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Accueil du site > Tribune Libre > Le Liban n’existe plus mais il peut ré-exister à nouveau

Le Liban n’existe plus mais il peut ré-exister à nouveau

Le Liban n’existe plus ; et pour reconstruire un pays il ne suffit pas de faire des routes, des ponts, des hôtels de luxe et des universités. Un état souverain c’est avant tout une armée digne de ce nom, apte à défendre le pays. Une armée et non deux armées comme c’est le cas actuellement au Liban. On ne peut pas dire une chose et son contraire. On ne peut pas se poser en victime innocente et cautionner une milice, ou l’accepter comme une fatalité.

La majorité de la population libanaise refuse le Hezbollah et l’ingérence syrienne. Il est difficile de lutter contre cette ingérence que des moyens financiers important soutiennent. Mais c’est possible. La résistance passive suite à l’assassinat de Rafik Hariri en était une démonstration. Mais après cela les libanais ne devaient pas se contenter de vivre, faire la fête et du business. Insidieusement, le pays se laissait vampiriser par le concept de guerre sainte. Le Hezbollah veut le pouvoir sans partage et pour cela il est prêt à toutes les stratégies, y compris celle du billard : toucher une boule pour atteindre l’autre.

C’est une partie d’échec dans laquelle se sont engagées des grandes puissances. La Syrie veut le pouvoir au Liban, l’Iran veut détourner l’attention de la question du nucléaire et avancer un pion vers Israël, les Etats-Unis veulent empêcher que l’Iran ne se dote de l’arme absolue, et Israël n’a pas du tout envie de voir une armée composée de milliers d’hommes se déployer au Sud Liban. A ce titre les déclarations récentes et exaltées du leader iranien ne laissent pas de place à l’équivoque.

Dans ce contexte il va sans dire que les quelques centaines de victimes innocentes dénombrées aux premiers jours du conflit sont de peu de poids face aux risques encourus par l’état hébreu. Sa longue expérience des conflits dans la région lui a appris que certaines erreurs peuvent être fatales et compromettre dangereusement son existence. On ne peut raisonnablement pas parler de visées expansionnistes d’Israël, la tendance étant plutôt au retrait et à une politique de bouclier comme le fût la construction du mur tant vilipendé pour son inhumanité et son inesthétisme.

Comment peut-on qualifier cet engagement des hostilités ? Le Hezbollah pensait-il qu’en enlevant deux soldats israéliens sur leur territoire et en envoyant des roquettes sur Tibériade et Haïfa, Israël allait sagement assister au feu d’artifice ? Pensait-il qu’en ce moment de crise, moment où il se cherchait un interlocuteur pour apaiser les tensions à Gaza, Israël n’avait pas les moyens de ternir son image aux yeux de la communauté internationale ? A moins qu’il n’ait rien pensé du tout. On peut imaginer qu’il se soit senti tout à coup, conforté par ses milliers de missiles, suffisamment fort et pressé d’en découdre avec l’éternel ennemi.

Les combattants du "Parti de Dieu" n’en finissent pas de flirter avec leurs contradictions. Ils n’ont de cesse de clamer le peu de prix qu’ils accordent à leur propre vie en se déclarant heureux de mourir en martyr, accusant les oppresseurs de prendre la vie de leurs proches, vie qu’ils sacrifient également comme celle de populations instrumentalisées par des enjeux qui dépassent de loin leurs capacités de jugement et d’évaluation. Pour les gens qui éventuellement adhéraient(je ne parle même pas de ceux pris en otage) aux intentions du Hezbollah combien savaient qu’en allant provoquer le lion dans sa cage ils risquaient fortement de se faire manger la main ?

Le Liban n’existe plus mais il peut ré-exister à nouveau. La diaspora libanaise est riche, cultivée, influente. Elle doit tout faire pour réinstaller la démocratie et se doter d’une véritable armée comme tout état qui se respecte. Pour cela il faut que les centaines de milliers de Libanais à travers le monde se concertent, dépassent leurs égoïstes intérêts personnels et de concert avec une communauté internationale très attentive à son destin, se décident à agir.


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36 réactions à cet article    


  • Thucydide Thucydide 25 juillet 2006 11:56

    Votre paragraphe final résume votre article, dans tout son simplisme. Figurez-vous que les Libanais ont été obligés de faire le deuil de leur souveraineté bien avant l’implantation du Hezbollah. Ils l’ont fait à partir du moment où le roi de Jordanie s’est débarrassé des centaines de milliers de Palestiniens armés qui menaçaient son autorité. Comme personne ne voulait de cette milice de laissés-pour-compte n’ayant rien à perdre et prêts à tout, les arabes, dans un grand élan fraternel, ont décidé qu’on les fourguerait aux Libanais. Ces derniers, avec une armée fantôme (normal pour un si petit état) et leur majorité chrétienne, qui faisait tache dans la région, n’ont eu d’autre choix que de s’en accommoder.

    De premiers heurts entre l’armée et libanaise et l’armée palestinienne, véritable état dans l’état, eurent lieu en 1973. L’armée libanaise eut le dessus, mais pas pour longtemps. Deux ans plus tard, la milice palestinienne refusait toujours l’autorité libanaise et le désarmement, sous prétexte de libérer la Palestine. La suite, on la connaît : la guerre civile. Les musulmans du Liban prirent le parti des Palestiniens contre les chrétiens. Ce fut le début d’une série d’erreurs des uns et des autres (appel à l’aide des Syriens par les chrétiens, notamment) dont le pays ne se remettra jamais. Les puissances étrangères ont tous avancés leurs pions sur cette partie la plus vulnérable de l’échiquier, et croire que les Libanais peuvent éradiquer les milices étrangères tout seuls est aussi illusoire que de penser que l’Allemagne de l’Est pourrait se débarrasser toute seule du bloc soviétique.


    • pluskezorro pluskezorro 25 juillet 2006 12:58

      Merci pour ce commentaire limpide qui restitue la genèse du problème.Cependant je ne comprends pas l’assertion :« Une armée fantôme(normal pour un si petit état) ».Sauf mon respect je la trouve spécieuse et il y a des exemples qui la contredisent.Dans mon article j’ai émis un souhait basé peut-être sur une analyse de la question simpliste mais j’ai tenté également de soulever les éléments de contradiction des pacifistes libanais.Vouloir faire la psychanalyse d’un peuple serait sans doute intéressant mais dépasserait mes intentions.Après tout il se peut que vous ayez raison, les choses étant allées trop loin ne reste sans doute qu’une action internationale pour rétablir l’ordre.Une femme de ménage aussi douée soit-elle aura bien du mal face à des garnements experts en pandémonium.


