également « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». (Les Animaux malades de la peste).

L’humour politique est parfois criant de vérité :

Il est plus facile de céder son siège à une femme dans l'autobus qu'à l'Assemblée nationale (Laurent Fabius).

Hollande propose des Assises de la Gauche. Pourquoi des Assises ? La correctionnelle suffirait. (Jean-Pierre Chevènement).

Entré jeune dans la religion de l’humour, je ne revendique aucun poste de prélat ayant zappé le chiisme du caté. Alors que fidèle de Bacchus, l’euphorie me gagne dans la distillation d’un bon mot dit vin.  

Dans la panoplie de l’humour figure le calembour. 

Le calembour est un jeu de mots qui consiste à employer un mot dont la forme peut évoquer deux sens. L’effet comique qu’il provoque généralement résulte de la double interprétation que l’on peut donner à l’énoncé.

Le champion incontestable de cette discipline est le regretté Frédéric Dard qui, dans des œuvres jugées à tort mineures, usa et abusa sans vergogne du calembour, pour notre plus grand plaisir. Au hasard : Entre la vie et la morgue, Un éléphant ça trompe, En avant la moujik, À prendre ou à lécher, La Pute enchantée, Les morues se dessalent, Céréales killer….

Mais c’est souvent l’accroche, le titre qui va vous inciter à lire un article. Spécialité du journal satyrique : Le Canard Enchainé. Mais les quotidiens embrayent sur ce style. Même ici, sur Agoravox, nous trouvons des articles avec un calembour comme titre. Par chance, l’humour n’est pas encore banni sur ce site.

Un bon calembour peut fait sourire dans un premier temps, puis il fait réfléchir le lecteur sur la véracité d’un mot ou d’un groupe de mots. Prenons par exemple un discourt politique : Le tribun, dans sa harangue martèle : élisez-moi ! Mais il pense Elysée-moi ! 

Pour rester léger, l’humour doit s’affranchir du fardeau de l’orthographe.

Dans l’écrit, les cris sont inscrits lisiblement. Dans l’oral, l’interprétation reste libre !

Par exemple : 

Le chanoine d’honneur de la basilique Saint-Jean de Latran veut que nous soyons dévot ou des veaux. Encore un jeu de mots qui implique une juste réflexion. Ou encore : Si vous n'êtes pas dévots, vous serez détruits ! 

La ponctuation peut également être source d’humour. Je garde en mémoire cette phrase à double sens :

 Les poules étaient sorties dès qu’on leur avait ouvert la porte.

 Les poules étaient sorties : des cons leur avaient ouvert la porte. 

Là dérision est entrée dans les mœurs mais, par prudence, l'humour se doivent de rester politiquement corrects. On ne doit pas dire qu’un homme est incompétent, car rien ne prouve que notre président soit un « Pétomane »….

Dans un autre registre, certaines religions refusent l’humour qui inspire en réponse une attaque détonante. Pauline Ester pourrait-elle encore reprendre sa chanson « Oui, tchador » ? Paroles

Alors, en souvenir du Général Mac Artur, je continuerais à cultiver mon idéal : l’humour :

On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d'années : on devient vieux parce qu'on a déserté son idéal.

Si un jour, votre cœur est mordu par le pessimisme et rongé par le cynisme, puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard.

Illustration : http://www.pourlesnuls.fr