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La diminution des perceptions de la Sacem : une autre piste ?

Un récent communiqué de la Sacem nous informait que, pour la première fois depuis 1992, celle-ci a vu ses perceptions diminuer en 2006.

L’on évoque le téléchargement « illégal » bien sûr, la concurrence des autres produits culturels (DVD en tête), les grands sites « web2.0 » comme Youtube, MySpace ou Dailymotion, qui n’ont pas encore signé d’accord ou des frais de gestion tout simplement collossaux (75 000 € en moyenne par salarié et par an !).

Pourtant, avec les débats sur le téléchargement par P2P et sur la DADVSI, il y a une chose que n’avaient pas prévue les majors et les grands acteurs de l’industrie musicale française : la prise de conscience par de nombreux artistes que la Sacem n’avait pas en charge le dépôt intellectuel de l’oeuvre, élément sur lequel la Sacem a de nombreuses années mystifié ses sociétaires.

Quand une école se fait attaquer par la Sacem, pour cause de non-paiment de droits d’auteur pour une chanson chantée par des enfants souhaitant saluer le départ de leur professeur, c’est l’image de l’ensemble des sociétaires qui est encornée. Et c’est aussi la prise de conscience de la part des artistes que leur musique ne leur appartient plus : Hugues Aufray, propriétaire intellectuel du titre, eut la désagréable surprise de découvrir que, même en donnant son accord, il était nécessaire de payer la Sacem pour que soit chantée sa chanson en public. Il fut beau joueur et paya l’amende de 75 € de sa poche.

De même, lors du lancement médiatisé du site www.lestelechargements.com (pour rappel : ce site coûta aux contribuables 180 000 € alors qu’il était pourtant développé avec DotClear, un logiciel libre ; il est aujourd’hui fermé), quelle ne fut pas la surprise des artistes qui souhaitaient déposer leur musique au libre téléchargement sur le site : étant sociétaire SACEM, ils devaient payer l’organisme pour mettre à disposition leurs titres.

Cette aberration qui consiste à considérer qu’un artiste qui dépose sa musique à la Sacem ne bénéficie plus des droits constitue l’essence même de la Sacem. Quand d’autres sociétés reconnaissent le droit de l’auteur de choisir le type de licence pour ses oeuvres (par exemple celle des Beastie Boys et la compilation Wired en 2004), la Sacem impose encore ses choix aux artistes (lire aussi : « je suis membre d’une société de gestion ... »).

Et de par la situation de monopole de la Sacem en France et la méconnaissance juridique fréquente des artistes sur leur musique, naît une société oligarchique, n’hésitant pas à interdire à ses sociétaires de mettre leur musique au téléchargement gratuit, par ftp ou par P2P, sous peine d’amende, l’argument du téléchargement promotionnel lui étant totalement étranger. A l’heure actuelle, la seule possibilité pour un artiste d’exister légalement en dehors des sites de téléchargement payants est celle du streaming.

Rappelons que lors des débats de la DADVSI en 2006, il avait été question de faciliter la diffusion des « jeunes créateurs » sur Internet à travers une plate-forme publique de téléchargement.

Seule véritable avancée pour l’ensemble des artistes, libres ou sociétaires, ceci devait être fait dans les six mois suivant la promulgation, aprés des débats chaotiques et un lobbying scandaleux, marqué par l’intérêt passionné de milliers d’internautes en direct ...

Le premier décret de la DADVSI fut publié le 30 décembre 2006 au Journal officiel. Six mois plus tard, aucun projet de plate-forme publique ne pointe à l’horizon.

Pendant ce temps, Dogmazic, une plate-forme de musique libre, franchit les 1 000 heures de musique légalement téléchargeables, des artistes expliquent aux sociétaires comment quitter la Sacem, mettant ainsi la lumière sur les difficultés à quitter une société censée protéger les auteurs et leur assurer ainsi une certaine liberté tandis que d’autres apprennent par le Net que celle-ci ne récolte même pas leur dû...

Finalement, une des causes de la diminution des perceptions de la Sacem pourrait peut-être tout simplement provenir d’une stagnation du nombre de sociétaires, voire de leur diminution.

En effet, les rapports de la Sacem permettent d’observer un tassement du nombre de sociétaires  : de 80 000 en 1999, 90 000 en 2000 (+ 10 000), 95 000 en 2001 (+ 5 000), 100 000 en 2002 (+ 5 000), on passe à 102 875 en 2003 (+ 2 875), 109 000 sociétaires en 2004 (+ 6 275), 110 000 en 2005 (+ 1000), probablement 110 000 en 2006 (+ 0), les chiffres officiels n’ayant pas encore été publiés sur le site de la Sacem...

Il serait néanmoins intéressant d’avoir les chiffres exacts (et non arrondis au millier), ainsi que la liste des sociétaires. L’on voudrait cacher une diminution du nombre de sociétaires que l’on ne s’y prendrait pas autrement.