    • shlashlik (---.---.248.31) 27 juillet 2006 17:46

      Vous trouvez normal et inévitable qu’un état comme le Liban ait eu une armée fantôme en 1970. C’est une ânerie.

      Son petit voisin du sud, Israel, est à peine + grand, en taille et en population, et possède sans doute une des armées les plus puissantes du monde, et ce n’est pas seulement en raison de l’aide américaine. Je vous rappelle qu’en 1967 et avant, Israël n’était aidé ni par les US, et encore moins par l’URSS.

      La raison pour laquelle le Liban n’avait pas d’armée en 1970 lorsque le roi de Jordanie s’est débarassé de ses palestiniens et en 1973 lorsque la ligue arabe a vendu le Liban aux guerilleros palestiniens est hélas moins flatteuse pour les libanais : le Liban avait des structures politiques quasi-féodales et personne ne voulait lâcher sa petite milice privée et/ou de clan au profit d’une armée nationale qui tienne la route. Ensuite et pour finir, les Libanais ne consentaient pas à payer les impôts nécessaires à la formation d’une armée nationale et au maintien d’un état moderne.

      Résultat : à la moindre secousse, n’importe quelle parti appelle à l’intervention étrangère (française, onusienne, syrienne, américaine, iranienne, israélienne, que sais-je encore) depuis 1970, raison pour laquelle le Liban ne connait ni véritable état, ni véritable armée, ni véritable indépendance nationale. Il n’est jamais qu’un champ de bataille livré au main des puissances étrangères - et il le demeurera jusqu’à ce que les libanais - je dis bien les libanais et non l’ONU - prennent en main les affaires de leur pays - en commençant bien entendu par désarmer le Hizbullah.


    • pluskezorro (---.---.250.29) 28 juillet 2006 11:57

      Merci d’apporter ces précisions.


    • Jean (---.---.186.193) 28 juillet 2006 16:14

      LA SOLUTION EST DANS CE COMMENTAIRE, BRAVO...il suffirait de destituer le ROI DE JORDANIE qui n’a aucune legitimite, sa population etant composee a 70% de palestiniens et deplacer la population de GAZA vers la Jordanie et trouver un compromis sur la CISJORDANIE moitie / moitie entre israel et la JORDANIE PALESTINE


    • Gil Blas (---.---.218.126) 25 juillet 2006 13:00

      Réponse à Thucydide.

      Malgré la chaleur , je vous ai lu attentivement .

      Votre analyse tient la route et j’ai failli être convaincu par vos arguments.

      Mais je ne partage pas votre relative indulgence pour l’attitude d’Israël dont l’arrogance habituelle me choque.

      Ah qu’il est loin le temps de Clinton, Rabin et Arafat et des accord d’Oslo. Au moins, à ce moment là, Israël ne donnait pas l’impression de s’enfermer à l’intérieur de son Mur ( à la limite, une énorme dépense ( aux frais du contribuable américain) qui n’est pas loin de l’inutilité.

      Sharon au pouvoir, tout s’est dégradé. Oeil pour oeil et dent pour dent. Des assassinats ciblés qui ont créé des haines inexpiables. Les Palestiniens considérés comme des être humains de seconde zone. Je lisais quelque part : la mère du terrorisme, c’est l’Amérique ) ou Israël, je ne sais plus, c’est d’ailleurs la même chose.

      Le Hamas fait sa percée électorale : les Israëliens n’en tiennent aucun compte, avec la bénédiction de Mme Rice. Certes, il y a eu le dégagement de Gaza. Mais on ne sent pas une vraie volonté de paix , alors que juste avant les événement récents, le Hamas était prêt à reoonnaître de facto l’Eatt d’Israël.

      D’accord, il y a l’Iran et son chef très dangereux. Mais tous ces peuples qui font confiance en de tels leaders regardent la manière dont Israël traite les Palestiniens. Et je ne parle pas des substantielles bavures des Américains en Irak.

      Sans oublier des scandaleux bombardements de ce pauvre Liban dont, paraît-il les habitants, intelligents et efficaces,seraient jalousés par leurs voisins.


      • veve (---.---.235.216) 25 juillet 2006 15:36

        au sujet des 2 denieres phrases de votre post ce lien vous interessera peut etre bien a voushttp://www.desinfos.com/article.php?id_article=5314 victor


      • un_juste (---.---.189.214) 25 juillet 2006 13:23

        Je crois qu’il fois de plus il faut réfléchir avant d’écrire et ne pas faire des victimes des boureaux...la propagande ça va 2 minutes ! Le problème du Liban comme de tout les autres pays du moyen-orient c’est la présence d’un état israëlien hegémonique et d’une brutalité effroyable comme le révèle chaque jour le massacre des civils palestiniens ou libanais ! Le jour où les européens et les américains arrêterons de se voiler la face et de soutenir un Etat qui ne peut absoluement pas l’être au regard de la morale, le jour où on parlera réellement de l’épuration ethnique de la palestine...alors là vous pourrez vous permettre de juger la résistance à l’occupant israëlien. Pourquoi refuser aux libanais, aux palestiniens...le droit de vivre en paix et en dehors de toute occupation et de toute violence. Pourquoi refuser aux libanais et aux palestiniens le droit de résister à un envahisseur dont la brutalité et le mépris de la vie humaine nous replonge quelques années en arrière ! Doit-on aussi dans la même logique condamner les résistants français qui luttaient contre l’occupant en 40 ???? On vient à s’interroger sur la légitimité des peuples à ne pas vouloir disparaitre sous la bottes qu’elle soit étoilée ou pas ! C’est une honte !


        • pluskezorro pluskezorro 25 juillet 2006 13:39

          Cette soi-disant « résistance » est loin de faire l’unanimité dans la population libanaise.


        • Laïd DOUANE Laïd DOUANE 25 juillet 2006 14:30

          Le Hezbollah n’a certes pas le soutien unanime du peuple libanais mais il a la majorité absolue. Il est le seul parti tentancieusement islamique soutenu par une large population de Chrétiens ! De ce côté là, ce parti n’a pas de soucis !


        • akad 25 juillet 2006 16:43

          A pluskezorro

          Personne ne possède l’unanimité libanaise ni israélienne d’ailleurs. Par contre le Hezbollah est plus que crédible, aussi bien sur le plan militaire que politique et social.


