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Accueil du site > Tribune Libre > La doctrine des groupes d’intervention Police - Gendarmerie

La doctrine des groupes d’intervention Police - Gendarmerie

L’Europe va prendre conscience de la nécessité à disposer d'unités d'intervention après le massacre d'une douzaine de sportifs israéliens à Munich en 1972. A l'époque, la Préfecture de Police de Paris ne disposait que de la Brigade Anti-Commando (BAC) créée le 22 septembre 1964, médiatisée sous le vocable de « Brigade antigang » en charge de la lutte contre la grande criminalité. Cette entité était alors la seule à concentrer les missions de police judiciaire & d'intervention. L'embryon de cette unité donnera naissance en 1967 à la Brigade Rapide d'Intervention.

Les premières unités allaient s'inspirer des Special Weapons And Tactics team instaurées en 1968 après de violentes émeutes et pour répondre à des opérations à hauts risques. Les premiers Groupes d'intervention de la police nationale (GIPN) virent le jour en Octobre 1972. Ces groupes composé d'un effectif d'une trentaine d'hommes dépendaient de la direction générale de la Police nationale (DGPN). Au mois de novembre l'année suivante, la gendarmerie créait le Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale ou GIGN à partir d’éléments de la gendarmerie mobile, l'Équipe Commando Régional d’Intervention (ECRI), et de l'escadron parachutiste de la gendarmerie nationale (EPIGN). Depuis le 1e janvier 2014, les GIPN sont placés sous l'autorité du Chef de la Force d'intervention de la police nationale (FIPN) et les GIPN constituent depuis cette date des antennes régionales du Recherche Assistance Intervention Dissuasion (RAID), unité créée en 1985.

La mission de ces unités est d’apporter une réponse graduée lors d'une situation difficile ou à risques : Intervenir sur les actes de terrorisme - les prises d'otages - les retranchements de malfaiteurs ou de forcenés - les mutineries de détenus, ou lors des situations potentiellement dangereuses comme : l'escorte de certains détenus - les extractions - la sécurisation de procès pénal à risque en raison de la personnalité de l’accusé ou du contexte de l’affaire jugée - le service d’ordre lors de la présence d’une haute personnalité ou de menace particulièrement importante.

Selon les unités, le nombre d’éléments la composant varie de trois à une dizaine de fonctionnaires. L’unité est articulée selon une structure répondant à une doctrine opérationnelle reposant sur les groupes : reconnaissance/renseignement - assaut/effraction - tireurs - d’urgence - moyens spéciaux dont un dédié à l'intervention en milieu NRBC (nucléaire, radiologique, bactériologique, chimique).

La riposte initiale lors d’un incident pouvant mettre en péril la vie d’autrui reste l’isolement de la scène et le bouclage des alentours afin de contenir, de protéger les citoyens et prévenir une évasion des auteurs ou complices. Dans l’idéal, cela se fait par l'établissement d'un périmètre de sécurité intérieur placé au plus près des lieux mais sans confrontation avec le ou les individus impliqués, et l’établissement d’un second périmètre placé à une distance plus éloignée dirigé vers l'extérieur. Ce deuxième cercle permet le filtrage des accès à la zone « gelée » mais aussi de contenir les journalistes dont la présence a souvent pour effet d'accroître la vigueur des individus, ou pire ! de leur délivrer des informations sur la situation (l'usage de brouilleurs n'est pas la norme). L'idéal serait de pouvoir empêcher le ou les individus de pouvoir communiquer avec des tiers, mais l’apparition du portable a restreint cette marge de manœuvre afin de permettre le recueil de renseignement des otages restés dissimulés (exemple l'imprimerie de Dammartin-en-Goelle). Ce dernier cercle a aussi pour effet de venir s’opposer à l’arrivée de renforts ou de manifestants qui prendraient fait et cause pour les individus retranchés. Ces deux cercles peuvent être renforcés par un plan type : épervier - hiboux - milan (barrages routiers).

Le groupe d'urgence doit être apte à monter une action immédiate, sur le « pouce », sous la responsabilité de l'adjoint, le chef préparant de son côté les options méthodiques. Cela se fait à partir d'un poste de commandement dont l'accès se doit d'être particulièrement contrôlé. Imaginez qu'un journaliste ou pire ! qu'un terroriste parvienne à s'y faufiler... Le PC sert au briefing et de point de rendez-vous des intervenants ; le point de lancement de l'opération étant situé, lui, au mieux de la configuration du terrain. Lors de sa progression par un chemin direct ou indirect, le groupe d’intervention emporte le matériel qui lui permettra de franchir les obstacles qu'il rencontrera sur son chemin. Le matériel à transporter pourra comprendre une échelle souple, un grappin, un « bélier » ou vérin, un pied de biche, une masse, une lance thermique, une cisaille, corde statique (spéléo) ou dynamique (varappe), un descendeur, etc. Si le groupe renseignement a eu la possibilité de procéder à une reconnaissance, les obstacles figurent dans le dossier établi.

