Le Brexit pour les anglais, Trump pour les US et en France ?
Ainsi les Anglais ont-ils voté (assez largement) pour la sortie de l'Europe (mais par contre les Ecossais ou les Irlandais restent fortement attachés à l'Europe), finalement ce Non à l'Europe est tout à fait dans la lignée du Non français de 2005 au Traité de l'Union Européenne et de celle des populismes (Autriche, France, Italie..) qui parcourent la vielle Europe (et le monde développé comme on le peut le craindre aux USA avec la présidentielle de novembre prochain).
La parenthèse de la reconstruction d'après guerre est bien refermée
Si les pays européens éprouvèrent le besoin de se rapprocher et de s'unir après guerre c'est qu'ils étaient dans des états économiques et sociaux désastreux après les deux boucheries successives (14-18 où les militaires s'entretuèrent et 39-45 où les civiles furent massacrés en masse). Face à des économies ruinées (sans le Plan Marshall la France ne serait jamais remise ou serait devenue un pays communiste) les européens (peuples compris) souhaitèrent s'unir, commercer et échanger des biens, des services, pouvoir travailler, habiter ou vivre partout en Europe sans risquer un jour l'expulsion ou même la mort (les réfugiés vivant en France et livrés aux Nazis durant l'occupation).
Les peuples ont la mémoire courte et après 60 ans de confort matériel et social, ils souhaitent reprendre leurs schémas d'avant guerre, remettre en avant la Nation et le nationalisme (seul et bien chez soi).
Les élites n'ont pas toujours tort
Même s'il est de bon ton de railler les élites, les technocrates, le supposé "establishement" on est en droit de se demander si les forts en thèmes, en économie (ou en maths) si ces "élites" (qui ne sont plus celles, héritées sang comme dans l'ancien régime) ne détiennent pas les clés de l'avenir, plus qu'un certain peuple qui se complairait dans la facilité, les slogans trompeurs ou les postures prétendument généreuses ("je suis de gauche moi madame et le monde entier doit prendre exemple").
Le populisme est aussi un produit de la démocratie et certaines guerres ont été populaires
Rappelons que la seconde guerre mondiale et l'accession au pouvoir de Hilter ne furent pas des coups d'Etat mais la volonté du peuple Allemand qui élu Hitler en 1933 alors que ses intentions belliqueuses et racistes ne faisaient aucun doute, rappelons que durant des décennies les communistes français votaient pour Staline (le petit père des peuples) sans aucun état d'âme (malgré les procès de Moscou, Budapest, Prague ou Gdansk), rappelons enfin que Pol Pot au Cambodge, Mao en Chine (44 millions de morts par les famines provoquées et la révolution culturelle) étaient des mouvements populaires (populistes dirions nous aujourd'hui), des pouvoirs politiques portés par une majorité des peuples (qui l'ont regretté amèrement par la suite).
Le vote des Anglais pour le Brexit pose le problème de la démocratie au niveau européen et de la capacité des peuples à relever les défis du XXI ème siècle
Si l'idée de l'Europe est moins populaire aujourd'hui (si une campagne en faveur de la sortie de l'Europe était menée en France, en Italie ou en Allemagne on n'est pas certain que le résultat ne serait pas identique à ce vote malheureux des anglais le 23 juin 2016) c'est parce que l'Union Européenne s'est élargie (nous avions abandonné de nombreux pays au communisme ou à la misère après 45 et leur retour en Europe nous cause des tracas) et c'est aussi parce que l'Europe ne peut plus être le père Noël qu'elle fut pendant des années (avec ces fameuses subventions européennes, comparables à nos aides sociales à la françaises et qui finissent par rendre les peuples dépendants et peu courageux).
A la suite du vote anglais les tentations centrifuges pourraient se multiplier en Europe
On peut très bien imaginer le pire à moyen terme en Europe
- des pays quittant l'Europe unie (dont l'Allemagne qui a une économie prospère et pourrait en avoir assez de payer pour les autres qui travaillent moins et plus mal)
- des tensions entre pays européens (pour la question des réfugiés ou par nationalisme)
- des indépendantistes reprenant leur œuvre en Ecosse, en Catalogne, en Irlande du Nord, au Pays Basque, en Italie du Nord, en Corse...
L'œuvre européenne est en danger
Elle est d'autant plus en danger que les économies européennes sont désormais fragiles (la France est moins puissante financièrement que 4 grandes entreprises américaines réunies, les GAFA), que la paix semblait un acquis définitif en Europe (alors qu'elle ne l'est jamais), que la crise de 2008 est loin d'être terminée (elle est aussi ravageuse que celle de 1929... qui se termina par une guerre mondiale) et qu'enfin la culture et l'histoire ne sont plus guère l'apanage de peuples européens qui présentent un niveau scolaire en chute libre, une jeunesse peu éduquée ni informée (ou qui croit pouvoir rejouer avec succès la partition d'un communisme qui n'apporte jamais que ruines, violences et désolations) et que le nationalisme peut encore cimenter de nombreuses opinions.
Ceux qui pensent tirer partie de cette catastrophe annoncée feraient bien de réfléchir
« De très nombreux pays européens, l'Autriche, les Pays-Bas, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque sont aux prises avec l'euroscepticisme et réclament moins d'Europe. L'Espagne et le Portugal sont très affaiblis économiquement. Quant au couple franco-allemand, moteur historique de la construction européenne, il est en pleine crise de confiance ». Les échos, le 24 juin 2016
Plus que jamais les Anglais ont ouvert une boite de Pandore qui n'est pas prête de se refermer.
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