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Accueil du site > Tribune Libre > La généalogie : une histoire de noms de familles

La généalogie : une histoire de noms de familles

Lorigine du patronyme qui se transmet héréditairement permet de suivre une lignée et les archives de retrouver les traces, pour certains de leur porteurs, jusquau Moyen-Age. L'apparition du nom remonte au X° siècle, avant, le nombre de villages est limité et chacun se connaît, lusage dun prénom suffit ; un surnom est parfois adopté par différents porteurs du même prénom afin de les distinguer.

Les individus vivent et travaillent en groupes. Chaque individu occupe dans le groupe social plusieurs situations, il peut être un membre de la famille, exercer un métier particulier, voire occuper un statut particulier. La plupart des noms ont une signification précise. Au Moyen-Age, pour différencier les individus qui n’ont qu’un nom de baptême, on les affuble souvent du nom de leur terre d’origine, ainsi apparaissent : Dumas (du mas, ferme en provençal), Castel (château), ou d’une autre région, Lavergne, Lauvergne (Auvergne), Lenormand (de Normandie). Le nom peut parfois désigner une personne vivant près : d’un pont (Dupont), d’un fleuve, d’un marécage, etc. Dans les villes où l’on retrouve le plus souvent des artisans et négociants, le nom est parfois en relation avec la profession : Leboucher, Couturier, Barbier, Mitterand (le mesureur). Pour les artisans et commerçants, on fait précéder le métier de «  Maistre  » (dans de nombreux mots, la disparition de la lettre S a laissé place au tréma). D’autres patronymes révèlent une caractéristique sociale : Avoyer (avocat), Chevalier, Clerc, Évêque, Maréchal. Il est cependant à noter que les porteurs de ces noms n’exercent pas tous la dite profession ou charge, et qu'il peut être transmis par le maître à ses serviteurs.

A partir du XII° siècle, le surnom tend à devenir héréditaire parmi les familles nobles puis de s’étendre à l’ensemble de la population. On distingue les surnoms «  physiques  » des surnoms «  moraux  ». Le premier repose sur une caractéristique physique (Lepetit), le second désigne des personnes qui se différencient par leurs qualités ou leurs défauts : Doucet, Hardy, Lesage, Vaillant, etc. Des noms animaliers sont également utilisés en corrélation avec un trait de caractère : Cocteau (coq querelleur), Renard (rusé), Chevrier (la chèvre pour son agilité). Le sobriquet à la différence du surnom, a une connotation humoristique ou désigne une particularité : Bachelard (jeune homme à marier), Gagnebien, Lesot (porteur d’eau dans un seau), Lesoldat, etc. Certains noms vont subir des modifications orthographiques liées au changement de région (Le bras/ Legrand en breton) ou sous l’erreur de rédacteurs retranscrivant le nom selon une interprétation phonétique, mais le sens ne change guère. Certains noms empruntés à celui d’une propriété, après s’être transmis génération après génération, ne correspondent plus à la réalité ; on retrouve des porteurs de ces noms de lieux loin de leurs terres d’origines. Si nombre de familles ont conservé ce nom accolé à leur patronyme, elles n’en sont plus pour autant propriétaire du dit domaine.

A partir du XV° siècle, des peuples d'origines différentes commencent à vivre au même endroit. L'homme ne dispose que de deux manières d'affronter les difficultés rencontrées (nourriture, guerre, zone inhospitalière, etc.), soit en s'y adaptant, ou en la quittant. L'importance des populations dépend des ressources offertes par la zone d'implantation et de sa sécurité. Le processus de fixation du patronyme s’affermit. Il faut attendre 1539 pour qu’apparaisse l’obligation de porter un nom de famille, qui est généralement celui du père. Les noms que l’on rencontre en France sont étroitement liés aux origines de la population formée par les diverses invasions, les vagues migratoires et les unions.

