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Le choix d’Onfray / Camus versus Sartre * Un complexe d’identification

   Sérieusement… le choix d’Onfray a à peine été émis qu’il proclame son nom. Apriorisme. Parallélisme pressé de conclure, d’épiloguer sur le bien et le mal. C’est de décréter sa propre morale qu’il s’agit. Et quelle morale ! Sa vérité. Dire tout le bien d’un camp pour renvoyer l’autre au pilori.

LE CHOIX D’ONFRAY

Camus versus Sartre

*

Un complexe d’identification

 

  Le choix d’Onfray. Amour pour Camus. Révulsion envers Sartre. On ne commande pas aux sentiments. J’en conviens. Mais à la raison, on peut quand même. Regardons donc de plus près. Je n'invente rien. Je ne fais que reprendre Onfray. C'est lui qui le dit. Pas moi.

     Il serait plus proche de Camus que de Sartre. Sartre serait belliqueux. Et Camus pacifique. Binarité. Méchant versus gentil. Voilà le monde selon Onfray. D’ailleurs Onfray n’est pas le premier à sacrifier à ce clivage. Toute une problématique. Sur laquelle je me suis déjà penché dans un de mes livres à paraître. Sur Camus. Enjeux de la critique. Sujet bourré d’explosifs. Le risque est grand. A manipuler scrupuleusement. Avis aux téméraires. En cause la part particulière de l’inconscient.

     On suivrait certains on marcherait mieux sur la tête. Je n’exagère guère. Mais revenons à la binarité posée par le choix d’Onfray. Camus versus Sartre. Onfray et Camus : fils de femmes de ménage. Pas Sartre. Lui descend de la bourgeoisie. Ce qui serait un tort – avec un peu d’effort. D’une mère, qui, de sa vie, n’aurait peut-être jamais touché un balai. J’extrapole ? Pas beaucoup. Juste ce qu’il faut. Pour dire quelle était l’intention. Mais poursuivons.

    D’avoir appartenu par sa famille à la bourgeoisie, semble-t-il, ne permet pas de faire de Sartre un homme de gauche. Ni de lui donner aucun droit de défendre les causes justes de l’époque. Allez savoir. L’Algérie, le Vietnam, etc. Voire le napalm. Les « bidons spéciaux ». Largués du ciel. Comme une malédiction. Sur les maquis algériens. Et même sur les douars. Pour tuer la révolte. Brûler faune et flore. Voire tout ce qui bouge. Rôtir vif l’humanité qui s’y est réfugiée. Qui refuse de se mettre au pas. Avec et aux côtés de la France impériale.

     C’est là juste un petit rappel. Situer qui de Camus et de Sartre est belliciste et sans cœur. Camus Prix Nobel : une voix qui porte loin. Qui peut contre la guerre mais qui se tait. Qui se cache. En attendant que les avions par escadrons rentrent dans leurs bases, satisfaits du travail de sape. Camus se tait pendant que l’Algérie brûle. Oh certes certains le montraient agissant dans l’ombre pour la paix. Faux ! Rien de tout cela. Comme d’autres il doit attendre que Bigeard et autres Aussarresse passent le pays au peigne fin.

     Sartre, lui, criait à tue-tête contre les pilonnages et les bombardements, contre la guillotine : « Nous sommes des assassins ». Et voilà qu’on vient nous dire maintenant de marcher sur la tête pour mieux voir le monde. Non désolé : c’est là la vérité pendue par le pied droit. Flagellée et retournée contre elle-même. 

     Sérieusement… le choix d’Onfray a à peine été émis qu’il proclame son nom. Apriorisme. Parallélisme pressé de conclure, d’épiloguer sur le bien et le mal. C’est de décréter sa propre morale qu’il s’agit. Et quelle morale ! Sa vérité. Dire tout le bien d’un camp pour renvoyer l’autre au pilori.

     Arbitraire érigé en loi. Manichéisme sur toute la ligne. On va sur la base d’une coïncidence ergoter de moralité. S’autoriser de juger qui on veut. Dresser mine de rien des réquisitoires inouïs. Voilà qui nous éloigne de la philosophie. Mais ne nous limitons pas à ce parallélisme. Et poussons. Un peu de réflexion ne nous fera pas de mal.