Les habitués des lieux et les personnes qui ont réussi à s'enfuir apportent les premiers renseignements opérationnels : combien d’individus, d’otages, de quelles armes disposent-ils, comment les identifier, où sont-ils, etc. Le groupe « rens » dispose aussi d’un matériel d’écoute et de surveillance qui lui permet de recueillir le maximum d’informations. Le matériel d’écoute aidera à surprendre les propos des individus et à faciliter leur localisation (stéréophonie). Bien entendu le groupe dispose d’appareils de prise de vue : vidéo-caméra à bas niveau de lumière, appareils photographiques numériques moins bruyants que les appareils mécaniques, et même de caméras thermiques qui permettent de « voir » à travers certains murs, et même de drones !

Le groupe d'intervention ne sait jamais exactement à quelle situation il va être confronté : des otages épuisés - choqués - blessés - seront-ils enchaînés - faudra-t-il les porter - seront-ils sous l'emprise d'une drogue - du syndrome de Stockholm ? Seront-ils face à la présence de produits chimiques dangereux, explosibles (vapeurs ou produits en suspension répandus ou non volontairement) ou face à des produits inflammables ? Rien de plus simple pour des hommes fermement décidés à mourir pour leurs idées qui ne disposent pas de grenades incendiaires que de répandre préventivement un produit facilement inflammable et d'y bouter le feu quand le groupe d'intervention pénètre les locaux.

Avant tout assaut, les hommes de l’équipe d’intervention se regroupent sur un point de « lancement », généralement un abri situé au plus près possible du bâtiment et communiquent entre eux par signes dactyles. En cas d'utilisation d'intensificateurs de lumière, les hommes peuvent être porteurs d'une balise infra-rouge les signalant aux autres collègues. Les terroristes ou les criminels d’habitudes peuvent avoir anticipé l’intervention et s’y être préparés. En ce qui concerne la pénétration proprement dite, certaines unités préfèrent aborder le bâtiment par le côté où il dispose de moins d’ouvertures, d’autres préfèrent au contraire la face offrant le maximum d’ouvertures, d’autres abordent sur l’angle, d’autres encore préfèrent la descente en rappel d’une façade. Chacune de ces méthodes a ses avantages et ses inconvénients et il n’entre pas dans notre propos d’en débattre, déplorons simplement l'absence d'un sapeur spécialiste du combat urbain pour ouvrir des brèches dans les murs et ainsi écourter le nettoyage... Je pense revenir sur l'aspect tactique et opérationnel dans un autre article. La sizaine en colonne derrière l'homme de pointe avec un fonctionnaire déporté vit-elle ses derniers jours face à des « kamikazes » retranchés ?

Il convient de privilégier l'itinéraire par lequel l’individu vous y attend le moins. C’est là une des raisons pour lesquelles les groupes d’intervention privilégient autant que faire ce peu l'entrée par l’endroit le plus haut possible. On descend plus vite qu’on ne monte. Si l'individu tente de s’enfuir par le bas, il pourra être « cueilli » par les fonctionnaires placés à l'extérieur. Si l’intervention avait commencé par le niveau inférieur, l’homme pourrait se réfugier dans les étages, dans les combles ou sur le toit. Selon la configuration ainsi que de la disposition des immeubles mitoyens, il aura la possibilité de pouvoir s'enfuir, soit il se retrouvera acculé. Dans ce cas, quel choix fera t-il ? Celui de combattre ou celui de se rendre ? Le groupe d’intervention sera d’autant plus prudent, mais énergique et déterminé, qu’il sait que l’homme est fortement armé et qu’il possède des connaissances militaires particulières.

Même si le groupe d’intervention a le plan des lieux, il n’en est pas pour autant un familier, au contraire de l'individu. Les groupes d'intervention ont déjà eu à faire à de désagréables surprises. La pénétration se fait généralement sous le couvert de la négociation et d'une diversion visant à fixer ou à éloigner l’individu de son poste d’observation ou de tir. Si le téléphone filaire offrait la possibilité de connaître à peu près l’emplacement du locuteur, il n’en a plus été de même avec l’apparition des téléphones mobiles ou cellulaires. L’individu peut se tenir en n’importe quel endroit de n'importe quelle pièce !

L’assaut se fait sous couvert d’une diversion, ne serait ce que le tir à travers une vitre située à l’opposé. L’hélicoptère ne sert pas seulement à déposer les hommes par la technique de la descente en rappel, il attire l’attention dans une direction et contribue par le vacarme de son rotor à masquer la progression de l’équipe d’intervention. Le succès repose sur la qualité des intervenants mais également sur le « choc », la surprise, sans oublier le facteur chance qui restent bien souvent les éléments les plus décisifs d’un assaut. Le groupe d’assaut connaît, en principe, les points faibles de la porte (s’il a opté pour cette voie de pénétration), ce qui lui permet d’appliquer la technique la plus appropriée. Confronté à une porte coupe-feu ou à la porte d’un aéronef dont le toboggan a été activé de l'intérieur, la pénétration peut se révéler impossible. Ce risque est d’autant plus à redouter que rien ne permet de le signaler à l’équipe de reconnaissance.