La vie de la famille est jalonnée par des changements : naissance, baptême, communion, mariage, naissances, divorce, décès, transmission du patrimoine. L’âge moyen du premier mariage est d’environ 24 ans, et les remariages à motif économique sont légion. Suite aux nombreux décès (épidémies de peste, typhoïde), ce pourcentage peut atteindre 50 % dans certaines régions ! Les mariages se font entre personnes de même condition sociale et souvent entre gens de la même zone géographique. La société est statique, seuls les notables et les commerçants vont chercher leur conjointe dans les grandes villes. On change très rarement de catégorie, le paysan devient rarement artisan.

L’ordonnance de 1539 de Villers-Cotterêt promulguée par François Ier va rendre la tenue des registres de l’état-civil obligatoire. Chaque curé rédige les « actes » à sa façon, et chaque changement de prêtre entraîne un changement dans la tenue des registres. Pour le clergé, la priorité est donnée au baptême. C’est la date de baptême qui « officialise » l’existence légale de l’individu, s’il décède entre les deux (la mortalité enfantine est très élevée, près de 25 % des enfants n’atteignent pas leur première année), il est inscrit dans les décès sans figurer dans les naissances !

Le registre des mariages se limite jusqu’au milieu du XVII° siècle, à l’énumération des couples mariés dans l’année et il figure sur les dernières pages du registre des baptêmes. Le prénom s’en trouve déterminé par celui d’un parrain ou d’une marraine. Vers 1660 apparaît la date du mariage et les noms des témoins. L’âge, la filiation, la profession des époux et celle des témoins apparaissent seulement vers la fin de ce siècle. Dans la grande majorité des cas, les mariés n’ont aucun bien propre : maison, terres, mobilier, bétail appartiennent aux parents. La mariée apporte une dot et son trousseau, le futur la robe de mariée et la bague. Dans certaines régions, les mariages sont prononcés à certaines périodes de l’année peu propices aux travaux agricoles.

Le mode d’enregistrement des décès connaît à son tour une évolution. D’abord simple liste très incomplète jusque vers 1650, le mortuaire s’améliore peu à peu avec les mentions de dates et de parenté. Certains prêtres indiquent la cause d’une mort accidentelle (chute de cheval, noyade, etc.). L’ordonnance de Blois de 1667 fera obligation au clergé d’indiquer le lien de parenté des époux, l’âge, la qualité, et le domicile sur les actes de mariage et de sépultures. Vers 1672, l’enterrement est certifié par deux témoins, généralement des proches, et l’inhumation a lieu dans le cimetière de la paroisse. Certains notables ont leur tombe dans l’église même et les seigneurs dans la chapelle de leur château.

L'État réalise que l’obligation d’inscription peut être utilisée pour l’imposition (Depuis 1539, le notaire a obligation de déclarer les actes signés en son étude, dans le but de percevoir par l'État les droits d’enregistrement). A partir de 1675, les registres doivent être rédigés sur du papier timbré et relié pour former des carnets. La copie peut en être faite des années plus tard par un copiste qui déchiffre difficilement l’original, ce qui va entraîner des variations orthographiques plus ou moins importantes. L’état-civil laïc intervient en 1792 en remplacement des registres paroissiaux et les règles de tenue des registres sont pratiquement «  normalisées  ». Les municipalités ont désormais la charge de rédiger les actes de naissance, mariage, décès. Avant 1789, un enfant né de parents Français à l’étranger était considéré comme un étranger, par contre, si des étrangers donnaient naissance à un enfant en France, celui-ci devenait Français.

Vers la fin du XVIII° siècle, on assiste à des changements de noms par déclaration publique. Le décret du 19 juin 1790 dispose qu’aucun citoyen ne pourra prendre que le vrai nom de sa famille. Certains vont renoncer à leur nom de domaine, titre et particule. La loi du 6 fructidor de l’an II (23 août 1794) interdit de porter autre nom et prénoms que ceux inscrits sur son acte de naissance. La loi du 11 germinal an XI va autoriser une modification du nom. Les motifs invoqués sont : la difficulté à porter certains patronymes obscènes (Cocu, Putin), qui évoquent la religion (Jésus, Rabbin, Curé), animaliers (Cochon, Vache, Lechien), alimentaires (Boudin, Lapoire, Navet), discriminatoires (Nabot, Chauve, Legras, Bossus), connotation sexuelle (Puceau, Labitte). Certains de ces patronymes dépréciés n’avaient absolument pas le même sens au XV° siècle que celui qui lui est attribué de nos jours. Labitte par exemple, était un casseur de pierre, et Lacrotte désignait l’habitant d’une dépression. La modification reste souvent minime, il peut s’agir du remplacement d’une lettre, Putin devient Dutin, l’ajout d’une lettre finale ou d’un accent, amputation, Ducon devient Duc, Chaudron donne Haudron, anagramme, Lecul - Lucel. S’il s’agit d’un patronyme d’origine étrangère, le porteur peut avoir recours à la simplification Tcherniakowoski - Tchernia, ou à la francisation : Israël - Iser.