        • Internaute Internaute 26 juillet 2006 14:10

          Ce jour là n’arrivera que lorsque nous aurons fait le ménage chez nous et ce n’est pas demain la veille. Pour l’instant, tous les présidentiables sont adoubés par les sionistes. Sinon, on ne parlerait même pas d’eux à la télé et ils n’auraient aucune chance d’être élus. C’est aussi simple que cela.

          Je reste toujours sur ma faim lorsqu’on limite le débat à la frontière du Liban alors que la vraie bataille se joue beaucoup plus dans les salons de l’AIPAC ou du CRIF que sur le terrain.

          Si tous les gars du mon-onde voulaient se donner la main....


        • Laïd DOUANE Laïd DOUANE 25 juillet 2006 13:49

          J’ai écrit un article sur le même thème, le 20 juillet dernier. Publié par nouvelobs.com et alterinfo.net mais rejeté par agoravox pour des raisons vagues. N’y trouvant rien qui contredit sa ligne de conduite, j’ose l’utiliser comme commentaire au présent article dans le but d’enrichir le débat ! Le voici dans son intégralité :

          Le Hezbollah réussit à mettre Israël hors du Liban. A ne rien comprendre ! Israël réussit sans tirer une seule cartouche à mettre la Syrie au de là des frontières, c’est compréhensible. Hamas enlève un soldat, Israël se met à l’assaut pour le délivrer ! On le comprend en Occident ! Le Hezbollah en enlève deux et Israël s’en prend au Liban ! Les USA s’en mêlent, la suite nous la saurons demain ou après demain ! Marouane Hamadé ministre libanais des Télécommunications affirme que son pays est devenu le « dindon de la farce ». Il déplore la situation chaotique qui y règne, et voit que « Ces règlements de compte avec Israël se font aux dépens du Liban, qui avait retrouvé un souffle démocratique après avoir obtenu le départ des forces syriennes l’an dernier.. et voilà qu’on essaie de le précipiter de nouveau dans un état de choses qui ne peut aboutir qu’au retour de l’hégémonie syrienne.. ». Ces propos expliquent l’acharnement des USA et quelques régimes arabes contre la Syrie jusqu’à l’obtention de son départ définitif du Liban. Le leader druze estime que »La Syrie et l’Iran sont très heureux de voir les tensions du Golfe et l’isolement de la Syrie se cristalliser dans un conflit libanais où on pourrait de nouveau faire appel à eux". N’est-ce pas suffisant pour comprendre l’attitude du monde occidental en l’occurrence les USA et la Grande Bretagne, qui s’opposent ouvertement au cessez le feu au Liban ?

          Le Liban est victime des calculs stratégiques antagoniques. Les calculateurs sont : D’une part, les USA, l’occupant sioniste et leurs alliés, d’une autre, l’Iran et la Syrie ainsi que les trafiquants de tout bord en l’occurrence, les pétrodolarques arabes. Israël, étant le gendarme des états occidentaux, ne serait pas étranger à la mise en scène de l’enlèvement par Hamas d’un de ses soldats. Un prétexte pour opérer des représailles contre le gouvernement palestinien. Sans la connexion des deux fabricants de conflits, je cite la CIA et le MOSSAD, cette idée ne serait d’aucune valeur. Ensuite, ce serait en pleine opération punitive contre les Palestiniens, que le Hezbollah s’en rendrait compte. Ce dernier, étant en quête d’une guerre à l’israélienne pour tester son nouvel armement. Dans le même temps, l’Iran chercherait une issue pour alléger les pressions occidentales à cause de ses activités nucléaires. Les deux connectés chiites se concertent un peu, puis on se lance dans la chasse au soldat israélien dans le but d’entraîner Israël dans le bourbier libanais. A rappeler que l’état sioniste n’a pas oublié le Sud Liban et ses champs ainsi que son or transparent qui est l’eau. Et, le plus important, les missiles iraniens entre les mains du Hezbollah qui trouverait l’idée de l’enlèvement génial pour pousser Israël à cette attaque qui donnerait raison à l’Iran et à la Syrie !

          Israël s’est lancé, comme prévu, dans des opérations qui lui coûteront cher en matière de sécurité. Il aurait préféré que les attaques ne dureraient que le temps d’une incursion punitive. Mais leurs maîtres l’auraient convaincu de continuer à détruire les ponts, les routes et les réservoirs de combustibles outre les infrastructures servants de logistique et de base arrière au Hezbollah dans l’usage de ses missiles et, pourquoi pas, l’élimination du leader chiite ? Pour les USA, ce serait une occasion pour mener des frappes contre la Syrie afin de provoquer son allié l’Iran avec qui elle est liée par des accords de défense commune ? Ce dernier ne pourrait rester les bras croisés, il y va de sa notoriété mondialement connue. Ne serait-il pas le meilleur prétexte pour les USA pour mettre en application leur plan d’attaque contre l’Iran, au lieu de cette histoire d’enrichissement d’uranium qui ne tient pas debout ? C’est la logique de la guerre : Elle commence par un coup « d’éventail » et plonge dans une mer de sang et se termine par des regrets.

          Ainsi, tout le monde aurait à courir derrière ses illusions. L’Iran réussirait à détourner l’attention des superpuissances et ferrait travailler ses missiles et son armement nouveau. Le Hezbollah consoliderait sa position déjà menaçante mais enviable. En même temps, Hamas pourrait se permettre une trêve bien méritée à la suite des pressions occidentales. Et pour les nostalgiques de la présence syrienne au Liban, il y aurait du pain sur la planche. Quant aux turbans arabes, ils auraient tout à gagner dont l’augmentation du prix du pétrole ainsi que des frappes contre leur frère ennemi, l’Iran ? Dans le même temps, les USA s’offriraient l’occasion d’étudier l’opportunité ou non des frappes contre l’Iran. De là, l’autre opportunité de se laver les mains de l’Irak qu’ils comptent abandonner aux alliés pendant l’occupation probable de l’Iran. Mais faut-il que ce dernier soit l’Irak et qu’Ahmadi-Nejad soit Saddam !!