     Que partage vraiment Onfray avec Camus ? Eh bien tout le reste dont il n’a pas dit un seul mot. Citons la question algérienne. Ils ne l’ont pas à la bonne. Ces deux-là. Esprit de clan. Parti pris quasi familial. Citons l’engagement politique de Camus. Engagement fait de silences, faux-fuyants, échappatoires, petites formules allusives, pirouettes stylistiques, poissons noyés, ruptures, reniements…

     La question algérienne fait faire à Camus bien des détours éloquents. Que de non-dits en fait. Et d’incohérences que ses nombreux fans préfèrent enjamber.

 Bref, Onfray se reconnaît en Camus et du coup épouse ses thèses plus politiques que philosophiques. Camus philosophe ? Peut-être un peu. Comme Onfray, BHL, Finkielkraut, Bruckner… philosophes nouveaux. Autoproclamés. Et en fait, vivant des miettes de la philosophie classique pure et dure, Sartre, Heidegger, Kant, Derrida, Deleuze, Nietzche, Hegel… et les origines. Plutôt commentateurs de textes qu’inventeurs. 

 On a là en Onfray comme en d’autres d’ailleurs un parfait exemple de complexe d’identification. 

 

                    Mohammed-Salah ZELICHE

 

Albert Camus - Films, Biographie et Listes sur MUBI

Pour un atlas des Figures

 

 


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18 réactions à cet article    


  • Buzzcocks 11 décembre 2023 17:02

    Onfray écrit 15 livres par an, passe sa vie à la télé, et donc fatalement, il ne bosse pas ses livres et publie n’importe quoi.Des thésards vont passer 3 ans pour écrire une thèse sur une petite partie de la vie de Camus. Onfray est tellement balaise qu’en 15 jours, il a lu, tout Camus, Sartres, et disséquer les différences, faire une synthèse, interrogé les gens qui les ont connus, relire toutes les interviews des deux écrivains etc... C’est superman.

    Publier un livre, c’est l’assurance de passer à la télé pour y faire sa promo, sa gloire, tout en annonçant qu’il est stigmatisé par les médias parisiens macronistes qu’il déteste (mais l’invite en boucle étrangement).

    Bon, on ne va pas tirer trop fort sur l’ambulance, après 2 AVCs, je serais surement autant à l’ouest que lui.


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 11 décembre 2023 18:03

      Il faudrait demander à Onfray ce qu’il pense de cette citation trouvée dans 

      « L’artiste et son temps », Albert Camus, (1953), Actuelles II, in Essais, Gallimard, 1965  : 

      « De quelque manière qu’on tourne la question, la nouvelle position de ces gens qui se disent, ou se croient, de gauche, consiste à dire : il y a des oppressions qui sont justifiables parce qu’elles vont dans le sens, qu’on ne peut justifier, de l’histoire. Il y aurait donc des bourreaux privilégiés, et privilégiés par rien. [...] C’est une thèse que, personnellement, je refuserai toujours. Permettez-moi de lui opposer le point de vue traditionnel de ce qu’on appelait jusqu’ici la gauche : tous les bourreaux sont de la même famille. »

       

      Et lui rappeler ce qu’il a dit contre ceux qui refusaient les injections que l’on sait.

       

      ps. Je crois Mohammed-Salah ZELICHE

      que vous faites là un bien mauvais procès à Albert Camus.


      • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 11 décembre 2023 18:49

        @Francis, agnotologue
        Je ne suis pas dur avec Camus. Quand j’étudie un auteur je n’oublie jamais de rappeler ce qu’il a fait de beau, de grand, et d’immortel. Mais la complaisance de certains fait que je suis amené à réagir. A remettre les choses dans l’ordre que j’estime être plus cohérent. Je ne fais pas de procès à Camus. Mais Camus est l’homme d’une époque qui n’a pas été sans de fortes tensions. Et en parler n’est pas aisé puisque amené d’office à rendre compte de la réalité dans sa vérité et son intégralité. Dans sa férocité même. Mais jamais sans scrupules. Ma conscience ne me permet pas d’être injuste.   


      • GoldoBlack 12 décembre 2023 18:32

        @Mohammed-Salah ZELICHE
        Vous n’êtes pas dur avec Camus, puisque toutes vos phrases sont incomplètes. Sans verbe. Sans précision. Bref, sans argument permettant de vous contredire...


      • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 11 décembre 2023 18:06

        Merci de m’avoir fait rire. C’est si vrai et bien dit ce que vous écrivez. C’est bien son portrait. Il n’est pas pire que d’autres en fait. Je veux dire moralement et intellectuellement. C’est le produit d’un système. Même s’il le tacle et fait semblant de n’être pas sollicité. Mais en allant aussi vite que lui Sartres et Freud en prennent pour leur grade. Les horloges changent d’heure. Et les hommes de mœurs. Forcément, tout doit être écoulé. On renouvelle, on renouvelle...


        • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 11 décembre 2023 18:55

          @Mohammed-Salah ZELICHE
          Cette réponse est destinée à BUZZCOCKS.


        • sylvain sylvain 12 décembre 2023 17:54

          j’aimais deja pas onfray quand je le trouvais politiquement sympa, un truc epidermique. Maintenant je me dis que j’ai eu du flair.

          Son entretiens avec houellebeck est navrant. Deux vieux qui, pour reprendre balavoine, ne semblent pas comprendre la detresse des mots qu’ils envoient. Des processus mentaux contradictoire semblent le posseder, qui pour fonctionner ensemble creent de la complexite mais pas de sagesse, pas de profondeur


          • GoldoBlack 12 décembre 2023 18:30

            Fut un temps où Onfray disait des choses intéressantes. Freud fut recadré comme il faut avec sa pseudo-science qu’est la psychanalyse, Sartre et Beauvoir et leur passé collabo-compatible...

            Mais depuis quelques années, n’ayant pas eu la reconnaissance officielle qui le placerait en philosophe du siècle, Onfray maugrée.

            Puisque les gens de son camp ne l’admirent pas comme il voudrait, il change de camp faute de pouvoir comme en URSS, changer le peuple quand il n’est pas d’accord...

            Devenu un vieux réac, il n’a plus d’yeux que pour lui-même. Philosophe égocentrique, autocentré, pathétique naufragé de la vieillesse.


            • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 12 décembre 2023 19:20

              @GoldoBlack
               
               ’’Freud fut recadré comme il faut avec sa pseudo-science qu’est la psychanalyse’’
              >
              Personne n’a jamais prétendu que la psychanalyse était une science. Dès lors, parler à son sujet de pseudo-science c’est propager de l’ignorance.
               
              Voilà, j’ai recadré votre commentaire.
               


            • GoldoBlack 12 décembre 2023 19:28

              @Francis, agnotologue
              Mais t’as rien recadré pauvre mec, nez de boeuf !
              Freud lui-même et les adeptes de sa secte façon Rudinesco le font aussi !
              L’ignorance, c’est ce vide qui chuinte dans le trou de balle qui te sert de tronche.


            • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 12 décembre 2023 19:42

              @GoldoBlack
               
              ce post
              est à l’image de son auteur : la grande classe


            • GoldoBlack 12 décembre 2023 20:50

              @Francis, agnotologue
              Gné ? oO


            • Fanny 12 décembre 2023 21:50

              @GoldoBlack

              Mais depuis quelques années, n’ayant pas eu la reconnaissance officielle qui le placerait en philosophe du siècle, Onfray maugrée

               

              Ah très cher, je ne vous avais pas reconnu par votre pseudo qui s’était égaré dans ma tête puis finalement s’en était échappé, mais à votre poétique « nez de bœuf ».

              Quel est l’apport d’Onfray à la philosophie ? Aucun. Et il doit en être parfaitement conscient. Il tient un rôle de libraire qui passe ses nuits à lire les philosophes et, le jour, à conseiller le chaland venu se cultiver. Il fait ça très bien, il a un certain talent de critique. Les médias du public le snobent (il fait un peu trop populiste) et du coup il râle. Il ressemble physiquement à BHL, c’est très étonnant.

              Au plan politique et moral (il confond un peu ces deux registres, mais c’est la mode), c’est autre chose. Il a fait ses choix, qui sont plus de l’ordre de l’affect que de la philosophie. Il aime bien le décentralisé soft, la Cfdt (son aile gauche) plutôt que la Terreur, Robespierre les Jacobins, la CGT et les communistes. Position assez banale aujourd’hui (excepté Mélenchon), mais plutôt en phase avec la décadence qu’il dénonce par ailleurs (dans notre époque brutale, les mollassons seront spectateurs). Sa dérive vers le souverainisme est assez inattendue, associée peut-être à sa détestation violente du macronisme.

              Quant à Sartre, il a fait je crois de la philo, de la vraie. Un ami étudiant en philo. m’avait expliqué que Sartre avait été formé par un spécialiste de Heidegger, un certain Beaufret. N’étant pas formé à la philosophie, je ne saurais dire son apport, ce qu’il aura laissé.