L’équipe d’assaut n’a parfois d’autre alternative que de faire usage de gaz afin de forcer les occupants à ouvrir une ouverture ou à venir se précipiter à l'extérieur de la pièce qui leur servait de refuge. Les gaz peuvent être délivrés par un épandeur, une grenade à main ou à fusil. Le groupe utilise également des grenades assourdissantes (175 dB) et aveuglantes (200,000 candelas) avec retard court (1,5 sec) pour qu’elles ne puissent être retournées contre les fonctionnaires ou militaires. Cela ne dispense pas les hommes de porter des protections, lunettes filtrantes et protections auriculaires, masques à gaz. Certains modèles de ces grenades émettent un sifflement juste avant leur explosion, astuce destinée à attirer le regard vers la grenade afin d’en maximaliser les effets ! L’explosion de la grenade sert généralement de signal pour l’assaut.

En présence de personnes innocentes, les fonctionnaires crient : « Police, couchez -vous ! » C’est pour les otages la meilleure des choses à faire, cela facilitera non seulement la progression et le travail du groupe d’intervention, mais contribuera à épargner des vies. Il n’est pas toujours facile pour les hommes chargés de l’intervention de faire la différence entre les individus dangereux et les otages. Certains terroristes soucieux d'échapper à la vigilance des forces d’intervention se sont mélangés aux otages. D’autres ont obligé les otages à échanger leurs habits avec les leurs... En cas de doute sur qui est qui, tout le monde sera traité comme des suspects potentiels, c’est à dire menotté jusqu’à ce que la situation soit éclaircie. On comprend que l'expérience puisse être traumatisante pour une personne non préparée. Une explication ultérieure sera donnée aux otages ou témoins. Cela nous démontre qu’il ne saurait s’agir d’une banale opération de police. A l'issue de la prise d'otages du 24 septembre 1981 d'une cinquantaine de personnes par quatre terroristes au Consulat de Turquie, à Paris, les otages ont révélé que toutes les issues du Consulat avaient été piégées avec des charges explosives... Petite phrase du jour : « Savoir ce que l'on affronte est alarmant, mais l'ignorer est terrible. »

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4 réactions à cet article    


  • Iren-Nao 27 avril 2016 13:43

    Votre article est intéressant j’espère qu’il aura du succès.
    Iren-Nao


    • Habana Habana 27 avril 2016 14:17

      L’Europe et les andouilles qui sont aux manettes n’a jamais pris conscience de rien du tout !

      L’Europe, et l’espace Schengen qui va avec, telle que construite aujourd’hui, c’est de la merde !
      Ce n’est qu’une zone artificielle entièrement fabriquée par les US et totalement inféodée au drapeau à 50 étoiles.
      Cette Europe à 28 vitesses, n’est qu’une machine à créer des disparités, des conflits entre peuples, des inégalités et j’en passe.
      L’Oligarchie abjecte qui est aux commandes continue malgré tout de mettre en oeuvre son euthanasie programmée, au grand bonheur des Américains qui vont se rincer la gueule pendant 20 ans sur notre dos jusqu’à épuisement des peuples et des ressources.
      Bref, un futur extrêmement réjouissant !
      Il est simplement urgent d’en sortir !

      • juluch juluch 27 avril 2016 16:21

        pas mal votre article......bien résumé.


        • straine straine 28 avril 2016 00:59

          Et pour =>ces cas là<=, concrètement ils font quoi  ?

          « -Un multirotor professionnel pourvu de grosses batteries de 22 ampères à 22,5 Volts peut faire voler les 4 kg d’un appareil photo reflex avec ses accessoires et sa nacelle pendant 14 minutes environ- a expliqué à Sciences et Avenir Laurent Khong, journaliste et co-fondateur du site Helicomicro, spécialisé dans l’information sur les drones.
          Je ne suis pas dans le complot terroriste mais l’attaque des transformateurs est peut-être un des meilleurs moyens de mettre à mal l’économie d’un pays ....

          Les autorités rassurantes

          [....]Les auteurs de ces survols et leurs motivations restent inconnues. Les autorités se refusent pour le moment à tout commentaire, mais elles avaient affirmé vendredi que les drones n’avaient pas été détruits jeudi car -ils ne représentaient pas de menace directe sur les installations. EDF indique, de son côté, que -ces drones de petite taille, qu’on peut acheter facilement dans le commerce, ne représentent aucun danger. Parvenir à survoler une centrale nucléaire ne signifie pas que l’intégrité de l’installation est menacée.- La loi interdit tout survol dans un rayon de 5 kilomètres et à une altitude inférieure à 1.000 m autour des installations. »[...]

          Me voila rassuré, puisque la loi interdit tout survol dans un rayon de 5 kilomètres et à une altitude inférieure à 1.000 m autour des installations  smiley

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