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Accueil du site > Tribune Libre > La grandiloquence n’est pas l’éloquence

La grandiloquence n’est pas l’éloquence

Notre époque a si peu d’orateurs qu’elle a tendance, affamée qu’elle est, à donner des brevets d’éloquence à ceux qui ne font que s’agiter et la singer, avec un certain talent quelquefois, qui nous fait prendre leur aisance et leur enflure pour de l’éloquence là ou il n’y a que de la grandiloquence.

Mais qu’est ce donc que la grandiloquence ? La grandiloquence est ce qui a un caractère affecté, pompeux, artificiel et grandiose. L’orateur grandiloquent joue. Il porte le masque de l’éloquence qu’il n’a pas dans le fond et dont il rêve. Il pourrait pourtant être éloquent car son phrasé est aisé, sa langue facile, mais il lui manque la profondeur, le retour sur soi et surtout la modestie.

La grandiloquence n’est que pompe et snobisme.

C’est que le grandiloquent veut être éloquent ; mais il veut l’être à tout bout de champ, il veut l’être tout le temps. Il veut qu’on le regarde et qu’on l’aime. Par cette boulimie de paraitre, il est terne à force de vouloir tant briller. Il fatigue à vouloir a tout propos faire montre de son savoir, de sa culture.

Dès l’an 65, Quintilien nous met en garde. Parlant des avocats, il nous dit ” et il arrive même qu’avides d’une vaine renommée, ils se chargent des opinions et des affaires les plus bizarres ou les plus funestes, ne fût-ce que pour montrer toutes les ressources de leur éloquence”. Il cite même quelques traits où les avocats “s’efforçaient d’être pathétiques, où ils n’étaient que ridicules”.

Plus tard, c’est « l’éloquence parlière » que dénonce Montaigne, il décrit « ces sophistes échappés de l’antre de la chicane, et qui semblent n’être destinés qu’à obscurcir les plus simples notions ».

La grandiloquence est le délire fardé de l’éloquence.

L’orateur véritablement éloquent ne l’est qu à propos. Il ne craint pas de paraitre fade ou effacé si la situation l’exige. Il ne cherche nullement à étaler ses talents d’orateurs, il EST tout simplement. Il met le verbe au service de sa cause et non sa cause au service du verbe.

C’est parce que nous n’avons plus d’orateurs éloquents que nous idolâtrons souvent de manière excessive les flamboyants, ceux qui ont le verbe haut et la voix forte.

Ravis d’arracher quelques applaudissements à une foule sans talent, repu de ce vain succès, ils s’en vont montant toujours plus haut vers des vides vertigineux.

La sagesse populaire nous dit bien pourtant que ce sont les tonneaux vides qui font le plus de bruit.

A ceux qui lui reprochaient sa grandiloquence en meeting, François Mitterrand expliquait qu’il s’agissait du seul moyen de captiver un auditoire très divers.

Et en effet, cet orateur éloquent savait ne réserver sa fougue que lorsque la situation l’exigeait. Il ne recherchait pas l’effet. Il savait même être taiseux. Il se soumettait à l'instant.

Ce qui manque au grandiloquent, à l'insoumis, c’est un calme, une maitrise intérieure, une certitude, que seul peut possède l’orateur vrai, qui lui, n’a nul besoin de briller tant son verbe est d’or.


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13 réactions à cet article    


  • troletbuse troletbuse 27 juillet 2017 11:21

    Et Melenchon, grandiloquent ou éloquent ? J’opte pour le premier. Macron , nul à chier.


    • confiture 27 juillet 2017 11:28

      @troletbuse
      "Ce qui manque au grandiloquent, à l’insoumis, c’est un calme, une maitrise intérieure, une certitude, que seul peut possède l’orateur vrai, qui lui, n’a nul besoin de briller tant son verbe est d’or." tu n’as pas lu le post.


    • troletbuse troletbuse 27 juillet 2017 11:37

      @confiture
      Si on associe insoumis et Méluche, oui


    • confiture 27 juillet 2017 11:44

      @troletbuse
      c’est comme cela que c’est écrit. Insoumis = Melenchon , même si on a le droit de douter.