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8 réactions à cet article    


  • non666 non666 25 juin 2007 12:31

    La vie vit sur une niche, comme les syndics de faillite, les syndicats de dockers, les juristes, les syndicats « representatifs », les partis « de gouvernement »

    Nul n’est sensé ignorer la loi, mais nul ne peut divorcer sans payer tribu aux robes noires.

    Notre société aime ses sangsues qui vivent en parasites de nos malheurs.

    La Sacem n’est pas forcement la pire de ces mafias.


    • tvargentine.com lerma 25 juin 2007 15:29

      Devons le monopole de la SACEM qui défend des droits qui ne correspondent plus à la réalité de notre société et qui s’apparentent plus à des privilèges,il conviendrait que les pouvoirs publics créé une taxe de solidarité sociale exceptionnelle (une sorte de TVA sociale sur les bénéfices de la SACEM)

      Lançons ici la pétition ,car nous ne pouvons plus accepter que la SACEM utilise sa puissance financière comme un lobby pour protéger des avantages réactionnaires et vérouiller toutes évolutions technologiques qui permettent aux créateurs de s’émanciper


      • Oliv’ 25 juin 2007 16:11

        La sacem ne finit pas de m’etonner : que devient l’argent qui leur est versee ? Prenons un festival de musique electronique acceuillant majoritairement des artistes non inscrits a la sacem (ou les equivalents etrangers avec qui la sacem a des accords). A la suite du festival la liste des morceaux passes est envoyee a la sacem. Quelque soit le nombre de morceaux proteges la sacem prends un part du chiffre d’affaire. Et donc nous avons un artiste, nommons le DjX, qui apparait souvent dans la liste des morceaux proteges par la sacem. Magnifique pour DjX. Les organisateurs doivent payer 4500 euros a la sacem ( ramene a 3500 apres negociation). A la louche carree la moitie de cet argent correspond aux morceaux de DjX, donc disons 1750 euros. Quelle SURPRISE d’apprendre que ce pauvre DjX « protege » par la SACEM ne recut que 28 (VINGT HUIT) euros... Ou sont donc passes les 1722 euros restants ? Impossible de savoir. « la mojorite de l’argent revient aux artistes » nous dit on... arf arf arf...


        • Marc Bruxman 25 juin 2007 22:45

          Oui la Sacem c’est une bande de parasites. Et l’exemple des musiques électroniques est très vrai. L’artiste peut se foutre un doigt dans le cul pour être payé. Traduction : Je ne vois pas dans ces conditions en quoi il est immoral de pirater.

          En fait la SACEM est devenue comme une Mafia. Dans ma jeunesse on m’expliquait qu’en Sicile cela se passait comme cela. Un mafieux se pointait dans ton commerce et te demandait de payer. Et tu payais sans discuter. Bien la SACEM c’est pareil. La seul différence c’est que cette Mafia la ne va pas en prison.

          Alors oui les pirates ne sont pas qui on croit. Mais la bonne nouvelle c’est que ces pirates la, on finira par s’en débarasser.


          • batarddelarépublique 26 juin 2007 13:08

            si la sacem perd de l’argent c’est peut-être que les maisons d’auteurs depuis l’ouverture de l’europe sont concurrentes entre elle c’est pourquoi il est facile de déposer ces titres tantôt a la gemma en allemagne, et pour d’autre, dans les pays de l’est ou le pourcentage est beaucoup plus faible que celui de la sacem.


            • Simplet Le Jeune Simplet Le Jeune 27 juin 2007 03:25

              Ouh la la ! Quelle hargne dans ces commentaires ! Et quelle méconnaissance !

              @ l’Auteur : de quels droits parlez-vous, droits moraux, droits d’exploitation, de reproduction, etc... quant aux conditions autorisant les auteurs à mettre leurs oeuvres en ligne elles sont sur le site de la Sacem.

              @ Léon : en mettant n’importe quoi sur cette partition, il serait facile alors au véritable auteur de prouver sa légitimité, et puis franchement : « ...il arrive très souvent que le groupe ne les ait pas déposées... », moi je n’en connais pas, et ce serait comme ne pas déposer sa paie à la banque, ou choisir chaque semaine ses numéros de loto sans les jouer... quant aux histoires de radios : vous ne regardez jamais la télé ? Et en quoi la Sacem en serait responsable ?

              @ Oliv’ : l’argent va effectivement aux artistes, mais précisons « auteurs et compositeurs ». L’apport qu’aura fait DjX dans ce qui n’est à 95% qu’un mix sera évalué en fonction de son originalité par rapport à l’oeuvre pré-existante, tout comme pour un metteur en scène, ou un adaptateur.