Le décret de 1872 permet d’introduire une demande de changement de nom devant le conseil d'État pour modifier un patronyme importable, déshonoré, le franciser, l’associer d’un nom d’ancêtre ou un nom de guerre (exemple Chaband-Delmas), ou relever un nom qui risque de tomber en déshérence . Cela peut déboucher sur la notion de nom d’usage, avec cependant l’impossibilité de cumuler plus de trois noms puisque le nom d’usage n’est pas transmissible. Exemple, Melle Dupont née de Mme Durant pourra se faire appeler Dupont-Durant. Voila qui risque de compliquer les recherches concernant des patronymes antérieurs au XIX° siècle.

Lors de la naissance d’un enfant naturel, la mère quittait bien souvent la région pour se réfugier dans l’anonymat d’une ville où elle était inconnue. En cas de mariage d’une fille mère plusieurs années après la naissance de l’enfant illégitime, l’époux peut reconnaître l’enfant pour régulariser une situation défavorable, mais qui n’atteste pas de la filiation véritable de l’enfant. En 1870, l’apparition du livret de famille fige l’orthographe de tous les noms de familles, et à partir de 1897 apparaît la notion de la mention (divorce, remariage, adoption, filiation ) en marge de l’acte. Le 28 octobre 1922, l’acte de naissance porte la date et le lieu de naissance des parents, mais il faut attendre 1945 pour que le décès y figure.

Certains roturiers doivent leur titre à Napoléon III (noblesse d’Empire) qui transformera un simple Durand en Durand de Grossouvre. La particule n’est absolument pas une preuve de noblesse. Des personnes ont pu être anoblies et intégrées à cette classe en acquérant titres et privilèges, la disparité règne. On distingue l’ancienne noblesse, période antérieure à 1789, et la nouvelle noblesse pour la période postérieure. S’y ajoutent la noblesse d’épée (bataille), de finance (achat), par lettre (conférée par le roi), de robe (acquise par la fonction), militaire (conférée pour certains grades), d’extraction (très ancienne), couronnée (prince de sang), titrée (duc, marquis, comte). La loi de l’an XI sera utilisée à partir du XIX° siècle dans le but d’« aristocratiser  » un nom. Le requérant peut invoquer une parentèle noble ou le souhait de relever un nom éteint ; il s’agit parfois de faire légaliser une usurpation pure et simple.

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19 réactions à cet article    


  • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 3 octobre 2019 17:48

    « Qui s’enorgueillit de ses ancêtres, loue les exploits d’autrui. » SENEQUE

    En fait, un arbre généalogique met en présentoir plus de bâtards que les boulangers.


    • Daniel PIGNARD Daniel PIGNARD 4 octobre 2019 08:30

      @Séraphin Lampion

      Mais s’il n’y avait pas de valeurs dans les ancêtres, pourquoi la bible appellerait-elle Jésus-Christ et le grand roi qui doit venir « fils de David » ou « Mon serviteur David » ? 


    • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 4 octobre 2019 10:34

      @Daniel PIGNARD

      De même ne donne une généalogie complète des protagonistes des légendes arthuriennes, aucun évangile n’évoque la totalité des ancêtres de Yeshua alias Isa fils de Maryam. Il s’agit donc d’une construction moderne à partir de différents documents, un ensemble d’arbres généalogiques légendaires remontant à Babylone, incomplet et ne respectant que les légendes les plus connues. Ces ne sont pas de documents historiques, même si certains des personnages ont des bases historiques. Il ne faut pas prendre les liens familiaux au premier degré pour père, fils, frère, cousin, oncle et neveu, car ces appellations sont le plus souvent dues à des attachements affectifs ainsi qu’à des adoptions, des liens de cœur.