          Or, l’Iran en l’absence de l’Irak, a le privilège de fournir le cinquième de la production mondiale du pétrole ! En cas de guerre, même à court terme, les Iraniens auront à se venger du Grand Satan et la Syrie échappera à la colère US ! Par ailleurs, Israël en situation de découvert, pourrait penser à renvoyer ses Juifs dans leurs pays d’origine ! S’il continue à suivre ses soldats, il aurait à choisir Guantanamo comme patrie ! Dans quelques mois les Sionistes regretteront d’avoir couru derrière des soldats ! Je pense même qu’ils ne trouveront personne avec qui négocier.

          Enfin, après neuf jours de destruction, nous sommes contraints de compter les victimes innocentes dont le tiers sont des enfants. En même temps le prix du pétrole atteint 78 dollars le baril. Les USA font semblant hiberner en attendant les résultats des essais non nucléaires du Hezbollah. A rappeler que l’alibi avancé, le 12 juin n’est plus d’actualité. La libération des deux soldats otages a laissé la place à la nécessité de mettre fin au Hezbollah et de se transformer le Liban en « un Etat satellite n’ayant aucune possibilité, militaire ou économique, de porter atteinte à Israël ou de gêner ses projets ou ceux des Etats-Unis dans la région arabe tout entière », selon El-Oufouk. Ainsi l’Iran peut attendre tranquillement le 22 août pour répondre par NON à la demande du G8 de suspendre l’enrichissement d’uranium ! Pendant ce temps, le Liban reste un simple « dindon de la farce » ! Laïd DOUANE.


          • (---.---.41.205) 25 juillet 2006 16:58

            une belle connerie ce texte, je comprends qu’Agoravox l’ai refusé ! je ne prends meme pas la peine de relever vos inepties...trop inutile...


          • akad (---.---.190.182) 25 juillet 2006 18:28

            A Laid Douane

            Je ne suis pas du tout d’accords avec votre analyse. L’enlèvement des deux soldats israéliens, avait pour but de les échanger contre des prisonniers libanais. L’opération a été exécutée par des libanais (Hezbollah) pour des revendications libanaises. L’Iran bien qu’il soutient le Hezbollah, toutefois c’est ce dernier qui gère ses opérations. Je vous rappelle, qu’il y a eu une opération similaire dans le passé, dans laquelle le Hezbollah avait géré seul l’opération, du début jusqu’à la fin, et qui s’est soldé par la libération de plus de 400 personnes. Parce que c’était un succès, tout le monde applaudi le Hezbollah et personne n’accusa l’Iran.

            La riposte disproportionnée israélienne et l’appui illimité américain, prouvent qu’il y avait cette intention de faire la guerre au Liban, et l’enlèvement des deux soldats n’était qu’un prétexte. Là, oui, sûrement il y a des intérêts et calculs géopolitiques américains mais non iraniens. D’ailleurs surtout dans cette région, les calculs américains se sont souvent soldés par les résultats inverses. Je vous rappelle juste ce qui s’est passé depuis 1979 :

            • Les USA avaient encouragé Saddam à attaquer l’Iran pour stopper l’influence religieuse chiite

            • Après cette guerre le Koweit revendiqua l’argent versé à l’Irak durant la guerre, ce qui se termina par l’invasion du Koweit par l’Irak

            • Les USA furent obligés de faire la guerre à l’Irak, et après la guerre les sanctions économiques ont fait beaucoup de victimes civiles irakiennes

            • Ben Laden pour se venger pour ces victimes irakiennes, frappa les USA

            • Les USA pour punir les terroristes ont fait chuté le régime irakien et mis en place un régime pro iranien à leurs propres frais.

            On voit donc où nous amènent les calculs géopolitiques américains.


          • Jean (---.---.186.193) 28 juillet 2006 16:11

            une belle connerie ce texte je comprends que Agoravox l’ait refuse


          • Thucydide Thucydide 25 juillet 2006 14:21

            Où êtes-vous allés chercher, les uns et les autres, mon indulgence à l’égard d’Israël ? Si vous lisez mes commentaires sur d’autres articles, vous verrez que j’estime que c’est Israël qui détient la clef du règlement du conflit dans la région. Israël qui demande toujours le bras jusqu’au coude sans vouloir céder le petit doigt en contre-partie, et qui adapte sa loi du Talion en cassant une dentition complète pour chaque dent cassée.

            Mais il ne s’agit pas non plus de réclamer la disparition de cet état. Il doit vivre, et en bonne intelligence avec ses voisins et cousins, le jour où il aura l’ouverture d’esprit nécessaire pour amener ses interlocuteurs arabes, voire les aider de toutes ses forces, à sortir de leur infériorité économique et leur obscurantisme religieux (on en est loin, la crasse, l’opportunisme et la haine recouvrent en couche épaisse l’intelligence dans cette région).

            Tout ce que j’assène plus haut, c’est que les Libanais, qui n’ont rien demandé à personne, ont fait les frais de ces querelles qui ne les concernent pas. Et si leur armée est fantôme, en effet, Plusquezorro, ce n’est pas une fatalité, vous avez raison, mais parce qu’ils étaient peut-être un peu trop en avance sur leur temps en négligeant l’adage « si vis pacem... ». Mais je crains que le temps où cet adage sera définitivement à mettre aux oubliettes soit encore très, très loin, pourtant, il serait temps que l’humanité apprenne à se gérer comme une et unie.


            • Gil Blas (---.---.218.126) 25 juillet 2006 14:50

              J’approuve tout à fait ce que vous venez d’écrire.

              En fait, j’ai adressé et intitulé erronément ma réponse à Thucydide. C’est à PKZ, initiateur du débat, que je m’adressais.

              Gil Blas


              • CAMBRONNE (---.---.231.5) 25 juillet 2006 15:23

                EXCELLENT ARTICLE DE PLUSKEZERO AMELIORE PAR LA REPONSE DE THUCYDIDE .

                Je ne reprend pas l’accusation de simplisme que vous fait Thucydide car vous avez dit des choses peut être simplifiées mais dans l’orient compliqué il faut parfois faire simple .

                Vous confirmez ce que je m’échine à dire sur ce forum : Tout pays a une armée chez lui , la sienne ou celle de son voisin . Le Liban lui était particulièrement gaté avec la Syrie et toutes ses milices plus le Hesbollah et un temps l’armée israelienne .

                Il faut que soutenue entre autres puissances par la France le Liban ait son armée , une vraie armée . Traditionnellement les Officiers Libanais étaient formés dans les écoles militaires françaises et musulmans et chrétiens vivaient en parfaite intelligence .

