Le Hamas a-t-il creusé sa tombe ?
Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude, dit-on en droit. Nous disons depuis le 7 octobre que c’est le cas pour le Hamas. Il a donné à Israël une occasion en or de l’anéantir pour de bon. Mais le plus triste et le plus important, c’est que le Hamas a également condamné son propre peuple, les civils palestiniens sans défense. Quoi qu’il arrive, tout indique, au niveau régional et international, qu’il n’y a pas de place pour le Hamas ou pour qui que ce soit d’autre dans les calculs de l’après-guerre de Gaza. Il est clair que le Hamas a perdu tous les gains qu’il avait obtenus sur le terrain depuis sa création. Il est revenu à la case départ et devra à nouveau travailler dans la clandestinité et très probablement en dehors des territoires palestiniens. Il pourrait également rejoindre d’autres milices, compte tenu de la perte probable de la plupart de ses commandants sur le terrain. Il s’agit là de pertes énormes qui n’ont pas été prises en compte par les décideurs du cercle opérationnel étroit du Hamas avant de lancer l’attaque contre Israël en octobre dernier.
Les scénarios de l’après-Gaza qui circulent dans les médias sont nombreux. Mais le point commun entre eux est qu’il n’y a de place ni pour les organisations et les milices, ni même pour l’Autorité palestinienne sous sa forme actuelle, dans la perspective officielle israélienne, du moins pour certains segments du gouvernement et des partis israéliens.
Il est vrai que ces points de vue sont encore en discussion et que certains d’entre eux sont divulgués dans le but de tâter le terrain et d’évaluer les réactions. Mais l’état d’alerte dans lequel se trouve Israël à l’heure actuelle ne permet pas de tabler sur la possibilité d’arriver à un stade où le facteur décisif serait un calcul rationnel basé sur les profits et les pertes. Le scénario le plus probable est celui de calculs à somme nulle motivés par le désir israélien de restaurer la confiance et la cohésion du front intérieur, quels qu’en soient le prix et le coût.
A la lumière de ces éléments, quelles sont les options du Hamas et de l’Autorité palestinienne face à cette réalité stratégique qui se dégrade ?
L’objectivité exige de dire que les attaques du Hamas ont ramené la question à la case départ. Quiconque le nie doit être attentif aux réactions et aux positions politiques à l’échelle internationale, notamment aux Etats-Unis. Abdel Hafiz Noufal, l’ambassadeur palestinien en Russie, a déclaré que les États-Unis et l’Europe n’étaient pas prêts à avancer vers la formule de la solution à deux États. Joe Biden, le président américain, lors de sa visite à Bethléem, a demandé au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas : « Quand êtes-vous prêt à mettre en place une solution à deux États ? » M. Biden a répondu : « Vous savez, pas très bientôt. Nous devons attendre, et nous devrons attendre longtemps. »
Dans le même ordre d’idées, la plupart des ouvrages politiques occidentaux affirment que la solution des deux États n’est pas sérieusement sur la table des capitales étrangères dans un avenir prévisible. Elle n’a jamais fait partie des options pour traiter la question palestinienne. Il faut donc s’attendre à ce que les discussions régionales et internationales se limitent à la gestion de la bande de Gaza, au cas où Israël s’en retirerait. Cela est peu probable à la lumière des preuves actuelles, surtout si Israël ne parvient pas à atteindre son objectif d’éliminer le Hamas et son infrastructure militaire.
Il ne fait aucun doute que ce que le Hamas a provoqué est un désastre stratégique dans tous les sens du terme pour la question et le peuple palestiniens. Les changements radicaux affecteront tous les partis palestiniens. Nous ne parlons pas ici de la fin de la question, mais de l’absence d’un horizon clair pour le règlement, y compris les solutions proposées par les Arabes.
L’avenir semble difficile à prédire car tous les scénarios sont possibles et plausibles. En fin de compte, le Hamas n’est qu’une organisation et il ne portera pas la responsabilité de ce qui s’est passé. Parce qu’il n’était pas responsable de la question palestinienne et du peuple palestinien avant l’attentat d’octobre. Sinon, il aurait bien étudié les implications de l’attentat, y compris les pires scénarios qui doivent être envisagés et pris en compte lors de la prise de toute décision ayant des conséquences majeures.
Mais ce qui s’est passé, c’est que le Hamas a agi et que tout le monde en paie le prix.
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