    • Daniel PIGNARD Daniel PIGNARD 4 octobre 2019 12:15

      @Séraphin Lampion

      « aucun évangile n’évoque la totalité des ancêtres de Yeshua alias Isa fils de Maryam. »   L’évangile de Matthieu donne la vraie généalogie de Jésus par les mâles depuis Abraham jusqu’à Joseph l’époux de Marie. Il est facile ensuite de compléter depuis Abraham jusqu’à Adam par la Genèse.

    • Et hop ! Et hop ! 4 octobre 2019 15:00

      @Séraphin Lampion : « des ancêtres de Yeshua alias Isa fils de Maryam »

      Qu’est-ce que c’est que ce salmigondi pédant arabo-hébreux ?

      Vous vous exprimez en français, donc il s’appelle Jésus, alias le Galiléen, fils de Marie.

      Jésus ne parlait pas hébreu ni arabe mais araméen, et sa vie est connue par des textes en grec.

      Deux évangélistes donnent deux généalogies, uniquement patrilinéaires, de Marie afin de montrer sa filiation avec le roi David, elles sont d’ailleurs un peu différentes.

      L’Ancien Testament donne la filiation du roi David.


    • Et hop ! Et hop ! 4 octobre 2019 15:06

      @Séraphin Lampion : «  En fait, un arbre généalogique met en présentoir plus de bâtards que les boulangers. »

      C’est pas du tout ce que montrent les recherches généalogiques sur les familles françaises qui se développent depuis une vingtaines d’années grâce à l’informatique.

      Les filiations passant par des enfants naturels sont extrêmement rares. C’est peut-être parce que, étant déshérités, ils avaient plus de mal à s’établir et donc à se marier et à avoir une descendance.

      Sur 10 000 ancêtres, on trouve parfois un enfant naturel, c’est souvent un enfant de noble.


    • nono le simplet 4 octobre 2019 15:32

      @Séraphin Lampion
      En fait, un arbre généalogique met en présentoir plus de bâtards que les boulangers.

      dans ma famille maternelle, d’après ma belle sœur, des bouchers mais au bout du compte un bâtard qui bloque la remontée au delà de la Révolution ... flûte !
      et du côté de mon père ça bloque dès mon grand père sorti de nulle part et disparu on ne sait où ... et ma grand mère paternelle, tout le monde s’en fout ... lol


    • Daniel PIGNARD Daniel PIGNARD 4 octobre 2019 16:21

      @Et hop

      Heu non, Matthieu et Luc donnent chacun une généalogie de Joseph époux de Marie. Comme ces généalogies sont très différentes, il faut trancher pour laquelle est la bonne, et comme celle de Luc 3 :23 nous met en garde en disant : « Jésus étant, COMME ON LE CROYAIT, fils de Joseph, … » mise en garde qui n’existe pas dans Matthieu 1, c’est donc celle de Matthieu qu’il faut retenir comme juste.

    • Et hop ! Et hop ! 4 octobre 2019 22:40

      @Daniel PIGNARD

      L’une de Joseph l’autre de Marie, ils étaient donc cousins, ce qui est normal dans les mariages des sociétés traditionnelles.

