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Accueil du site > Tribune Libre > La flexibilité peut voir la vie en rose

La flexibilité peut voir la vie en rose

Avec l’évolution de notre société néo-libérale, la flexibilité dans les entreprises a de beaux jours devant elle.

Flexibilité, nom féminin : assouplissement des règles de la durée du travail, pour en aménager les horaires ou adapter une entreprise aux fluctuations de son activité. Ex : la flexibilité des horaires (synonyme : souplesse ; contraire : rigidité). Telle est la définition officielle du dernier Larousse. Petite remarque au passage, on peut s’apercevoir que cette définition n’apparaissait pas dans le dictionnaire ne serait-ce qu’une dizaine d’années auparavant. On n’y trouvait que la flexibilité d’un objet pouvant être élastique.

Entre-temps, il y eut les 35 heures. Les fameuses 35 heures de Martine Aubry sous le gouvernement Jospin. Une mesure appliquée en 2000 pour faire croire au Français moyen ou prolétaire que sa qualité de vie allait positivement évoluer et que cette mesure créerait de l’embauche. Dans la réalité, rien de tout cela. Seul faible aspect positif, un surplus de congé pour les cadres du tertiaire (devenus pour beaucoup les nouveaux électeurs bobo du PS).

En revanche, avec la faible progression des salaires, les 35 heures engendrèrent un pouvoir d’achat très limité pour l’ensemble des travailleurs français. Comprenez : plus de temps libre pour consommer moins. Mais au-delà de ce constat d’une logique implacable, cette mesure d’apparence de gauche, mais concrètement de droit, fit le lit d’un nouveau fléau communément appelé aujourd’hui « flexibilité ». Dans le monde du travail en France, un salarié se doit d’être flexible. Comme le dit si bien le Larousse, il doit s’adapter à son entreprise et non l’inverse.

Soumission au marché + rentabilité = flexibilité

Dans la fonction publique par exemple, le gouvernement a choisi de diminuer les effectifs. Et ce, tout en cédant toujours plus à la course à la productivité. Le désormais célèbre « travailler plus pour gagner plus » est ainsi remplacé, sur le terrain notamment dans les entreprises refusant l’allègement des charges sur les heures supplémentaires, par un bien moins enthousiasmant « travailler plus pour grosso modo la même paye et en sous-effectif ». Et surtout, ne la ramenez pas trop car il y a du monde qui frappe à la porte. Soyez contents d’avoir un taf même mal rémunéré ! C’est ce qui s’appelle la concurrence par le bas. Une régression évidente quand on sait qu’autrefois et assez généralement, c’est le salarié qui choisissait son employeur plutôt que l’inverse. Après cela, il ne faut pas s’étonner de voir, sous le poids faramineux de cette pression parfois dévastatrice, nombre de nos concitoyens partir en dépression, continuer péniblement à travailler tout étant dépressifs ou semi-dépressifs, faire dans certains cas des tentatives de suicide... En plus de la flexibilité, il y a l’absence de croissance. On constate alors non seulement un abaissement du niveau de vie financier des travailleurs, mais aussi de leur qualité de vie au quotidien. Et avec la précarité de l’emploi et la faillite du syndicalisme ayant renoncé lamentablement à sa fonction première, le Français subissant ce nouveau fléau est contraint de courber l’échine. Et donc ramer, se soumettre encore et toujours plus, continuer dans ce stress ambiant, ce mal-être palpable sans même oser le dénoncer, ou alors à voix basse, en aparté, par peur du chômage. D’où un rapport de force patronat-prolétariat en nette faveur du premier nommé.

Compte tenu des directives européennes ultralibérales que notre cher gouvernement se fera un plaisir d’appliquer, car étant purement de droite comme Aubry avec ses 35 heures pour les raisons évoquées précédemment, la flexibilité a de beaux jours devant elle. A l’inverse du peuple productif qui la subit, cette machine à broyer l’individu a de fortes chances de voir la vie en rose, le virage du néo-libéralisme à l’échelle européenne aidant. Elle sera probablement l’objet de futurs débats politiques dans les années à venir. A moins que la fausse gauche actuelle n’esquive ce vrai et essentiel problème pour lui préférer d’autres luttes à coups de slogans remplis d’humanisme et de tolérance. Pour « faire de gauche » en fait, sans jamais passer à l’acte et donc en trahissant le peuple que l’on est censé représenter.

Johan Livernette

http://www.dailymotion.com/round_affectif/1

http://livernette.noosblog.fr


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6 réactions à cet article    


  • Fred 13 décembre 2007 11:08

    Encore une fois, on entend les mots autrefois mais de quelle époque parle-t-on les 30 glorieuses ou bien encore une époque encore plus vieille ? Effectivement, pendant les 30 glorieuses les salaires augmentaient, il y avait le plein emploi, beaucoup de croissance et les salariés pouvaient mettre la pression sur leurs employeurs. Mais avant ça, le contexte était similaire à la situation actuelle ou le patronat avait le pouvoir de décider. On s’aperçoit donc que beaucoup de gens sont nostalgiques d’une époque qui était une anomalie économique.

    Nous vivons dans une démocratie et tout le monde a le choix. Si les gens pensent que leur situation d’employé est déplorable, ils peuvent essayer de se mettre à leur compte et devenir employeur eux-mêmes. Je peux vous garantir que la quasi-totalité des gens deviendraient identiques aux patrons actuels.

    Ensuite sur la dépression et le suicide, il y a quelque chose de particulier à notre pays car d’autres pays libéraux n’ont pas ces problèmes et ça fait plusieurs années que nous avons ce problème. Personnellement je pense que c’est plus lié à notre structure étatique et corporatiste mais c’est un autre débat.


    • MagicBuster 13 décembre 2007 14:20

      Le vieillissement de la population française va avoir des conséquences sur l’économie et en particulier sur l’évolution de la population active.

      Les générations nombreuses du baby boom vont quitter progressivement le marché du travail et ne pourront être remplacées que partiellement par les nouvelles générations.

      La flexibilité c’est vraiment à court terme alors ...


      • Marsupilami Marsupilami 13 décembre 2007 14:32

        Bon article. Pour en finir avec la tromperie des 35 heures, il faut d’urgence passer à la semaine de 32 heures prônée par Larrouturou dans son Nouveau Contrat social. Signez la pétition !


        • tvargentine.com lerma 13 décembre 2007 16:24

          Un travailleur indépendant comme toi travaille plus pour gagner plus (habituellement chez les indépendants)bien au dela des 35h !

          pourquoi tu veux travailler 32h/semaine ????? alors que tu est travailleur indépendant ???

          je pige pas


          • Jocrisse Jacques 13 décembre 2007 20:05

            Lerma Tu n’as pas compris, Marsupilami ne parle pas pour lui, comme les syndicalistes, il s’exprime pour aider les « autres »


          • Francis, agnotologue JL 13 décembre 2007 23:36

            Voici un petit brûlot qui apporte bien des réponses pertinentes aux questions posées ici. Cela s’intitule : « Lettre ouverte au peuple de France » par Simon Davies : http://futurquantique.org/index.php?option=com_content&view=article&id=264%3Alettre-ouverte-au-peuple-de-france&Itemid=103

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