    • troletbuse troletbuse 27 juillet 2017 12:00

      @confiture
      Ben oui, j’en doute et trés fortement smiley


    • Le421... Refuznik !! Le421 28 juillet 2017 08:37

      @troletbuse
      Je vous ramènerais simplement à une petite déclaration de Henri Grouès. Cet homme de bien s’il en existe, a expliqué que lorsqu’il n’y avait pas indignation et colère, la compassion était feinte.
      Cela n’a pas été dit en ces termes, mais c’est le sens exact de ses paroles.
      Et vous attaquez Mélenchon* parce qu’il reste le dernier orateur à attaquer vertement et fortement sur des sujets justes. Cela dérange et je m’en félicite.
      Vous n’avez toujours pas compris - et vous ne comprendrez certainement jamais, ce n’est pas grave - que cet homme est notre représentant, pas notre chef. Il exprime ce que ressens une collectivité d’altruistes modernes à laquelle j’appartiens, pour qui le mot solidarité n’a pas encore été remplacé par assistanat.
      Bonne journée.

      *Là où vos écrits pêchent, c’est que vous visez l’homme à titre personnel. Alors que bien d’autres orateurs de la FI font preuve de qualités similaires...Adrien Quatennens, Alexis Corbières, François Ruffin, etc...


    • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 28 juillet 2017 10:09

      @Le421

      Oui, la FI est un cénacle de tribuns de grande qualité, en comparaison des têtes de gondole de LREM qui hélas, nous gouvernent. Quoi de plus « ardante » que la syntaxe des orateurs de la France insoumise ?


    • Le421... Refuznik !! Le421 28 juillet 2017 15:18

      @Nicole Cheverney
      Et je ne m’y trompe pas... Les attaques récurrentes contre JLM, qui, pourtant, est en minorité flagrante à l’Assemblée, indiquent combien ses rhétoriques sont justes et dérangeantes !!

      Quoique.
      Trouver matière à redire à la politique de Jupiter, ce n’est pas très compliqué.
      Notons cependant que quand les décisions sont justes, comme pour STX, JLM ne s’oppose pas connement comme le feraient certains. Il acquiesce...


    • Elliot Elliot 27 juillet 2017 13:31

      Mis à part Mitterrand qui savait certes captiver par le verbe mais ne défendait aucune cause et en tout cas pas le socialisme dont il se revendiquait, je ne vois en effet pour vous que des raisons de désespérer devant le vide actuel.
      Sauf à ce que vous ne trouviez le merle blanc, celui qui apprend à se taire parce qu’il n’a rien à dire dans les rangs de la République en marche ( arrière )...

      Il est vrai que l’éloquence réduite au silence n’est guère perceptible à l’oreille de la multitude vile même si elle pourrait trouver grâce à vos yeux, pardon ! vos oreilles affutées.

      Mélenchon représente pour vous la quintessence de ce qu’il y a de pire dans cet art que vous appelez oratoire et en plus il défend une cause qui visiblement, ne vous plaisant pas, perd toute noblesse.

      Il est vrai que s’inquiéter du sort des humbles, des laissés pour compte, est d’un commun…


      • egos 27 juillet 2017 18:30

        A la seule lecture de la manchette la chute de l’article s’imposait à l’esprit.


        • kalachnikov kalachnikov 27 juillet 2017 21:56

          Ca ne vise pas du tout Mélenchon vu que Mélenchon est ventriloquent et parle la voix de son maître*.

          *pour les anciens, le petit roquet qui écoute le gramophone et prend ses ordres. Lol, je vais encore me faire des potes, là.


          • Le421... Refuznik !! Le421 28 juillet 2017 08:41

            @kalachnikov
            Côté Pathé Marconi, je voyais plutôt Darmalin par exemple....  smiley

            Parce que Mélenchon, la voix de son maître, il faut avoir beaucoup d’imagination. Ou de mauvaise foi.


          • alinea alinea 28 juillet 2017 18:43

            Vous avez réussi le tour de force de faire un article de deux mots sur lesquels vous donnez de manière un peu simple, votre avis, mais sans les définir.
            Je vais le faire pour vous :
            Éloquent veut dire « expressif », l’éloquence est la facilité de la parole, une manière de s’exprimer avec aisance, une capacité à émouvoir.
            Quant à la grandiloquence elle est « une manière emphatique très noble de s’exprimer ».
            La valeur péjorative que vous lui prêtez, n’est pas une obligation ; cependant vous y consacrez la quasi totalité de l’article !
            Vous avez voulu nous dévoiler votre admiration pour Mitterrand et votre rejet de Mélenchon, d’une manière « savante » ?
            Je pense que vous auriez dû vous en tenir à votre manière très personnelle de lier « taiseux » et « éloquent » puisque vos dérives sur le tonneau vide ne concernent ni l’un ni l’autre mot ! Ni l’un ni l’autre homme !

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