                Les liens entre officiers Français et Libanais de nombreuses promotions devraient permettre de reconstituer cette armée à condition de lui donner autre chose que trois ou quatre escopettes pour faire la guerre . Enfin , dernier point : Il faut que le recrutement change et que les responsabilités ne soient pas confiées en fonction de la famille et des relations . Pour avoir une armée efficace il faut prendre exemple sur l’armée israelienne et que ce soient les meillleurs qui soient promus .

                A Thucydide je demanderais pourquoi le parti qui est actuellement au pouvoir en Israel et qui comprend dans ses rangs Shimon Perez s’est lancé dans cette opération de grande envergure alors qu’il est plutot composé de ce qui se fait de moins « faucon » dans ce pays .

                Est ce par pure méchanceté , expensionisme , haine des arabes ? Ou bien guerre préventive en fonction de renseignements dont nous n’avons pas la clé ?

                Merci de bien vouloir m’éclairer .


                • Thucydide Thucydide 25 juillet 2006 16:09

                  Vous remarquerez, Cambronne, que j’ai aussi fait simple dans mon résumé. Je n’ai pas réagi à la simplification, mais au simplisme, nuance. Désolé, Plusquezorro, j’oppose un ton un peu abrupt à votre courtoisie, mais ce qui m’a fait bondir, c’est qu’entre les lignes de votre article, la responsabilité de la débâcle du pays incombait aux Libanais et qu’il ne tenait qu’à eux de reconstruire leur pays. Sans nier que les Libanais se comportent souvent en individualistes forcenés, j’ai voulu rétablir la vérité : même avec une armée plus puissante, les Libanais n’auraient pas résisté à la forte ingérence des pays arabes voisins, tous musulmans à l’exception du Liban, surtout à un moment où la tension était extrême. Aucun pays arabe n’était prêt à reconnaître Israël à l’époque. Maintenant, tout est changé, presque tous seraient prêts à le reconnaître l’état juif, à condition qu’Israël fasse la paix avec les Palestiniens. Pour le moment, la paix qu’ils imposent aux Palestiniens (les jeter derrière un nouveau mur de la honte) est bien trop humiliante pour les opinions publiques arabes. C’est pourquoi les gouvernements qui, pour la plupart, ne seraient pas fâchés d’en finir avec cette histoire (à l’exception des dictatures trop heureuses de faire diversion comme la Syrie), ne peuvent aller plus loin vis-à-vis d’Israël.

                  Et tant que cette paix ne sera pas faite, les Libanais resteront impuissants à imposer leur souveraineté sur leur territoire, c’est là aussi que je ne rejoins pas l’analyse de l’article. Ils ont eu le problème dans le temps avec la milice palestinienne, ils l’ont maintenant avec la milice chiite. Sauf qu’en plus, les Palestiniens sont toujours là, même si on a tendance à l’oublier. Imaginez un peu la situation si la France imposait ses dizaines de milliers de sans-papiers -armés jusqu’aux dents- au Luxembourg sous peine d’un envahissement et d’une déstabilisation interne (et avec la bénédiction du reste de l’Europe), et vous aurez un aperçu -minimisé- de la situation du Liban depuis bientôt 40 ans.


                  • akad 25 juillet 2006 16:39

                    Le Liban n’existe plus mais peut exister en se soumettant au choix imposé par son ennemi : Israel. C’est à dire que dans le conflit qui oppose les deux états, c’est israel qui doit choisir aussi bien la stratégie de défense israélienne que libanaise. Sinon, non seulement Israel agressera le Liban, sinon qu’il sera appuyé par toutes les superpuissances occdientales et utilisera même les armes interdites.

                    Le Liban est en guerre maintenant, et le ministre de la défense libanais Elias Murr, avait bien crié fort dans les chaînes arabes que l’armée régulière allait empêcher l’armée israélienne de s’introduire dans le territoire libanais. C’est le cas actuellement. Pas un seul soldat n’a bougé. Donc il ne faut mentir à soi même et se moquer des autres. Le Hezbollah est bien la seule force de défense libanaise.


                    • Thucydide Thucydide 25 juillet 2006 16:42

                      Je réponds séparément à votre question, Cambronne, bien que nous sortions du cadre de l’article. En effet, les ex-colombes israéliennes comme Peres se sont rangées derrière les faucons, vous avez raison. Mais ce ne sont que des politiciens. Le propre des politiciens est, hélas, de suivre leurs opinions publiques. Ceux qui s’accrochent à leurs convictions et essayent de les faire passer dans leur peuple plutôt que de ployer sous l’avis de la majorité sont persque toujours balayés.

                      En l’occurrence, il faut reconnaître que, si on se place sur le plan immédiat de la crise actuelle, la situation semble claire : Israël est agressé sans raison par le Hezbollah, Israël réplique. Tout paraît simple. Sauf que, bien sûr, la réplique est honteusement disproportionnée. Mais ça, ce n’est encore « rien », même Condie et Dubbya sont bien obligés de l’admettre en serrant les genoux. Ce qui est important, c’est qu’Israël s’est créé sur une poudrière, et que ce pays aurait dû saisir les occasions, qui n’ont pas manqué, de faire la paix et d’éteindre cette poudrière. Il suffisait pour ça de ne pas céder à une minorité de fanatiques fous-furieux prêts à vivre en guerre perpétuelle pour gagner quelques lopins de terre aride sur la Cisjordanie, puis à assassiner leurs dirigeants prêts à faire la paix. Cette politique de la paix par les concessions était à l’époque prônée par Shimon Peres. Ce dernier a maintenant depuis longtemps renoncé à tout idéalisme de ce genre. Par la faute de ses erreurs passées, Israël est à nouveau en guerre, et il transfère sa responsabilité dans cette guerre sur les Libanais, coupables de ne pas faire ce qu’il faut pour se débarrasser d’une milice islamiste qui, soit dit en passant, est née au lendemain de la dernière incursion israélienne au Liban, en 1982.


                      • CAMBRONNE (---.---.231.5) 25 juillet 2006 17:01

                        BIEN VU THUCYDIDE

                        Admettons que les israeliens les plus pacifiques aient été dégoutés par les refus systématiques de Yasser Araffath et du Fattah . Le dialogue entre le président Palestinien et Sharon avait l’air de pouvoir fonctionner . Sharon a été frappé par la maladie et les palestiniens ont voté pour le Hammas . Malédiction ou manque de bol ou définitivement la cata dans ce coin du monde .

                        Cordialement .