      «  2. J’en viens maintenant à l’hypothèse que vous émettez, à savoir que « la généalogie présentée dans la version lucanienne serait celle de Marie et non celle de Joseph ». Cette hypothèse a été popularisée au 15 ième siècle par A. de Viterbe. Toutefois, elle n’est pas retenue par les exégètes contemporains. Pour deux raisons me semble-t-il : tout d’abord, Luc mentionne explicitement que cette généalogie est celle de Joseph (voir Lc 1,16 : « Jacob engendra Joseph l’époux de Marie ») ; ensuite, dans la culture de l’époque, seule la filiation par les hommes comptait, de sorte que la filiation davidique de Jésus doit passer par Joseph, le père légal, et non par Marie, malgré le fait de la conception virginale. Mais vous avez bien raison de souligner que le récit de l’enfance de Luc met l’accent sur Marie alors que celui de Matthieu est plutôt centré sur Joseph. »

      http://www.interbible.org/interBible/decouverte/comprendre/2001/clb_011005. htm


    • Daniel PIGNARD Daniel PIGNARD 5 octobre 2019 11:29

      @Et hop !
      Non, je n’ai pas dit que Luc mettait l’accent sur Marie mais j’ai dit que les deux généalogies étaient toutes deux celles de Joseph.


    • Decouz 3 octobre 2019 18:58

      Je viens d’apprendre que suite à la révolte d’El Mokrani en Kabyliie, les Français avaient changé les noms traditionnels, qu’ils jugeaient trop compliqués (Fils de Fils de etc) mais dans les quels les intéressés se retrouvaient, sans doute pour mieux contrôler la population. 

      Ils ont donc donné des noms, parfois injurieux, ou correspondant à des métiers (ce qui n’est pas totalement contraire aux habitudes du pays il me semble), mais dans une logique administrative, tous les habitants de tel village avaient un nom commençant par A, dans un autre village, un nom commençant par B.

      Après l’indépendance les autorités ont voulu arabiser les noms, mais en partant des noms donnés par les Français et sans respecter la voyelisation arabe, donc le lien avec l’identité ancienne des habitants a été encore affaibli.

      C’est une connaissance qui m’a dit il y a peu lorsque je lui demandais la signification de son nom de famille : « Ce sont les Français qui disaient : toi tu t’appelle comme ceci, toi comme cela ».

      Après j’ai compris avec les explication données dans le livre :

      Karima Lazali « Le trauma colonial ».


      • Étirév 4 octobre 2019 04:42

        Le Nom de la Mère est l’origine des noms de famille. explication :
        Après un temps plus ou moins long, la maternité plusieurs fois reproduite constitue des groupes, formés d’une Mère et de ses enfants. Ce fut la première ébauche d’une famille, un lien unissant ces nouveaux êtres à leur Mère, un autre lien, l’affection fraternelle, les unissant les uns aux autres. Ils eurent des intérêts communs, un même nid, dans lequel ils avaient passé ensemble leurs premières années, un petit coin de terre, qui avait été le théâtre de leurs ébats. La Mère vivait au milieu de ses petits, dont elle était la source de vie et le génie tutélaire, elle les couvait, les soignait, les allaitait, tant que cela leur était nécessaire, et ne les délaissait que lorsqu’ils n’avaient plus besoin d’elle.
        Tous les mammifères restés à l’état de nature nous donnent encore l’image de ce groupement familial dans lequel le mâle n’a pas de rôle ; il a cherché la femelle, dans un moment de besoin physiologique, mais, après le besoin satisfait, il s’est éloigné sans se douter des conséquences de son acte.
        Cette première famille, dont la Mère est le centre, a gardé sa forme primitive pendant de longs siècles.
        La conséquence naturelle de tout ceci, c’est que l’enfant porte le nom de sa Mère. Du reste, c’est ce nom de la Mère qui désigne la tribu, plus tard la bourgade et quelquefois s’étend même à une région très grande.
        C’est ainsi que presque toutes les anciennes villes devaient leur nom aux femmes qui les avaient fondées. Les anciens Gaulois, nous dit-on, vénéraient la forêt des Ardennes parce qu’elle avait été le séjour de la Déesse Arduina, qui lui avait donné son nom.
        Il est bien évident que tous les descendants de cette Déesse ont porté des noms qui se rapprochaient du sien, ce sont les Harduins, les Arduens et leurs variétés.
        Si une Mère s’appelle Berthe, nous retrouvons sa descendance dans des Berthier, des Berthelot, des Bertet, des Bertillon, des Bertal, etc.
        Une Mère primitive appelée Mathilde a une lignée de Mathot, Mathis, Mathieu, etc.
        Si la Déesse-Mère s’est appelée Bathilde, elle a laissé à ses rejetons les noms de Barthe, Bartet, Barthou.
        Et les Marie, qui furent innombrables, ont laissé des Marion, Marin, Marini, Mariani.
        Les noms si communs en France de Martin, Martineau, Martinet, viennent d’une Mère primitive qui s’appelait Marthe.
        Ce sont les noms primitifs des femmes qui sont devenus les noms de famille.
        Faits et temps oubliés


