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Accueil du site > Tribune Libre > La SACEM a-t-elle exporté son modèle et ses méthodes ?

La SACEM a-t-elle exporté son modèle et ses méthodes ?

Cette histoire s’est passée dans un parc de la ville de Samara.
(Article d’origine.)

Des vétérans, chanteurs amateurs, interprétaient des chansons sur la guerre devant un public où se trouvaient également de nombreux vétérans qui écoutaient en fredonnant.

Lorsque le chœur entonna la chanson "Smouglianka,
Wikipédia
Youtube
deux jeunes hommes, ne faisant visiblement pas partie des vétérans, s’approchèrent et se mirent à écrire dans leurs calepins. Notaient-ils les paroles ?.. Si seulement…

Puis les vétérans entonnèrent "Feu éternel" (Youtube), et les hommes notèrent à nouveau quelque chose. Et ainsi de suite jusqu’à la fin du concert, quand les "artistes" se rendirent à un modeste buffet, où ils burent un peu de cognac et reçurent de petits cadeaux.

Le choeur de vétérans a tout récemment appris qui étaient ces hommes mystérieux : les "fans" aux calepins se révélèrent être des collaborateurs de la Société des auteurs de Russie (RAO). Après le concert, ils firent un rapport qui fut envoyé… chez le procureur.

La raison est la suivante : l’administration de la ville, qui a organisé le concert, n’avait pas le droit de permettre aux vétérans d’interpréter des chants patriotiques sans avoir acheté la licence chez la RAO. Autrement dit, il faut payer pour chaque chanson interprétée ! Les vétérans, évidemment, n’avaient pas d’argent - ce sont les autorités de la ville qui ont dû casquer. C’est ce que dit la loi sur les droits d’auteur.

C’est ainsi, mais ça sonne comme un blasphème la veille du Jour de la victoire (9 mai), quand il faut rendre hommage aux vétérans, plutôt que de leur rappeler des problèmes de licences…

Marina Mouradova, porte-parole de la RAO :
« Nous avons une politique souple envers les concerts caritatifs. Si pour un concert commercial nous prenons 5% de revenus, les organisateurs d’un concert caritatif ne nous doivent qu’un pour cent. »

Le compositeur Anatoli Novikov et le poète Iakov Chvedov (auteurs de "Smouglianka") ne sont plus de ce monde, mais la fille du compositeur, Marina Novikova (82 ans) est encore en vie. Elle a été très impressionnée par cette nouvelle.
« Je suis stupéfaite, - avoua-t-elle. - Je comprends qu’il y a la loi, grâce à laquelle je reçois des versements - des sommes très petites, croyez-moi. Mais je n’ai aucune exigence envers les organisateurs de concerts gratuits, où on interprète des chansons de mon père. Que les vétérans chantent gratuitement. Et l’anniversaire de la victoire - c’est sacré ! »

Le poète Ilia Reznik a dit :
« La RAO a mis ces adhérents devant un choix : soit ils font semblant s’être contents, soit ils quittent cette organisation et protègent leurs droits tout seuls. »

Cependant, sans cette organisation un artiste se retrouve sans secours. Pendant les 16 ans de son existence, la RAO a eu le monopole du marché, ayant supprimé tous les concurrents - les organismes qui proposaient aux organisateurs des conditions plus favorables.

De plus, le fonctionnement de cette organisation n’est pas des plus clairs… En 2009, la RAO a perçu 2,8 milliards de roubles, ses locaux se trouvent au centre-ville de Moscou (où le foncier est très cher), et d’impressionnants travaux de rénovation ont été engagés… Mais est-ce que les artistes reçoivent leur dû ?

Selon Andreï Agapov, impresario :
« Pendant 5 ans, j’ai organisé à Moscou les concerts de Slava Polounine, en payant à la RAO ce qu’il faut. Ça fait 5,5 millions de roubles environ. Mais… Polounine n’a toujours pas vu cet argent. Et la RAO évite de répondre. »

PS : Librement traduit de l’article original par des espérantistes russophones. Apprenons l’espéranto, la langue internationale équitable, « open source ».
 

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6 réactions à cet article    


  • Keuss 13 mai 2010 13:22

    Je suis assez inquiet de l’avenir de la musique quand je vois ça...

    Entre le genre de pratique que décris l’article, et la Sacem qui balance 200000€ de prime pour un licenciement pour faute grave. Qu’on ne me fasse pas croire que leur but est de protéger les oeuvres des artistes.

    Est-ce que les Creativ Commons sont une alternatives crédibles ? Si quelqu’un connait un peu ce monde la, je veux bien qu’il m’apporte quelques infos. 

    • pingveno 13 mai 2010 19:35

      Avec une licence Creative Commons tu autorises explicitement le partage de ta musique. Il existe ensuite plusieurs variantes de la licence suivant que tu autorises des exploitations commerciales ou pas. Evidemment tu n’es pas rémunéré lors de ces partages, le modèle repose plutôt sur la rémunétation à l’acte (tu es payé quand tu donnes un concert par exemple). Au fond ça correspond à la réalité, même les artistes pro gagnent mille fois plus en un seul concert qu’en vendant un million d’albums, dans le deuxième cas c’est la SACEM qui s’en met plein les poches.

      Le hic évidemment est qu’avec le monopole de la SACEM, tu dois trouver d’autres moyens de te faire connaître que le passage à la radio, 99% des radios se fournissant exclusivement chez cet organisme.


    • BOBW BOBW 13 mai 2010 21:24

       C’est un véritable scandale:La SACEM défend avant tout les auteurs mais ne rétribue pas correctement les artistes et en laisse même certains dans la misère comme l’ont fait les producteurs qui ont laissé Laurel et Hardy mourir de faim malgré leurs succés dans le monde entier.
      Par contre ils ont poussé leur lobby avec Hadopi à poursuivre avec ses chasseurs de têtes rétribués ( Dont Th. Lhermitte) leur harcèlement contre des internautes qui font une simple copie privée.
       Madame Albanel« Open Office »et ses amis gouvernants et députés U.M.P ont abondé honteusement dans leur sens en sortant au forcing cette loi liberticide sans chercher à aider réellement les véritables artistes créateurs... :->


      • asap 14 mai 2010 10:22

        Ben tiens, le Beaumarchisme engendre de beaux marchés !


        Ces droits hérités du très cupide Beaumarchais sont une rente qui attire bien des mouches. L’auteur de la dance des canards est rentier pendant 70 ans des droits de son oeuvre tandis qu’un inventeur mettant au point un nouveau type d’éolienne par exemple, n’aura que 20 ans pour tirer profit de son invention, et ce à partir de la date de dépôt du brevet, soit parfois des années avant une mise en production qui puisse lui assurer des revenus.

        On voit bien où sont les priorités et surtout combien la production culturelle « médiatique » est en fait une pyramide de courtisans lèches-cul et opportunistes qui visent avant tout la prébende et le privilège.

        • pingveno 14 mai 2010 11:39

          Il serait intéressant d’avoir une vraie traduction de l’article original. J’ai en effet l’impression en le lisant que les propos tenus par les auteurs sont bien plus virulents à l’égard de cette organisation que tels que tu les cites dans ton article. Mais mon russe a ses limites.


          • Krokodilo Krokodilo 14 mai 2010 20:17

            Le mien n’a qu’une cinquantaine de mots ! Renseignements pris, cet article présente ce qui dans l’original est relatif à cette anecdote sur le choeur de vétérans ; l’article rappelle la loi et parle d’autres exemples, comme un concert de Beyonce ou un truc sur Deep Purple, mais sans être vraiment plus virulent que ci-dessus.

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