              Dans le champ politique et moral, Sartre était l’idole des jeunes. Ces jeunes qu’il aimait tout particulièrement, de sexe féminin en particulier, celles que Simone lui fournissait après les avoir recrutées dans le lycée de jeunes-filles où elle enseignait. Dans une France marxiste, c’était le roi, le penseur à la mode : « tous les bourgeois sont des chiens ! ». Que serait-il aujourd’hui ? Bof … les temps changent, les jeunes sont en école de commerce.


            • Fanny 13 décembre 2023 08:50

              @Fanny
              «  tous les bourgeois sont des chiens ! »

              Le citation correcte : « Tout anticommuniste est un chien »


            • GoldoBlack 13 décembre 2023 15:50

              @Fanny
              Vos conceptions de la philo que vous tenez d’un ami sont passionnantes. Elles éclairent singulièrement comment fonctionne un cerveau où s’égarent si facilement les choses.
              "Dans le champ politique et moral, Sartre était l’idole des jeunes. Ces jeunes qu’il aimait tout particulièrement, de sexe féminin en particulier, celles que Simone lui fournissait après les avoir recrutées dans le lycée de jeunes-filles où elle enseignait. Dans une France marxiste, c’était le roi, le penseur à la mode"
              Merci Captain Obvious, nous ne savions rien de tout cela...


            • phan 12 décembre 2023 21:01
              La bourde de Michel ONFRAY : Covid-19

              • Jean Keim Jean Keim 13 décembre 2023 07:57

                Onfray conclura de plus en plus ses laïus par : il est possible que je me trompe, si c’est le cas je le reconnaîtrai ; cette démarche est-elle dictée par une honnête philosophale sagesse ou une réaction à la peur de la pression médiatique qui peut en quelques mots ruiner une réputation.


                • Mohammed-Salah ZELICHE Mohammed-Salah ZELICHE 16 décembre 2023 12:41

                   

                   EXTRAIT D’UN ECHANGE SUR FACEBOOK

                                                       Avec 

                                                  @ Eric Servon 

                  Vous êtes un écrivain je le crois ! En vous lisant je ressens l’idée même que camus n aurait pas du naître en Algérie ? Ou pourquoi est-il revenu en France ? Cordialement mais peut- être que j’enjambe trop cela ..

                                   TROIS REPONSES A ERIC SERVON

                  @ Mohammed-salah Zeliche

                  Je n’ai rien contre Camus. J’ai toujours pensé qu’il était coincé

                  (contrairement à Sartre) dans la gangue communautaire qu’il savait

                  rigide et menaçante envers les renégats. La « malheureuse » phrase sur la justice qui ne serait rien sans la sécurité de sa mère aurait pu être reprochée à ceux de sa communauté pieds-noirs qui étaient violents et ne l’auraient pas raté lui et sa mère. Rappelez-vous du jour où on avait très mal pris le fait qu’il ait accepté de s’asseoir à la même table que Abbas Ferhat pour discuter de retour de la  paix. Voilà vraiment qui marqua le plus Camus et l’a incité à s’emmurer dans le silence. Silence qui lui sera sévèrement reproché. L’OAS n’aurait de toute façon pas donné cher de sa vie.

                  @ Mohammed-salah Zeliche

                  Voilà pour Camus. Maintenant un mot sur l’écrivain que je suis. Je suis très créatif et dispose de plusieurs manuscrits. Un ouvrage très documenté sur Camus. Je peux tenir tête à tous les spécialistes de Camus. Je le dis sans forfanterie. Mes travaux sur Boudjedra et Dib en plus d’être cités partout ont été pour beaucoup dans ma maitrise en matière de d’analyse et de critique littéraire. Je crois que mon travail sur Camus mérite beaucoup, par son exigence. Au contraire deIdentités tout ce qui a été fait sur lui et qui pêche par complaisance.

                  @ Mohammed-salah Zeliche

                  « Camus l’Algérien » ? Mais il préférerait mieux la France. Il n’a rien qui puisse rendre cohérente cette recherche d’une identité algérienne. Identité = identique. Qu’on on lit toute son oeuvre et qu’on ne trouve rien sur l’Arabe ; le Kabyle etc on conclut vie à l’absence d’affinité ; Je me demande si vivant Camus aurait approuvé qu’on insiste beaucoup là-dessus. C’est d’ailleurs vérifiable. Qu’on parle de choses sérieuses ! Bien cordialement

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