                        • xxlebaneseinparisxx (---.---.101.8) 25 juillet 2006 17:21

                          Même si ses intentions sont louables je ne pense pas que l’auteur de cet article ait compris grand chose à la situation geopolitique qu’il veut commenter. Mefiez vous de ces raisonnements qui tombent dans tous les pieges des propagandes et désinformations de toutes parts.


                          • septquiprend (---.---.231.252) 25 juillet 2006 18:04

                            akad ouvre les yeux... Ce Hezbollah, quel piètre stratège. Il est entrain de devenir, avec l’aide d’Israël, une usine à martyrs et il en fait largement profiter ses compatriotes libanais. Il faut bien admettre que les pauvres pétoires envoyées sur Israël ne font pas le poids face à la machine de guerre israélienne. L’isolement du Liban, ô combien douloureux, évite la formation de l’axe Beyrouth Damas et accessoirement Beyrouth Téhéran, et permet à Israël d’éradiquer le chancre enturbanné. On dit de la riposte sioniste qu’elle est disproportionnée ! Mais il faut savoir qu’une armée moderne répond, telle un entreprise, à des critères de résultats et de productivité. Les militaires de l’OTAN (dont Tsahal !) ne sont pas encore certifiés ISO mais ca va venir.

                            Ce ne sont pas qq trous dans une route ou dans une maison qui décident du déroulement de la bataille. Il est à craindre que dans les jours qui viennent et si dieu le veut, les martyrs soient légions ; c’est aussi ce qu’ils souhaitent tous, alors Inch Allah... ad ouvre les yeux...


                            • akad (---.---.190.182) 25 juillet 2006 18:37

                              a septquiprend

                              Je te présente juste une analyse sur Haaretz sous le titre :

                              « La force du feu contre la force du cerveau »

                              http://www.haaretz.com/hasen/spages/742261.html

                              Car les israéliens avec tout l’appui qu’ils ont, sont impressionnés par la résistance farouche et efficace du Hezbollah. Si toi, en ouvrant les yeux tu voies l’inverse, alors c’est ton problème.


                            • septquiprend (---.---.231.252) 25 juillet 2006 21:29

                              - Mes propos étaient destinés à mettre en évidence le fait que les bombardements systématiques de civils ne permettaient pas de décider du sort des armes. Si les bombardements de Londres au cours de la guerre de 39-45, le déluge de feu sur le nord Vietnam, entre autres...n’y ont pas réussi c’est qu’ils n’ont pas le caractère offensif d’une division blindée avec toute la logistique correspondante. Il est évident que le hezb a su se mélanger intimement à la population libanaise , ses combattants et ses pétards sont intégrés à la vie (et aujourd’hui à la mort) de beaucoup de libanais, qu’ils consentent ou non. Certes, les israéliens aurons du mal à les déloger mais le savoir faire de Tsahal apportera à Israël la victoire. Par contre sur le plan politique, ce sera probablement un désastre. Mais peut il en être autrement. Une simple constatation macabre : on meurt plus en France de la chaleur qu’en Israël sous les pétards du Hezbollah.


                            • (---.---.224.114) 7 août 2006 11:43

                              @ septquiprend

                              • D’abords je n’appuie pas le Hezbollah pour ses capacités militaires, sinon pour sa cause juste. Qu’il gagne ou perd ça ne change rien pour moi, c’est lui qui aura toujours raison.

                              • Le Hezbollah ne se mélange pas avec les civils et la preuve c’est que Hassan Nasrallah, personnellement, proposa aux israéliens d’accepter d’épargner les civils des deux côtés et se contenter du combat corps à corps entre soldats, mais les israéliens ont refusé. Puis il n’y a qu’à constater que le Hezbollah a tué 58 soldats israéliens contre 36 civils, alors que les israéliens ont fait presque 1000 morts libanais dont la majorité écrasante des civils.

                              • La barre du sens humain chez le Hezbollah est très haute pour les israéliens ou leurs alliés occidentaux qui prennent la guerre comme une partie de chasse ou de plaisir.


                            • Ludovic Charpentier (---.---.68.100) 25 juillet 2006 18:47

                              J’aime bien votre article, ceci dit ce n’est pas la première fois hélas que le Liban subit une attaque violente...

                              « Le Liban n’existe plus mais il peut ré-exister à nouveau. La diaspora libanaise est riche, cultivée, influente. Elle doit tout faire pour réinstaller la démocratie et se doter d’une véritable armée comme tout état qui se respecte. »

                              Le problème de cette diaspora, c’est qu’elle est à la fois catholique et musulmane. Le Liban peut-il être un exemple de pays où deux communautés religieuses peuvent cohabiter sans rivalité... Je l’espère en étant autant utopiste que vous, mais la situation actuelle ne m’inspire guère à l’optimisme...


                              • Françoise 25 juillet 2006 21:24

                                Un article d’Olivier Roy (directeur de recherche au CNRS), apporte un éclairage complémentaire à votre très intéressant article :

                                "L’Iran fait monter les enchères

                                Jusqu’à présent, chacun des conflits du Moyen-Orient avait ses causes particulières et sa logique propre. Aujourd’hui, on assiste à une articulation de tous ces conflits, où l’élément-clé est l’émergence de l’Iran comme grande puissance régionale à potentialité nucléaire. Ce glissement entraîne des réajustements, voire des renversements d’alliances, fort complexes.

                                La crise entre le Hamas et Israël reste en fait bilatérale. Le Hamas subit une mutation difficile pour passer d’une logique militaire à une logique politique : se mêlent le pas en avant (envisager une reconnaissance d’Israël) et la provocation militaire (enlèvement d’un soldat), sans que l’on sache trop ce qui relève des luttes internes, d’un mauvais calcul politique ou d’incohérence. La réponse israélienne reste dans la logique de l’Etat hébreu envers toute autorité palestinienne : ne lui laisser le choix qu’entre la totale coopération avec Israël ou la disparition, toujours au profit de plus radicaux.

                                L’attaque du Hezbollah contre Israël, elle, est un tournant. Ici, il ne peut y avoir d’erreur de calcul : vu la réaction israélienne contre la bande de Gaza, le Hezbollah et ses deux parrains (l’Iran et la Syrie) savaient parfaitement que l’attaque serait suivie d’une nouvelle guerre du Liban. C’est donc ce qu’ils souhaitaient.