        • Et hop ! Et hop ! 4 octobre 2019 13:52

          @Étirév

          Les familles qui portent comme patronyme un prénom féminin comme « Catherine’ » ou « Marie » descendent presque toujours d’un enfant naturel fils de Catherine et de père inconnu.

          Des prénoms qui sont actuellement féminin comme Anne ou Marthe peuvent avoir été à une époque des prénoms masculins.

          Martin ne vient pas de Marie (prénom hébreux à l’origine) mais de Martinus, nom gentilice romain de Saint Martin, évêque de Gaule au Ve siècle, vocable le plus courant d’églises en France.

          En France, et auparavant chez les Gaulois, les familles sont patrilinéaires. C’est pas le cas chez d’autres peuples, mais les exemples de sociétés matriarcales sont rares. Friedrich Engels avait fait un essait sur la question, mais il est périmé.


        • L'Astronome L’Astronome 5 octobre 2019 10:53

           
          @Et hop ! : « Anne ou Marthe peuvent avoir été à une époque des prénoms masculins »
           
          Exact. Anne est un doublon de Jehan ou Jean. Cf. Anne de Montmorency.
           


        • popov 4 octobre 2019 09:13

          @Desmaretz Gérard

          Et tous ces noms célèbres qui commence par un « La » :

          La fontaine, Lafayette, Laplace, Lagrange, Lamartine, Lavoisier, Larousse...

          Ont-ils disparu ou volent-ils sous les radars ?


          • Et hop ! Et hop ! 4 octobre 2019 13:41

            «  Avant 1789, un enfant né de parents Français à l’étranger était considéré comme un étranger, par contre, si des étrangers donnaient naissance à un enfant en France, celui-ci devenait Français. »


            C’est faux, un enfant légitime avait toujours le même état que son père, et un enfant celui de sa mère. Une femme prenait par le mariage la naturalité de son époux, tous les membre d’une famille étaient régis par le même droit.


            Il était régnicole (Français) si son père était régnicole, régi par exemple par la coutume de Normandie, ou noble si son père l’était.


            Un étranger établi en France et ses enfants restaient aubain tant qu’ils n’avaient pas reçu des lettres de naturalisation.


            • Et hop ! Et hop ! 4 octobre 2019 13:42

              @Et hop !

              Edit : «  et un enfant naturel celui de sa mère »


            • Desmaretz Gérard Desmaretz Gérard 4 octobre 2019 14:26

              @Et hop !
              Bjr, merci pour les précisions rectificatives.


            • Et hop ! Et hop ! 4 octobre 2019 15:24

              @Desmaretz Gérard

              Le reste de votre article est très exact.

              Les étrangers établis en France étaient extrêmement rares avant 1789, et même après.

              La population était à plus de 95 % rurale, avec un excédent démographique qui devait quitter le village et allait peupler les villes où au contraire la démographie était très déficitaire (manque de place, isolement de la famille élargie, épidémies, grand investissement dans des activités productives).

              Aucun étranger ne s’installait en milieu rural, il n’y avait plus de place, ceux qui s’établissaient en France allaient vivre dans des ports, ou des villes.

              Et les familles établies en villes finissaient par s’éteindre au bout de 2 ou 3 générations.

              Renard n’était pas le nom donné à des personnes rusées (comme un renard), pour la bonne raison que l’animal en question s’appelait un goupil. Renard, nom d’origine germanique (Reinhart) que portait un célèbre avocat de Paris dont le nom a été donnéau goupil par l’auteur du célèbre Roman de Renard. C’est à partir de cette publication qu’on a commencé à appeler tous les goupils des renards. 

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