              @ Marc : je ne comprends vraiment pas en quoi sont lésées les musiques électroniques, d’autant que depuis plusieurs années, un simple enregistrement audio peut être déposé (eh oui, même plus besoin de connaître un minimum de solfège pour être compositeur... bientôt il ne faudra plus savoir écrire pour être romancier ; je ne critique pas ici l’adaptabilité au progès technique, mais la disparition d’un certain engagement, voire prise de risque, dans une passion : aujourd’hui je sais changer une ampoule, je suis électricien, je connais des histoires drôles, je suis comique...)

              Non, s’il vous plaît, il y a beaucoup à dire sur la Sacem (et la Sacd), et du pire, et de l’inattendu, mais pas du n’importe quoi, et il n’y a rien dans ce que j’ai pu lire plus haut qui ne soit sujet à controverse.

              Alors qu’il y aurait de quoi alimenter sérieusement la discussion si l’on ne se contentait pas de bribes d’éléments anecdotiques dans les commentaires...


              • Oliv’ 27 juin 2007 15:41

                @simplet le jeune : desole pour la confusion, mais DjX est un auteur-compositeur. Sur la play list envoyee a la SACEM il etait note tous les morceaux passes pendant le festival. La moitie des morceaux proteges de cette liste furent ceux de DjX. L’autre moitie se partageant entre d’autres artistes (dont un anglais), et la grande majorite des morceaux n’etant proteges par aucune societe d’auteur.

                La question reste donc valide : si la moitie des morceaux proteges sont ceux de DjX, si on paie 3500 euros a la sacem, il parait logique qu’une somme plus ou moins proche de 1750 euros revienne a DjX, non ? meme en enlevant quelques centaines d’euros pour les frais de fonctionnement les 28 euros qu’il a recu me paraisse extrement faibles...

                Quand au mythe « j’appuie sur un bouton et je cree un morceau de musique electronique » merci d’etudier la question avec un peu plus d’attention. Il y a au moins autant de courants dans la musique electronique que dans le rock. Et chaque courant a sa specificite, sa sonorite, sa technique. Et meme si il y a enormement de productions de plus ou moins bonnes qualites je peux te garantir que le talent ne s’improvise pas. Ceux qui sortent du lot ont pris des risques, ont une touche, ont travaille pour arriver a sortir des morceaux de qualite. Ca ne se joue peut etre pas au niveau du solfege, mais la musique electronique necessite, comme tous les styles, de maitriser son instrument. Et si son instrument est un ordinateur ou un synthe cela n’enleve en rien la difficulte d’apprentissage et de maitrise. Ensuite vient la touche personnelle, l’emotion, l’energie que l’artiste arrive a faire passer. Son de guitare classique ou son electronique triture par des dizaines filtres, le resultat est le meme : il y a une part de subjectivite, quelquechose qui fera que si deux artistes jouent le meme morceau, l’un passera mieux que l’autre, la technique ne fait pas tout. Ca existe dans les musiques « classiques », ca existe aussi dans les musiques electroniques. Pour revenir plus specifiquement a la « prise de risque », je ne sais pas exactement ce que tu veux dire, peut etre est ce l’idee de « l’artiste maudit » ? si c’est le cas je peux te rassurer, moults musiciens en electro galerent, vivent ou seulement survivent pour leur passion.


                • nattychauss 18 octobre 2008 15:27

                  Salut à vous,
                  je me suis inscrit à la SACEM il y a peu, je vais bien voir quel sera le montant des droits que je percevrai à la suite de mes concerts, je pourrai ainsi apporter mon témoignage !

                  Ce que je peux dire pour l’instant, c’est que beaucoup de petites et moyennes salles parisiennes (bars, cafés...) ne paient pas de redevance SACEM, et que beaucoup ne paient pas les artistes non plus, ou très peu. Que fait la SACEM ? Que font les syndicats d’artistes ?

                  Combien de fois a-t-on joué 1h pour 50 euros / 5 = 10 euros par musicien, en ayant rempli un bar de plus de cent personnes venus nous écouter ? Ces gérants de bar savent très bien jouer sur la concurrence entre groupes.

                  Pour s’en sortir, il faut être malin : savoir négocier, construire son image, se faire une réputation, refuser les offres crapuleuses. Il ne faut pas faire baisser la valeur de l’artiste aux yeux de ceux qui l’emploient !

                  J’ai du faire plus de soixante concerts non déclarés en un an, à gagner ce genre de "salaires", sans protection sociale, sans cotiser ni quoi que ce soit. D’après ce que j’ai vu pour l’instant, je considère que les musiciens (et les artistes en général) sont moins bien protégés que des métiers peu enviables comme éboueur ou technicien de surface (sans vouloir vexer ceux qui les exercent, sans qui on ne pourrait pas vivre !). J’ai l’impression qu’on est encore au XIXème siècle dans le milieu de la musique vivante.

                  Quelqu’un sait-il s’il existe des syndicats pour les musiciens en France ?

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