                                Le calcul de la Syrie est simple. Damas n’a jamais accepté son expulsion du Liban et cherche à y revenir. Dans le fond, un retour aux années 1980 arrange Damas : un gouvernement central libanais affaibli, un Hezbollah en première ligne contre Israël, et Damas redevient seul arbitre possible dans le pays du Cèdre. Il y a un risque : que les Israéliens décident une fois pour toutes de s’attaquer à la Syrie, qui est la véritable base arrière du Hezbollah. Reste qu’un renversement du régime de Bachar Al-Assad risque d’amener les Frères musulmans syriens au pouvoir.

                                Or, même si ceux-ci sont aujourd’hui plus proches de l’islam politique turc au pouvoir à Ankara (le Parti de la justice et du développement-AKP) que du Hamas palestinien, les Israéliens ne veulent pas courir le risque de se retrouver entourés de régimes islamistes. Paradoxalement, c’est donc sa propre faiblesse qui est le meilleur rempart de la Syrie. Se sentant ainsi sanctuarisé, le régime de Damas peut continuer à entretenir la guerre au Liban, seule condition de son retour possible dans ce pays.

                                La clé de la situation actuelle est en Iran. Il est le seul acteur à avoir une stratégie cohérente où les considérations de court terme s’articulent sur une stratégie de long terme. Sur le court terme, il s’agit d’empêcher toute frappe aérienne contre ses installations nucléaires. Sur le long terme, l’Iran veut devenir la grande puissance régionale. Dans le premier cas, les adversaires sont avant tout les Américains et éventuellement les Européens ; dans le deuxième cas, ce sont ses voisins arabes. La dénonciation d’Israël est ici un moyen plus qu’une fin : elle permet de court-circuiter et d’embarrasser les régimes arabes tout en « externalisant » la crise dans les pays du Proche-Orient.

                                Lorsque, en 2004, les Européens se sont placés en première ligne pour bloquer le programme nucléaire iranien, ils n’ont agi que dans une perspective étroitement bilatérale : la communauté internationale contre l’Iran. Ils ont mis au point un programme graduel de sanctions et d’incitations pour contraindre les Iraniens à céder, mais sans tenir compte de la situation régionale. Or la réponse iranienne fut à la fois d’internationaliser et d’accélérer la crise. Très habilement, l’Iran a mis en avant les conflits « secondaires » (Israël-Palestine ; Israël-Hezbollah) pour éviter tout choc frontal.

                                Le régime iranien a donc délibérément choisi l’escalade, notamment avec les déclarations anti-israéliennes d’Ahmadinejad à l’automne 2005. Il a aussi choisi lui-même le terrain d’affrontement en profitant des tensions entre Israël et le Hamas, tout en gardant un profil beaucoup plus bas sur ses frontières proches (Irak, Afghanistan), où de toute façon le temps joue pour lui.

                                Personne à Téhéran ne pense sérieusement que l’Etat d’Israël soit menacé par une attaque en tenaille du Hamas et du Hezbollah. L’idée est plutôt de délibérément faire monter les enchères pour faire sentir aux Occidentaux ce qu’une extension de la crise à l’Iran pourrait leur coûter (crise de l’énergie, enlisement en Irak et en Afghanistan), sans se trouver eux-mêmes en première ligne. C’est une façon de sanctuariser le pays. Téhéran rejoue donc le « front du refus » : celui des pays et mouvements arabes opposés à toute reconnaissance d’Israël, de la Syrie au Hezbollah en passant par la « rue arabe ». Le discours officiel est donc panislamiste et joue sur la corde de l’anti-impérialisme, du nationalisme arabe et de l’antisionisme.

                                Mais, derrière cette habile manipulation de conflits extérieurs, Téhéran a évidemment une stratégie de long terme : devenir la grande puissance régionale au détriment de ses voisins arabes. La carte que l’Iran joue ici, outre bien sûr celle de sa capacité nucléaire, est l’arc chiite, de l’Irak au Hezbollah, en passant par le régime syrien. La montée en puissance du chiisme se fait à l’encontre de l’alliance des deux forces qui avaient soutenu l’Irak de Saddam Hussein dans sa guerre contre l’Iran (1980-1988) : l’islamisme sunnite et le nationalisme arabe.

                                Dans le fond, la génération des anciens combattants iraniens, dont Ahmadinejad est représentatif, refait la guerre qu’elle a perdue. De plus, cette alliance de fait entre islam sunnite et nationalisme arabe constitue le coeur de l’opposition des Irakiens sunnites à la montée en puissance des chiites. De fait, aujourd’hui, en Irak, les ennemis des sunnites apparaissent de moins en moins être les Américains et de plus en plus les chiites, comme le montre l’évolution des pertes et des attaques dans le pays.

                                Les régimes sunnites arabes (Jordanie, Arabie saoudite, pays du Golfe) voient désormais dans cet arc chiite la plus importante des menaces et n’hésitent plus à se désolidariser ouvertement de la nouvelle aventure contre Israël. Dans ce contexte, le Hamas va vite se trouver au coeur de la contradiction : soit en rajouter dans l’escalade militaire et n’être plus alors qu’une courroie de transmission d’intérêts étrangers chiites, soit s’affirmer comme acteur politique nationaliste.

                                Mais, dans ce dernier cas, encore faut-il qu’Israël accepte de négocier avec le Hamas, ce qui est peu probable. De même au Liban, il reste à savoir quelle logique va l’emporter chez les non-chiites : solidarité avec le Hezbollah ou au contraire opposition à une aventure qui n’a plus rien à voir avec les intérêts nationaux libanais. Partout les sunnites vont être amenés à faire des choix par rapport aux forces chiites qui mènent le jeu aujourd’hui. Encore faut-il que ces mouvements sunnites puissent justement entrer dans une logique politique de négociations. Ce qui suppose qu’Israël sélectionne soigneusement ses cibles au Liban et garde la porte ouverte avec la branche politique du Hamas. Mais il faut également que les régimes sunnites cessent leur rhétorique stérile qui les amène à soutenir en parole des mouvements dont ils souhaitent la défaite.

                                Plus que jamais c’est la voie politique qui doit s’imposer : cette voie n’est pas forcément celle de la diplomatie, mais celle de l’ajustement de la force militaire à des fins politiques." - Olivier Roy - Article paru dans Le Monde édition du 21.07.06


                              • pluskezorro pluskezorro 25 juillet 2006 21:52

                                Merci Françoise d’avoir soumis en tant qu’élément de réponse aux questions soulevées dans mon texte cet article d’Olivier Roy.Il prolonge les débats de façon édifiante et souligne comment les contradictions des différents acteurs en présence et leurs stratégies sont intimement liées.Et aussi que se trouver des intérêts commun pour des états voisins peut considérablement contribuer aux progrès de la civilisation.


                              • pluskezorro pluskezorro 25 juillet 2006 21:55

                                Merci Françoise d’avoir soumis en tant qu’élément de réponse aux questions soulevées dans mon texte cet article d’Olivier Roy.Il prolonge les débats de façon édifiante et souligne comment les contradictions des différents acteurs en présence et leurs stratégies sont intimement liées.


                              • Ionica (---.---.236.144) 26 juillet 2006 10:23

                                Comment peut-on écrire des choses aussi simplistes : « On ne peut raisonnablement pas parler de visées expansionnistes d’Israël ». Je vous propose de simplement regarder les cartes, par exemple celles élaborées par les missions des Nations-Unies qui répertorient les colonies israéliennes en perpétuelle expansion. La construction de nouvelles colonies a-t-elles même été suspendues un seul jour ??? Le Hamas par contre a respecté une trêve... Pas de trêve quand on s’appelle Israël et qu’on a Dieu à ses côtés, le Dieu du judaïsme évidemment, pas celui des Musulmans.

                                Je suis désolée pour vous que vous soyiez surtout préoccupé par (je vous cite) le caractère « inesthétique » du Mur. Je suppose que votre goût de l’esthétique vous amène à ne pas vouloir regarder en face, au sens propre comme au sens figuré, les corps déchiquetés sous les attaques de Tsahal ni les semences de haine que Israël sème à chaque jour qu’il fait des morts supplémentaires.

                                Je ne porte certainement pas le Hezbollah dans mon coeur. Quand toutefois un Etat qui se veut « démocratique » utilise des armes pires que celles d’un mouvement comme le Hezbollah, en violation répétée de lois internationales dont il n’a cure, cela me préoccupe plus encore que de savoir qu’un mouvement qui n’a jamais souscrit aux mêmes conventions internationales ne les respecte pas. Je considère que ce n’est pas la même chose de me faire cambrioler par des voleurs ou de me faire violer, voler et torturer par les forces de l’ordre de mon pays en sachant que tout recours contre elles sera vain.

                                Vous croyez vraiment que la politique d’Israël de violation flagrante et répétée des conventions internationales et résolutions de l’ONU crée les antécédents qu’il faut pour ensuite réclamer leur application à l’égard du Hezbollah ???!! J’estime que c’est Israël qui non seulement n’a d’autre langage et politique que ceux qui équivalent à semer des semences de violence au Moyen-Orient (et ailleurs), mais aussi qui crée chaque jour un peu plus, et particulièrement maintenant depuis l’invasion du Liban, les conditions pour l’expansion des situations de non-droit dans cette partie du monde. Ou peut-être pensez-vous que l’invasion du Liban est de nature à permettre sa reconstruction sur de nouvelles bases, de nature à influence favorablement la politique de l’Iran, et de nature à encourager le maintien à distance de la Syrie de la politique intérieure libanaise ? Et de façon plus générale, à encourager le recours à des solutions négociées de construction de la paix ???!!!


                                • pluskezorro pluskezorro 26 juillet 2006 11:27

                                  Je vous signale que j’avais employé deux adjectifs en l’occurence« inesthétique et inhumain » en parlant du mur.Le fait de n’en avoir retenu qu’un procède d’une mauvaise foi caractérisée de votre part.Ensuite vous parlez des méfaits d’Israel mais ça ne vous intéresse pas du tout de mentionner les boucheries à la bombe humaine perpétrés sur des civils juifs autant qu’arabes,femmes,vieillards et enfants, pauvres pour la plupart déchiquetés sans préavis comme furent massacrés les malheureux de l’attentat de Madrid.Est-ce une façon de lutter intelligente ? Non moi je crois que c’est la façon de lutter des gens qui ont des facultés intellectuelles très appauvries.


                                • (---.---.180.214) 26 juillet 2006 12:35

                                  Françaouaise, pour votre gouverne, le combat que vos favoris mènent est une guerre d’éradication totale de l’Islam car non compatible avec les théories orwellienne de l’individualisation, l’uniformisation, la merchandisation et l’acculturation des sociétés. Le choc des civilisations Huntingtonnien n’est autre que la phase active et la mise en application de ce plan de prédation mondial. Affaiblir l’Islam réfractaire par l’affrontement chiites-sunnites est un doux euphémisme que caresse vos belliqueux champions du contrôle des esprits, la jonction de ces deux courants musulmans risque d’être fatal à ce nouvel ordre mondial orchestré par les puissances financières occultes, véritables maîtres d’oeuvres. Les religions n’étant que des règles de vies en société au final, ce sont donc les valeurs de partage qui se heurtent aux valeurs de pillage. Ceux-là même qui viennent de détruire le Liban seront les premiers à en rechercher les dividendes lors de la reconstruction, telle est leur système et leur logique. A vous de choisir votre axe du bien ou axe du mal et d’être avec ou contre nous comme le dit j.w bush le prince des terroristes.


                                  • Malkut (---.---.130.228) 28 juillet 2006 22:37

                                    « quelques centaines de victimes innocentes dénombrées aux premiers jours du conflit sont de peu de poids » Plus rien à ajouter, j’ai bien compris.

                                    La majorité de la population libanaise refuse le Hezbollah ? http://www.csmonitor.com/2006/0728/p06s01-wome.html

                                    Bien sur, « Christian science monitor » est peut être un journal Djihadiste... Quoi qu’il en soit, la majorité étant chiite, je doute qu’elle refuse le Hezbollah.

                                    Dois-je le rappeler, le Hezbollah est surtout le parti qui a libéré le Sud Liban, occupé pendant 18 ans par l’armée israélienne, malgré une résolution de l’ONU, avec laquelle, comme d’habitude, Israël s’est tor***ée.

                                    Le Hezbollah s’est aussi posé en défenseur de la frontière Sud. La récente déculottée de Bint Jbail montre qu’il a tenu ses promesses.

                                    Le Hezbollah veut le pouvoir sans partage ? Allez dire ça à Michel Aoun. Mais vous êtes peut être mieux placé que lui et plus expert en questions libanaises...

                                    Les ingérences, c’est comme la propagande, ça marche des deux cotés.

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